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sur 2269 notes
Un vieil homme qui joue sur un piano public dans un aéroport. du Beethoven. Divinement. Il ne joue que sur des pianos publics, il ne se produit jamais sur scène malgré sa maitrise exceptionnelle. Il semble attendre quelqu'un. Il s'appelle Joe. Et il interpelle le lecteur dès la première phrase avant de le prendre par la main pour un voyage dans son enfance.

L'enfance comme moment fondateur de toute une vie nourrie de ce qu'il s'est noué durant cette période, rencontres, amitiés, amour. Comme une empreinte indélébile qui fait basculer à jamais un destin comme celui de Jo. Orphelin à 14-15 ans, placé dans un orphelinat religieux. C'est là que tout va se jouer pour lui.

Le thème n'est pas nouveau mais Jean-Baptiste Andrea en parle avec une grâce folle et une sensibilité très authentique. Ce n'est jamais facile de parler de l'enfance meurtrie, cela peut vite sonner faux, surtout dans les dialogues ou les situations. Mais là, jamais. Tout est juste, notamment dans sa subtilité à évoquer le temps et les souvenir. le temps qui fait mal , celui des maltraitances assénées par le personnel de l'orphelinat, sans misérabilisme lourdaud. le temps qui se suspend comme celui des cours de piano de M.Rothenberg ( sans doute les plus beaux passage du livre ). Les souvenirs d'amitié forte qui réparent, entre société secrète de la Vigie, émission radio doudou et bain de vent ( très belle idée ). Et le temps du premier amour qui porte le doux nom de Rose, inoubliable, définitivement inoubliable, salvateur.

J'ai souvent eu en tête l'image d'un Antoine Doinel lorsque j'ai lu car comme Truffaut, Jean-Baptise Andrea parle merveilleusement de l'énergie unique de l'enfance, celle qui propulse dans la vie. Il le fait avec son style élégant et fluide qui confirme son talent de conteur après Ma reine et Cent millions d'années et un jour. Avec une tendresse et un humour qui transcendent la tristesse de la perte d'une famille et la douleur de grandir dans un orphelinat sordide.

Si je n'aime pas beaucoup ce titre, très manichéen ( le roman l'est parfois un peu, j'ai tendance à préférer les récits plus ambigus qui floutent les frontières du Bien et du Mal ), je ne retiens que la lumière qui se dégage de ce roman très fort qui plonge le lecteur dans une émotion toujours juste et sincère.

