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Jean-Claude Henriot (Traducteur)Jean-François Vilar (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782742709151
894 pages
Actes Sud (29/04/1999)
4.59/5   48 notes
Résumé :
Les années avaient profondément transformé le Komintern. L'avant-garde révolutionnaire n'était plus maintenant qu'une dague empoisonnée dans les mains de Staline. Parfois, me maudissant de ma lâcheté, à croire que je voulais encore ranimer la flamme de ma foi, je me repassais divers épisodes de ma vie militante. A dix-huit ans, j'avais eu l'impression d'être un géant ; à vingt et un, c'était encore plus simple : il suffisait de lancer des grenades à la gueule de la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Un combattant de l'ombre



Jan Valtin, Richard Julius Hermann Krebs de vrai nom, est né en 1905. Très tôt, il s'engagea dans la lutte contre toutes les formes d'injustice et c'est tout naturellement qu'il adhéra au parti communiste. Ses combats eurent, surtout au début, pour cadre le milieu maritime dans lequel il évoluait à Hambourg. Au départ simple militant, il devint très vite une figure importante de l'International communiste.


Participant à des combats de rue, à des missions secrètes orchestrées par le Komintern, il fut vite recherché et rentra dans la clandestinité très jeune pour ne plus jamais en sortir. La vie dans la clandestinité est une vie de sacrifice, son quotidien sera fait de solitude, de désespoir, de fuite éternelle.

A cause ou grâce à cette vie, Jan Valtin fit le tour du monde. le plus souvent en mission à l'étranger pour le parti - il parlait six langues, mais aussi pour fuir la police de nombreux pays. Ses voyages le conduisirent plusieurs fois aux Etats-Unis où il connut plusieurs années de prison mais aussi en Amérique du Sud, en Asie, dans toute l'Europe, cela le conduisant à changer d'identité constamment et l'obligeant à se reconstruire une nouvelle vie à chaque fois.

Il rentra en Allemagne au début des années 30. Etre communiste et militant très actif dans l'entre deux guerres, n'était déjà pas chose facile mais l'être dans l'Allemagne de 1933, devint très compliqué. Jan Valtin finit par connaître les prisons d'Hitler, les tortures de ses sbires sadiques et évidemment, comme beaucoup d'opposants, ses camps de concentration.



Je ne raconterai pas la suite pour attiser votre curiosité mais ce récit est vraiment une épopée. L'auteur a sûrement parfois "arrangé" les choses, quelques invraisemblances, mais ce qui frappe surtout dans ce livre, c'est cet engagement absolu pour la "Cause", sans jamais douter, allant jusqu'à tout sacrifier pour le parti, la famille, les amis, sa santé physique comme mentale. Sa vie fut une vie de misère, faite de petits boulots pour survivre sur les bateaux jusqu'à mineur en Amérique du Sud, travailleur dans les vergers en Californie (nous ne sommes pas loin des "Raisins de la colère") mais toujours et en toutes circonstances, il pratiqua le prosélytisme pour la Cause. le parti a beaucoup utilisé l'auteur, allant même jusqu'à lui demander de tuer, sans jamais lui donner beaucoup en retour mais comme bien d'autres sacrifiés, malgré toutes les trahisons, il ne renonça jamais à son idéal.


Jan Valtin fut bien un combattant de l'ombre, un clandestin toute sa vie et son récit, alors même qu'il s'arrête avant la Seconde Guerre mondiale, renvoie finalement dos à dos les idéologies qu'il a soutenues comme celles qu'il a combattues.



Il ne faut pas être effrayé par le volume de cette épopée que l'on a du mal à quitter et qui donne à voir cette période trouble de l'entre deux guerres où sévissaient ouvertement l'antisémitisme, le racisme et la haine de classe.

