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EAN : 9782070144143
304 pages
Verticales (06/02/2014)
3.25/5   12 notes
Résumé :
«Aux Frêles, on a trouvé le lieu ad hoc où installer la communauté libérée. Une vieille ferme inoccupée de l'arrière-pays varois, idéal pour faire la nique aux oppressions tristes. Jane est d'accord, son french lover jouera de la musique et leur petite Hannah O lui pèsera moins avec tout ce monde autour. Lise, elle, les voit venir. Ce débarquement bruyant près du village l'enchante, parce qu'autrement, entre chasseurs et gendarmes, c'est la mort. Elle espère bien qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Nous sommes dans les années soixante-dix ( Lors de la canicule de 1976 en particulier) et nous allons vivre et observer des événements presqu' anodins à travers deux principaux points de vue :
Ceux de Jane et de Lise, l'une d'origine Britannique (Rencontrée sur l'île de Wight, lors d'un certain festival par une sorte de Gourou Hippie…) membre d'une communauté, au vrai sens du terme, qui s'installe dans une ferme près d'un village du sud de la France, l'autre petite fille de treize ans, originaire de ce même village, avec ses chasseurs un peu réac, ses gendarmes débonnaires et pas toujours très futés, rêvant de sortir de ce trou et de prendre son destin en main, avec l'aide de quelqu'un qui voudrait bien l'enlever.

C'est l'occasion, à travers les espoirs et le ras-le-bol de Lise, puis la folie et les névroses de Jane, d'exposer les difficultés qu'il y a à installer une communauté égalitaire, dans laquelle les hommes et les femmes ne retomberaient pas dans les schémas traditionnels de la société. On est en plein mouvement féministe, avec les risques de radicalisation qui s'emparent de la plupart des mouvements en phase de développement. (D'où le titre, sur la base d'un slogan Anglais…)
On ne change pas de modèle de société sans changer auparavant de culture. On va donc retrouver tout au long du récit les contradictions internes des communautés, des grandes utopies :
Exemple : « La communauté c'est génial » (Mais je m'ennuie et je ne sais plus où on va ni après quoi on court. )
Autre exemple : « L'amour libre, c'est vraiment super ! » ( Mais je suis jaloux(se) comme un pou et j'en crève dans mon coin)

On est mis dans l'ambiance de l'époque que certains d'ente-nous ont connu (Et ce ne sont pas les plus jeunes….) par de nombreuses références culturelles, voir cultes : Qui a oublié « My lady d'Arbanville », ou « La France a peur » au journal de vingt heure, à propos de l'affaire Patrick Henry ? Et de Colette Magny dont les chants engagés reviennent en leitmotiv tout au long du roman.

Tout cela est écrit dans un style un peu télégraphique, qui colle bien au récit et rend la lecture assez rythmée . Et derrière la brutalité des mots, les phrases regorgent de poésie et de rêve… et aussi d'une bonne dose de folie.
En tout cas, ce livre nous montre que quitter l'enfance, quitter l'adolescence et quitter les modèles établis de la société, rien n'est facile.

Ce livre est une belle découverte que je dois à Babelio et à la collection « Verticales » de Gallimard. Sa modernité ne le rend pas toujours aussi facile à lire qu'il n'y parait, mais il faut le découvrir.
Cela vaut vraiment le coup.
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J'ai mis un certain nombre de pages avant de m'habituer à cette curieuse écriture. Il faut en effet apprivoiser les lieux, les personnes, les faits.
Nous sommes en 1976, un été caniculaire, dans le Var.
Dans une vieille ferme se sont installés de jeunes adultes, vivant en communauté, avec ce que cela implique de belles paroles, de recherche de liberté, de musique, d'harmonie avec la nature ...
Lise a 13 ans, une bicyclette, et des rêves plein la tête. Elle vit au village avec son père, sa mère n'est plus.
Elle observe cette communauté avec attention, elle invente des histoires, auxquelles elle mêle involontairement les habitants du village. Si seulement elle pouvait s'enfuir avec l'un des chevelus de la ferme!
Des personnages décrits avec humour, des situations cocasses ou tragiques. La communauté est confrontée à des réalités pas toujours compatibles avec son idéal.
La fin m'a laissée un peu perplexe.
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Un beau récit plein de délicatesse, qui nous replonge dans ces belles années d'illusion où tout était possible et réalisable donc extraordinaire, surtout pour les adolescentes de ma génération.
Les années post 68, années des références bousculées, renouvelées, de la mutation d'une société policée, politiquement correcte pour un modèle moins conventionnel, de l'apogée du mouvement hippie, de la vie rêvée en communauté, sans règles ni contraintes apparentes, avec ses aléas mais sa liberté...
Au fil des pages on voit que quitter l'adolescence, ou la sécurité, laisser derrière soi une société établie, pour la liberté mais aussi l'inconnu, n'est pas aussi simple qu'il n'y parait et ne convient pas à tout le monde, Jane par exemple.
La fin du livre laisse le lecteur dubitatif mais reflète tout le paradoxe de cette période de l'histoire, où toutes les expériences vécues ont été importantes dans l'histoire de chacun sans pour autant être nécessairement une finalité.

Merci beaucoup à Masse Critique et à Babelio pour cette découverte et encore mille excuses pour cette critique tardive.
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Dans les années 70 au coeur d'un petit village du sud de la France, la canicule fait rage cette été. Lise est une jeune fille de 13 ans qui parcourt sans cesse les routes et chemins désertiques sur son vélo. Elle rêve de s'enfuir vers la mer, là bas. Lorsqu'une communauté de jeunes hippies aux idées utopiques s'installe aux Frêles, c'est l'attraction du village. Jane, une anglaise, et sa petite Hannah O font parties du groupe. Jane espère avoir l'opportunité d'une vie libre avec son homme et sa petite mais les désillusions la rattrapent en vitesse. Au coeur du village, les chasseurs et les gendarmes guettent et n'approuvent pas la présence de ces gens libérés. Lise pourtant est attirée par l'un des chevelus, le plus massif et espère qu'enfin la liberté se présente à sa porte.

