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J'ai beaucoup aimé ce roman graphique, qui est une réécriture de la tragédie Phèdre dans une ambiance de fin de règne zaïrois, de fin du monde du président léopard Mobutu rebaptisé T'zée.

J'ai beaucoup aimé l'esthétique des dessins, qui évoquent des ambiances de rêves ou de cauchemars, avec des penchants mystiques. Dans le dossier final, quand l'auteur évoque qu'il avait trouvé les spectacles de catch à Kinshasa proche de l'expérience religieuse, c'est très bien rendu dans la BD. le personnage de T'zée; tout en angle rappelle les autres BDs de Brüno (Tyler Cross ou Atar Güll), en opposition d'Hyppolite et de Bobby qui sont plus en rondeurs.

J'ai trouvé ensuite la réécriture de Phèdre vraiment intéressante, Mami Wata, génie des eaux remplaçant Poséidon et garante de la malédiction qui s'abat sur la famille de T'zée - Phèdre / Bobby arrivant dans la famille après le début de la malédiction. Tout est fluide et psychologiquement très cohérent -ce qui n'est clairement pas toujours le cas pour des réécritures modernes de tragédie antique mais ici tout est juste, le ton, l'ambiance, l'enchaînement. J'ai même mieux compris cette réécriture que le texte de Racine.

On retrouve ensuite l'ambiance de la forêt équatoriale / tropicale africaine avec son atmosphère poisseuse et surtout de fin de règne de potentat africain, avec l'ambassadeur français qui défend la Francafrique (avant on aurait envoyé quelques rafales pour mater les rebelles), les massacres et pillages de certaines factions rebelles qui profitent du chaos, de l'armée qui n'est plus tenu par la poigne de fer de papa-maréchal. Les fétiches sont omniprésents et apportent cette ambiance onirique. Et on vit à la lisière de deux mondes : un qui s'inquiète de disparaître et un qui se réjouit du renouveau promis.

Une très belle découverte que cet ouvrage proposé par le duo Appollo / Brüno dont la lecture nous rend humble en nous rappelant à quel point nous sommes ignorants.
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Même si cela n'est pas clairement mentionné, à mon avis il s'agit ici d'une BD sur la rdc.

Je ne vais pas être dithyrambique sur cette lecture car il faut avouer n'avoir pas été emballée par les dessins et le graphisme de ce livre. Pourtant les couleurs utilisées collent bien à l'ambiance. Les personnages ne sont pas assez distincts et détaillés. Je n'ai ressenti aucune compassion ni sympathie pour eux.

Point positif : un continent très peu abordé en bande dessinée : l'Afrique. Mais malgré tout une déception pour une fade lecture.
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T'zée est mort, le léopard est mort, le peuple se soulève. Sa deuxième femme, Bobbi, essaie de tenir la baraque. Elle fait une proposition à Hippolyte, le plus jeune fils de T'zée... Mais voilà que T'zée réapparaît. Il reprend les commandes. Il est protégé, il a les fétiches... Ou pas...

Mais le cycle du léopard se termine. Mami-Wata, esprit des eaux, du fleuve, des rivières et de marais n'a pas admis le crime de T'Zée, et se venge. Car T'Zée a tué un vieux compagnon de révolution, Moulala. Et ses jours sont comptés.

Les lecteurs assistent à la lente agonie du pouvoir et à la disparition d'un dictateur qui s'accroche aux ors de la "République (bananière)". Tous les vieux dictateurs se ressemblent finalement. Avec une petite touche africaine, sans doute. Ce sont les soulèvements populaires, les fidèles, les hommes de main qui font le sale boulot, les "amis de toujours" qui changent d'avis, les avions affrétés par un pays étranger qui offre l'asile, les valoches pleines de billets...

Brüni et Appollo évoquent la RDC/le Zaïre et Mobutu. Ils empruntent aussi quelques éléments à d'autres dictateurs africains, mais la base, c'est Mobutu. Sa seconde femme, Bobbi. La toque en léopard. Gbadolite, le palais dans la jungle, avec une piste d'atterrissage qui pouvait accueillir le Concorde. Mégalo jusqu'au bout des ongles. Tout finit par pourrir sous le coup de quelques rancoeurs familiales, l'arrivisme de Bobbi, la folie de T'zée qui voit des menaces partout, y compris dans son propre entourage, dans sa propre famille...