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Il ne joue pas du piano debout. Assis, c'est quand même plus confortable. Berger sans troupeau, le prodige pianote du Beethoven dans les aéroports et les gares. Pourquoi Joseph exprime son talent dans ces lieux de passage ? Ni pour orchestrer le roulis insupportable des valises, ni pour mettre en musique les voix autoritaires des hôtesses qui sifflent le rappel porte 8 pour embarquer le cheptel et notamment les égarés du duty free, ni pour masquer l'annonce habituelle du retard de tous les trains en provenance de partout, ni pour passer le temps qui trépasse. En fait, Joe cache un secret et le dernier roman de Jean-Baptiste Andrea va nous le révéler avec virtuosité.
Cinquante ans plus tôt, devenu orphelin à l'orée de son adolescence, Joe se retrouva dans un orphelinat aussi lugubre que perdu dans les Pyrénées, le très bien nommé « Les confins ». Sonate au clair de lune. L'abbé qui dirige cet enfer est la réincarnation d'un grand inquisiteur, aidé par un ancien légionnaire sadique qui assure avec zèle son rôle de pion. Jeux interdits.
Pour résister à la maltraitance et rêver d'évasion, Joe va se lier d'amitié avec d'autres camarades, surnommés Sinatra, Souzix, La Fouine, Grenouille et Momo. Ils vont se réunir la nuit pour écouter en secret une émission de radio. Cette société secrète rappelle « Les disparus de Saint-Agil ».
Le jeune garçon va aussi se raccrocher aux souvenirs des cours de piano suivis auprès de son vieux maître qui l'incitait à chercher le rythme caché derrière les notes. Dans les sentiments.
Roman initiatique, Joseph va aussi rencontrer Rose, fille d'un riche donateur de l'orphelinat à qui il doit enseigner la musique tous les samedis et qui va lui révéler le solfège de l'amour. Ré mi fa sol, sans famille. Cela va twister dans le coeur de cet Oliver.
Autour de Joe, l'auteur construit des personnages très incarnés. le récit est poignant mais ne sombre jamais dans le tragique gratuit. Il ne fait jamais l'aumône de larmes. A vot bon coeur m'sieurs dames. Certains passages comme celui du concours des histoires les plus tristes où chaque gamin raconte sa propre vie sont des bijoux littéraires. J'ai adoré cette faculté à rendre drôle des moments si tristes.
Si l'ambition de Jean-Baptiste Andréa était d'écrire la musique au-delà des notes, sa partition est parfaite et le zeste d'aventures qui pulpe le récit autour des enfants me fait regretter une seule chose : d'être trop vieux pour avoir la chance de pouvoir découvrir ce roman à l'adolescence. J'aurai adoré le lire en cachette à la lampe de poche, sous mes couvertures.
Rien à jeter dans ce roman, à part son titre, digne d'un Dan Brown sous morphine.
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Quel beau roman! « beau comme un do mineur » dirait Joe. Mais qui est-il donc? Au début de l'histoire, un vieux pianiste virtuose qui ne se produit que dans les gares et aéroports sur des pianos publics en n'ayant rien perdu de son énergie ni de sa flamboyance. Interpellant le passant apostrophant le lecteur il semble attendre quelqu'un. Puis on remonte le fil pour découvrir le destin de cet enfant fantasque à l'humour décalé devenu orphelin après que ses parents et son « insupportable soeur » disparaissent dans un crash aérien. La musique le constitue, très tôt « le rythme allait entrer dans ma vie...Le rythme de Dieu, celui du diable ».
21 juillet 1969, alors qu'Amstrong fait ses premiers pas sur la Lune, Joe pose un pied aux Confins, un orphelinat déshumanisé dirigé par un Abbé sinistre. Dans le lit 54 de sa « crypte » ce garçon lunaire prie ses propres dieux Beethoven et l'astronaute Michael Collins. Fasciné par la conquête spatiale ses pensées voyagent de la terre à la lune. Ce « grand pas pour l'humanité » intéresse la terre entière quand les petits pas de Joe n'intéressent personne. L'intime et l'universel se télescopent pourtant, conquête de soi et de l'univers finissent par se faire écho grâce aux adjuvants rêve et poésie. Intégré dans une bande avec d'autres enfants meurtris on suit leur aventures entre tristesse et joie, rudesse et tendresse, enfermement et liberté, fidélité et trahison, amour et haine, peur, abus, plans de survie, jusqu'à la rencontre avec Rose « l'extraordinaire » mais aussi «pimbêche, gâtée, trop riche » avec laquelle au départ Joe croise le fer. Son piano finira par devenir un moyen de communication, ses morceaux musicaux un appel. Avec un phrasé rhythmique dense JB Andrea fait battre la mesure à ses mots livrant un récit mélodique, poétique et dynamique qui nous emporte dans un grand tournoiement aussi entraînant qu'une valse. Un roman au thème sombre mais tellement lumineux par le traitement, par la musicalité, sa tendresse et son humour que l'auteur parvient à éviter les poncifs racoleurs et le mélodrame. Car dans ces pages la musique pulse autant que la vie. Une réussite.
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Comme la plupart des lecteurs, lorsque j'entame un livre, j'espère toujours rencontrer le coup de coeur. Il existe pourtant une catégorie supérieure à ces livres que l'on referme les larmes aux yeux, le sourire aux lèvres, le coeur palpitant ou avec le regret de devoir quitter des personnages foncièrement attachants : ce sont ces romans dont on balance le titre pour répondre à la question « Quels livres emporteriez-vous sur une île déserte »…ces petits chefs-d'oeuvre que l'on n'emporterait pas seulement pour faire le plein d'émotions, mais surtout pour combler le vide… Je crois bien que « Des diables et des saints » fait partie de cette dernière catégorie.

Il y a des livres qui vous cueillent au fil des pages, mais il y a également ceux dont il suffit de lire seulement quelques lignes pour savoir qu'ils vont vous percuter de plein fouet…un genre de sixième sens, qui vous prévient que la vie autour de vous va s'arrêter jusqu'à ce que vous ayez terminer la dernière page. Ce n'est pourtant pas que chaque phrase vous donne envie de vous précipiter sur la suivante, plutôt même le contraire, le besoin de s'arrêter après certaines phrases car celles-ci ne se contentent pas d'être lues, mais vous transpercent parfois le coeur, parfois le cerveau, souvent les deux. Je ne compte pas le nombre de fois où je suis remonté en surface, déposant le livre, puis après un moment de silence me tournais vers ma femme pour lancer un énième « Mon Dieu que c'est bien écrit ! ».

