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Myriem Bouzaher (Traducteur)
EAN : 9782246723516
542 pages
Grasset (03/09/2008)
3.99/5   191 notes
Résumé :
Rino Zena et son fils Cristiano vivent ensemble dans une plaine désolée. Les services sociaux menacent le père, chômeur alcoolique et nazi, de lui retirer la garde de ce fils qu'il éduque par la terreur, malgré l'amour viscéral qu'il lui porte. Accrochés l'un à l'autre, ils survivent dans une sorte de dignité dénaturée. Avec ses deux étranges amis, le père décide d'améliorer leur existence misérable en préparant un casse. Cette nuit-là, la pluie, les crues du fleuve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
3,99

sur 191 notes
Voilà une fresque sociale contemporaine menée tambour battant! En compagnie de pieds nickelés aussi désespérants qu'attendrissants dans leur infortune, même si elle résulte le plus souvent de leur incapacité à prendre les bonnes décisions. Je dirais même plus, à leur obstination de choisir systématiquement la pire solution.
Rino, le skinhead alcoolo, Danilo, qui rêve encore de reconquérir sa femme malgré le drame qui les a séparé, Quattro Formaggi, jamais remis d'une électrocution, les trois lascars projettent un coup fumant qui les sortirait de la mouise : défoncer un distributeur de billets à l'aide d'une voiture bélier!

Cristiano, essaie de trouver des repères au sein de toute cette confusion. Pas de copains, la crainte permanente que le zélé Beppe le place en famille d'accueil, un amour immense pour son père Rino, qui arbore un drapeau nazi dans sa chambre et passe le plus clair de son temps dans les brumes d'une alcoolisation massive. Pour lui, il est capable de tuer un chien de sang-froid, et bien pire.

Dans une Italie terriblement éprouvée par l'agonie d'une économie que le passage à l'euro a achevée, Niccolo Ammaniti, décrit avec réalisme le quotidien désespérant de ceux qui osent encore espérer, au risque de se perdre un peu plus.

Tels des funambules au dessus d'une précipice, la bande de losers s'achemine avec détermination vers le drame.

Les personnages sont remarquables. Malgré leur faiblesse, leurs tares, on s'y attache avec force. Ils parviennent à nous faire rire, tout en inspirant un dégoût jusqu'à la nausée. Quattro Formaggi en particulier, qui vit dans un taudis envahi par un chantier de crèche, et cherche inutilement le sens divin de chaque événement pour justifier ses frasques, est un quasimodo des temps modernes.

Mais celui qui hisse le récit au rang de chef d'oeuvre c'est bien sûr Cristiano, dont on n'ose imaginer l'avenir, après cette enfance écourtée (a-t-elle même existé?). Intrépide, fidèle à sa parole, mal dans sa peau, mais largement plus malin que son entourage, on croise les doigts pour que ses ressources lui viennent en aide

L'écriture est tonique, efficace, on se s'ennuie pas un instant, et on arrive à rire (jaune) de cet humour (noir) qui ponctue les pages et allège le récit.

Une excellente lecture, hautement recommandable.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Bon Dieu de bon Dieu... Qu'est-il donc passé par la tête de Niccolo Ammaniti pour nous raconter une histoire pareille, avec des personnages pareils, à qui il arrive des catastrophes pareilles !


Nous sommes dans un village même pas touristique, même pas beau, de l'Italie profonde, au bord d'une nationale sur-fréquentée par les camions et autres engins rapides et bruyants. Une petite maison très sale façon déchetterie, habitée par un homme jeune encore, skinhead, nazi, brutal, mais au coeur sur la main, père célibataire d'un adolescent de 13 ans, Cristiano. Et les copains de cet homme sont eux-mêmes très « typiques », vais-je dire : un dérangé du ciboulot – mais vraiment dérangé ! – et un divorcé malheureux du malheur le plus horrible qui soit. Comptons aussi sur l'assistant social en pleine confusion amoureuse et sur quelques jeunes de la classe de Cristiano, pas dans la norme non plus...
Le tout forme une histoire qui se déroule sur 3 jours, « avant », « pendant » et « après ».


Déjà « avant » nous met au parfum de cette petite bande déjantée, de leurs, hem, rêves, de leurs cauchemars aussi. le « pendant » est...horrible. Oui, je le répète : horrible. Et l'après, je ne le dis pas, sinon je spoile.


