Une superbe couverture et une courte préface signée par Claude Farrère, c'est ce qu'il aura fallu pour que, sans plus y réfléchir, je pose mon sac sur le fier trois-mâts français "Geneviève Molinos" et que je prenne le vent et la mer avec ce récit passionnant de Georges Aubin.
"L'empreinte de la voile" est une aventure vécue.
L'ouvrage a valu, en 1954, à son auteur, le "Grand Prix Littéraire de la Marine Marchande".
Quelques photos, de noir et de blanc, illustrent le récit.
A l'heure où fut publié ce récit, la voile, sauf pour la plaisance, avait vécu.
Mais "l'empreinte de la voile" est le genre d'histoire qu'au début du vingtième siècle l'on pouvait encore entendre, à Nantes, sur le vieux quai de la Fosse.
Et pour que le récit de Georges Aubin puisse prendre toute son épaisseur, il est préférable, une fois n'est pas coutume, de lire son épilogue, avant que de s'y plonger.
L'auteur, Georges Aubin, y présente son ami Jean Delignac.
En 1911, le capitaine Jean Delignac, fier marin et fin manoeuvrier, commande le trois-mâts "Geneviève Molinos".
Il mène cette belle barque sur les sept mers du globe.
Son navire est considéré comme l'un des meilleurs marcheurs de la flotte française de commerce.
Jean Delignac est ce genre de commandant qui n'hésite pas à donner la "double" après "un coup de chien".
Pour l'heure, appareillant de Londres, il doit passer le cap Horn et rallier San-Francisco pour y charger du blé.
Un partie de son équipage ayant déserté, il devra y enrôler , un nouvel officier et quelques "black halls" qui sont inscrits en rouge sur les registres des armateurs ...
Ce récit est tissé d'aventure et de vent du large, mais aussi d'amitié.
C'est un mot qui, à bord du vaisseau pris dans la tempête, va provoquer le drame.
Le mot "peur", lancé comme une insulte à Jean Delignac par quelques matelots aigris.
Le récit est presque banal.
Il nous paraît pourtant extraordinaire.
L'écriture de Georges Aubin est imagée, élégante et suggestive.
La tension est palpable.
L'ouvrage est passionnant.
On ne sait dans quelle catégorie le ranger : roman, récit, recueil de souvenirs, chronique de voyage, aventure.
Ce qui est sûr, c'est qu'il ne faut pas le laisser passer ...
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Le bâtiment de l'inscription maritime, un vieil hôtel du XVIIIème siècle, somptueux jadis, a connu d'autres splendeurs.
Il présente une façade sombre où les mots "Marine Nationale" s'étalent largement, en lettres dorées de deux pieds de haut.
Sur une vaste cour intérieure à laquelle on accède par un porche monumental, donnent les bureaux où les commis, tous ou presque anciens fourriers de la Marine, aux écritures bien appliquées, compulsent les énormes registres de la Matricule où sont soigneusement détaillés les états de service des "Gens de Mer" ...