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sur 2270 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un vieil homme qui joue sur un piano public dans un aéroport. du Beethoven. Divinement. Il ne joue que sur des pianos publics, il ne se produit jamais sur scène malgré sa maitrise exceptionnelle. Il semble attendre quelqu'un. Il s'appelle Joe. Et il interpelle le lecteur dès la première phrase avant de le prendre par la main pour un voyage dans son enfance.

L'enfance comme moment fondateur de toute une vie nourrie de ce qu'il s'est noué durant cette période, rencontres, amitiés, amour. Comme une empreinte indélébile qui fait basculer à jamais un destin comme celui de Jo. Orphelin à 14-15 ans, placé dans un orphelinat religieux. C'est là que tout va se jouer pour lui.

Le thème n'est pas nouveau mais Jean-Baptiste Andrea en parle avec une grâce folle et une sensibilité très authentique. Ce n'est jamais facile de parler de l'enfance meurtrie, cela peut vite sonner faux, surtout dans les dialogues ou les situations. Mais là, jamais. Tout est juste, notamment dans sa subtilité à évoquer le temps et les souvenir. le temps qui fait mal , celui des maltraitances assénées par le personnel de l'orphelinat, sans misérabilisme lourdaud. le temps qui se suspend comme celui des cours de piano de M.Rothenberg ( sans doute les plus beaux passage du livre ). Les souvenirs d'amitié forte qui réparent, entre société secrète de la Vigie, émission radio doudou et bain de vent ( très belle idée ). Et le temps du premier amour qui porte le doux nom de Rose, inoubliable, définitivement inoubliable, salvateur.

J'ai souvent eu en tête l'image d'un Antoine Doinel lorsque j'ai lu car comme Truffaut, Jean-Baptise Andrea parle merveilleusement de l'énergie unique de l'enfance, celle qui propulse dans la vie. Il le fait avec son style élégant et fluide qui confirme son talent de conteur après Ma reine et Cent millions d'années et un jour. Avec une tendresse et un humour qui transcendent la tristesse de la perte d'une famille et la douleur de grandir dans un orphelinat sordide.

Si je n'aime pas beaucoup ce titre, très manichéen ( le roman l'est parfois un peu, j'ai tendance à préférer les récits plus ambigus qui floutent les frontières du Bien et du Mal ), je ne retiens que la lumière qui se dégage de ce roman très fort qui plonge le lecteur dans une émotion toujours juste et sincère.

