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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Si jamais vous voyez un gorille sur la couverture, sachez que ce n'est pas cette version que j'ai lue, mais celle revue, corrigée et augmentée de trois nouvelles et d'un petit texte sur les neurosciences, éditée par le Bélial' puis par le Livre de Poche. le thème unificateur est l'intelligence.

L'idée centrale du roman Barrière mentale tient aux effets d'un accroissement de l'intelligence sur Terre. Cela arrive d'un coup ; tous les gens, mais également les animaux, se retrouvent accablés par une intelligence accrue. Je dis accablé car cela déstabilise les hommes et leurs sociétés. Peu nombreux sont ceux qui mettent à profit leurs capacités nouvelles pour développer la science ou les arts. On retrouve beaucoup plus de gens qui jettent un regard dépité sur leur vie passée et dépriment ou se tournent vers la religion. Plus personne ne veut de la routine métro-boulot-dodo. Côté animaux, il y a un aspect rigolo à voir les animaux de ferme se rendre compte de leur état d'esclaves et se révolter.
Ceci, du moins, durant une phase transitoire qui mène à un nouvel état d'équilibre. Poul Anderson présente en fait une vision utopique : gouvernement mondial généreux, visite des étoiles, sérénité intérieure. Il fait beaucoup intervenir les connaissances de son temps sur le cerveau et construit une explication fascinante de cet accroissement d'intelligence.

J'ai tout de même éprouvé de l'ennui par moments. Je trouve que l'auteur est bien meilleur sur les intrigues et l'extrapolation scientifique que sur les scènes d'introspection et de dialogue « psychanalytique ». C'était déjà le cas dans Tau Zéro. Ici, les personnages passent beaucoup de temps à s'analyser et ce n'est pas particulièrement palpitant. de plus, Poul leur développe une technique de communication quasi télépathique qui à la longue se transforme en exercice de style quelque peu fatigant. Ce sont finalement les personnages qui partent d'une intelligence médiocre pour atteindre un niveau moyen, qui sont les plus intéressants.

L'idée d'ajouter les trois nouvelles au roman est très bonne. « Les Arriérés » imagine que les extraterrestres qui nous rendent visite lors du Premier Contact sont beaucoup plus « beauf » que ce qu'on aurait pu espérer ; une sorte de débarquement de touristes en goguette à Ibiza. « Technique de survie » est une variation sur le thème du voyage dans le temps où l'on voit que l'intelligence pratique et adaptable est souvent plus efficace que la connaissance théorique. Enfin « Terrien, prends garde ! » peut être vu comme une histoire parallèle de l'extraterrestre supérieur perdu sur Terre et élevé par des êtres humains ; beaucoup plus pathétique que la vie de Clark Kent – Superman.

