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Citations sur Depuis ta mort (8)

Je ne vois pas ce que cette expression apporte de positif dans ton existence. On commence par agresser l'autre avec des mots, on continue avec les poings. Mieux vaut saisir le mal à la racine ; éviter les mauvais jugements et les mots blessants est un premier pas, tu ne crois pas ? (p.118)
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Je t’aime, papa, mais il faut que tu me demandes pardon pour ce que tu m’as fait parce que c’est mal, très mal. On ne meurt pas sans prévenir. Pas à quarante-deux ans. On attend d’être vieux, on tombe malade, on décline petit à petit, on écrit un testament, on murmure «Bye, bye, la vie» et l’on s’échappe sur la pointe des pieds.» Toi, tu n’as vraiment eu aucun tact.
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Papa, tu m'as tout apporté et l'idée d'être séparé de toi m'est complètement intolérable. Je pourrais écrire un livre pour raconter les moments complices que nous avons vécus, un autre pour décrire l'affection et l'attention que tu m'as offertes jour après jour, un autre encore pour dire combien, grâce à toi, maman était heureuse, combien ensemble vous me donniez l'image d'un couple équilibré et aimant.

Mais les livres ne servent à rien quand le bonheur s'est fait la malle. Tu n'avais pas à mourir, papa. Tu n'avais pas à nous quitter aussi bêtement. Tu n'avais pas à partir sans même nous dire au revoir. Un infarctus en voiture à trois kilomètres de la maison; tu as juste eu le temps de te ranger sur le bas-côté de la route. Tu as sans doute pensé à préserver les autres, tu t'es senti mourir : papa, papa, as-tu eu une pensée pour moi avant d'aller au milieu de nulle part ?

Je suis égoïste. Je ne songe ni à maman, ni à toi. Je veux savoir si j'étais dans ta tête au moment où tu es mort. Si j'étais dans ta tête comme aujourd'hui tu es dans la mienne. Si tu t'es dit avec angoisse : «Ghislain, mon chéri, à seize ans, il est insupportable de perdre son père. Pardonne-moi.» Je t'aime, papa, mais il faut que tu me demandes pardon pour ce que tu m'as fait parce que c'est mal, très mal. On ne meurt pas sans prévenir. Pas à quarante-deux ans. On attend d'être vieux, on tombe malade, on décline petit à petit, on écrit un testament, on murmure «Bye, bye, la vie» et l'on s'échappe sur la pointe des pieds.» Toi, tu n'as vraiment eu aucun tact.

Il paraît que ce n'est pas ta faute, il paraît qu'on ne choisit pas; c'est la mort qui élit le moment, la manière et l'endroit. Ce serait bien la première fois que tu t'es fait rouler, papa. Tu décidais si bien de ta vie; pourquoi n'aurais-tu pas pu décider de ta mort ? À seize ans et demi, il y a sans doute des faits de l'existence qu'on n'a pas la capacité d'intégrer. Avant que les flics ne viennent sonner à la porte de la maison, avant qu'ils ne me demandent d'une voix polie «Vous êtes le fils de monsieur André Leclercq ? Votre maman est-elle présente, s'il vous plaît ?», avant qu'ils n'annoncent, sur le même ton excessivement gentil, qu'hélas, ils apportaient une bien triste nouvelle, avant que maman ne pousse un grand cri et ne s'évanouisse dans les bras du policier le plus proche d'elle, avant que moi qui étais resté dans le couloir je comprenne à mon tour pourquoi ces hommes s'étaient donné la peine de venir jusque chez nous, avant tout cela, je n'avais jamais vraiment songé à la mort et certainement pas à la tienne. Tu étais insubmersible, papa. Comme le Koursk, comme le Titanic, comme tous ces navires qui font la fierté de ceux qui les construisent.
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Les mots sont pauvres pour exprimer ce qu’on ressent face à la mort. On dirait qu'avec elle, s'achève le vocabulaire. Bien entendu, il y a des termes illustratifs, mais ce dont je parle, c'est de mon cœur qui appelle au secours. Un cri qui ne se traduit pas en langue française. Un cri tout court.
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J'étais fier de toi, très fier. Je ne te l'ai pas assez dit. Un adolescent, ça s'éloigne avant de pouvoir revenir. Mais, puisque tu es définitivement parti, je n'aurai jamais l'occasion de te rejoindre. Tu as tout gâché, papa : l'évolution naturelle des choses, la relation, les petites brisures, la tendresse. Je ne te le pardonne pas. A qui pourrais-je raconter que tu es un type bien, que tu vis de projets, que tu as du courage et de la persévérance ? Je ne supporte pas de parler d'une personne à l'imparfait et, en mourant, tu ne m'as pas laissé d'autres choix.
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Mon père est un molosse qui dévore l'intérieur de mon crâne. Il est présent dans chaque recoin de mon cerveau. Il bouffe ma joie, il bouffe mes espérances. Durant la nuit, souvent, je reste éveillé et je l'écoute qui se promène dans ma tête, qui inspecte ma vie, qui en ravit tout ce que je voudrai beau. (p.11)
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