T'Zée : Une tragédie africaine

Alors que la révolte gronde dans le pays et que la guerre civile se fait de plus en plus menaçante, la rumeur, que le vieux didacteur a été tué, arrive jusqu'au palais construit au fin fond du pays. Dans ce palais, Bobbi, la seconde épouse du didacteur, doit cohabiter avec Hippolyte, son beau-fils.

T'zée raconte merveilleusement et magistralement bien la mise en place d'un didacteur, sa déchéance et sa folie. Ce roman graphique se passe dans un pays imaginaire avec des personnages imaginaires. Mais il aurait très bien pu paraître sous forme de témoignage tellement l'histoire peut paraître réaliste.
Nous y retrouvons des faits véridiques tels que le soutien par des pays riches pour l'investiture d'un homme à la tête d'un pays, l'avidité de cet homme pour le pouvoir, sa folie des glandeurs avec la construction de son palais, la liquidation de ses ennemis...

L'histoire , mise en scène par Appollo, est illustrée avec réussite par Brüno et colorisée brillamment par Laurence Croix.
Un très bel album auquel je souhaite un beau succès.

Merci à #NetGalleyFrance et aux éditions Dargaud pour l'acceptation de cette lecture.

Les tourments militaro-politiques africains sont quelque chose que je connais depuis toujours, et il m'est difficile de pouvoir citer avec mes maigres connaissances de ce continent quels sont les pays qui ont à la fois accès à la stabilité et à la démocratie.

Appollo au dessin et Brüno au scénario font équipe dans cette très belle bande dessinée de 160 pages pour nous parler de la fin d'un règne, vu de l'intérieur même du cercle du pouvoir.

T'zée est un vieux dictateur qui s'accroche au pouvoir coûte que coûte, et qui est emprisonné à la faveur d'une rébellion locale ayant envahi la capitale. Son fils Hippolyte revenu de ses études à Paris ainsi que la nouvelle épouse de son père, Bobbi, quasiment du même âge, sont réfugiés dans un immense palais présidentiel construit en pleine jungle.

Alors qu'on donne l'homme de pouvoir pour mort, les derniers fidèles vont devoir assurer leur protection et organiser la fuite, en distribuant les richesses accumulées au fil des ans. Alors que tout chavire, le temps des révélations et des ultimes trahisons est venu.

J'ai profité d'un voyage en train vers le soleil pour me plonger dans ce roman graphique, et j'ai été absorbé par l'ambiance, entre l'urgence d'un régime au bord du précipice, l'incandescence d'une société révoltée, le confort des élites gravitant autour du pouvoir et le mysticisme de la culture africaine. Ce fut passionnant, je ne peux que recommander !

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Le vent tourne pour T'zée. Lui, le dictateur qui depuis son palais présidentiel immense bâti au milieu de la jungle présidait le pays, voit son peuple se révolter. Entre les pro et les contre, la guerre civile fait rage. L'étau se resserre. le chaos étend son emprise.

Toute ressemblance avec une situation réelle n'est évidemment pas fortuite. On peut sans se tromper faire le parallèle avec Mobutu au Zaïre. Les dictateurs font croire qu'ils agissent pour le peuple mais vivent dans l'opulence occidentalisée, se paient des bâtiments à Paris et leurs épouses font du shopping sur la Côte d'Azur.

Dans cette BD, le fils décrié relève le niveau. Il ne crache pas dans la soupe dans laquelle il a grandi et s'est baigné sans véritablement se rendre compte qu'il faisait partie de l'élite. En grandissant, en voyageant, il comprend que sans se confronter à son père, il ne peut pas tout à fait prendre son parti non plus. Avec ses deux meilleurs amis, un Libanais qui a grandi en Afrique et la fille d'un héros indépendantiste, ils tentent de trouver le moyen d'échapper au danger qui les menace.

J'ai adoré cet album, qui retranscrit à merveille la chute d'un grand dictateur, certain de son pouvoir. le contexte politique est brillamment développé et cela donne une bonne idée de ce qui s'est passé, et ce qu'il se passe encore, dans les dictatures africaines, qui trouvent un appui chez les puissances occidentales.

Les dessins de Brüno collent parfaitement au thème : les couleurs, les traits, les décors… Visuellement c'est très immersif.