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Quel beau roman! « beau comme un do mineur » dirait Joe. Mais qui est-il donc? Au début de l'histoire, un vieux pianiste virtuose qui ne se produit que dans les gares et aéroports sur des pianos publics en n'ayant rien perdu de son énergie ni de sa flamboyance. Interpellant le passant apostrophant le lecteur il semble attendre quelqu'un. Puis on remonte le fil pour découvrir le destin de cet enfant fantasque à l'humour décalé devenu orphelin après que ses parents et son « insupportable soeur » disparaissent dans un crash aérien. La musique le constitue, très tôt « le rythme allait entrer dans ma vie...Le rythme de Dieu, celui du diable ».
21 juillet 1969, alors qu'Amstrong fait ses premiers pas sur la Lune, Joe pose un pied aux Confins, un orphelinat déshumanisé dirigé par un Abbé sinistre. Dans le lit 54 de sa « crypte » ce garçon lunaire prie ses propres dieux Beethoven et l'astronaute Michael Collins. Fasciné par la conquête spatiale ses pensées voyagent de la terre à la lune. Ce « grand pas pour l'humanité » intéresse la terre entière quand les petits pas de Joe n'intéressent personne. L'intime et l'universel se télescopent pourtant, conquête de soi et de l'univers finissent par se faire écho grâce aux adjuvants rêve et poésie. Intégré dans une bande avec d'autres enfants meurtris on suit leur aventures entre tristesse et joie, rudesse et tendresse, enfermement et liberté, fidélité et trahison, amour et haine, peur, abus, plans de survie, jusqu'à la rencontre avec Rose « l'extraordinaire » mais aussi «pimbêche, gâtée, trop riche » avec laquelle au départ Joe croise le fer. Son piano finira par devenir un moyen de communication, ses morceaux musicaux un appel. Avec un phrasé rhythmique dense JB Andrea fait battre la mesure à ses mots livrant un récit mélodique, poétique et dynamique qui nous emporte dans un grand tournoiement aussi entraînant qu'une valse. Un roman au thème sombre mais tellement lumineux par le traitement, par la musicalité, sa tendresse et son humour que l'auteur parvient à éviter les poncifs racoleurs et le mélodrame. Car dans ces pages la musique pulse autant que la vie. Une réussite.
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Que ce roman a inspiré de belles et poétiques critiques !
Bien sûr, on referme "des diables et des saints" le coeur serré.
Un jour la vie d'un adolescent bascule ; il perd son père, sa mère, sa petite soeur insupportable alors direction l'orphelinat.
Même les claques sur la tête de son professeur de piano vont lui manquer.
D'une plume élégante, JB Andrea nous conte encore une fois l'enfance fracassée, les humiliations, les torgnoles, les secrets, les trahisons et la solitude.
La solidarité, la musique, le courage, un adulte qui réagit, la lune, une Rose vont permettre une lueur d'espoir.
Et puis, il y a Momo...
L'histoire est mélancolique et poignante.
Une pépite.
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Les Confins, 1969-70
Un vieil homme joue du piano dans les gares, les aéroports. Il joue en virtuose et cela interroge.
Pourquoi jouer dans ces lieux de passage, ces lieux anonymes ?
Pour les voyageurs qui prennent un instant pour écouter, pour l'écouter, il plonge dans sa mémoire et revient à l'année 1969 qui voit sa vie basculer quand à 16 ans il perd sa famille.
Devenu orphelin il est envoyé dans l'orphelinat si bien nommé « Les confins ».
Les confins parce loin de tout géographiquement.
Les confins parce que loin de tout affectivement.
Et pourtant… Parmi les 40 gamins entre 5 et 17 ans confiés à l'abbé Sénat et à son garde-chiourme Grenouille, Joe va se faire des amis, les membres de la Vigie, société secrète qui permet aux enfants de surmonter les mauvais traitements faits de corvées, d'humiliations, de coups… Il ne s'agit pas aux Confins d'aider les enfants à surmonter leur statut mais de les soumettre, avec brutalité s'il le faut.
Voici un beau récit d'apprentissage. Joe alternant ses souvenirs des leçons de piano de son vieux maître, ses conversations avec Mickael Collins, le 3ème homme de la mission Apollo 11, les rendez-vous secret avec la Vigie, raconte son quotidien mais surtout sa rencontre avec Rose, la fille de M. le Comte…
Pas de larmoiements, pas d'amertume dans ce récit. Une tranche de vie, qui, si elle évoque bien le deuil, l'inhumanité de ces institutions confiées à des religieux plus préoccupés de mater les enfants que de les sauver, montre avant tout le pouvoir de l'amitié et de l'amour dans le cheminement vers la résilience …
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J'avais aimé le précédent roman de Jean-Baptiste Andréa et j'ai apprécié aussi Des diables et des saints. Je n'ai pas compris tout de suite où voulait m'emmener ce vieux monsieur qui joue sur « ces pianos publics dans tous les lieux de passage » et qui s'adresse souvent et familièrement à ses auditeurs éphémères et épisodiques, et à travers eux, à moi, lectrice… Je ne peux que partager l'étonnement de son public : quand on a un talent pareil, on ne joue pas sur des instruments de fortune dans des endroits improbables, et ce, volontairement, en plus ! Comment a-t-il pu en arriver là ? Ne vous inquiétez pas : il va vous l'expliquer dès le deuxième chapitre. Il a 69 ans, Joe (Joe pour Joseph), et il va nous raconter comment sa vie d'adolescent de 15 ans a basculé ce 2 mai 1969 quand la Caravelle à bord de laquelle se trouvaient ses parents et son « insupportable soeur » s'est cassée en deux à l'atterrissage. Seul au monde, Joseph est placé dans un orphelinat : Les Confins…
***
Dès les premières pages, on comprend que Joe souffre d'une blessure d'enfance. Il la qualifie lui-même de maladie, d'infirmité, de mal incurable. Il ne s'est jamais remis de la perte de sa famille, souffre sans cesse de ce deuil à jamais douloureux. Il a eu beaucoup de difficultés à se libérer de la culpabilité du survivant qui l'habitait (et si j'avais…, et si je n'avais pas…), et doit composer avec cette douleur en plus des sévices inacceptables, voire des tortures, que les enfants subissent à l'orphelinat. Quiconque a fréquenté une pension religieuse dans les années 60 a connu, je crois, de près ou de loin, des personnages apparentés au directeur et au surveillant de cet établissement. le premier exerçant, prétendument pour l'amour de Dieu, une autorité et une discipline brutales qu'il estime nécessaires parce que, selon lui, éducatives. le second pervers et sadique sans avoir besoin de se trouver une excuse. Grâce au personnage de Rose, jeune fille désagréable puis touchante, et à l'humour toujours présent, parfois grinçant (un des personnages s'appelle Sousix, comme dans « né sous X »), l'auteur évite le misérabilisme. La complicité des garçons, les réunions du dimanche soir, l'horreur des histoires racontée pour remporter le concours de la plus triste m'ont tour à tour rappelé Chiens perdus sans collier et Notre prison est un royaume, deux romans de Gilbert Cesbron dévorés et adorés pendant mon adolescence. L'écriture de Jean-Baptiste Andréa est magnifique, originale. Il excelle dans les comparaisons et les métaphores surprenantes, parfois dérangeantes, les répétitions qui ne sont pas des redites et où se cachent ironie et humour : « Mes parents m'élevaient comme un projet, avec une fougue de dictateurs. Ils m'aimaient comme on aime un plan quinquennal. Mais ils m'aimaient », page 17. Et le magnifique personnage du professeur de piano, et la bouleversante dédicace de la fin... Un beau livre, sans doute moins subtil que Cent millions d'années…, mais un beau livre !
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Un orphelinat-prison sinistre et isolé,
Un directeur rigoriste et machiavélique,
Un surveillant sadique, rebut de la légion,
Quelques orphelins hétéroclites à l'imagination débordante,
Un clan ultra-secret sauvant le monde tous les dimanche soir,
Un amour contrarié qui traversera le temps,
La musique, magnifiée, fil rouge de toute une vie,
Et un désir irrépressible de liberté.