Une suite de chapitres très très courts, focalisés sur l'un ou l'autre des personnages. Cela avance très vite ; heureusement, car d'abord c'est un pavé, mais aussi un pavé de mauvaises intentions ! Même si Dieu est appelé de tous les voeux des personnages, l'enfer est souvent là, à leurs pieds.
L'Italie profonde et en rupture, laideur, saleté, brutalité, alcool, drogue, sexe bien prosaïque sans aucune once de poésie, ouragan dans le ciel et dans les coeurs. Mais aussi et heureusement, par moments il y a des fils d'or , ceux de l'amour d'un père envers son fils et de l'amitié (difficile quand même).


Niccolo Ammaniti nous raconte toute cette mixture aux relents nauséeux d'une manière vigoureuse, sans faux-semblants et ça me plait. Mais à la longue, j'ai quand même besoin de ciel bleu, de poésie et d'idéalisme. Et ici, point de tout cela.
Donc évitez ce roman si vous vous sentez dépressif, cela ne fera que vous enfoncer davantage, à moins que vous ne vous disiez qu'il y a pire que vous. Et ici, dès la première page, on peut en être sûr ! C'est tellement catastrophique que cela en deviendrait risible.


Et dire qu'il y a des gens qui vivent de cette manière... Comme Dieu le veut ?
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Imaginez un petit patelin du nord de l'Italie, un coin perdu, un endroit pour paumés, pour désabusés. Eh bien c'est là que se situe l'action du roman Comme Dieu le veut. Dans ce lieu misérable, Rino Zena fait de son mieux pour s'en sortir mais les temps sont durs. Il n'a pas d'emploi stable (les entrepreneurs locaux préfèrent les immigrants clandestins qui sont moins exigeants, qui ne posent pas de questions…), pas de femme, et ses seuls amis sont des magouilleurs peu fiables. La seule lueur d'espoir dans sa vie : son fils unique Cristiano. Cette relation père-fils est au coeur de ce roman. Mais les services sociaux sont préoccupés de cette situation.

L'auteur Niccolo Ammaniti nous présente un univers dur, souvent vulgaire (je pense entre à l'épisode avec la prostituée droguée dans la chambre de Rino) et parfois violent (par exemple, le meurtre et le viol d'une jeune fille). Un univers qui n'épargne personne. Chaque fois qu'un personnage essaie de s'élever au-dessus de sa situation minable, un contre-coup du sort le remet à sa place, même pire. Rino, toujours sans emploi, décide de « faire un coup » pour s'enrichir rapidement. Comme si l'argent allait tout régler ! Dans tous les cas, rien n'est aussi facile et les emmerdes s'accumulent trop rapidement, surtout quand ses potes Danilo Aprea et Quattro Fromaggi ne sont pas à la hauteur… Son fils qui veut plaire à tout prix, qui a mauvaises fréquentations, les gosses du coin sont superficiels, ne pensent qu'à s'en aller ou à consommer. Même l'assistant social Beppe Trecca chargé de veiller sur Cristiano a des squelettes dans son placard. Bref, des problèmes partout.

En tant que lecteur, on peut s'appitoyer un moment sur le sort des deux Zena mais ils sont toujours confrontés à la vulgarité et à la violence. À la fin, leur misérabilisme devient lourd à porter. Puis les malheurs successifs de chacun finissent par les abrutir et leur faire perdre le peu de pitié qu'on ressentait pour eux. Voire, à ne ressentir qu'indifférence à leur endroit.
J'avais beaucoup aimé Je n'ai pas peur, un autre roman d'Ammaniti. Toujours cette Italie… Mais il ne nous présente plus un univers d'enfant innocent et un tantinet enchanteur, peut-être pauvre – quoique, qui s'en soucie à un jeune âge ? – mais encore caressé par le soleil chaud et réconfortant du sud. Non, dans Comme Dieu le veut, il nous confronte à une histoire plus crue, à la nuit, la pluie, aux torrents de boue, à tout ce que la vie peut balancer à la figure. Dès le début, on plonge de plein fouet dans le monde des adultes, dégueulasse, sombre, sordide.

Ce qui sauve ce roman, selon moi, c'est deux éléments. D'abord, les personnages. Ils sont criants de vérité. J'y ai cru, quand Cristiano explique dès le début ses déboires avec son père alcoolique, ou bien quand il raconte la mort de son chien, écrasé par un camion. Ces petites tranches de vie donnent le ton rapidement tout en dévoilant beaucoup en peu de mots. Pareillement pour les autres personnages, haut en couleurs mais crédibles : Danilo Aprea et Teresa, Quattro Fromaggi, Fabiana Ponticelli et son amie Esmeralda, Beppe Trecca. L'auteur a un don pour faire ressortir le pire en chacun, mais également le meilleur ou, du moins, une lueur d'espoir avec laquelle il s'amuse pour garder l'intérêt du lecteur. L'autre élément, c'est la narration et l'organisation du récit. de brefs chapitres, changeant de point de vue, permettant d'avoir l'idée de chacun sur les événements de l'histoire. Rythme rapide, émotions intenses.

