À mes yeux de garnement abandonné par ses parents, la maison devient un vaste théâtre, avec plusieurs scènes, toutes frénétiques, comme si les acteurs s’agitaient en vain, confinés au cœur de la tourmente. Je cours d’une pièce à l’autre avec un tas de copains, lutins, Indiens ou Martiens et, tels des farfadets emportés par des courants d’air, nous passons par mille lieux inquiétants : la trappe de la cave à patates où semblent dodeliner des dos de rats, un réseau de garde-robes communicantes, aussi confondant qu’un magasin à rayons, des chambres obscures où des inconnus jouent aux cartes avec des airs menaçants, jusqu’au grenier débordant d’antiquités innommables, nous sommes partout à la fois, mais sans jamais franchir la zone défendue où meurt Mémère Thibodeau.