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Danièle Guibbert (Traducteur)
EAN : 9782859406905
128 pages
Phébus (03/11/2000)
3.68/5   88 notes
Résumé :
"Plutôt mourir! me dit-elle. Et dire que ce que je voulais par-dessus tout c'était lui faire plaisir!" Max Aub publie ses "Crimes exemplaires" au Mexique en 1956 et depuis ce petit brûlot est devenu un classique de l'humour noir. Considéré par ses aficionados comme un véritable livre culte, on y trouve cent trente assassinats commis en toute bonne foi, et pour le seul plaisir. Cynisme, férocité et drôlerie se mêlent dans ces confessions affûtées comme des lames de c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Rendons grâce à Pecosa, nous sommes probablement quelques-uns à avoir découvert Max Aub par son intermédiaire. Mes fleurs ne sont pas là pour faire joli, j'en fait parti.

C'est ce tout petit livre que l'on trouve le plus facilement, première approche, mais cela n'empêche pas de le déguster lentement.
L'avant-propos de l'auteur est essentiel, sa relecture à postériori sème astucieusement le doute sur ce que l'on vient de lire. La quatrième de couverture évoque une piste alternative à ces récits, celle d'une prise à son compte de ces meurtres par l'auteur (enfin le « narrateur », ou en tout cas le récipiendaire de ces confessions), nous faisant douter du caractère multiple de ces assassinats, un possible « serial-killer » sans mobile autre que la possibilité de les commettre.

Primé et salué pour son humour noir et absurde, ce livre me rappelle cette crissante blague du Journal des Nuls de 1988 (le J.T.N.) dont je vous en fait ici la transcription:
« Délit de sale gueule »
(Bruno Carette) : « A Castres, deux parachutistes s'en prennent à un immigré, Zoumali Khrafi, qu'ils tuent parce que, déclarent-ils, « il avait une sale gueule ». Alors, dans l'état actuel de Zoumali, on ne peut savoir s'il avait réellement une sale gueule, mais d'ici quelques heures, les experts devraient avoir fini de remodeler et de reformer son visage afin de savoir si oui ou non, il avait une sale gueule (…)
Et puis je l'apprend à l'instant avec cette dépêche, les experts ont réussi leur travail, et il avait effectivement une sale gueule, les deux paras ont été relaxés, finalement une affaire qui fini bien… »
...
En attendant de dénicher son "Manuscrit Corbeau"...
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Sur un ton naturel, innocent même, chacun y va de sa petite histoire, ne cherchant aucune justification puisque tous les crimes qu'ils ont commis n'ont, pour eux, rien que de normal. Ils sont dans la logique des choses, les différentes victimes les gênaient, c'est tout mais c'était insupportable, il fallait que cela cesse. Ou alors ils avaient dans les mains un couteau, un revolver et le geste fatal est advenu comme par inadvertance, par surprise, parce que l'autre les agaçait.

« Elle sentait l'ail. Elle reconnaissait elle-même qu'il n'y avait rien à faire… »

Ce pourrait être vous ou moi, cela ressemble à certains témoignages que l'on peut lire dans les faits divers.
Ce recueil de courts textes à l'humour très noir, parfois juste une phrase lancée comme une remarque, en passant, se laisse déguster sans effroi car ils se succèdent comme une joute, des phrases ou des histoires que peuvent se lancer différents protagonistes, tous gens ordinaires que l'on pourrait croiser chez le coiffeur, dans le métro, au cours d'une balade :

« Il m'avait mis un morceau de glace dans le dos. le moins que je puisse faire était de le refroidir ».

Et la dernière remarque du recueil :
« Si pour vivre il est nécessaire de penser, c'est que nous sommes lucides. Mais enfin si vous êtes convaincu qu'il en est ainsi, je suis innocent, totalement innocent, puisque je ne pense pas ni ne veux penser. Donc si je ne pense pas je ne suis pas, et si je ne suis pas : comment pourrais-je être responsable de cette mort ? »

Nous sommes tous « innocents » même des pensées les plus noires qui nous traversent mais que, bien sûr, nous nous gardons de concrétiser !!!
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Cadavres exquis.