La BD contient des moments très forts. le match de catch entre le Léopard, Police belge, le Chien enragé, les Esprits des Forêts, c'est rempli de symboles et c'est très bien vu. Cela apporte, avec les fétiches, cet aspect des croyances qui ont toujours été utilisées par les dictateurs africains.

Il manque, à mon avis, le rôle de la Belgique et l'interaction Zaïre-Belgique, avec le sempiternel jeu de dupes et de menaces, les ultimatums lancés par Mobutu à la Belgique ou à l'Occident quand la Belgique a jeté l'éponge (c'est rapidement évoqué avec la menace russe sur l'Afrique), surtout suite à la livraison de l'uranium pour la bombe atomique.

Au final, T'Zée est une tragédie en 5 actes, comme l'interview d'Appollo en fin de tome le rappelle. Un drame. C'est théâtral, mis en scène par les acteurs de ce drame. Il y a toujours une forme de mise en scène de la part de la classe politique. Brüno et Appollo décrypte cette pompe. Une excellente BD.
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Superbe BD sur un pays d'Afrique en pleine révolution : le dictateur est sur le point d'être renversé ... un espoir pour le pays? peut-être, mais il n'en demeure pas moins que le chef T'zée n'était pas seul : que va-t-il advenir de sa famille, sa deuxième épouse Bobbi, son fils Hippolyte, ses proches?
Les dessins dans les tons brun, orange et jaune, sont superbes et le récit est très bien construit : une présentation en 5 actes car l'intrigue s'inspire de Phèdre et de l'amour de Bobbi pour son beau-fils. Ajoutez à cela une touche de mythologie africaine avec l'esprit des eaux et la malédiction lancée sur la famille de T'zée et vous obtenez une excellente lecture!
#NetGalleyFrance
#ChallengeNetGalley2022
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La chute d'un monde, la chute des égos, la fin d'une certaine idée de l'Afrique… Voilà ce que raconte Apollo dans cet album qu'il porte (explique-t-il en épilogue) depuis plus de 10 ans avec le dessinateur Brüno (Tyler Cross, L'homme qui tua Chris Kyle…)

Une situation librement inspirée de celle du Zaïre avec T'zée dans le rôle de Mobutu. Tout y est, le fleuve, la ville où fleure la rébellion, le palais présidentiel, la jeune et belle femme du dictateur, le fils honni et les croyances issues de la forêt…

Un album très récitatif, découpé en 5 actes et aidé par des flash-backs, où explosent le dessin puissant de Brüno et les splendides couleurs de Laurence Croix. Un travail graphique formidable qui fait plus qu'illustrer le récit… Un récit qu'on connait finalement tous déjà un peu mais qui respire l'authenticité.

