C'est un magnifique et effroyable roman d'apprentissage, se déroulant sur une période très brève : quelques jours dans le vie d'un enfant de 9 ans. Cette unité de temps, associée au style vif et alerte, qui reproduit le langage des enfants, concourt à l'efficacité et au charme de ce récit.
Tout commence dans la légèreté : Michele joue avec ses camarades et sa petite soeur Maria. C'est l'univers des enfants que nous dépeint Ammaniti, faite parfois de candeur, souvent d'espièglerie, mais aussi de cruauté. Déjà, parmi la bande de copains, on voit se dessiner une micro-société : les uns veulent être les chefs, d'autres sont déjà sûrs de leurs possessions et cherchent à engranger toujours davantage les biens qui leur semblent précieux, d'autres enfin, comme Michele, bravent les interdits, se posent des questions et se refusent à obéir servilement lorsque cela leur semble dangereux.
Ce sont bien ces qualités que Michele va s'efforcer de déployer, non pas face aux amis de son âge, mais bien face aux adultes lorsqu'il fait une inquiétante découverte.
Car c'est bien de cela dont il est question : le monde des adultes est loin d'être aussi ordonné et rassurant qu'il y semblait. Au cours d'un été, les enfants découvrent combien les adultes peuvent se révéler féroces et sans pitié. Ils quittent ainsi le monde de l'enfance, car ils savent désormais qu'ils ne doivent craindre ni les monstres ni les fantômes, mais bien les hommes, même ceux qu'ils connaissent et qui leur sont chers, dès lors que ceux-ci se montrent incapables d'affirmer leur libre-arbitre pour se soumettre à la loi du plus fort.
Lien :
http://delphine-olympe.blogs..