Vite ! Voici l'heure de retrouver Isidoro Montemayor, « ancien soldat, correcteur d'imprimerie, ange gardien de tripot et gazetier », narrateur de cette histoire se passant au Siècle d'Or espagnol, siècle de
Cervantès, de Lope de Vega,
De Quevedo, de Tirso de Molina (et son fameux Don Juan), de Gongora...
Et puis...déception : je me suis souvenue que j'avais fini de lire ce roman truculent, plein de verve et de vie, d'odeurs nauséabondes et de nourriture succulente, de femmes affriolantes ou décrépites, d'hommes à la noble allure mais cruels et égocentriques, d'écrivains en quête d'admiration ou tout simplement de silence, de petites gens buvant, rotant, déféquant, accouchant, urinant, suant. Oui, suant, car il fait chaud à Madrid, en ce mois d'août 1614 !
Eh oui, je dois me résoudre à me défaire de cette atmosphère particulière, qui parle à la fois d'art, celui de la littérature, mais aussi de guerres, de luttes intestines, d'intrigues, de tortures, de meurtres, de jeu, de beuveries, d'arrachage de dents à vif, de diabète et d'hémorroïdes.
« Je ne cesse de demander à don Miguel de m'écrire une seconde partie, la suite des aventures de ces deux toqués » dit le libraire Roblès, éditeur de la première partie du « Don Quichotte » de
Cervantès. Et il charge son commis, préposé au tripot semi-clandestin dont il est le patron, Isidoro Montemayor (ou plutôt « don » Isidoro Montemayor, aimerait-il se faire appeler) de retrouver l'horrible imposteur, Avellaneda, qui a osé écrire une seconde partie à ce Quichotte, coupant l'herbe sous le pied de
Cervantès, son auteur attitré. Cet impudent a osé critiquer
Cervantès et le style de son hidalgo ! Il faut le retrouver !
Et voici notre Isidoro dans les couloirs, les ruelles, les gargotes, les palais, les places inondées de soleil, les chemins poussiéreux, à la recherche de l'introuvable, le multiple Avellaneda. Qui se cache sous ce pseudonyme ? Et pour quelles raisons ? Par jalousie ? Par haine ? Pour une raison politique ? amoureuse ?
La vie de
Cervantès est fouillée, mais celle de ses contemporains également, et à vrai dire, c'est là que je me perds un peu...beaucoup, même. Les envies de pouvoir me passent au-dessus de la tête, les complots, les préparations de guerres de toutes sortes, tout cela m'a emberlificotée dans un tissu d'intrigues dont je ne suis sortie qu'en me raccrochant aux petites gens et à leur vie quotidienne. Et là, je peux dire que je me suis bien amusée ! Quel bagou, quel entrain, quelle autodérision, quelle ironie, pour décrire la vie, tout simplement.
La vie à Madrid, quand même !
La vie où l'on côtoie
Cervantès et les plus grands écrivains de cette époque, de surcroit !
Adiós, Isidoro Montemayor, je vous laisse conter fleurette, lire, boire et manger à l'aise.
«En un lugar de la Mancha, de cuyo nombre no quiero acordarme, no hace mucho tiempo que vivía un hidalgo... »