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EAN : 9782951444829
256 pages
Turquoise Editions (10/11/2009)
3.12/5   4 notes
Résumé :
Depuis les Balkans jusqu’au Moyen-Orient, de 1913 à 1918, l’Empire ottoman connaît les déchirements d’un déclin auquel la Grande Guerre mettra un terme terrible.

« — Mon pacha, pourriez-vous me dire pour quelle raison nous sommes entrés dans cette guerre ? — Pour pouvoir payer les salaires ! »

Paroles cyniques, bien réelles, d’un homme, Djamal Pacha, commandant de la IVe armée, qui dirigea d’une main de fer le Moyen-Orient à cette époq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est un bien beau livre érudit que le Mont des Oliviers que j'ai pu apprécier dans le format de qualité des éditions Turquoise reçu par le biais de l'opération masse critique de janvier. Et la prose de Falih Rifku Atay déployée dans ce que je qualifierais ses cahiers de campagne de la grande guerre et du crépuscule de l'Empire Ottoman est tout à fait plaisante et remarquable. A juste titre ce journaliste reconnu, témoin attentif et privilégié de son époque, est présenté comme un des grands écrivains turcs.

Il convient donc de remercier ces différents intervenants qui m'ont permis de me familiariser avec les événements dramatiques qui émaillèrent les débuts turbulents du XX ème siècle par un angle tout différent de celui auquel l'on m'avait accoutumé. Cependant et sans vouloir faire offense à quiconque, mes pensées vont d'abord à Asli Erdogan dont la poétique plume acérée et l'humanité dans l'exercice de ce même métier pour témoigner des faits de notre époque lui ont déjà valu plusieurs mois d'incarcération dans d'infâmes conditions et lui valent de passer en jugement définitif en mars. Ce sont en effet les turbulences actuelles et ce drame contemporain si proche qui m'ont amené à cibler les éditions Turquoise et ce livre dans ma sélection. Oui je voudrais mieux comprendre la Turquie porte sur l'orient que je connais si peu.

Durant toute cette lecture je n'ai pu m'empêcher de mêler le présent au passé, de faire de rapides allées et venues, de scruter à un siècle de distance des indices de ce qui pourrait être l'avenir proche qui s'annonce tout aussi troublé. Ainsi bien plus encore qu'elles ne s'appliquent à Falih Rifku Atay je fais miennes ses paroles : "Dans ma tête, tout est confus : guerre sainte, Empire ottoman, Dieu et Prophète. J'ai envie de rire." p.93 Lecture éclairante donc qui transcendée par la poésie d'Asli Erdogan m'inspire ceci :

Et coule le Bosphore
Alors que la corne d'or
Au loin la mer sera noire
Et noirs sont les jours pas si lointains
Ici contés

Etroites les Dardanelles

Au bout du désert
Sera le Canal
Par delà les Pyramides
Finalement El-Quantara
Et le lac Amer

Du sable,
Du sable entre les mains
Un siècle s'est écoulé
Et de ces châteaux de sable
Il ne reste rien
Tout semble recommencer
En vain !

Ces cahiers, ma foi fort bien écrits, racontent le parcours et les combats aux frontières de l'empire déclinant. Mais aussi et surtout nous baladent dans les arcanes du pouvoir, nous font découvrir les jeux peu reluisants qui l'accompagnent et les luttes intestines qui forcément ...
Un triumvirat de Pachas chacun voulant être le seul à se forger un nom pour entrer dans l' Histoire. C'est encore la même qui bégaye toujours risible, toujours cruelle, toujours futile.

Je ne sais pas au juste pourquoi loin de me déprimer ce livre me réconforte sur les capacités de résilience de notre humanité. Sans doute le fait qu'elle aie si souvent survécu à tant d'atrocités que s'infligent les hommes entraînés par la vanité de quelques égos monstrueux dans une tourmente qui échappe totalement à leur contrôle. Je vais donc laisser les morts enterrer les morts pour concentrer en priorité mes regards sur Asli Erdogan afin de communier et sympathiser par mes lectures de son vivant car ici le temps nous est compté et de plus en plus incertain. Malgrès tout rien n'est plus merveilleux que la vie.

