Ces villégiatures aux noms surannés s'assoupissaient les unes après les autres dans l'attente d'un hiver que l'on espérait doux. La tuyauterie du chauffage était tellement précaire, les boiseries trop humides. Seule, Folle aux vents traversait la morne saison avec à son bord une comtesse décatie et désargentée dont la laideur effrayait même la mort, pourtant peu regardante.
La crosse luit comme si l'arme avait beaucoup servi ou avait trop souvent été caressé par une main amoureuse. Je regarde le visage du gendarme coupable de ces attouchements obscènes et ne rencontre que la rouille de ses yeux sondant les voyageurs attentifs. Son compagnon tire la même fierté de cette situation où le zèle se substitue à la procédure.
Samuel chercherait alors un sommeil qui l'anéantirait jusqu'à midi. Puis, il irait enfouir son corps dans la mer, la seule maîtresse qui l'ait jamais caressé.
Certaines nuits, je suppliais le grand ordonnateur de réserver au paquebot de ma mère un sort proche de celui du Titanic. Je me ravisais aussitôt qu'Arold n'était pas pressé de retrouver celle qui n'avait cessé, sa vie terrestre durant, de tresser des lianes afin de le ligoter, disait-elle, à l'arbre du devoir.
Dans le carrousel des nuits étoilées de drogues amères, Héléna se chevilla chaque jour davantage au corps de ce garçon dont les gestes épousaient les lenteurs de l'hiver et dont le visage hâve annonçait une issue prochaine.
Interview de Jean-Pierre Alaux par Gérard Meudal lors de la soirée inaugurale du festival "Parcours d'auteurs : de l'écrit à l'écran" du 15 novembre 2013