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4,07

sur 68 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En ce jour de janvier 2011, la vie d'Alejandro va soudain basculer en apprenant que sa soeur Laura est atteinte d'une leucémie myéloïde fulgurante. Il avait pris ses distances depuis quelques années avec sa famille.

En effet Alejandro, né au Maroc à Al-Bariya, près de Rabat, où il a grandi avec sa soeur et ses parents : son père espagnol et sa mère française forme un couple a priori uni, même si la mère, ingénieure agronome est plutôt du genre psychorigide. Tout va pour le mieux, quand Alex choisit d'entamer des études de médecine, à Madrid, pour répondre aux desiderata de la famille.

Mais, le contact avec le milieu hospitalier, les visites de grands patrons, lui font comprendre qu'il n'est pas à sa place, et décide d'abandonner se dirigeant alors vers la paléontologie, notamment les études sur l'ADN au grand dam de sa mère ce qui provoque une rupture. Pendant ce temps, Laura choisit de faire des études pour plaire à ses parents plutôt que par choix personnel.

Alejandro s'éclate dans ce nouveau choix de carrière, rencontrant au passage Sacha archéologue, d'origine russe, qui a fui son pays et fait des recherches en Égypte. Mais, nous sommes au printemps 2011 et les « printemps arabes » soulèvent l'espoir, sur la place Tahrir, résonnent les « dégage Moubarak » entraînant au passage des dégradations notamment au musée.

Lorsqu'il trouve un parchemin qui s'avère être un journal intime, il préfère le garder pour éviter qu'il soit saccagé. Il s'agit du journal intime d'une jeune femme Aemilia et de sa rencontre avec Théodora, une jeune femme qui lui apprendre l'amour entre femmes, une autre manière de sexualité alors qu'elle est sous le joug d'un mari violent. Or, Théodora n'est pas n'importe qui : en épousant Justinien 1er, elle n'est autre que la future impératrice byzantine. Étrangement le dernier feuillet est maculé d'une tache qui pourrait bien être du sang.

Sacha a un passeport russe, ce qui ne facilite pas un retour prématuré en France, il va devoir ruser pour rapporter clandestinement ce journal intime, le premier du genre car écrit au Vie siècle.

Dans le même temps, le père d'Alejandro l'appelle pour lui apprendre la leucémie de Laura et il va suivre tout le processus : bilan hospitalier, chimiothérapie, séquençage HLA, en vue d'une greffe, protocole rigoureux avec un oncologue compétent mais disert.

Alejandro va devoir renouer avec la famille et revenir sur les anciennes blessures, les jugements à l'emporte-pièce de sa mère, et approfondir ses connaissances sur l'ADN qu'il soit situé dans les corps lors des fouilles ou dans le présent.

J'ai adoré me promener dans les pas d'Alejandro, à Montreuil où il habite, ou les souvenirs de l'enfance à Al-Bariya, de plonger avec lui dans les difficultés familiales, en revisitant les printemps arabes, car Yanis Al-Taïr nous livre un récit documenté, foisonnant, passionnant, en partageant aussi avec nous sa relation torride et tourmenté avec la belle Mathilde, et également sa relation apaisée avec Azadeh, une jeune pianiste qui a dût fuir l'Iran des Mollahs.

J'ai beaucoup aimé ce roman, car c'est le roman des exils, sujet qui me tient particulièrement à coeur, du mélange des cultures. de plus, Yanis Al-Taïr évoque le milieu médical qui me passionne toujours, avec une ouverture médecine traditionnelle, versus médecines douces, sans les opposer, et son approche de la paléogénétique m'a plu, ainsi que sa manière d'aborder les civilisations disparues ou non, éclairant de manière différente le monde actuel.

Bien sûr, il y a des imperfections, parfois, le récit se disperse un peu, certains détails sur la relation d'Alejandro et Mathilde sont parfois scabreux mais c'est un premier roman, alors un peu d'indulgence !

L'auteur cite souvent au passage, des poèmes de mon auteur fétiche Omar Khayyam dont le recueil de quatrains : (les Robâiyât) n'est jamais très loin de moi, car je m'y replonge régulièrement.

Un dernier clin d'oeil : le cours d'introduction à l'anthropologie est absolument génial (P 173 et suivantes) et m'a passionnée car ce métier m'intéresse aussi…

Un immense merci à Babelio, masse critique et surtout aux éditions du Lointain qui m'ont permis de découvrir ce premier roman de l'auteur, dont la couverture est magnifique, en espérant que d'autres suivront.