Tout compte fait, même si ce livre ne sera pas mon préféré de l'auteur il vaut le détour. C'est un Poul Anderson encore jeune que l'on découvre, Barrière mentale représentant son premier roman d'envergure. S'il me regarde, l'auteur n'a pas à s'en faire : je continue à le considérer comme un de mes chouchous.
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Compte tenu de l'époque (1954) je m'attendais à une S.F plutôt optimiste et trés libérale (style capitalisme flamboyant).
Et quelle fut ma surprise, j'ai trouvé un livre assez engagé qui m'a fait réalisé que notre système était basé sur la connerie (je m'en doutais un peu).
Les hommes deviennent subitement intélligents (à cause phénomène spatial inexpliqué). Et là, ils se désintérressent de la possession matérielle, vêtement, grosses voitures... et tutti quanti. Car fondamentalement ils commencent à se poser des questions sur eux-même et sur leur place dans l'univers. Ce qui n'est pas sans douleur, Une panique globalisée s'installe.
Certains vont avoir un sentiment de peur et de culpabilité assez proche du mythe d'Adam et Eve qui vont croquer la pomme de turing (non celle de la connaissance). Cette connaissance va faire perdre à beaucoup le goût de la jouissance et l'acceptation de leur conditions. Ainsi beaucoup d'ouvrier vont refuser le travail salarié (d'être exploité par des tâches débilitantes). Ce qui va inévitablement provoquer la chute du monde.
Attention ce livre n'est pas non plus une tribune socialiste, un personnage nous rappelle d'ailleurs "que le socialisme est également basé sur la notion de propriété" qui n'interresse plus personne.
Il ya un débat que ne tranche pas vraiment Anderson c'est de savoir si l'homme plus intéligent est un être plus sensible, nous avons d'un côté les scientifiques et politiques presque sans sans coeur et de l'autre un agriculteur qui hésite à sacrifier un agneau... Finalement l'intélligence révèle la personalité de chacun de ses personnages et tous ne sont pas prêt à l'accepter, c'est le vieux débat du mythe de la caverne .
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Avant toute chose, je tiens à remercier Babelio et la maison d'édition Bélial pour ce livre.
« Barrière mentale et autres intelligences » est une oeuvre de science-fiction qui regroupe quatre nouvelles, dont celle éponyme au livre – et sur laquelle je parlerai essentiellement ici – ainsi qu'une post-face sur les neurosciences centrées sur les questions de l'intelligence. La présentation est soignée, avec une couverture aux couleurs nuancés douces ou un homme armé se dresse seul en compagnie de deux singes face aux mystères du ciel étoilé d'un crépuscule. Par contre, j'ai remarqué deux ou trois petites fautes de frappe ici ou là, dont une sur la quatrième de couverture, ce qui est dommage pour un volume de cette qualité.
Qu'est-ce que l'intelligence ? Et à quoi nous sert-elle ? Est-elle un signe de l'évolution ? Peut-on la mesurer efficacement ? A quoi sert le QI ? Et n'y a-t-il pas un autre type d'intelligence permettant une adaptation évolutive de l'espèce à son environnement ?…
La question posée dans la nouvelle principale – « Barrière mentale » – est simple : que se passerait-il si tous les êtres dotés d'un cerveau devenaient d'un seul coup plus intelligents ?
L'auteur part donc de ce postulat : la terre sort d'un champ de l'univers qui avait ralenti jusqu'alors la rapidité de l'activité neuronale. de ce fait, tous les êtres vivants dotés d'un cerveau deviennent beaucoup plus intelligents en quelques mois. Cela va du renard capable d'ouvrir le poulailler au scientifique, tel Corinth, devenant un véritable génie de logique et de raison, avec toute la palette graduée entre les deux. Ainsi, Archie l'attardé devient alors un homme normal selon les critères d'avant l'évolution, les chimpanzés deviennent capables de parler, le chien Joe comprend tout ce qu'on lui dit et adopte un comportement beaucoup plus réfléchi…
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'auteur ne nous montre pas un monde pacifié par tous ces esprits devenus si brillants, bien au contraire. L'économie mondiale s'effondre, dû au fait que désormais, bien peu veulent remplir les tâches basiques nécessaires à la survie de notre société. L'anarchie règne, chacun restant de son côté en une rivalité destructrice et dans l'exaspération d'un ego surdimensionné. D'autres, plus fragiles, se laissent embarquer par de nouvelles sectes qui s'effondrent aussi vite qu'elles se sont créées. Et il y a ceux qui souffrent, comme Sheila, qui ne supportent pas ce changement, la perte de l'émotivité, de la créativité, de l'hypertrophie de la raison qui renvoie encore plus violemment aux failles humaines et à la conscience de la vacuité de l'existence, ainsi qu'à notre solitude. Car cette nouvelle intelligence, il faut l'exercer, il faut savoir la dompter pour ne pas sombrer dans le vertige de nouveaux concepts abstraits qui rendent la terre bien petite, trop même, poussant alors l'homme à s'évader de cette minuscule planète pour explorer et investir la galaxie (pour commencer), se posant alors en arbitre des autres civilisations, comme des entités bienveillantes. Et pourtant la question est clairement posée : est-ce l'intelligence qui définit l'homme ? Pour l'auteur, il est clair que non. La morale, la notion du bien et du mal, les valeurs, tout ce qui fait aussi l'être humain n'ont rien à voir avec l'intelligence. Un bon samaritain restera un bon samaritain et le malfaisant un malfaisant. Ils seront simplement plus logiques dans leurs actes.
Autre question essentielle également : est-on plus heureux en étant plus intelligent ? Si on suit l'exemple de Sheila, il est clair que non. Au point que cette dernière, plongée dans une détresse insoluble, en viendra à une solution extrême. Corinth, même s'il est conscient des problèmes de son épouse, fuit cependant toujours en avant, vers toujours plus de projets scientifiques, bien plus aisés à comprendre que la psyché de cette dernière. Quant à Archie, il est le seul à vraiment tirer son épingle du jeu, illustration même du vieil adage « aux innocents les mains pleines ». Les personnages sont donc plus développés, plus en nuances qu'on pourrait le croire aux premier abord. Absolument tous évoluent, dans un sens ou dans un autre, mais aucun ne reste stagnant, posant chacun à leur manière leur question face au changement radical prenant place sous leur boite crânienne et y répondant selon leurs moyens.
La question, qui semble si simple au départ, appelle donc des réponses complexes et variées mises en scène de façon redoutablement efficace par l'auteur. Ce dernier, même s'il ne peut échapper à quelques explications scientifiques de haut vol propres à son sujet et au genre, parvient cependant à rendre le tout facilement intelligible, sans se perdre dans trop de détails inutiles, en un équilibre très bien dosé. le style sert aussi l'ensemble : propre, efficace, fluide et sans heurt, s'adaptant au fur et à mesure à l'évolution des personnages.
Au final, cette nouvelle, vertigineuse par les questions posées, est plaisante à lire et d'une très bonne qualité et n'a, au final, pas tellement vieillie. Il en va d'ailleurs de même pour les trois autres, avec une mention spéciale pour « Terrien, prends garde ! » qui m'a particulièrement plue. Quant à « Barrière mentale », je n'ai pas été déçue, le texte répondant à toutes les attentes que j'avais eues sur ce dernier et j'ai donc dégusté ma lecture comme le fait un chat d'un un pot de crème.
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Je me rends compte que je lis un peu trop souvent de la SF divertissement. Et quand je tombe sur un tel roman, tout le sens de l'idée de la SF te saute à la figure.