En terminant, même si Comme Dieu le veut ne m'a pas plu autant que je l'aurais souhaité, il m'a tout de même intéressé. Je lirai d'autres romans de Niccolo Ammaniti. Sa plume très évocatrice (certaines scènes sont dorénavant gravées dans mon cerveau !), son don pour décrire les situations, surtout les plus pénibles, n'a pas son égal, ou si peu. Aussi, il force la réflexion sur des enjeux qui, s'ils sont amenés sous un angle spécifique à l'Italie, ont une une portée universelle. On n'en sort pas indemne.
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Un patelin perdu d'Italie où les jolies jeunes filles rêvent de Milan, Rome, New York...
Cristiano, treize ans, vit seul avec son père Rino. Celui-là, on pourrait le présenter comme un blaireau fini, alcoolique, violent et facho (un drapeau avec une croix gammée au-dessus de son lit, faut le faire). On peut dire aussi à sa décharge qu'il a perdu femme et boulot, et qu'entre deux cuites, il adore son fiston - qui le lui rend bien - même s'il lui met de drôles d'idées en tête.
Les deux potes de Rino sont aussi losers que lui, et moins futés. Danilo va mal depuis que sa femme l'a quitté après la mort de leur enfant, il cherche à la faire revenir. Et 'Quattro Formaggi' est 'fou comme un cheval' depuis un accident, mais ça n'a jamais tourné trop rond dans sa tête, il a toujours été une proie facile pour les brimades...
Ras-le-bol de vivoter, de gagner quelques billets avec des petits boulots, ces trois-là ont soudain l'idée de s'enrichir vite et bien.

De Niccolò Ammaniti, j'ai lu 'Toi et moi' et 'Je n'ai pas peur', romans subtils, courts et percutants.
J'étais très enthousiaste en démarrant ce volumineux 'Comme Dieu le veut' : personnages hauts en couleur, violence et tendresse, portrait acide et grinçant d'une société qui part en vrille, humour dans certaines situations.
J'ai trouvé avec délice des accents de John Steinbeck ('Tendre Jeudi', 'Rue de la Sardine'), Silvia Avallone ('D'Acier', 'Marina Bellezza'), et Dennis Lehane ('Mystic River').
Coup de faiblesse à mi-parcours, quand je suis arrivée au pivot de l'intrigue, avec tous ces drames qui surviennent en cascade en une nuit. Trop, c'est trop, rien ne nous est épargné - ceci sur deux cents pages interminables. L'alternance très rapide entre les personnages donne la sensation d'être embarqué sur un manège endiablé, et accroît encore le vertige et la nausée que ces sujets suffisent à provoquer.
C'est dommage, j'aime vraiment l'univers et les personnages de cet auteur, et toutes ses réflexions sur la société - crise économique, médias - et l'individu - lose et rage contenue, petits arrangements avec Dieu, etc.

En conclusion : déception avec cette histoire sombre de dingues & de paumés...

■ 'Les dingues et les paumés', Hubert-Félix Thiéfaine (in 'Soleil cherche futur', 1982)
https://www.youtube.com/watch?v=k¤££¤25De John Steinbeck 41¤££¤
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Encore un Ammaniti apocalyptique et iconoclaste!

On se croirait dans un film à sketches de Dino Risi, tant la noirceur et la vulgarité font la loi...Et pourtant dans ce bourbier, des pépites de tendresse et de vraie chaleur humaine..;

Une équipe de bras cassés, trois pieds-nickelés, laissés-pour-compte de l'Italie berlusconienne, entreprend de casser un "bancomat" pourtant bien arrimé à un mur, dans une petite ville sinistre, sous une pluie diluvienne..

Chacun y a mis ses espoirs les plus fous: l'un veut conserver la garde de son fils, l'autre retrouver l'amour de sa femme, le troisième apporter à la crèche démente qu'il fabrique la touche finale qui en sera le couronnement.

Mais rien, bien sûr, ne fonctionnera comme il faudrait, parce qu'il pleut, parce que la rivière déborde, parce que les scooters prennent des chemin de traverse, parce que les loosers ne peuvent espérer que le ciel les entende...

