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EAN : 9782913165236
326 pages
Syllepse (16/09/2001)
4/5   1 notes
Résumé :
Quelques années après la chute du mur de Berlin, Vlady, un ancien dissident est-allemand, se regarde dans le miroir de l'Histoire. Fils d'une communiste juive allemande réfugiée en Union soviétique, il a vécu son enfance à Moscou pendant le cataclysme de la Seconde Guerre mondiale. En 1945, fidèle parmi les fidèles, sa mère revient avec lui dans ce qui est devenu la RDA. Vlady anime bientôt un cercle clandestin d'étudiants luttant contre le régime au nom d'un " soci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La peur des miroirs, réédité chez Sabine Wespieser sous le titre Berlin-Moscou est tout à la fois la longue lettre d'un père à son fils, une confession très intime et un testament politique sur une vie de combats.
Les illusions perdues d'un intellectuel est-allemand, Vladimir Meyer, se sont fracassées sur le siècle. La chute du mur lui a coûté son poste de professeur. A l'amertume causée par les idéaux broyés s'ajoute le poids de son héritage familial. Sa mère Gertrude était une communiste juive allemande qui s'était réfugiée en U.R.S.S. pendant la guerre puis était retournée en RDA où elle travaillait comme agent de Moscou. Quand à son père, Vlady suppose qu'il s'agissait du mystérieux Ludwig, un juif polonais du 4ème Bureau de l'Armée Rouge. Il retrace sa longue quête pour son fils Karl qui lui bat froid.
A partir de cette saga familiale ancrée dans l'est de l'Europe, le romancier pakistanais Tariq Ali retrace presque un siècle d'histoire, des débuts du communisme à la réunification de l'Allemagne. La peur des miroirs est un roman très dense, riche d'une multitude de personnages aux doubles visages,qui nous emportent dans les capitales européennes, pendant la Révolution d'octobre, la guerre d'Espagne, la seconde guerre, la guerre froide, la réunification, même si le centre névralgique du roman reste Moscou, redoutable, impitoyable, écrasante.
La quête d'identité du personnage principal, l'exhumation des liens familiaux épars permettent à Tareq Ali de plonger le lecteur dans l'univers des services secrets soviétiques et de la machine de répression stalinienne. La peur de miroirs est cette peur larvée d'affronter la vérité, de soutenir son propre regard sur ses choix et son passé. « Regarde toi dans la glace » s'écrit la femme de Vlady.
Ali s'inspire de l'assassinat à Lausanne de l'espion soviétique Ignace Reiss, exécuté par le NKVD en 1937 après qu'il ait désavoué publiquement Staline. On retrouve donc dans ce roman foisonnant les figures de Lénine, Trotsky, Zinoviev, Staline mais aussi les noms des espions emblématiques de l'époque, Harold Philby, Richard Sorge, Sergeï Mikhailovich Spiegelglass…Un régal lorsqu'on s'intéresse à l'histoire des combats des premiers bolcheviques, au mécanisme des alliances, des double jeu, à la mise en place des ingérences et des purges. Ne reste plus qu'à lire Avis à mon exécuteur que Romain Slocombe a consacré à l'ami de Ignace Reiss, Walter Krivitsky ( "I was Stalin's agent") pour poursuivre cette éprouvante plongée dans le cloaque totalitaire.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
-La vraie question est de savoir si on peut gagner en Espagne et tu es ici, sur le terrain, notre agent le plus expérimenté. Tes rapports mesurés et méticuleux sont appréciés de presque tous les départements. Alors, mon ami, quelle est ta réponse?
-Je ne sais pas trop répondit Ludwig.
-Pourquoi? le pressa Freddy. Nous avons le feu vert du moustachu pour l'argent et les armes.
-Oui, je sais, dit Ludwig, en échange desquels il a demandé à la République de transférer à Moscou la totalité de ses réserves d'or. Pour des raisons de sécurité... Quel bel exemple d'internationalisme désintéressé! Quoiqu'il en soit, le matériel de guerre à lui seul ne suffira pas. Nous avons besoin d'un dirigeant qui puisse unifier toutes les forces de la République et qui comprenne aussi bien la stratégie militaire que la stratégie politique. Tu sais que le POUM a demandé au gouvernement de faire venir Trotsky de son exil mexicain.
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Mes parents furent des révolutionnaires à l'âge d'or du communisme. Ils le furent aussi lors de ses pires années de sang. J'étais enfant à Moscou pendant une guerre qui n'est plus qu'un souvenir lointain en Europe. Moi, j'ai vécu la majeure partie de ma vie au vingtième siècle. Toi, tu es né en 1971, et avec de la chance, tu vivras l'essentiel de la tienne au vingt-et-unième. Tu ne te souviens que de l'agonie de l'Union soviétique, de l'ultime décadence du système étatique qu'ils appelaient "communisme", de ta mère et moi militant pour un avenir qui n'est jamais advenu, et de la réunification de l'Allemagne.
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Un mois plus tard, quand Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht furent assassinés de sang froid par les corps-francs à Berlin, la famille Stein prit le deuil. Savais-tu Karl, qu'un des officiers impliqués dans le meurtre était un certain Canaris, le futur amiral d'Hitler qu'admireront certains dirigeants occidentaux pendant la dernière guerre?
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