Que ferait l'humanité si elle était plus intelligente ? On suit trois personnages qui sont à un stade plus ou moins avancé en terme d'intelligence avant l'apparition du phénomène. le simplet devient un être avec une intelligence normale; le scientifique devient un ordinateur sur pied; sa femme a du mal a trouver un sens à sa vie et est près de tomber dans la folie.

Si on était plus intelligent, ça serait le bazar. Les gens se rendraient compte de l'inutile de leur profession, ils voudraient tous trouver un emploi ou une occupation en adéquation avec leurs capacités intellectuelles. Bien sûr cela creuserait encore plus les inégalités. Et sincèrement certaines personnes ne seraient pas à envier. Les scientifiques vivant que pour la connaissance sont plus à plaindre qu'autre chose.

Le simplet est celui qui renforce le caractère sain de l'humanité : bienveillance, disponibilité. il est celui qui accueille les paumés sans arrière-pensée, juste parce que ça lui parait normal. Il est celui qui semble le plus profiter de la vie, de ce qu'elle peut offrir.

Après le roman, il y a quelques nouvelles ayant la même thématique. Elles sont de qualité plus ou moins égale. Pour certaines il est difficile de faire le lien avec le thème.
Lien : https://lecturesdechiwi.word..
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J'apprécie ces livres de science fiction qui gardent toujours un pied dans la réalité. Sous couvert de science fiction l'auteur nous brosse un bon tableau de la nature humaine. L'intelligence est-elle le gage d'une vie meilleure ? l'accès à un niveau d'intelligence nettement supérieur permet-il d'accéder à la sagesse et à une vie plus "intelligente" ? N'est ce pas la nature humaine enracinée en nous qui reprend vite ses droits et dotée d'une intelligence supérieure ce n'est pas gagné ...
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