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Vincent Michel (Préfacier, etc.)
EAN : 9782919507450
303 pages
Loco (05/11/2015)
3.17/5   3 notes
Résumé :
Cet ouvrage regroupe les contributions d’architectes, designers, théoriciens et artistes qui élaborent des projets et des pensées relatifs à la complexité des espaces urbains contemporains. Ces intervenants acceptent de laisser place à l’imprévisible et à l’inattendu, de fonctionner selon les principes nomades qui caractérisent la « machine de guerre » théorisée en 1980 par Gilles Deleuze et Félix Guattari dans Mille plateaux. L’ouvrage donne un aperçu de la variété... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Comme on s'en doute, il n'est pas facile d'évaluer un livre comme machines de guerre urbaines où les textes traitent de sujets aussi diversifiés et regroupent différents acteurs des villes contemporaines. S'il s'agit bien d'un choix éditorial, de rassembler sous la même enseigne différents intervenants – architectes, designers, artistes, historiens, géographes, philosophes – et d'aborder différents thèmes, on peut dire que le pari est tenu : Machines de guerre dresser un panorama relativement large des différentes préoccupations urbaines contemporaines.

En raison de cette hétérogénéité, affichée et souhaitée, le lecteur trouve néanmoins difficilement sa place. On peut même se demander à qui s'adresse un tel ouvrage. Si j'ai trouvé très intéressant plusieurs textes, des vraies trouvailles (entre autres, le texte de Careri ou les travaux d'Étienne Boulanger) et j'ai été captivé par certains thèmes, je dois dire que plusieurs textes m'ont carrément énervé. Et il certain que si je n'avais pas eu à faire une critique babelio, je n'aurais pas lu l'ensemble des textes de ce recueil.

Comme je l'ai annoncé ce n'est pas tellement l'étendu des sujets couverts qui posent problème, ils sont même suffisamment diversifiés pour susciter notre curiosité. le problème me semble provenir de certains points de vue défendus. Si je simplifie, je dirais que deux grandes tendances se dessinent dans ce recueil (sans tenir compte de la nouvelle qui clôt l'ouvrage). D'une part des analyses historiques où est abordé des travaux d'artistes, parfois surprenants, et d'autres part, des constations relativement partielles avec un fort engagement idéologique. Plusieurs textes avec ce point de vue m'ont fait grincer des dents. Je peux avancer ici quelques explications.

D'abord, il existe une prise de position qui me semble forcée. Pour reprendre les termes du titre, les machines de guerre, concept deleuzien qui, comme le souligne le philosophe, ont tendance à être institutionnalisées, à être reprises par l'état (appareil). Pour le dire autrement, les pratiques marginales, les méthodes transgressives, les tactiques inventives se trouvent après un certain moment aspirer par le grand nombre et deviennent communes, règlementées, normées.
Alors, comment faire pour défendre des manifestations qui dans les années 1960 ou 70 étaient innovantes, critiques, transgressives, mais qui aujourd'hui ont été attrapées par les institutions, les gouvernements et récupérées par le marché?
Par exemple, comment maintenir le graffiti comme une machine de guerre lorsque celui-ci est entré au musée depuis une vingtaine d'années ? Comment revendiquer une pensée écologique, durable, innovante, lorsque l'ensemble de la planète signe des accords, que les villes font de l'écologie une priorité ; que le recyclage, le compostage et le jardinage deviennent une pratique commune ?
Ce ne sont pas les thèmes abordés qui gênent, mais bien le fait de forcer la théorisation sous la tutelle du concept de Deleuze et Guattari. le concept de « machines de guerre » devient dans plusieurs des cas, inopérant, forcé et même encombrant. On en vient même à se demander si d'autres concepts auraient été plus pertinents pour appuyer ce qui a été présenté.
D'ailleurs, dans la conclusion, il n'est plus tellement question de machines de guerre, mais des « lieux de l'espace commun ». Je crois que si ce recueil avait été plutôt composé autour de « la nécessité de penser des espaces communs dans la ville », les auteurs auraient abordé certainement leur sujet différemment et l'on n'aurait pas perçu autant le décalage entre ces propositions de ce « monde commun » et les réels enjeux qui occupent les différentes villes aujourd'hui.
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Pour une découverte, ce fut une réelle découverte ! Je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec cet ouvrage, enfin, je m'étais fait une idée, mais celle-ci ne s'est pas forcement révélée correcte. Les livres, une source inépuisable de surprise !