Je me suis régalée avec cet album passionnant. Un coup de coeur.
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Appollo et Brüno prennent le parti de raconter l'histoire d'un pays africain fictif. Sa capitale "Gdao" illustre la puissance de T'zée, un libérateur devenu dictateur et mégalomane, à l'image de son somptueux palais érigé en pleine forêt équatoriale. Inimaginable quand on sait que le peuple grogne. Jusqu'au jour où la rumeur déclare que T'zée est tombé face aux rebelles…! 


En lisant ce roman graphique, on pense tout de suite que les auteurs se sont inspirés du Zaïre mais ce n'est pas le seul pays à être sous la coupe de dictateurs. Certains sont d'ailleurs cités en bas de page. le récit mélange toutes les tragédies de ces pays africains. Un album travaillé depuis plus de 10 ans par le duo Apollo / Brüno ce qui se ressent tout du long du récit. On ne s'ennuie jamais car l'album est découpé en cinq actes bien précis dans lesquels la tension est omniprésente. Habituellement, je trouve les albums de Brüno dans lesquels il a dessiné plutôt froids. Les couleurs chaudes (marron, orange) dans le présent album relèvent le tout et font ressortir son talent, un pur régal ! 

Lu et chroniqué sur izneo

Dans ce pays fictif la personne au pouvoir est T'Zée, un dictateur mégalomane dont le règne risque de prendre fin d'ici peu. Dans son palais sur l'île du bout du fleuve, entouré de la forêt équatoriale et de toue le nécessaire à une vie en autarcie (aéroport,j centrale électrique…) mais cette vie loin de tout l'éloigne aussi du pouvoir. La guerre s'est insinuée dans le pays et à la capitale la rumeur s'étend: T'Zée serait prisonnier des rebelles. Son fils Hyppolyte, celui que l'on a éloigné, n'arrive pas à croire à cette fin absurde. La seconde femme de T'Zée, Bobbi de ving-cinq ans sa cadette, va tenter de garder la main, de sauver ce qui peut encore l'être, alors qu'elle même est en proie à un tout autre trouble.

Cinq actes pour raconter la chute d'un dictateur, cette fiction s'inspire de l'histoire de l'Afrique, de ses dictateurs et de leur règne. L'histoire de T'Zée nous est conté par son dernier fils encore en vie Hyppolite, le rejeton rejeté, et sa femme Bobbi, deux être que tout oppose et qui en un sens se ressemble.
La culture africaine y est très présente, avec ses croyances et ses traditions, un homme qui veut laisser une trace de son passage mais finira oublié de tous et surtout balayé de l'Histoire.
Le dessin m'a beaucoup plu, des jeux d'ombres qui donnent de l'intensité aux personnages et une palette de couleurs limitée.
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À partir d'une histoire fictive, dans un pays d'Afrique centrale imaginaire, Apollo au scénario et Brüno au dessin pointent la malédiction de ce continent majestueux aux richesses continuellement pillées par les étrangers, ravagé de guerres intestines et de génocides, proie de dictateurs aussi mégalomanes que paranoïaques. Deux destins, celui d'Hippolyte, le plus jeune fils de T'zée, dictateur depuis 36 ans, et Bobbi, la seconde épouse de T'zée, deux visions d'un dictateur et de son héritage.

Lorsque l'on a un âge supérieur à 40 ans, on a tous entendu parler il y a une vingtaine d'années de ces dictateurs qui sombraient avec leurs pays les uns après les autres.
Leur fortune était abondamment détaillée entre hôtels particuliers dans Paris et palais au fond de la jungle !
T'Zée est de ceux-là.
Après avoir dirigé le pays de manière autoritaire, il est renversé par la rébellion et mis en prison.
Dans l'un de ses palais, sa femme Bobbi et son fils Hippolyte tentent chacun à leur manière de trouver la meilleure solution pour s'en sortir.
Il n'y a plus vraiment d'espoir mais ils y croient encore...

En ouvrant cette bande dessinée, vous plongerez directement dans un univers sombre aux couleurs de crépuscule.
Les images se dessinent entourées d'un trait noir et les ombres sont des aplats qui lissent les personnages et renforcent l'atmosphère de fin d'un monde.
Les pages sont dominées par les bruns, le orange, le vert, ce qui donne une unité à cette histoire.
Ces choix graphiques sont audacieux, et les pages d'explication en fin d'album vous permettront de mieux les comprendre.