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Un livre que j'ai découvert grâce à ma librairie préférée, qui fait bien son boulot c'est à dire qui ne s'arrête pas aux gros titres des grosses maisons d'édition. Et je n'ai pas été déçue! J'ai dévoré ce livre, cette histoire si touchante d'un frère qui vient au secours de sa soeur malade, mais pas n'importe quand. En 2011, au début du printemps arabe, à la veille de la chute de Moubarak. Et comme dans tous les bons romans, notre héros devra se heurter à une série d'évènements qui bousculeront son quotidien. Mais comme dans tous les grands romans, la réponse à ses éternelles questions existentielles ne viendront pas de tous ces chamboulements sinon d'une longue méditation passionnante sur ses amours, ses choix, sa vision du monde et ses rencontres. La sensibilité et la profondeur de cet auteur m'ont beaucoup touché!
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J'aime les livres qui font réfléchir. Je lis beaucoup d'essais et beaucoup de romans aussi avec deux domaines de prédilection: la poésie et la philosophie. Un penchant que mon libraire connait bien et qui m'a donc conseillé ce livre que j'ai acheté en format numérique.
Coïncidence ou pas, il m'a tout de suite fait penser aux livres de Philippe Charlier, l'archeoantropologue et médecin (il est question d'ailleurs d'un certain Philippe Leclair, professeur à l'Institut des mondes anciens, coïncidence ?).
Même si le roman abonde de réflexions souvent profondes sur la médecine, la politique, l'écologie (sans jamais tomber dans l'idéologie ce qui est une vraie qualité pour moi), c'est inéluctablement un roman parce que l'on sent que l'auteur préférera toujours la mise en scène à la démonstration, toujours la métaphore à la maxime.
Ce qui me fait penser au fameux débat entre André Gide et Paul Valéry qui s'admiraient secrètement, tout en vantant la fiction pour le premier et l'essai pour l'autre.
C'est aussi une grande tradition française, le mélange des genres.
Un roman donc inclassable. Babelio l'a positionné dans la catégorie "arabe", mais le multiculturalisme présent presque a chaque page, (Alejandro est un franco espagnol qui a grandi au Maroc) ne peut en aucun cas réduire le livre à cette étiquette.
L'auteur déteste d'ailleurs les étiquettes, c'est palpable, manie les clichés que pour mieux s'en défaire, comme s'il voulait les apprivoiser, les faire parler, les faire mentir.
Alors toujours en citant Gide, il n'est pas toujours question de bons sentiments dans ce livre. Ombre et lumière. La fin est cependant lumineuse, suffisamment poétique pour nous laisser y réfléchir un long moment encore.
L'histoire simple et complexe à la fois, une envie d'explorer les possibles, les dialogues entre peuples, entre époques.
L'intelligence d'une Laura, la sensibilité d'une Azadeh. de beaux personnages féminins.
Des lettres, beaucoup de lettres, peut être trop mais toujours très bien écrites, sensibles.
J'espère que votre lecture sera aussi belle que la mienne.
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Un roman écrit comme un fleuve puissant trop longtemps retenu qui déverse sur les pages blanches sa verve, ses longues méditations, ses angoisses et ses peurs.

La peur ici, est celle de perdre un être cher. Une peur universelle qui vous anime, qui vous sort de votre routine, de cette anxiété structurelle.

"Lorsqu'un drame se produit, on comprend enfin à quoi sert cette anxiété structurelle. À agir, à tenter de réparer. Ce qui ne la fait pas disparaître, mais lui donne au moins un objectif vers lequel tendre. "

Et qui réveille l'amour aussi:

" J'entends ce grand oublié, emprisonné derrière de solides barreaux, mon coeur, battre de nouveau, incontrôlable"

Dans ce roman étonnant, à ce drame d'une vie s'associe un autre sentiment, une autre planète, celle de la vérité, de la science, du grand monde, de la force des siècles et de l'histoire.

Alejandro est chercheur. Et cet étrange journal intime d'une jeune fille de bonne famille dévorée par un amour impossible avec Théodora, la future impératrice byzantine, est l'occasion pour lui de se poser mille questions sur la vie.

On l'aura compris, une volonté démesurée d'embrasser le monde porte ce très beau premier roman.

"Et qui trop embrasse mal étreint? "

Eh bien non!! C'est très mal connaître le sens de cette expression que de l'appliquer ici. Il n'y a ici qu'une seule entreprise et non pas mille, l'art, la construction romanesque, le roman. Tous les sujets ne servent qu'à un seul but, écrire l'histoire d'Alejandro. La convergence des thèmes est clairement établie. Il n'y a qu'une seule étreinte.

Comme le disait très justement Goethe:

"Le meilleur moyen de fuir le monde est l'art, et c'est aussi le meilleur moyen de le pénétrer."

Embrasser le monde devrait être le but de tout artiste!


