Hier, j'interrogeais mes étudiants. C'était leur premier examen.
Des adultes qui ont décidé de reprendre des cours pour se former à un nouveau métier : celui d'instituteur.
D'institutrice, devrais-je dire, car la plupart sont des femmes. Entre trente et quarante ans.
Des femmes déçues de leur vie professionnelle, des femmes qui veulent changer de vie, se réorienter ou accomplir le rêve qu'elles n'ont pas osé approcher lorsqu'elles avaient vingt ans.
L'une d'elle m'a confié, la voix tremblotante (et après que je l'ai rassurée sur la réussite de son examen), qu'elle était ravie et très émue de cette première petite victoire.
Elle a enchaîné en m'avouant qu'elle avait fait une grave dépression avec l'arrivée du virus. Qu'elle avait tout perdu.
Et que c'est grâce aux deux bons conseils de sa psy qu'elle avait pu donner un coup de talon au fond de sa piscine.
Le premier conseil était la marche à pied. Elle faisait une petite promenade tous les jours dans les campagnes autour de sa maison ou en forêt, le dimanche.
Ça la ressourçait beaucoup.
Le deuxième conseil était la lecture. Histoire de s'évader de sa routine et de ses angoisses quotidiennes. Elle était tombée sur un livre qui l'avait aidée, soignée, guérie même. Elle ne se souvenait plus de l'auteur.
Elle avait son nom sur le bout de la langue, elle l'aurait dit mille fois mais le stress de l'examen et la bonne nouvelle de l'avoir réussi lui faisaient un peu perdre ses moyens.
Dans ce roman, et même dans le titre, il était question d'une valise.
Lorsque je lui ai soufflé qu'il s'agissait peut-être de
Frank Andriat, son visage s'est éclairé.
Oui, c'était ça. C'était lui ! Ce livre l'avait littéralement ressuscitée, redonné goût à la vie !
Je lui ai promis que je vous le dirai. Voilà, c'est fait.
Belle journée, monsieur l'écrivain.