Portraits de personnages tout en rigueur et subtilité dans l'observation.
Le regard de
Christine Angot est ouverture et bienveillance sur ceux qui composent cette "petite foule", pris individuellement : jamais elle ne condamne, elle peint juste une réalité en effectuant un arrêt sur image sur une employée du textile, deux femmes âgées discutant dans un café, une mère et sa fille, un homme rencontré dans le bus, un grand cinéaste et un moins grand, une soirée mondaine, la solitude d'une "fille-mère" (non exhaustif)...
Tout en "montrant" comme elle sait le faire, Angot suggère sans les dire les raisons pour lesquelles nous nous travestissons socialement et mettons en scène la petite comédie des rapports à autrui (parfois à soi) : le besoin de "persévérer dans son être" et de se sécuriser face au monde.
Le dessein d'Angot est servi par son style faits de multiples coups de pinceaux, mais précis, et non floutés au hasard : peu à peu ils approchent du centre du motif, qui est chez tous plus ou moins le même avec des manifestations différentes suivant les situations et les milieux.
Ces petits tableaux ne comportent pas une fin qui dicterait au lecteur ce qu'il doit penser, mais laissent les personnages en suspens dans leur action : ils continueront à vivre et agir après que nous en ayons détaché nos regards.
C'est de l'art à la rencontre de la vraie vie.
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Je n'avais pas vu dans un premier temps l'épigraphe reprenant une citation
De La Bruyère mais avais pensé à lui spontanément : cette série de portraits se place bien dans la lignée du moralisme, mais Angot est plus tendre que lui.