Elizabeth Aston est une auteure britannique passionnée par
Jane Austen. Elle a d'ailleurs étudié à Oxford avec Lord
David Cecil, un des biographes les plus célèbres de cette dernière.
J'avais déjà eu l'occasion de découvrir
Les Filles de Mr Darcy, la suite qu'elle avait imaginée à
Orgueil et préjugés. Et franchement, je dois avouer que j'avais été déçue. Tout d'abord, parce que je n'avais pas retrouvé mes héros préférés, exilés pour une mission diplomatique à Constantinople.Et ensuite, parce que l'intrigue me semblait cousue de fil blanc.
Aussi, lorsque ce roman est sorti, je me suis dit que je me plongerai pas dedans. Et puis,, des avis positifs et la magnifique couverture m'ont convaincue.
Il faut oublier que cet ouvrage est censé être une suite de l'oeuvre la plus célèbre de
Jane Austen. Hormis le nom de Darcy, cette intrigue n'a vraiment rien en commun avec celle de mon écrivain préfèré.
J'ai trouvé que l'histoire était une fois de plus cousue de fil blanc. Comme dans toute romance, on se doute très vite de la conclusion.
Mais la construction, qui alterne entre le points de vue d'Alethea et de Titus Maningtree, apporte un rythme intéressant et permet au lecteur d'avoir une meilleure vue d'ensemble.
Les personnages m'ont semblé plus fouillés. J'ai eu un vrai coup de coeur pour Alethea, une jeune fille qui cherche à tout prix à se débarrasser du carcan de la société. le fait qu'elle se travestisse en homme, tout comme sa fidèle Figgins, protagoniste également attachante, souligne le contraste entre la condition des femmes et des hommes à cette époque. Alethea ne cesse de nous répéter au fil des pages la liberté qu'elle ressent à être ainsi déguisée. de même, son habit comme les raisons de sa fuite amènent Titus à réfléchir sur la place des femmes.
"Non, mais les choses étaient différentes pour un homme. Une existence dénuée d'aventures hasardeuses et de péril devenait pénible, et même s'il ne ressentait plus le désir effréné d'attaquer un ennemi à la guerre, il aspirait encore à une vie pleine de défis et de vives émotions. Ces dames faisaient face à leurs propres risques; ceux de l'accouchement et de la maladie, et peut-être, celui des désaccords conjugaux"
Ce discours sur la condition féminine au début du 19ème siècle constitue un des points forts de ce roman. Tout comme le sens de la reconstitution qui semble habiter
Elizabeth Aston tout au long des pages. J'ai eu l'impression d'apprendre beaucoup de choses sur l'existence et les moeurs des artistocrates anglais fortunés de cette époque, sur l'impact de Waterloo sur les gentleman de la haute société, sur le marché de l'art (les pillages en Italie des Titien, Tintoret...), sur Venise, sur les voyages dans les Alpes, facilités par la route construite par
Bonaparte....
Bref, vous l'aurez compris: ce livre n'est pas doté d'une intrigue complexe mais il permet de se divertir tout en s'instruisant.