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Si les jardins sont bien présents dans ce livre, il faut y voir une métaphore filée de notre existence, en particulier celle du héros, Alejandro, un jeune chercheur dont la vie bascule lorsqu'il apprend que sa soeur est gravement malade.
Dès lors, tout s'accélère: "Lorsqu'un drame se produit, on comprend enfin à quoi sert cette anxiété structurelle. À agir, à tenter de réparer. Ce qui ne la fait pas disparaître, mais lui donne au moins un objectif vers lequel tendre".

Alejandro n'a plus qu'une obsession, sauver sa soeur. Pourtant, une autre intrigue s'immisce. Un étrange journal intime d'une jeune Alexandrine de la période byzantine, trouvé par son acolyte Sacha avant le pillage du musée du Caire. Un personnage fascinant. Un double (Sacha est le diminutif d'Alexandre en russe), tout feu tout flamme, archéologue russe, anarchiste et solitaire.

Autour de ces deux piliers romanesques, on apprend tout un tas de choses passionnantes sur l'archéologie la médecine et la vie intime de notre héros.

L'étau se ressert ensuite jusqu'à une conclusion de haute voltige.

Un très beau premier roman tout en finesse qui ne vous quittera plus dès les premières pages!
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Cette critique est susceptible d'être biaisée. Babelio ne garantit pas son authenticité

Il fallait que ce livre voit le jour.C est fait! Je salueYanis Al-Taïr d avoir osé écrire ce parcours initiatique.Tout d abord parce qu'il s inscrit dans la beauté des choses humaines, fussent- elles douloureuses.Et puis ,depuis Montreuil, ce coin de France où se croisent tant de sensibilités ,en suspens,transitant d un ailleurs vers un autre, dans l attente de nouvelles complicités,entre deux solitudes ; il nous prend par la main pour faire un bout de chemin,communier face à l absolu du mystère.
Ni salut, ni certitudes, des interrogations qui se succèdent sans fin….et pour conclure: « Du silence, l'intimité des voix s'élèvent déjà,des visages se dessinent et les hommes inexorablement et malgré eux grandissent « .



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Un livre qui nous fait voyager intérieurement et extérieurement.

Alejandro souffre de voir sa soeur tomber entre les griffes du crabe contemporain (le cancer). Il se souvient de son enfance au bord de l'atlantique, de sa prise de conscience sur les toits de Jérusalem ("trésors de discorde"). Il nous raconte mille et une histoires au cours de ce chemin initiatique, de ce combat contre la fatalité. On revit ses rencontres, ses amours, ses rêves.
Un conte moderne, philosophique, tantôt tendre et sensible, ou impulsif et tendu.

Indéniablement une réussite!
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Un livre fort qui ne laisse pas indifférent!

Aux senteurs méditerranéennes, mais toujours minutieusement dosé. Foisonnant de personnages très bien dessinés et qui ne manquent pas d'épaisseur. A commencer bien sûr par le narrateur, Alejandro, un chercheur qui se pose mille questions sur la vie, la mort, l'amour, les civilisations passées et notre monde contemporain. Sa soeur, une jeune femme brillante qui se brûle les ailes (elle est atteinte d'une leucémie très agressive). Son ami Sacha, un vieil archéologue baroudeur aux avis tranchés mais très attachant et sensible. le copain d'enfance Youssef, un architecte hyperactif, un moulin à parole qui mène plusieurs vies en parallèle. Et tant d'autres qui peuplent le petit monde d'Alejandro et dans lequel une formidable intrigue va nous happer jusqu'à la fin donnant lieu à un feu d'artifice final sur fond de mythe du jardin d'Eden.
Une très belle découverte!
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Une très belle surprise d'un compatriote qui a beaucoup voyagé.
On sent bien sûr presque à chaque page ce goût pour les cultures, les civilisations.

C'était un pari risqué que de raconter l'histoire de ce scientifique espagnol né au Maroc et qui vit en France, dans une ville cosmopolite du 9-3, Alejandro en plein milieu du printemps arabe. Un mouvement qui reste pour tous les arabes progressistes un grand moment de bonheur et de fraternité.
Et je trouve que le pari est gagnant. L'histoire est poignante, les personnages bien tracés, à l'encre de chine, épaisse et précise, l'intrigue bien ficelé.
Une belle entrée en matière pour Yanis.
Espérons lui le meilleur pour la suite. Mais attention, on attendra encore plus, il faudra compter sur notre regard affuté d'un très beau premier roman.
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C'est un roman que je recommande vivement, qui m'a procuré énormément de plaisir. le style est maîtrisé, intelligent. Les réflexions sont savoureuses et l'histoire très touchante. La construction est subtile, les thèmes sont universels. Il s'agit de confronter une histoire intime et bouleversante, la maladie de la soeur du narrateur à la grande histoire à travers l'analyse d'un journal intime datant du VIième siècle. J'ai appris énormément de chose sur la médecine, l'archéologie ou la physique quantique. L'auteur a déjà une bonne maîtrise de la construction romanesque.

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