Spoilers.
Une lecture étrange et difficile. Trois chapitre dans lesquels se succèdent trois points de vue. D'abord celui de Réginald, un garçon qui aime les filles, qui fantasme sur elles, bref le garçon "viril" dans toute sa splendeur. Quand il découvre l'homosexualité de Loïc, qui s'est suicidé, c'est très dur de lire ses pensées homophobes, ses paroles homophobes, ses discussions avec ses parents, notamment sa mère qui essaye de nuancer et de tenir un discours de tolérance et d'acception, mais qui tient quand même des propos un peu limites parfois, comme le fait qu'elle serait embarrassée si son fils lui avouait être homosexuel. Il se dégage une atmosphère hyper violente, avec beaucoup de propos homophobes au premier degré, j'ai trouvé ce chapitre éprouvant à lire.
Ensuite, on suit les pensées de Philippe, meilleur ami de Réginald, qui se révèle être lui aussi homosexuel. Ici,
Frank Andriat fait le choix étonnant d'une narration à la deuxième personne, le "tu" permettant de s'adresser à un lecteur potentiellement concerné par cette orientation sexuelle, ou à l'inverse ignorant voire un peu homophobe, ce qui facilite l'identification. C'est mon chapitre préféré, c'est très fort, et le moment où Philippe avoue à sa mère son homosexualité, et la réaction de sa mère avec ses mots si simples mais si importants "je suis ta maman et je t'aime", c'est bouleversant.
Le dernier chapitre nous fait suivre Eva, la "Laetitia Casta" de la classe, la bombe sexuelle sur qui tous les garçons de l'école bavent. On découvre une fille étonnamment très mature, qui soutient Philippe en toute discrétion et lui permet de rencontrer son oncle, lui aussi homosexuel. Ce chapitre contient de longues discussions entre ces trois personnages, et s'il est important car il permet de réfléchir aux différentes facettes de ce sujet, je l'ai trouvé trop "didactique" et oubliant sa nature fictionnelle. On suit le cheminement intellectuel de Philippe, tourmenté par ses désirs, meurtri par l'homophobie ambiante du lycée, avec Eva et l'oncle André qui le rassurent et répondent à toutes ses interrogations.
Une lecture qui permet de désamorcer l'homophobie en affrontant directement ses pires manifestations, mais éprouvante. Heureusement, à force de réflexions, de "débats", certains personnages évoluent, comme Réginald qui revient vers Philippe au nom de leur amitié.