Du reste il me semble connaître une personne de mes amies au demeurant fort érudite qui saura, je le sais, hautement apprécier le Mont des Oliviers. Aussi soudain se mêle aux parfums venus d'orient celui d'une promesse ;)

Pour tous ceux qui comme elle s'intéressent à l' Histoire j'offre cet extrait à leur sagacité : "L'Anatolie a écrit les nouvelles épopées de son existence mystérieuse sur huit fronts différents dont certains étaient couverts de neige et d'autres exposés à un soleil ardent tout au long de l'année. Dans chaque ligne des communiqués officiels que nous ne voulons même pas lire aujourd'hui, est décrite une scène de ces fronts. [...] Je ne peux pas prétendre que mes écrits soient les meilleurs du genre, mais ils sont malheureusement les seuls ; c'est la raison pour laquelle je les fais éditer." p.177-78
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Proche du pouvoir Ottoman au début de 20ème siècle, Falih Rifki Atay nous apporte ici son témoignage, ses chroniques.
Vivant et agreablement ecrit, le reçit nous place au coeur de l'Empire Ottoman pendant la premiere guerre mondiale.
Au cours des differentes "chroniques", l'auteur nous transporte largement au Moyen Orient pour nous faire vivre differentes situations qui nous donnent un eclairage sur la situation globale de l'empire en difficulte qui s'effondre pas a pas. Fronts, etats d'esprit, politique, jeux de pouvoir, conditions specifiques a la region, un large tableau est brosse. Tout ceci nous donne un eclairage interessant et nous permet de mieux comprendre la situation qui est a la fois historique et complexe. Un oeil different et bienvenu apporte il me semble une bonne plus value. C'est en tout cas loin de ce que l'on a l'habitude de lire.
Au final, j'ai toutefois personellement une impression mitigee sur cet ouvrage. D'un cote il se lit tres bien et donne des informations a la fois differentes et interessantes. D'un autre cote, j'ai vraiment eu du mal a y rentrer, et c'etait assez frustrant pour moi. Plein de bonnes choses, mais sans jamais vraiment etre vraiment pris par le recit. Je pense que la raison de ce point est la construction. le texte est organise en une collection de differentes chroniques qui manquent pour moi de cohesion. On passe d'un contexte a un autre, d'un lieu a un autre, d'un theme a un autre, sans lien. Tout reste interessant, mais il m'a je pense manque une organisation differente, ou plus surement des commentaires externes , contextuels qui donneraient un lien et un eclairage additionel entre les differentes parties.
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Le récit de Falih Riftki Atay, journaliste, écrivain et officier de réserve auprès de Djaml Pacha, se déroule pendant la première guerre mondiale aux frontières de l'Empire ottoman au Moyen-Orient. Il est le témoin de l'effondrement de l'empire ottoman et du renouveau par le mouvement des jeunes-Turcs qui s'inspire du positivisme, la sociologie et les écrivains français du XIXème siècle tel qu'Emile Zola.

Falih Riftki Atay décrit de manière précise et par des anecdotes les tensions à Jérusalem et dans la région. L'auteur évoque le triumvirat de Djamal Pacha, Enver Pacha et Talat Pacha, et le portrait de Djamal Pacha n'est pas toujours glorieux.

Le Moyen-Orient d'hier a des résonances avec celui d'aujourd'hui. Ce récit permet de mieux comprendre la complexité des rapports entre les peuples de cette région.

Merci aux Editions Turquoise et à Masse critique pour cette sélection et ce livre de belle qualité.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Une fois à Istanbul, le commandant me demanda si j'avais une décoration ou une médaille. En effet, un officier sans aucune décoration sur la poitrine n'est pas du tout "décoratif". [...]
De toutes mes nombreuses médailles, les deux premières me furent données pour décorer ma poitrine, une autre pour avoir assisté à un superbe opéra, une autre encore pour avoir assisté au banquet de la maire d'Hambourg et la dernière pour avoir vu le visage de l'empereur au bourg de Baden-Baden. [...]
Lorsque la tranchée pressait le bouton de la mort, la plupart du temps, on apercevait, loin en arrière, scintiller sur certaines poitrines des lueurs de diamant, d'or ou d'argent.
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Il paraît qu'autrefois, après l'assassinat de Mahmut Sevket Pacha, certains unionistes ne voulurent pas que Talat occupât le poste de ministre de l'intérieur dans le nouveau gouvernement, car ils auraient préféré que Djamal Pacha devînt ministre. Ensuite, Talat sema la discorde entre Djamal Pacha et le nouveau grand vizir. Il intrigua pour que quelqu'un d'autre fût nommé ministre de la Guerre et plus tard, on prit soin de cacher à Djamal Pacha l'accord conclu avec les Allemands. Finalement, Djamal Pacha fut éloigné d'Istanbul sous le prétexte de la conquête de l'Egypte. Et tout cela, disait-on, n'était que manœuvres concoctées par Talat.
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Il était rusé en affaires, pouvait facilement gagner des sympathisants en politique, c'était un chef à la vertu indiscutable selon les préceptes de la morale orientale. J'attire votre attention sur le qualificatif "orientale" que j'ai utilisé après le mot "morale" : cette morale considère l'honnêteté et la vertu dans un sens extrêmement strict. Elle est sans aucune indulgence quand il s'agit de scandales sur la vie privée, ou encore de corruption ou de malversation. En revanche, ni le mensonge ni la tyrannie ne sont considérés comme immoraux.
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