Quand je vois comment un type comme Trump parvient à fédérer des millions d'imbéciles sur Twitter en alignant quelques mots appris en école primaire, je suis bouche bée, mais d'écoeurement et de tristesse. La profondeur et la justesse que l'auteur de « Cent millions d'années et un jour » parvient à créer en alignant les siens me laisse également sans voix, mais d'admiration et de gratitude. S'il est question de rythme et de musique dans ce roman, le véritable virtuose se nomme Jean-Baptiste Andrea et lorsqu'il nous abandonne sur la dernière note ce n'est pas une ovation qui retentit, non… pas directement, car il y a d'abord ce moment de silence nécessaire au retour sur Terre, celui qui s'accapare du lecteur lorsque l'art laisse sans voix !

Normalement je devrais vous parler de l'histoire, des personnages, des thèmes abordés, de la narration et des autres éléments qui font toute la saveur de ce petit chef-d'oeuvre, mais j'en suis bien incapable car je crois qu'il faut l'avoir lu/vécu pour pouvoir le partager. Quand ma femme me demandait de quoi ça parlait lors de chacun de mes retours sur Terre je disais que ça parlait d'orphelins, de musique, de religion, d'un vieux qui joue du piano, divinement, et de types qui ont marché sur la Lune, même si ce ne sont pas Amstrong et Aldrin les véritables héros de cette mission connue de tous, mais Michael Collins, l'astronaute qui se trouvait derrière la Lune, seul au monde, coupé de tout contact radio avec la Terre, un peu comme s'il était sur une île déserte…sauf que lui n'avait pas emporté ce livre avec lui pour combler le vide. Il aurait dû !

Beaucoup plus qu'un coup de coeur !
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Un grand merci à Babelio et aux éditions L'Iconoclaste...

Bien qu'il joue divinement bien du piano, du Beethoven la plupart du temps, Joe ne remplit pas les salles sombres. Et pourtant, les gens l'écoutent. Surpris d'entendre une si belle mélodie dans ce lieu où chacun ne fait que passer. Orly, Roissy, Montparnasse, Union Station ou encore John F. Kennedy Airport. S'il joue, ce n'est pas pour être connu mais pour être reconnu...
Des décennies auparavant... Joseph vit paisiblement sa petite vie d'enfant auprès d'un père vendeur de matelas et de chaussures, d'une mère aux origines anglaises, d'une insupportable soeur et du vieux Rothenberg, son professeur de musique. Paisible jusqu'à ce que, tragiquement, sa jeunesse se termine le 2 mai 1969, à 18h14, lorsque l'avion qui transportait ses parents et son insupportable soeur s'écrase devant lui. C'est alors qu'il se rend compte qu'il n'a personne d'autre au monde. Il est alors envoyé à l'orphelinat, Les Confins, tenu d'une main de maître par l'abbé Armand Sénac et Grenouille, le surveillant général...

Dès les premières notes de musique, l'on tend l'oreille pour écouter ce que cet homme, assis droit devant le clavier d'un piano, nous murmure. Il nous prend ensuite par la main et nous emmène loin de cette gare, dans les montagnes pyrénéennes, où cinquante ans auparavant, après le décès si brutal de ses parents et de sa soeur, il a franchi les portes de l'orphelinat. C'est dans l'enceinte de ces murs qu'il va faire la connaissance d'adolescents comme lui qui laisseront une empreinte indélébile dans son coeur. C'est avec beaucoup d'émotions, de justesse et de sensibilité que Jean-Baptiste Andrea nous conte l'enfance de Joe. Des amitiés sincères et profondes à la rencontre inoubliable d'une Rose en passant par les coups durs, au sens propre comme au figuré, ou encore les trahisons, le séjour du jeune garçon marquera à jamais l'homme qu'il est devenu aujourd'hui. Un roman très touchant et émouvant, pétri de tendresse, que la plume de l'auteur, élégante et profonde, accompagne au diapason...
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Le vieux Joseph gâche ses talents de pianiste concertiste en jouant Beethoven à la perfection dans les gares et les aéroports, où il semble indéfiniment guetter quelqu'un. Cinquante ans plus tôt, un adolescent débarque au pensionnat religieux Les Confins, dans les Pyrénées. Récemment orphelin, il découvre privations et brimades dans cet établissement quasi pénitentiaire, où échouent enfants abandonnés ou différents. Mais il y aperçoit aussi Rose, une jeune fille dont la famille possède une résidence à proximité.


