On retrouve Charly et Sapotille à Saint-Fouettard comme cela leur avait été annocé par le juge Dendelion dans l'épilogue du précédent tome. Sinistre institution qui ne déparerait pas dans les livres de
Charles Dickens côté nourriture et punitions, sauf que le directeur n'est pas trop regardant et que le surveillant croquemitaine se laisse facilement corrompre pour les sorties nocturnes. Charly et Sapotille vont essayer, malgré les contraintes, d'empêcher le juge de s'élever au niveau d'Allégorie de la Justice… Justice pas vraiment impartiale évidemment.
Ce 2e tome, de 520 pages tout de même, permet à
Audrey Alwett d'approfondir les caractères de ses personnages et de nous faire découvrir un peu plus la ville de Thadam… avec l'aide du dessinateur
Stan Manoukian qui a créé un plan donné en début de livre. Pas une très grande ville mais cela permet de situer quelques lieux emblématiques de l'endroit : Saint-Fouettard (un peu à l'écart de la ville), l'Académie (en plein centre), les champs du Mal d'Aurore (aux franges de la ville), le Purgatone (prison labyrinthique), les Grandes Arènes (où ont lieu les courses de citrolles) et divers quartiers.
Dans ses remerciements,
Audrey Alwett évoque son époux
Christophe Arleston. Tel que je le connais en tant que scénariste de BD, son goût pour les jeux de mots et clins d'oeil variés a sûrement déteint sur elle. J'en veux pour preuve la rivière qui s'appelle Canal Carpien (avec risque de rétrécissement, dans le futur je suppose?), le Quartier de Petites Fées Modèles… Il y a aussi les noms pittoresques des boutiques : vêtements au Roi Nu (allusion à Andersen?), plantes au Haricot Bleu, restaurant La Ventrée des Ogres, ? aux Potites Potions…
Il y a un titre de chapitre dont je crains qu'il ne soit peu ou pas compris de beaucoup de lecteurs : "Donne m'en un de tes plus savoureux". C'est dans ce chapitre que Charly et Sapotille vont enfin s'embrasser. Mais c'est surtout un vers d'un poème de
Louise Labbé, poétesse du XVIe siècle, qui parlait d'amour fort directement… mais il faut se rappeler que le verbe baiser à cette époque signifiait embrasser loin de l'usage actuel du mot!
Je pense en revanche que "Les Champs du Mal d'Aurore" seront bien compris par une majorité comme une allusion aux "Chants de Maldoror"
De Lautréamont. Cela dit, je ne suis absolument pas sûre d'avoir détecté toutes les clins d'oeil et allusions parsemés dans ce tome.
Suite tout aussi sympathique que le 1e tome avec des péripéties particulièrement sombres.
Mais j'espère qu'
Audrey Alwett aura la sagesse de ne pas trop allonger la sauce avec beaucoup de suites. Une trilogie me conviendrait bien personnellement.