L'auteure a pris le parti d'un roman à deux visions, tantôt celle de Lise, tantôt celle de Jane. C'est plutôt réussi même si l'on s'attache davantage au point de vue de l'adolescente qu'à celui de l'anglaise.

Lise est une jeune adolescente vive d'esprit, aventureuse et fouineuse. Elle s'ennuie ferme dans ce village perdu où il ne se passe jamais rien. Un père bourru souvent ivre pour noyer sa peine, une mère inexistante, elle cherche à fuir sa vie en grimpant chaque jour sur son vélo. Sa rencontre avec Vince, l'un des membres de la communauté va la bouleverser. C'est décidé, c'est lui qui l'enlèvera, l'amènera à la mer avant de l'achever s'il le faut pourvu qu'elle quitte enfin ces terres ennuyeuses. Une soif de liberté, un besoin de s'émanciper et une envie d'extraordinaire la poursuit tout au long du récit.

Jane est fragile, dépendante des autres et se sent incapable de rien. Elle a fui ses parents, son pays sur un coup de tête et elle traîne un passé douloureux incestueux. Elle rencontre Grand Koudou lors d'un festival, se découvre passionnément amoureuse et suit les idées loufoques et utopiques de ce gourou d'un nouveau genre. Ensemble , ils auront Hannah O, une petite fille discrète et qui ne parle pas et dont Jane a beaucoup de mal à s'occuper "comme il faut". Lorsque Grand Koudou décide de créer une communauté libre idéalisée où l'homme et la femme pourront vivre en toute égalité, selon leur envie et assouvir leurs besoins primitifs, Jane le suit. Mais l'Anglaise déchante rapidement, aux Frêles, il fait très chaud et la vie en communauté accentue sa solitude et sa fébrilité.

Isabel Ascencio a écrit un roman sur la liberté et le besoin d'émancipation des femmes dans les années 70. C'est très féministe, il suffit de comprendre l'origine du titre du roman, issu d'un slogan anglais, pour se mettre dans l'ambiance. Au travers de plusieurs portraits féminins ; une femme dépendante, une féministe homosexuelle, une femme africaine originaire d'un village abandonné par les hommes, une femme plantureuse, aguichante et amoureuse de son homme, une petite fille à la limite de l'autisme et une femme-enfant aux idées passionnées et extrêmes, on ressent l'atmosphère hippie de ces années d'émancipations féminines et les barrages masculins auxquels chacune s'est heurtée avant de s'imposer ; un père abusif, un père perdu dans son rôle éducatif, un père déconnecté et avide de femmes ou des compagnons machistes. Chacune se rend compte à sa façon des possibilités d'indépendance. L'ensemble du roman est donc agréable et réfléchie mais l'absence de fin concrète ternie un peu notre lecture. L'histoire se clos sur une fin inachevée qui laisse donc le choix au lecteur de s'imaginer ce qu'il peut se passer. C'est plutôt perturbant et frustrant, on en reste sur notre faim car enfin les personnages avaient trouvé quelque part ce qui leur manquait pour avancer. le tout est amené par l'écriture de l'auteure très stylisée et personnelle, parfois déroutante, on a cette impression de mots manquants pour satisfaire pleinement la compréhension du lecteur et facilité sa lecture, on finit cependant par se faire à ce style unique et très posé.

En bref, Un poisson sans bicyclette est un de ses romans de vie qui fait réfléchir et qui, riche de protagonistes brutes, écorchés par la vie et d'environnements traditionnels, ne nous laisse pas indifférent. Un beau livre à découvrir.

Je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour cette jolie découverte.
Lien : https://songesdunewalkyrie.w..
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J'ai beaucoup aimé ce livre et les différents points de vue des personnages. L'utopie de la vie en communauté y est bien dépeinte et les paysages m'ont fait partir en vacances.
La jeune adolescente est très attachante et les autres personnages haut en couleur.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Maintenant il partait tous les jours avec le combi, et vogue le mari, s'en fout que tu sois coincée chez toi, sans la moindre nouvelle de lui avant la nuit, et encore. Est-ce qu'on lui a fait des remarques seulement ? Non, rien, niente, tu restes à la maison à lui laver les chaussettes, tu pues l'ail frit et le faux citron vert du produit vaisselle, et tu frottes et tu astiques et tu recouds et tu repasses et tu plies et tu ranges, et puis quoi ?
C'est lui qui se ramène la bouche en cœur parce que l'été qui arrive lui agace les roubignoles, il te prend par la taille et il te dit doucement : On a été trop cons à l'église, Tina, à jurer la fidélité, tous les deux.
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Toutes les grandes idées étaient bienvenues dans le vestiaire de la Maison des Jeunes, mais il fallait voir. Et gitanes au bec autour du bassin à lancer des cailloux sur les nénuphars, on se prit à faire Chiche dans le soir qui venait, pas pressés de rentrer tant qu'on en avait à se dire. Alors on commença des discussions d'arrache-pied à cause de la conscience collective qu'il faudrait qu'on se forge, des saisons entières pour se rendre compte des choses à quoi chacun tenait, et puis qu'au bout du compte ça fasse un monde épatant pour tous.
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L'oiseau qui n'a jamais volé, le jour où il vole, il fait le tour du pays.
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