Dans cet ouvrage, au demeurant très joli, d'une qualité appréciable, et d'une odeur que j'ai adoré (oui, ça fait fou dit ainsi), on parle, on discute d'écologie et d'urbanisme (au sens d'espace public). Selon moi, ces deux termes sont les principes fondamentaux de ce livre (qui fait d'ailleurs environ 300 pages). A contrario, déformation « estudiantine » peut-être, je m'attendais à quelque chose de plus sociologique, de plus proche de « l'homme » ; d'ailleurs, je trouve que les intervenants choisis pour ce recueil serait à revoir. Trop « experts », trop « utopiques » ou parfois servant de redites à certains textes quelques pages après, c'est dommage.

En effet, certains articles sont très complexes, voire très techniques en termes d'urbanisme ou de concepts philosophiques ; il faut être dans le milieu pour tout comprendre. A l'inverse, certains articles sont très abordables, et très intéressants ; notamment sur les alternatives au capitalisme, avec de nouvelles formes de société plus économe et écologique. Un vent de fraîcheur souffle sur cet ouvrage, et cela fait du bien à des personnes, qui comme moi, ne croient pas à une réelle société complètement durable et écologique. L'ouverture d'esprit est à son comble ! Et je suis presque certaine que cet ouvrage me servira dans le futur, et qu'il m'a ouvert l'esprit sur des sujets dont j'étais peu encline de penser positivement à leurs sujets.

De plus, outre ces intellectuels qui parlent, qui nous parlent, cet ouvrage est plutôt pas mal car il donne la parole aux gens, aux vrais ; fini les paroles aseptisées, bonjour le « parler-vrai ».

Après est-ce que je conseillerais cet ouvrage ? Je suis plutôt mitigée, car si certains articles sont très bons, d'autres sont vraiment « pesants ». Mais au final, je retiendrais que j'ai passé un agréable moment à lire cet ouvrage malgré quelques difficultés. Et n'est-ce pas le propre d'un bon ouvrage que de réussir à susciter l'intérêt chez ses lecteurs, et à le perpétuer au fil des pages ? Donc à découvrir pour les aventuriers, mais à éviter pour les « novices ».

Lu dans le cadre d'une masse critique, je tiens à remercier les éditions Loco et Babelio.
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Un document qui dans l'ensemble ne fut pas aisé de lire et pourtant certains extraits sont très prenants.
Le sujet m'a intéressé.
Le livre en lui même est un bel objet.
Je suis très contente de l'avoir découvert.
Merci masse critique babelio.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Dans les facultés d'architecture, je me suis rendu compte les étudiants (c'est-à-dire les élites du futur) connaissent par coeur la théorie urbaine et la philosophie française, se disent experts de ville et d'espace public, mais qu'en réalité ils n'ont jamais vécu l'expérience de jouer au foot dans la rue, de rencontrer des amis sur une place, de faire l'amour dans un parc, d'entrer illégalement dans une friche industrielle, de traverser une favela, de s'arrêter pour demander un renseignement à un passant. Quel genre de ville pourront produire ces personnes, qui ont peur de marcher ?
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"Y a-t-il un avenir pour une société qui s'obstine à chier dans l'eau potable ?" Pancarte anonyme.
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En ces années, l'expression esthétique destructive exprimait l'insatisfaction et le dissentiment d'une génération face aux incohérences de la société industrielle moderne, face à l'optimisme technologique généré par l'efficacité technique d'après-guerre, face au modèle de société hérité de la génération précédente, incapable de résoudre et de lever ses contradictions. Cette destruction, ainsi esthétiquement annoncée, portait en soi un renouvellement qui n'était pas seulement esthétique, mais aussi culturel, social, politique.
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"Le graffiti est et doit rester un mot merdeux, une insulte aux constipés de l'esprit" (MDC et DOC), reprise de la formule de Dali.
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Chez Beckett, c'est le lecteur qui construit son sens, le choisit, ou plus précisément qui choisit le sien parmi une infinité de sens possibles.
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