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Citations sur Luis Buñuel (13)

[Luis Buñuel à Max Aub, sur la conception d'Un Chien andalou en collaboration avec Salvador Dalí]
Nous travaillions en parfait accord. Sans avoir décidé quoi que ce soit au préalable. Je t'ai dit qu'un matin nous nous sommes raconté nos rêves respectifs, c'est alors que j'ai décidé que cela pouvait constituer la base d'un film que j'avais en tête. [...] Nous travaillions en rassemblant nos idées, en les chassant quand elles ne nous plaisaient pas, soit parce que la succession des images était trop visible ou parce que, au contraire, elle paraissait trop tirée par les cheveux. Nous cherchions un équilibre instable et invisible entre rationalité et irrationnalité qui nous donnerait, grâce à ce dernier élément, la capacité de comprendre l'inintelligible, de réunir rêve et réalité, conscient et inconscient, fuyant tout symbolisme. Nous avons écarté beaucoup de nos premières idées, jusqu'à ce que Dalí imagine le cycliste dans sa caisse : "Excellent", j'ai dit et nous avons poursuivi dans cette voie. Il ne s'agissait pas d'assembler une image avec une autre en prenant pour base la raison ou la déraison, mais principalement de trouver une continuité qui puisse satisfaire notre inconscient, sans blesser la conscience, mais qui en même temps n'ait pas de relation directe avec quelque élément rationnel. C'est-à-dire, théoriquement, au plus proche de ce que Breton avait défini comme la fonction exacte du surréalisme. Dire qu'il n'y n'y a pas de fil conducteur logique dans Un chien andalou est faux. Sinon j'aurais dû découper le film en de simples flashs, mettre les différents gags dans plusieurs chapeaux et coller les séquences au hasard. Il n'en est rien. J'étais tout à fait capable de le faire, rien ne s'y opposait. Non, il s'agit simplement d'un film surréaliste où les images et les séquences se suivent suivant un ordre logique, mais dont l'expression dépend de l'inconscient, qui naturellement obéit à un certain ordre. Tu as bien entendu : inconscient, raison, logique, ordre. Quand le moribond tombe dans le jardin, il caresse l'épaule nue d'une statue de femme. C'est la conséquence normale de la chute; ce qui serait absurde, c'est que cette séquence précède l'autre. Nous utilisons nos rêves - il n'y a là rien de nouveau - pour exprimer quelque chose, pas pour en faire un galimatias. Un Chien andalou n'a d'absurde que le titre, ce n'est pas davantage un appel désespéré en faveur de l'assassinat [...]. Il n'a par ailleurs rien à voir avec Lautréamont. Il a beaucoup à voir avec Dalí et avec moi-même, avec notre façon d'être, avec nos rêves.

P. 128
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... je préfère mélanger le jour et la nuit, le rêve et la raison, la vérité et le mensonge, afin de m'approcher masqué de la vérité inatteignable.
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Ce qui comptait dans notre jeunesse, c'était que l'art n'en soit pas, mais qu'il pèse du seul fait d'exister.
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