Citations sur Sérénité : 25 histoires d'équilibre intérieur (54)
Être humain, c'est être fragile. C'est être vulnérable, blessable, même par de petites choses, des banalités douloureuses. Surtout par elles : dans la grande adversité, on se mobilise, notre entourage vient à notre aide ; mais dans la petite ... Comme le notait Montaigne :"la tourbe des menus maux est parfois plus oppressante que les grandes souffrances. "
On dit toujours entrez en vous-même! J'ai essayé.Il n'y avait personne.Alors j'ai eu peur et je suis ressorti vite fait!
(Jean Anouilh)
Tout ce qui permet d'éviter la douleur doit être fait, chaque fois que c'est possible : enlever le caillou de la chaussure, prendre un antalgique pour la rage de dents, de la morphine pour la métastases. La douleur n'a pas à être supportée si elle peut être résolue : atténuée, ou mieux, supprimée. La douleur ne grandit pas, elle abaisse. Elle n'enrichit pas, elle rétrécit et appauvrit. Elle est une aliénation au monde qui nous entoure, elle nous emprisonne en nous-mêmes. Lutter contre la douleur consomme toute notre énergie. Nous aurions mieux à faire. La douleur démolit, fragilise au lieu de renforcer.
Souvent, nous passons à côté de notre vie : nous sommes ailleurs, dans l'instant d’après (on attend, on espère,on s'impatiente, on anticipe, on s’inquiète...) ou dans l'instant d'avant (on rumine, on regrette, on ressasse...) Mais pas dans l'instant présent.
Cette inaptitude à vivre le présent plus souvent (même s'il est parfois bon d'anticiper ou de repenser au passé) est considérée aujourd'hui comme un facteur facilitant anxiété, dépression et globalement difficultés avec le bonheur.
En thérapie, je blague souvent mes patients à ce propos : j'ai une bonne nouvelle, le monde sans souci dont vous rêvez existe. Et une mauvaise : ça s'appelle le Paradis et ce n'est pas pour tout de suite. En attendant, on va essayer de s'arranger avec ce monde-ci, qui s'appelle la Vie.
Alors, essayer d'être toujours de bonne humeur ? Cet idéal, bien compréhensible, des états d'âme positifs permanents n'est ni réaliste ni souhaitable.
Pas réaliste, car la vie se charge toujours de nous apporter son lot d'événements douloureux ou pénibles, de grandes et petites adversités, et les nécessaires états d'âme négatifs allant avec.
Pas souhaitable, car il faut de l'ombre pour donner de la profondeur à la lumière. Les ombres embellissent le jour, et c'est ainsi que les lumières du soir ou du matin sont souvent plus belles et plus subtiles que celle du plein midi. Il en est de même de nos états d'âme
"Sourire mobilise quinze muscles, mais faire la gueule en sollicite quarante. Reposez-vous : souriez !"
Dieu nous rend souvent visite mais la plupart du temps nous ne sommes pas chez nous.
(Maître Eckart)
Les études qui comparent le fait de parler, d'écrire ou de simplement réfléchir à des expériences de vie douloureuses montrent clairement que l'écriture et la discussion font toutes deux bien mieux que la réflexion solitaire. Pourquoi la "simple" réflexion est-elle souvent si peu utile? Parce qu'elle dérape très vite vers la rumination ! Alors qu'il est bien plus difficile de ruminer par écrit : l'absurdité et la toxicité du mécanisme nous sauteraient aux yeux.
Le bonheur ressemble ainsi à un tableau impressionniste : tous ces états d'âme positifs en composent les touches minuscules, mais il y a aussi, nous le verrons, des touches plus sombres d'états d'âme négatifs, qui font que le résultat final n'est pas rose bonbon.