Tous ces thèmes que l'on croyait disparus….
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C'est une véritable Odyssée que la vie de Jan Valtin, alias Richard Krebs !
L'auteur est né en 1905, l'année de la mutinerie du cuirassé Potemkine : fils de marin et de spartakiste, Valtin s'engage dans l'Internationale communiste et écume toutes les mers pendant une quinzaine d'années afin de noyauter les équipages, de fomenter des mutineries, il participe à l'insurrection de Hambourg en 1923, fait de la prison aux Etats-Unis… On le trouve en Asie, en Scandinavie, en France, en Amérique du Sud.
Ce récit haletant, ébouriffant nous plonge au coeur du combat sans merci que se livrent les agents du Komintern et le parti nazi dans l'Allemagne de la fin des années 20. Avec l'arrivée au pouvoir de Hitler en 1933, l'étau se resserre sur l'agent Valtin… Je n'en dirai pas plus…
Ce livre tient à la fois de Jack London et de Joseph Conrad pour l'aventure et de John le Carré pour l'espionnage et l'atmosphère irrespirable qui s'en dégage. Car Valtin doit à la fois se méfier de la Gestapo et de ses propres camarades au sein de l'Internationale où chaque faux pas, la moindre parole inappropriée peut vous valoir un aller simple à Moscou ou Leningrad.
A l'issue de la lecture de ce formidable récit de près de 900 pages, qui regorge de détails, de personnages et de dates, je me suis interrogé sur la véracité des faits. Récit ou roman ? "Guerre du Péloponnèse" ou Odyssée ? Thucydide ou Homère ? Y a-t-il une part de fantaisie dans ce livre, comment Richard Krebs a-t-il pu mémoriser des centaines de noms, de dates et de lieux, alors que l'on sait qu'il a écrit ce récit sans archives, entre 1938 et début 41, date de la publication de cet ouvrage aux Etats-Unis ?
Pour en savoir plus sur les coulisses de cette aventure éditoriale, je vous conseille la lecture d'un article très documentée de Guillaume Bourgeois publié sur le site cairn.info.
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Un livre totalement fascinant pour qui s'intéresse aux luttes idéologiques du début du siècle, l'autre siècle, celui où l'on pensait changer le monde. Ian Valtin raconte son quotidien, les manifs' la lutte armée l'internationale communiste, la mort de Rosa Luxembourg écartelée par la foule. Ian Valtin n'est pas un intellectuel mais un homme "du terrain" qui nous livre son quotidien de communiste engagé. Un livre fascinant !
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Un livre écrit par un ancien agent du kominterm. Un témoignage unique . A lire pour comprendre l'état d'esprit de ces personnes engagées dans la lutte contre le capitalisme.
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Ce livre a tout du roman d'espionnage, sauf qu'il s'agit d'une oeuvre autobiographique. On suit le parcours d'un jeune militant communiste qui devient ensuite un révolutionnaire professionnel. le tout dans le contexte troublé politiquement de l'entre-deux guerre. On y découvre le fonctionnement et les rouages du mouvement communiste international et des cellules qui le composent, guidés par la Russie. On voit aussi comment coexiste cette puissance en Allemagne avec l'autre — nazie — lorsqu'elle prend son essor lors de l'ascension d'Hitler. Un livre que j'ai vraiment trouvé très intéressant et captivant.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
A dix-huit ans, j'avais eu l'impression d'être un géant ;

A vingt et un, c'était encore plus simple : "Il suffisait de lancer des grenades à la gueule de la contre-révolution".

A vingt-deux, j'avais fait le tour du monde au service du Komintern, maigre, affamé, féroce et j'en était fier.

A vingt-neuf, les polices d'un demi douzaine de pays européens me recherchaient en tant que principal agitateur des Fronts de mer du Komintern.

A trente et un, j'oeuvrais à transformer les prisons hitlériennes en écoles du prolétariat internationalise.

Et maintenant, à trente-trois ans, je me posais cette question : Tout
cela n'a-t-il jamais été que mensonge, imposture, et utopie sanglante ?
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__Et le mouvement nazi ? demandai-je

__ Le mouvement de Hitler n'a pas de sympathisants parmi les travailleurs, répliqua Dimitrov. Hitler promet tout à tout le monde. Il vole ses idées à chaque parti. Personne ne le prend au sérieux. Il n'a ni tradition, ni passé, pas même un programme....
... Nous balancerons Hitler dans la poubelle de l'Histoire.
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Parfois les cris de colère ou les appels à l'aide ou bien les voix tonnantes qui attaquaient " l'Internationale" et se taisaient sur le vibrant adieu lancé à ces centaines de vivants qui écoutaient, couchés dans leur cellules.
La plupart cependant s'en allaient calmement, sans plaintes, ni imprécations ;seuls les cris de solidarité, d'indignation et de haines échappés de lointaines fenêtres, donnaient peut être au prisonnier l'illusion qu'il ne mourait pas en vain.
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A l'heure décisive, l'apathie de la plupart des Allemands était ahurissante. Ils succombaient à la terreur brune presque sans un soubresaut. Ni les dirigeants libéraux ni les chefs socialistes ne semblaient comprendre le caractère de la marée montante qui engloutissait le pays.

Leur ligne de conduite était : " Attendons ; on verra ".
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Chaque maison avait son surveillant, et tout étranger était signalé à la police.

Les informateurs infestaient les rues, les cafés, les gares, les usines, les ports et les bateaux. Ils formaient une armée d'espions bénévoles, dont l'existence et l'activité pouvaient seules expliquer les succès extraordinaires de la Gestapo.
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Video de Jan Valtin (1) Voir plusAjouter une vidéo

Jan Valtin : Sans patrie ni frontières
Olivier BARROT présente, du Musée d'Orsay, le livre qu'il a choisi "Sans patrie ni frontières" de Jan VALTIN, réédition chez BABEL. Il rappelle qui était Jan VALTIN, son rôle de communiste dans les années perturbées de la guerre et son opposition au communisme, sous le stalinisme, sa disparition aux USA en 1951.
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