Max Aub (1903 – 1972), intellectuel espagnol engagé né Paris, auteur d'une oeuvre importante, et plutôt méconnu en France en dehors de ce livre culte, incisif et drôle, publia celui-ci en 1957, traduit de l'espagnol en 1997 grâce aux éditions Phébus (traduction de Danièle Guibbert).

Avec le plus grand sérieux, Max Aub affirme en introduction que ces cent-trente courts récits, des crimes avoués et justifiés de manière lapidaire par leur auteur, sont des témoignages authentiques. D'une drôlerie ultime et toujours équivoques, ils sont surtout exemplaires par leur dimension surréaliste et du fait de l'incongruité de ces actes perpétrés pour des motifs dérisoires – petites vexations, emportements d'envieux ou frustrations -, et justifiés ici par les assassins sans la moindre parcelle de culpabilité.

«- Je ne l'ai pas fait exprès.
(Moi non plus !) C'est tout ce que parvenait à répéter cette imbécile devant le pichet en miettes. C'était celui de ma sainte mère qui est au paradis !
Alors je l'ai mise en pièces. Je vous donne ma parole, jamais je n'avais pensé jusque là à la loi du talion. Ce fut plus fort que moi.»

«Il tua sa petite soeur la nuit des Rois parce que tous les jouets étaient pour elle.»

Avec des situations et jeux de mots savoureux, les meurtriers de Max Aub font du crime une réaction normale, et même légitime, contre l'affront, la bêtise, l'incompréhension ou tout simplement la différence, brossant par touches gorgées d'absurdité et d'humour noir le tableau d'une humanité féroce.

«Il m'avait mis un morceau de glace dans le dos. le moins que je puisse faire était de le refroidir.»

«Je l'ai fendue de haut en bas, comme une bête, parce qu'elle comptait les mouches au plafond pendant que je lui faisais l'amour.»

«Je lui ai demandé L'Excelsior et il m'a apporté le Populaire. Je lui ai demandé des Delicados et il m'a apporté des Chesterfield. Je lui ai demandé une bière blonde, il m'a apporté une bière brune.
La bière et le sang, brassés par le mépris, ne font pas bon mélange.»

«Je l'ai empoisonné parce que je voulais occuper son siège à l'Académie. Je ne pensais pas qu'on le découvrirait. Mais il y a eu ce romancier de merde et qui de surcroît est commissaire de police !»

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/07/10/note-de-lecture-crimes-exemplaires-max-aub/
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Amusant et sans prétention. Un peu répétitif mais dresse avec humour, en courts paragraphes (d'une ou deux lignes parfois), la liste des mobiles de meurtres, des plus connus aux plus inouïs. Ce sont les assassins eux-mêmes qui s'expriment en leur langage.

Sans surprise, l'agacement y tient une place de choix : ah le bruit de la cuillère dans la tasse à café... ah le ronflement juste à côté de soi ou derrière la cloison...

Moi j'exècre tout particulièrement :

- d'une courte tête, dans les cafés et autres lieux publics, les lecteurs (majoritairement des hommes, les cuistres !), des grands quotidiens dont ils font bruire interminablement les feuillets, craquètements sournois et continus, suivis de brutales attaques de froissements lorsqu'ils tournent les pages qui résistent, on se croirait dans un marché de plein vent et jamais ça ne s'arrête de vibrer... c'est à devenir folle...

- immédiatement après les tourneurs de pages de magazines dans les salles d'attente et bibliothèques (les tourneuses de pages, devrais-je dire, car ce sont majoritairement des femmes), qui feuillètent feuillètent feuillètent de leur doigt humide et sale, sans lire une ligne, naturellement, et même, parfois, en regardant posément autour d'elles : schlac schlac schlac !

J'ai alors envie de me lever et de hurler : sileeeeence !
Ou pire.