Le coeur du roman est très sombre, puisqu'il nous plonge dans la violence et la maltraitance subies par des enfants confiés à un pensionnat religieux. L'aperçu des conditions de vie ineptes, soigneusement camouflées pour ne pas transparaître au-dehors – châtiments corporels, mise à l'isolement, malnutrition, humiliations… –, s'accompagne du portrait au vitriol d'un homme d'église au coeur sec, totalement dépourvu d'empathie, obsédé par une discipline brutale et vengeresse. Sa cruauté, perversement dissimulée sous une façade charitable et paterne destinée aux occasionnels témoins extérieurs, s'exerce sans frein dans l'enceinte fermée qui livre à sa merci des victimes sans recours.


Pourtant, jamais le récit ne cède tout à fait à la noirceur. L'amitié et la solidarité entre pensionnaires, puis bientôt l'amour pour une jeune fille elle-même en rébellion contre la condition féminine de son milieu bourgeois, viennent préserver émotion et humanité dans un texte traversé par l'espoir, l'envie de liberté, et la beauté musicale. Nombreux sont les personnages bouleversants. A commencer par le vieux professeur de piano de Joseph autrefois, un génie bougon et exigeant qui n'aura jamais su à quel point il aura servi de tuteur à son élève. Mais aussi, Momo, l'enfant que sa déficience rend doublement orphelin, de sa famille et de lui-même, et pour qui l'enfer du pensionnat vaut encore mieux que ce qui l'attend au-dehors. Et bien sûr, Joseph vieilli, qui se souvient, et dont on devine, au travers des non-dits, le gouffre qu'est demeuré sa vie, lui permettant du même coup, avec une cruauté ironique, d'atteindre à son tour la perfection musicale.


L'on retrouve avec plaisir le style de Jean-Baptiste Andrea, son juste choix des mots et des images, avec toutefois le regret que l'écriture paraisse un peu moins travaillée que dans Cent millions d'années et un jour. Même si cette déception est toute relative, je n'ai pas retrouvé aussi nettement et aussi souvent la beauté des phrases qui m'avait alors séduite au-delà du coup de coeur, faisant de ce précédent roman de l'auteur une de mes lectures phares de l'année 2019. Cela n'empêche pas Des diables et des saints de rejoindre mes coups de coeur de 2021, la nuance de jugement s'établissant seulement entre l'excellent et l'exceptionnel.

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Tout commence aux confins des Pyrénées entre France et Aragon, quand Joseph qui vient de perdre ses parents découvre le lieu des diables et des saints. Un lieu qui aurait pu faire de lui un jeune homme perdu pour lui-même, et de son histoire une histoire d'empêchement de grandir, sans son extraordinaire capacité de résilience. Sans la Vigie de cinq orphelins, la tête dans les étoiles, prêts à tout pour échapper à l'enfer du pensionnat d'un religieux illuminé. Sans l'étrange, fascinante et jeune Rose. Une piètre pianiste à qui Joseph est sensé apprendre les secrets de la musique, pour laquelle des décennies après dans les gares et les aéroports il joue encore, espérant qu'elle le reconnaîtra à sa virtuose interprétation de Beethoven.
Musicale, poétique, envoûtante, l'aventure d'enfants perdus qui luttent contre le pire et pour un mieux, mais aussi et surtout une formidable histoire d'amour.

« [...] la voix est éternelle. J'aime à penser, cinquante ans plus tard, que ses échos dispersés voyagent toujours, à la vitesse du son, vers les frontières glissantes du cosmos. Qu'une intelligence distante et infinie la captera un jour. L'écoutera, songeuse. Et se dira que nous étions bêtes, mais que nous étions beaux. »

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Coup de coeur pour ce roman de la résilience !


Qui est ce personnage qui parcourt les gares et lieux publics du monde entier, pour peu qu'il puisse s'y installer pour jouer du piano ?