Au final, « T'zée » est une tragédie africaine portée par un écrin sublime, une trace d'un passé que l'on espère révolu.
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Je ne sais pas trop quoi en penser, c'est une lecture intéressante, il y a plusieurs points abordés avec une trame principale qui est la vie d'Hyppolite le fils du dictateur. Il y a la politique, la société, l'humain, l'amour, la folie, la guerre, le pouvoir, les croyances et la folie. Tout cela avec un fond de sorcellerie vaudou traditionnel qui renforce la dramaturge des actes de ce scenario.
C'est un monde qui s'écroule, le monde d'un dictateur et de son peuple. Et, puis il y a Hyppolite le personnage principal de ce drame. C'est un fils de, fils de dictateur, c'est difficile à porter comme titre mais finalement, il s'en accommode. Il faut dire que l'argent, l'inconscience, l'insouciance aide à faire passer nombre de désaccords et donne un passe-droit à la corruption.
Je ne suis pas fan des petits malheurs de fils de prince et encore moins de fils de dictateur mais j'ai aimé cette lecture, j'ai apprécié la trame qui se dévoile entre ces deux êtres liés au dictateur.
C'est assez beau, dramatiquement beau.
Et les dessins, j'ai adoré le dessin, les traits réguliers et les couleurs, c'est puissant et chargé d'une ambiance poignante. On est imprégnés par l'histoire et les personnages.
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Tout d'abord, pourquoi T'zée ? le titre peut surprendre. On se demande, tiens je connais pas la vie de ce personnage. D'ailleurs, a-t-il existé ? Ce n'est qu'après quelques pages, qu'on se rend compte que nous sommes dans un pays d'Afrique imaginaire qui pourrait, dans le fond, être la synthèse de toute l'histoire de l'Afrique subsaharienne postcoloniale. On y évoque la rébellion, le génocide, les enfants endoctrinés et drogués, la corruption, les rivalités tribales.
Cette tragédie est divisée en actes. le trait est relativement simple (ligne claire) pour, selon moi, mettre en valeur les couleurs chaudes de l'Afrique, entre rouge, ocre et orange.
Sans tomber dans une suite de clichés, les auteurs, Appollon et Brüno nous donnent à réfléchir sur le rapport qu'entretiennent ces dirigeants très vite transformés en dictateurs sanguinaires.
L'histoire est celle d'une tragédie africaine, comme le sous-titre nous le précise. Qui est T'zée ? Un chef de guerre, comme il en eut partout en Afrique dans les années 60, qui devint chef d'État (comme on est chef de guerre) avant d'endosser le costume, tel celui de Mobutu, de dictateur sans scrupule. Car depuis 36 ans, il ne partage pas le pouvoir. Celui-ci lui vient des relations qu'il a su tisser avec les puissances internationales dans un jeu d'intérêt (matière première contre dollars et impunité).
Afin de jouir paisiblement de son immense pouvoir, il délocalise son lieu de résidence loin des soubresauts d'une capitale devenue turbulente et source de contestation. le « palais dans la jungle », gigantesque au milieu de nul part, et à l'image de ce qu'il veut paraître, démesuré. Dans ce palais, on ne peut y accéder que par voie fluviale comme pour mieux se couper d'une population assujettie.
Son fils Hyppolite lui sert de successeur afin de pérenniser sa main mise sur un pays qu'il contrôle d'une main de fer. La famille c'est sacré, jusqu'à un certain point.
Son fils a étudié à Paris. Là-bas, en plus d'étudier les grands classiques de la cause africaine côtoie des étudiants africains de la diaspora à qui il n'ose dire qu'il est le fils du tyran.
L'annonce de la mort de T'zée plonge le pays dans un vaste chaos. Son palais devient, suite à sa mort, le lieu de toutes les réflexions et des stratagèmes pour sauver sa peau.
Bobby, la nouvelle femme du Président, de 25 ans sa cadette, est follement amoureuse d'Hyppolite, son beau-fils. Histoire d'amour impossible.
Dans ce palais surprotégé et coupé du monde et des réalités du pays, Hyppolite vit avec ses amis, Walid, un Libanais élevé en Afrique et Arissi, fille d'un héro de l'indépendance Moulala devenu concurrent, donc exécuté pour subversion lors d'un procès rendu public. de là, vient la malédiction, celle de l'esprit des eaux. Tout trois évoquent un plan d'évasion pour le Maroc. Jusqu'au retour du tyran…
L'histoire dans le fond est une mise en parallèle avec la tragédie grecque de Phèdre tout comme avec le combat de catch qui vient clore cette tragédie finement menée.