Il devrait y avoir des circonstances atténuantes pour ce genre de situations.
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Voilà un livre que l'on aura bien du mal à ranger dans un quelconque genre.
Il s'agit d'une série de "confessions", toujours très courtes, parfois se résumant à une simple phrase, et dans lesquelles chacun nous parle du crime qu'il a commis, et pour quelle raison.
Max Aub manie un humour assurément noir, décrivant grâce à de rapides esquisses les travers de l'âme humaine.
L'auteur s'en explique d'ailleurs dans la préface: "Des confessions sans importance: claires, embrouillées ou directes, elles n'ont d'autre excuse que de montrer l'emportement."
Et tous les sentiments d'y passer: de la jalousie à l'intolérance, de la colère à la facétie... Et bien souvent, la confession en question reste nimbée de mystère, laissant le lecteur interpréter le propos comme bon lui semble. C'est ainsi toute une machine qui se met en route derrière un texte qui reste dans le flou, s'attache avant tout au sous-entendu. Pour cela, ce livre aussi est exemplaire.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Je suis coiffeur. C’est une chose qui peut arriver à tout le monde. Je peux dire que je suis un bon coiffeur. A chacun ses manies, moi je n’aime pas les boutons.

C’est arrivé comme ça : je me suis mis à le raser tranquillement, je le savonnai avec adresse, j’affilai mon rasoir sur la courroie et je l’adoucis sur la paume de la main. Je suis un bon barbier ! Je n’ai jamais écorché personne et de plus cet homme n’avait pas la barbe très fournie. Mais il avait des boutons. Je dois reconnaître que ces boutons n’avaient rien de très particulier ; cependant, ils me dérangeaient et me rendaient nerveux, ils me retournaient les sangs.

Le premier, je l’ai pris dans le bon sens, sans plus de mal, mais le second s’est mis à saigner par-dessous. Alors, je ne sais pas ce qui m’est arrivé, il me semble que c’est une chose tout à fait naturelle, j’ai agrandi la blessure et ensuite, sans que je puisse faire autrement, d’un seul coup, je lui ai tranché la tête.
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Elle parlait, elle parlait, elle parlait, elle parlait. Et elle venait me parler encore. Je suis maîtresse dans ma maison. Et cette grosse servante ne faisait rien d’autre que parler, parler, encore parler. Elle était partout où je me trouvais, elle arrivait et commençait à parler. Elle parlait de tout et de rien, ça lui faisait le même effet. La renvoyer pour ça ? J’aurais dû lui payer ses trois mois. En plus, elle était bien capable de me jeter un mauvais sort.
Et jusque dans la salle de bains : et ci et ça et autre chose. Je lui ai enfoncé la serviette dans la bouche pour qu’elle se taise. Elle n’est pas morte de ça, mais de ne plus pouvoir parler : les paroles ont éclaté à l’intérieur.
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Comment peut-on m’accuser de l’avoir tué alors que j’avais oublié que mon pistolet était chargé ? Tout le monde sait que je n’ai pas de mémoire. Alors maintenant on va dire que c’est de ma faute ? Ca, c’est un comble !
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Nous étions serrés comme des sardines et cet homme était un cochon. Il sentait mauvais. Tout en lui sentait mauvais, mais surtout ses pieds. Je vous assure que c’était insupportable. En plus le col de sa chemise était noir et sa nuque crasseuse. Et il me regardait. C’était quelque chose d’absolument répugnant. J’ai dû changer de place. Eh bien, que vous le croyiez ou non, cet individu m’a suivie ! C’était l’odeur d’un démon et il me semblait voir sortir des horreurs de sa bouche. Peut-être l’ais-je poussé un peu fort. Mais ne me dites pas que c’est de ma faute si les roues du camion lui sont passé dessus.
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Le seul problème que j’avais était de savoir à qui je ferais son affaire ; au linotypiste ou au directeur. J’ai tué le second pour que ça fasse plus d’effet. Mieux vaut la serviette que le torchon.
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