Cessez de pleurer, Melfy !

Nul besoin d'un traducteur pour transcrire en français les textes de Catherine Arley, puisque malgré son nom délicieusement anglicisé (elle a échappé de peu à une marque de moto), elle est née Pierrette Pernot en 1924. Il fallait abs-so-lument faire américain dans les années 50-60 pour avoir la chance de voir éditer des romans à suspense. Au moins, on ne l'a pas obligée en plus, à prendre un pseudo d'homme car il était inimaginable pour les femmes de braconner sur les terres masculines des raconteurs de sombres histoires. Bien que tombée dans l'oubli, l'auteur de la femme de paille a quand même vendu quelques 2 millions de livres, au temps de sa splendeur.


C'est un bain de jouvence que j'ai pris en relisant Cessez de pleurer Melfy. J'ai retrouvé avec plaisir cette ambiance si particulière faite d'histoires immorales, d'humour noir sous-jacent, d'écriture précise sans décorum inutile, de thèmes récurrents qui ont fait la gloire des tragédies grecques : passion, jalousie, vengeance, cupidité, colère, haine, de finesse dans l'analyse de la psyché féminine, d'obsession pour le meurtre parfait qui semble tellement exciter la romancière.


Melfy âgée de 57 ans a épousé un homme de 16 ans son cadet. Bien que subissant chaque jour des piqûres censées prolonger sa jeunesse, la différence d'âge se fait de plus en plus sentir à mesure que les années passent. Frank trouve donc tout naturel d'avoir une maîtresse, folle amoureuse, qui se verrait bien en jeune épousée et accessoirement fort riche. Mais Melfy, en pleine santé, n'est pas sur le point de mourir si on n'aide pas un peu le destin. Les adultérins mettent alors sur pied un projet de meurtre parfait. C'est là que ça coince car Melfy n'est pas née de la dernière pluie et offre au lecteur un dénouement très surprenant, pour ne pas dire réjouissant dans son immoralité.


Un petit bijou vintage, un hommage aux sixties, à savourer en cette période de rentrée littéraire qui ne propose pas que des chefs-d'oeuvre, il s'en faut de beaucoup !