Tout se déroule, hélas, comme Dieu le veut, et sa volonté se soucie peu des petites et grandes misères humaines...

On est littéralement scotché à cette inexorable catastrophe: on rit, on pleure, on se révolte, on tremble...

Mené comme un polar, réaliste comme une fresque sociale, excessif comme une épopée picaresque, ramassé et tendu comme une tragédie, bouleversant et hilarant à la fois, ce roman de Niccolo Ammaniti a été une découverte!

Je l'ai lu d'une traite...et en italien. Sans pouvoir reprendre souffle. Un choc.
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critiques presse (1)
Actualitte
20 mai 2013
Ce sont des horreurs qui se succèdent et pourtant Niccoló AMMANITI ne dérape jamais, ne déborde jamais dans le glauque, le vulgaire ou le voyeurisme. Les scènes sont posées, esquissées puis il nous emmène voir ailleurs.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Rino Zena détestait la télévision. Variétés, talk-shows, émissions politiques, documentaires, journaux télévisés, même le sport et la météo qui se trompait toujours.
[...]
Rino détestait les animateurs teints et les potiches à poil et il se sentait mal quand il voyait des gens prêts à étaler leurs emmerdes devant la moitié de l'Italie. Il méprisait ces pauvres cons qui venaient à la télé pour pleurnicher en racontant qu'ils souffraient parce qu'ils avaient été largués par leurs bonnes femmes.
Et il haïssait la gentillesse hypocrite des présentateurs. Il haïssait les jeux au téléphone. Les ballets bidons. Il haïssait les blagues rances des comiques. Et il détestait les imitateurs et les imités. Il haïssait les politiciens. Il haïssait les séries avec les gentils flics, les carabiniers sympas, les prêtres drôles et les brigades antigangs. Il haïssait les gamins boutonneux qui auraient été prêts à tuer pour être admis dans ce paradis de quatre sous. Il haïssait ces centaines de zombies à demi célèbres qui erraient comme des salauds en mendiant une chaise. Il haïssait les experts qui s'enrichissaient sur les tragédies.
[...]
Il haïssait quand ils feignaient l'indignation. Quand ils se léchaient le cul entre eux comme les chiens dans les jardins. Il haïssait les querelles qui duraient le temps d'un pet. Il haïssait les collectes pour les enfants africains quand il y avait en Italie des gens qui crevaient de faim. Mais la chose qu'il détestait le plus, c'était les femmes. Des putes avec des nichons gros comme des pamplemousses, les lèvres gonflés, les visages refaits à coups de poinçon.
'Elles parlent d'égalité, mais quelle égalité ? Quand l'image qu'elles donnent est celle d'un troupeau de chasse-bites décérébrées.' Elles se faisaient sauter par n'importe quel connard ayant un peu de pouvoir pour sortir de chez elles et être reconnues. Des gonzesses capables de passer sur le corps de leur mère pour un peu de succès.
Il les haïssait tous, tous ces gens là-dedans, au point que parfois il devait se retenir de prendre le manche à balai et de défoncer ce putain de poste.
'Je vous mettrais tous en rang, l'un derrière l'autre, et je vous flinguerais. Qu'est-ce que vous avez fait de mal ? Vous enseignez le faux. Vous êtes en train d'abrutir des millions de gamins. En montrant des mondes qui n'existent pas. Vous poussez les gens à se ruiner pour s'acheter une bagnole. Vous saccagez l'Italie.'
Et pourtant Rino Zena n'arrivait pas à ne pas regarder la télévision. Il restait scotché devant toute la nuit. Et la journée, quand il était à la maison, il se tenait toujours là dans cette chaise longue à insulter tout le monde.
(p. 116-117)
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Son amie d'enfance Arianna Ronchi, qui était devenue parlementaire, lui racontait comment, grâce à ce métier, elle avait appris qu'avant de répondre impulsivement et puis de s'en repentir, il était nécessaire de toucher un objet et de décharger la rage comme on le fait avec une pile chargée. Mais c'était dans la nature de Rita Baldi de répondre instinctivement, la même nature qui conduit le hérisson à dresser ses piquants quand il est approché par un prédateur. Et donc, elle ne put se retenir : « Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
- Quoi ? »
Beaucoup de gens ont fait la pénible expérience de se rendre compte que, après le pacte conjugal, l'homme/la femme que l'on considérait comme un être brillant et intuitif se révèle être un émérite connard.