Voici les ingrédients qu'a réunis Jean-Baptiste Andréa pour concocter ce roman enlevé et touchant.

Le narrateur, un vieil homme, est un musicien virtuose. Il nous raconte la douloureuse expérience de l'orphelinat qu'il vécut dans sa jeunesse, et qui forgea son destin. Depuis de nombreuses années, sur les pianos publics, il émerveille les foules de passants, dans les gares et les aéroports.
À la croisée des chemins qu'empruntent les voyageurs, il attend quelqu'un.

Après le décès de ses parents et de son insupportable petite soeur, Joseph, alors âgé de presque 16 ans, se retrouve seul au monde. Il est placé dans un établissement dirigé par un abbé insensible à l'esprit tortueux qui, sous couvert de la religion, fait habilement pleuvoir brimades et punitions sur ses pensionnaires, étouffant en eux toute lueur d'espoir.

Les revers parfois cruels que la vie a réservés aux jeunes héros, comme les personnages détestables qu'elle pu placer sur leur route, sont souvent décrit avec un humour qui désamorce la tristesse de leur mauvaise fortune.

La cocasserie ne supplante toutefois jamais l'émotion, car cette dernière est préservée par la prose imagée et poétique de l'auteur, parfaitement adaptée aux rêves de liberté de ses personnages.
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Avec ce quasi huis-clos, Jean-Baptiste Andrea se rapproche des school stories si communes dans les littératures américaine et britannique, histoire d'amitié à la vie à la mort dans un établissement fermé et, en l'occurrence, peu accueillant. le narrateur raconte son adolescence, parsemant quelques notes (peut-être trop rares) de poésie dans cet Enfer froid et étouffant, orphelinat des Confins aux confins du monde et de la vie, de la douceur et de l'espoir (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/06/30/des-diables-et-des-saints-jean-baptiste-andrea/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Joseph est pianiste, il est exceptionnellement talentueux.
Mais alors, pourquoi se produit-il dans les lieux publics (gares, aéroports, centres commerciaux) sur des pianos destinés à tout un chacun ?
La musique et surtout sa façon de jouer compose le langage commun entre lui et une précieuse personne, une Rose !
Le roman commence par la rencontre avec Joseph, un homme d'âge mûr qui va nous conter le fil de son existence particulière. Orphelin alors qu'il est enfant, ce sont les murs d'un orphelinat sordide « Les confins » qui le verront grandir. Malgré la tristesse du lieu et les règles strictes dépourvues d'humanité, les enfants vont tisser des liens d'amitié, de solidarité entre eux.
L'écriture est de qualité, elle emprunte parfois la voie poétique pour décrire et adoucir certains passages sombres. L'envie de vivre, de s'épanouir brave tous les dangers.
Ce roman est un hymne à l'amour, la patience, au courage et enfin à la tendresse qui réside en chacun face à la cruauté et aux embûches de la vie.
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Quoi, encore une histoire d'enfance meurtrie, de maltraitance et de pensionnat sinistre ? Encore une troupe de gosses attachants martyrisés par un abbé tyrannique ? Encore un narrateur au grand coeur, modèle de courage et de résilience, qui nous prend à témoin pour nous compter ses malheurs ?
Oui, peut-être, mais là c'est différent.

