Désorientée et déroutée, je me suis perdue dans cette oeuvre, qui est en partie un guide d'exploration de Paris. J'apprécie beaucoup la poésie lyrique d'
Aragon, ses alexandrins à la gloire d'
Elsa. En revanche, je ne connais pas le mouvement Dada, et c'est sûrement ce qui me manque pour apprécier les différents textes - mais pour moi, la poésie doit être accessible immédiatement, sans avoir besoin de médiation ou de connaissances qui l'éclairent, et c'est ce que je regrette ici.
D'un côté, il y a l'importance des images, la volonté de susciter des images imprévues, incongrues, en décrivant la vie moderne. Et là, j'ai été séduite, par des images oniriques, quasi fantastiques : cannes s'agitant comme des vagues, sirènes derrière les vitrines, parc mystérieux la nuit, statues qui parlent, "la nuit a des bigoudis d'étincelles"... Il y a déjà une célébration de la femme, ou plutôt des femmes, qui sont toutes objets de désir : les prostituées sont joyeuses, les matrones sont appétissantes, les statues séduisantes... J'ai d'ailleurs apprécié particulièrement la transformation - l'incarnation - de l'idée, de l'Idée plutôt, en femme désirable, l'Idée avec sa bouche, ses seins...
Il y a également la description d'un Paris que nous avons aujourd'hui délaissé, comme un témoignage passé, un récit de voyage ancien, avec une plongée dans des petits métiers et des lieux aujourd'hui disparus.
D'un autre côté, il y a les parties "philosophiques", notamment le texte inaugural. Et là, j'ai décroché. Il y a en partie un côté "manifeste poétique", je l'ai bien compris, avec la revendication de l'importance des images. Mais après, c'est très obscur pour moi.
Autant certaines images m'ont séduite, autant la théorie m'a laissée de marbre. Je retournerai plutôt aux poésies plus "classiques" d'
Aragon sur la forme, moins expérimentales.