A ce moment-là, qu'est-ce qu'on fait ?
Dans trente-six pour cent des cas, selon un récent sondage, on appelle l'avocat et on se sépare. Rita Baldi faisait partie des soixante-quatorze pour cent. Elle s'était adaptée, mais continuait à s'étonner de la stupidité de son mari.
(p. 459)
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Ramona.
La blondinette qui conduisait ressemblait comme deux gouttes d'eau à Ramona, la protagoniste des 'Grandes lèvres de Ramona', une cassette vidéo porno que Quattro Formaggi [surnom] avait trouvée dans une poubelle.
Ramona vivait en Amérique et elle faisait de l'auto-stop. Des tas d'hommes s'arrêtaient et la faisaient monter et la baisaient dans la voiture ou dans le désert ou dans des resto-grills et elle, elle était toujours gentille et elle le faisait même avec trois ou quatre hommes à la fois sans problème. Puis elle rencontrait un motard noir qui la baisait et la battait, mais Ramona était sauvée par le shérif qui l'emmenait en prison et là aussi elle se tapait tous les prisonniers. A sa sortie, elle rencontrait Bob, le bûcheron, qui avait une famille dans la forêt, et là elle était très bien accueillie, ils lui donnaient à manger de la dinde et puis avec sa femme et son fils, tous ensemble, ils baisaient dans la cuisine et puis sur une petite barque au milieu du lac et ils vivaient tous heureux et contents. Du moins Quattro Formaggi pensait-il qu'ils vivaient heureux et contents, car après l'orgie sur la barque, c'était la fin du film.
(p. 68)
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« T'es un vrai crétin. Tu crois encore à cette connerie que c'est le mec qui connaît les arts martiaux qui sait se battre ? Mais putain, t'as appris quoi de la vie ? Comment tu raisonnes, bordel ?... Ah oui, voilà ! J'ai pigé ! Toi, tu crois ce qu'on voit à la télé : c'est comme ça que t'apprends à vivre. Dis-le ! C'est comme ça, hein ? Toi, tu regardes les dessins animés où les gars font du kung-fu et des conneries de ce genre et tu crois qu'il faut être Bruce Lee ou n'importe quel connard de Chinois qui, au lieu de se battre, fait des acrobaties et pousse des petits cris. T'as vraiment compris que dalle. Tu sais ce qu'il faut pour se battre ? Tu le sais ou pas ? »
Cristiano secoua la tête.
« C'est simple, pourtant. La méchanceté, Cristiano ! La méchanceté ! Il suffit d'être un fils de pute et de ne regarder personne dans les yeux. Ça peut même être Jésus-Christ dans le temple qui se fait bouffer le cul, mais si tu sais y faire, tu l'abats comme une quille. Tu vas derrière lui, tu lui dis 'Excusez-moi !', le gars se retourne et tu lui flanques un coup de barre de fer dans la gueule et l'autre s'affale direct et si t'en as envie, quand il est à terre, tu lui flanques un coup de pied dans la bouche et le tour est joué. [...] »
(p. 170-171)
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Assourdi par le fracas de la pluie, du tonnerre et des coups de tête d'Ida contre le plafond rembourré du camping-car, Beppe inspirait et expirait, avec la femme de son meilleur ami emmanchée sur sa queue, et il livrait une bataille avec son propre système nerveux sympathique qui avait décidé de lui faire avoir un orgasme d'ici quelques secondes. Il le sentait descendre, l'infâme, à travers sa moelle épinière et enfoncer ses crocs dans ses cuisses et converger, rageur, vers le bassin en contractant sa musculature.
Il devait faire ralentir Ida, suspendre un instant, il lui suffisait d'un instant, parce que comme ça il ne tiendrait pas encore longtemps...
Il la saisit par la taille en essayant de la soulever et de sortir d'elle, mais elle, elle interpréta mal le geste et se crocheta à lui, et continuant à pomper elle lui susurra à l'oreille gauche : « Oui... Oui... Tu ne sais pas combien de fois j'ai imaginé ce moment. Défonce-moi ! »
Bon, comme ça, ça ne marchait pas. Il devait y arriver tout seul, à endiguer son orgasme, se distraire, penser à quelque chose de dégoûtant, d'abject, qui le calmerait. Il suffisait d'un instant et ça passerait.
Il s'imagina en train de baiser le père Marcello. Cet être horrible, grêlé par la variole et dévasté par le psoriasis, qui vivait à la paroisse. Il imagina qu'il pénétrait les fesses flasques et velues du prêtre des Marches.
Cela, effectivement, l'aida un peu. (...)
(p. 311)
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