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J'aime beaucoup la direction que prend l'oeuvre de Brüno. Ici, il retrouve Appollo au scénario, avec qui il a déjà réalisé les séries “Commando Colonial” et “Biotope”. On est loin du clinquant Tarantinesque de la série “Tyler Cross”.
Son graphisme au trait net et aux aplats soignés apporte un force péremptoire au récit, une dureté intransigeante, un ton rude, à l'image de l'écriture ciselée qu'un Laurent Gaudé utilise dans ces romans. La comparaison avec cet auteur ne s'arrête d'ailleurs pas là, l'aventure ici aussi, n'est qu'un prétexte pour un sujet plus universel sur le destin, sur ces personnages qui se sont brûlé les ailes à côtoyer la richesse du pouvoir, sur la fatalité, c'est avant tout une histoire de malédiction, celle de l'Afrique corrompue par les intérêts occidentaux, des alliances hypocrites des plus grands avec des clans choisis pour leur bonheur et leur malheur, mais aussi la malédiction qui entraîne toute la famille avec elle, celle d'être de fils de... C'est une histoire cruelle, violente, une vision du monde pessimiste mais racontée avec la sobriété du théâtre contemporain et le panache de la tragédie classique.
T'zée est évidemment inspiré de Mobutu, mais l'histoire ne cite jamais le Zaïre, se permettant ainsi de nombreuses tergiversations et inventions autour des personnages. On le voit très peu dans l'histoire, la sienne, d'histoire, est racontée de façon symbolique à travers un match de catch. Pendant ce temps-là, on suit quelques membres de son entourage. La prouesse scénaristique est d'ailleurs remarquable, le personnage qui donne son nom à la bande dessinée brille par son absence. Toute l'action aussi est d'ailleurs absente, évoquée par flash radiophoniques, hormis un évènement mineur pour l'Histoire avec un grand H, mais qui est en réalité le véritable noeud de cette histoire. C'est Hyppolite le véritable personnage central, et c'est autour de lui que se focalise la notion de malédiction.
Beaucoup de non-dits, de regards, de temps morts, de silences, il y a une ambiance de torpeur, de lourdeur intense et pesante, on s'aime, on se déteste, mais le grand homme, tel un dieu omniscient et implacable dirige tout par la simple évocation de son nom. C'est l'Afrique et ses étranges destins, de gens qui finissent déracinés dans leur propre pays, dans leur propre famille, c'est l'Afrique des croyances fantastiques, .
C'est une oeuvre qui joue au chat et à la souris avec le lecteur, une tragédie teintée d'exotisme mais surtout pas un récit d'aventure.
C'est “En attendant Godot au Congo”, c'est du Laurent Gaudé ou du Gabriel Garcia Marquez en bande dessinée. Plus je réfléchis à ce que je viens de lire, plus je suis ébloui.
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T'zée est un dictateur contemporain d'Afrique. Comme tout dictateur il mène son pays d'une main de fer. Mais voilà que la rumeur le dit mort. Que va devenir le pays ? Déjà plusieurs personnes sont sur les rangs pour lui succéder. Que faire de sa jeune compagne ? Que faire de son fils, qui ne voue pas une admiration particulière à son père ?

Ce roman graphique est très intéressant, pas transcendant, mais intéressant au regard de ce qu'il met en évidence en termes de relations géopolitiques en Afrique et pas seulement : car le fils de T'Zée a fait ses études en France, dans un anonymat qu'il a choisi car il a bien conscience que la politique menée par son père est mal vue en Occident. On y découvre aussi des éléments de société passionnants sur la place des femmes dans l'Afrique d'aujourd'hui.
Une lecture agréable, et un dessin attrayant.

Merci aux éditions Dargaud pour ce service presse ainsi qu'à #NetGalleyFrance !
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Au fond de la forêt équatoriale, dans le palais de T'zée, la rumeur enfle. le vieux dictateur aurait été tué. le pays sombre alors dans le chaos. La femme de T'zée croise son amour interdit, le fils dernier né de T'zée, Hyppolite. Dans la touffeur africaine, voici le crépuscule d'un pays imaginaire.
J'ai aimé le dessin, le trait de crayon est agréable et les couleurs éclatantes. Elles sont employées à bon escient et donnent le ton dans chaque scène.
J'ai moins aimé l'histoire, très axée sur le dictateur et la révolte des villageois et très peu sur l'amour interdit entre Hyppolite et la femme de T'zée. Une histoire d'amour qu'on ne voit quasi pas et donc la fin m'est apparue dans véritable explication.
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