L'écriture, d'abord.
Sensible et poétique à souhait, mais jamais larmoyante. Lumineuse, imagée, sensible : voilà pour moi la force première de ce texte très vivant, qui se lit tout seul.

Le personnage de Joseph, ensuite, la force de caractère de ce gamin revenu de l'enfer par la grâce de l'amour et de la musique.
Sa passion pour Beethoven, sa quête permanente du "Rythme" élevé au rang d'absolu, de divinité ultime. Et puis la savante alchimie entre ses mots d'enfant et le regard d'adulte qu'il porte rétrospectivement sur son adolescence abîmée. Tout ça fonctionne très bien, c'est simple et tragique à la fois, bourré d'humanité, d'émotions et de délicieuses références musicales.
Que demander de plus ?

Alors oui, c'est vrai, on peut juger les personnages un peu caricaturaux, puisqu'on retrouve sans grande surprise le méchant directeur, l'innocent simplet, la bande de copains à-la-vie-à-la-mort, le vieux prof de musique complètement possédé par son art, la jeune fille en fleur qui fait tourner les têtes...
Oui, on peut considérer qu'il y dans cette histoire facile d'accès profusion de bons sentiments.
Oui, Des diables et des saints est un roman populaire que certains liront comme un roman de gare (en un sens ça tombe bien : Joseph est devenu "pianiste de gare", c'est un virtuose des pianos publics et tous ceux qui l'ont entendu jouer vous le confirmeront : c'est parfait ainsi !)

Heureusement, on peut aussi choisir de faire l'impasse sur ces quelques réserves et simplement se laisser porter par la jolie plume de Jean-Baptiste Andrea, que je découvre ici avec beaucoup de plaisir.
On peut se contenter de tendre l'oreille à la musique de Beethoven et on peut, entre deux chapitres, lever les yeux vers le ciel pour y chercher la sihouette de Michael Colins (le 3ème astonaute de la mission Apollo 11, le quasi-inconnu, celui qui n'a jamais foulé le sol lunaire mais qui dialogue régulièrement avec le petit Joseph) et même celle de Mary Poppins (oui oui, cherchez bien, elle est là elle aussi !)

On passe alors un très bon moment en compagnie de Joseph et de ses compères de la Vigie (Momo, Sousix, Sinatra...), et on se laisse aisément cueillir par ce roman initiatique très réussi.
Rien de tel, croyez moi, pour démarrer l'année du bon pied !
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Joseph et les autres, ou la complainte des enfants abandonnés, jouée par un vieil homme sur les pianos publics.

Devenu orphelin pour cause de crash aérien atomisant sa famille, Joseph passe de la vie confortable d‘enfant privilégié à la brutalité éducative d'un sombre orphelinat pyrénéen dans les années 60.
Sous le joug d'un encadrement catholique quasi militaire, l'apprentissage des quelques malheureux enfants élevés à la trique et aux sermons va autant briser l'enfance et l'innocence, que consolider une amitié fraternelle abrupte, née dans l'adversité et le refus de se soumettre.

Je referme avec regret le dernier roman de Jean-Baptiste Andrea, conquise par cette triste partition de destins brisés et de désirs de liberté. Dans le quotidien âpre et révoltant d'enfants incarcérés, entre corvées et maltraitances iniques, se glissent des purs moments de luminosité, par les rêves, l'espoir, les émois d'adolescents, sur fond de musique de Beethoven.

L'auteur n'est par le premier à nous immerger dans le sadisme éducatif des orphelinats d'antan, où les méthodes d'apprentissage privilégiaient l'ordre moral au détriment de la qualité de l'enseignement. Cette trame tristement romanesque fait toujours recette. S'y ajoutent ici un dynamisme rafraîchissant, une tension narrative dans un projet d'évasion, et une approche psychologique des adultes, conditionnés eux même en brutalité dans leur destin passé..

Un roman social très réussi !
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