Pour le savoir, il faut écouter ses confidences, celles d'un petit garçon dont l'enfance s'est arrêtée brutalement lorsque ses parents et sa soeur ont disparu. La vie familiale confortable a fait place à un quotidien de bagnard, entre les murs suintants de l'orphelinat des Confins.

Les coups, les privations, voire le cachot sont le lot de ces gamins oubliés. Joe a un privilège (mais en est-ce vraiment un ?), celui de servir de secrétaire particulier à l'abbé qui dirige l'établissement. Et à la suite de la visite d'un bienfaiteur, se présente l'opportunité de rejouer du piano, l'une de passions de sa vie d'avant, enseignée avec zèle par un vieux professeur qui a su être exigeant, à la hauteur du talent de son élève.

Le piano : une évasion virtuelle mais aussi l'espoir de vraiment se faire la belle.

C'est passionnant, impossible à lâcher, écrit avec une virtuosité qui impressionne. J'avais beaucoup aimé Cent millions d'année et un jour, mais je préfère encore celui-ci. Parmi les pianistes de gare, Joe sévit-il toujours ?

Merci à Babelio et aux éditions Iconoclaste.
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Impossible de lire cet ouvrage sans avoir le coeur qui cogne. Des diables et des saints, c'est rugueux et douloureux comme le frottement du papier de verre sur la peau, éblouissant comme un soleil d'été à son zénith, parfois doux comme de la ouate. C'est le récit d'une enfance violentée, de l'innommable abus de certains adultes, de la parole étouffée. Celui aussi de la résilience, de l' amour inaliénable, sublimé par l'absence, de l'amitié à la vie à la mort. C'est le rythme de la musique, du coeur de Rose, du rire de Danny, de la liberté conquise au prix d'un effort de légende. le rythme qui tient tout, qui tient "la vie debout". La fin du roman est à couper le souffle. Littéralement.
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Joe est un pianiste hors pair. Vous ne l'entendrez jamais dans une salle de concert. Il ne joue que dans les lieux de passage, gares ou aéroports. Il attend quelqu'un, celle qui lui a dit qu'elle le reconnaitrait, où qu'il soit, s'il jouait aussi bien que la première fois qu'il avait joué devant elle.
Juillet 1969 : Alors que l'homme marche sur la lune et que Michael Collins tourne autour, disparaissant derrière sa face cachée 47 minutes à chaque révolution, Joseph, tombé brusquement malade deux mois plus tôt, arrive aux Confins. Sa maladie n'est pas contagieuse, elle est incurable : il est orphelin.
« Je partis pour un lieu dont vous n'avez jamais entendu parler, puisqu'il n'est pas sur Terre. Je partis pour un lieu dont vous n'entendrez jamais parler. Il est fermé depuis longtemps.
L'orphelinat Les Confins. Je dis fermé, mais chez certains, il saigne encore »

Un établissement sinistre, dirigé par un prêtre, tout de noir vêtu, aux cheveux teints en noir, à l'âme tout aussi noire, digne héritier des inquisiteurs, secondé par la Grenouille ancien légionnaire sadique.
Comment survivre dans un endroit pareil ? Il y a la Vigie, petit groupe qui se retrouve sur les toits le dimanche, pour respirer un air pur, non contaminé par la cruauté de ce lieu. Et il y a Rose, que Joseph aime d'abord détester, Rose avec qui il va découvrir l'amour :
« Je songeai à Mina, à ses vêtements trop grands, ses bras enfouis jusqu'aux coudes dans une bassine pleine d'eau de vaisselle ou dans le cul d'une oie qu'elle venait de plumer, à cette reine décolorée par la vie, le vent, la lumière. Non, elle n'était pas belle, pas comme Rose l'entendait.
- Elle est magnifique
Rose glissa dans mes bras. Je venais d'apprendre à parler à une femme. »

Dans ce récit poignant, l'auteur nous décrit le passage à l'âge adulte de Joseph, qui deviendra Joe. Un récit qui ne devient jamais larmoyant, où l'auteur sait parfois insuffler un trait d'humour, où son écriture poétique et si réaliste à la fois vient magnifier des existences prêtes à sombrer, où la lumière est toujours là malgré la noirceur du décor et des hommes
Je persiste et signe : Jean-Baptiste Andréa est un grand.
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