Le pays décrit ici n'est pas nommé mais on devine qu'il s'agit du Zaïre, bien que cela ne soit pas le plus important.
Ce récit permet aux auteurs de montrer la folie de ces dictateurs, la solitude de leurs familles, le danger permanent qui vient autant de l'extérieur que de l'intérieur.
La paranoïa est constante, elle accompagne la folie des grandeurs et on ne sait plus qui fait quoi.
La mythologie africaine est aussi évoquée dans toute sa puissance.
L'esprit des eaux poursuit T'Zée et les siens, les fétiches mènent la danse.
Et puis il y a aussi Phèdre qui se dessine en toile de fond avec une structure en 5 actes et des personnages ballotés par le destin.
Ainsi, bien qu'Hippolyte tente de s'extraire du schéma imposé par ses origines, il est sans cesse rattrapé et ne parvient pas à en sortir.

Si vous avez envie d'une bande dessinée qui change un peu des schémas habituels, je ne peux que vous conseiller ce bel album qui vous transportera dès les premières pages !
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Cela fait un moment que je tourne autour de ce roman graphique. Intéressée par l'histoire, le triangle de personnages sur la couverture, mais un peu effrayée par l'agressivité du trait et par ce titre à l'orthographe moderne qui me faisait craindre une langue que je n'apprécie pas. J'ai fini par franchir le pas, et je suis très contente de l'avoir fait. Dans ce roman graphique (devrait-on dire un théâtre graphique, puisque l'histoire est découpée en cinq actes et reprend fidèlement le déroulement de la tragédie racinienne de [Phèdre], du moins autant que mes souvenirs éloignés me permettent d'en juger), un dictateur d'un pays africain qu'on ne nomme pas (mais dans lequel il est facile de reconnaître la RDC) commence à voir le pouvoir lui échapper, mais ne peut s'y résoudre. Une tragédie politique bien plus importante que la tragédie familiale qui se trame entre cet homme, sa second épouse bien trop jeune et le dernier de ses fils, bien sûr nommé Hippolyte.
Et, sous le prétexte de cette tragédie familiale qui serait la conséquence d'une malédiction, mais qui est inscrite dans les choix des protagonistes eux-mêmes, c'est la déliquescence d'un pays qui est dépeinte dans des couleurs de bruns et de verts tous plus ternes les uns que les autres. On est loin de la lumière crue de l'Afrique et des belles couleurs que nous vantent les guides touristiques, non les couleurs sont recouvertes d'une poussière de terre qui rend tout poussiéreux et terreux, sans en ôter un côté un peu agressif qui peut sauter à la figure. Tout y est dans ce livre, on trouve pêle-mêle : le jeu des anciennes colonies, les espoirs d'une jeunesse éduquée, la journaliste (très probablement inspirée de Lieve Joris), le recours aux fétiches dès que quelque chose d'important doit avoir lieu, une classe dirigeante ultra-riche contrastant avec la population miséreuse, les projets pharaoniques et les « éléphants blancs »…
Beaucoup de trouvailles dans ce roman graphique, qui fonctionnent plutôt bien (même le match de catch m'a plu !). Cela ne révolutionnera probablement pas ma vision de l'histoire récente de l'Afrique, mais tout y est dit ou évoqué, dans une bande dessinée à la fois agréable à lire et assez dérangeante. Une très belle réussite !

Superbe bande dessinée portée par le dessin toujours aussi beau de Brüno et les couleurs chaudes de Laurence Croix. le scénario d'Appollo est un bijou qui entrelace avec délices le mythe de Phèdre et l'histoire d'un dictateur africain, retranscription fictive d'un certain Mobutu... La revisite du mythe est très subtile et c'est toujours plaisant de savourer les multiples références. Quant à l'histoire de T'Zée, elle sait rester réaliste sans tomber dans les caricatures de la représentation de l'Afrique post-coloniale. Un gros coup de coeur !

Si le graphisme sobre et sombre de ce roman graphique attire le regard, la narration manque d'originalité. Nous sommes dans un pays que l'on associe rapidement à la République démocratique du Congo (ex Zaire), avec un président type Mobutu indétrônable. Les rivalités entre mercenaires, forces armées, résistants déchirent le pays et font souffrir les populations. le seul personnage qui a suscité mon intérêt est celui d'Arissi, amie d'Hippolyte, dernier fils du dictateur, et fille d'un opposant assassiné. L'histoire de l'amour contrarié de Bobbie, la femme de T'Zée, pour le fils, la fragilité d'Hippolyte, sont des pistes au final pas très convaincantes. Dommage.