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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Partages
Gwenaëlle Aubry
Lisez-le, c'est un plaisir…
Un roman, un vrai, avec des personnages vrais, pas des caricatures, des personnages habités par la romancière, qui est tantôt Sarah, tantôt Leïla. Deux jeunes filles sensibles et charnelles, de souvenirs et de projets, d'amour et de haines, qui se rencontrent dans l'improbable magie d'un reflet, puis dans le miroir du récit lui-même, avant que le destin ne les rassemble dans un "consumatum est" inéluctable.
Un roman construit comme une tragédie antique, et qui revit un drame de notre temps : celui de la rencontre de l'inextinguible soif de justice et de vérité de deux communautés, celle des juifs israéliens et celle des palestiniens, dont les causes sont aussi légitimes et irrémédiablement opposées.
La conduite de récit joue sur l'alternance, sur des rythmes variables, des deux récits en première personne. Dans la dernière partie, la respiration du texte s'accélère, les deux histoires se regardent et se répondent, page paire à page impaire, symétrie et contradiction des deux actions, celle de Sarah, qui comme la Niké croit qu'elle va à la rencontre de son amant, et Leïla qui court vers son martyre. le livre se termine sur le blanc des dernières demi-pages.
A aucun moment l'auteur ne cède aux tentations du manichéisme, de l'apitoiement, ou de la sensiblerie des bons sentiments. C'est la tragédie israélo-palestinienne, c'est aussi notre mauvaise conscience d'occidentaux, c'est un drame dont on ne parle dans les médias que sur le mode du sensationnalisme, et jamais sur celui sensible et charnel des êtres réels. A force d'habitude, nous en sommes venus à considérer cette guerre à la manière d'une routine sanglante ; Gwenaëlle Aubry lui donne un corps, une pensée, un vécu, celui de ces jeunes filles de 17 ans, celui de leurs rêves, de leurs souffrances, de leurs mémoires.
Étonnante, cette empathie de la romancière pour ses personnages. On la devine aussi impliquée dans une personnalité que dans l'autre. Elle sème tout au long du récit des indices et des fils rouges qui tissent et ponctuent le texte. Un lyrisme non descriptif, qui porte le moindre détail matériel au rang d'un symbole, invitation pour le lecteur à une herméneutique du fait humble, où tout, pluie, piscine, poussière, fait sens.
Les arrières plans, ceux de la double ville al-Quds et Yeroushalaim, ceux des doubles histoires vivantes, la Nakba et la Shoa que se réapproprient la mémoire des personnages, ceux du Coran et de la Bible, ne sont pas seulement des décors servant de cadre à l'action ; ils interagissent au sein du récit. Comme dans une dramaturgie, les deux héroïnes ont leurs « confidentes », Lily et Salma, qui toutes deux forment un contrepoint « raisonnable et humain » aux dérives de leurs amies : l'une du côté de la tolérance et de la paix, l'autre de la fuite salutaire hors de l'enfer.
Bref, si vous aimez la littérature, la vraie, lisez-le ! Et faites-le lire. Surtout à vos grands adolescents ; ils en ont bien besoin, car il m'a semblé que cette partie de leur histoire était marquée dans leurs livres et programmes d'histoire d'un blanc scandaleux.
Michel le Guen
Professeur de philosophie
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Partages, un livre qui se partage entre Leïla et Sarah, un livre, qui partage deux visions, deux destins, deux religions, deux familles, deux peuples.
Ce roman tragique, et fort, ne laisse pratiquement pas de répit au lecteur. Les phrases longues, et complexes agrippent et touchent par la sensibilité extrême qui s'en dégage.
Partages, ce sont deux jeunes filles de 17 ans d'une même terre, et d'une même ville que tout oppose et pourtant… Elles ne se connaissent, apprennent la même histoire, mais racontée différemment, Elles souffrent, chacune à leur manière.
Elles se partagent la narration, dans leur quotidien, pour commencer, puis dans ce qu'elles ont de plus viscérale en revenant sur leur histoire, et celle , douloureuse de leurs familles respectives. Jusque dans la tragédie leur voix se répondront jusqu'à se mélanger par le biais d'une construction élaborée, et d'une écriture plus chaotique, et moins conventionnelle.
Il y a comme un effet miroir dans la structure de ce livre ; ce qui lui donne une dimension particulière.
Partages, parce que Gwenaëlle est partagée, sans juger, sans prendre parti. Plutôt que mettre en avant le conflit politique, c'est dans le quotidien de ces familles que nous appréhendons ce qui se passe, que nous apprenons la peur.
Gwenaëlle Aubry apporte une infinie tendresse pour ces deux jeunes filles avec une écriture forte, et imagée, presque viscérale.
Mes coups de coeurs littéraires sont rares, et cette rentrée tout particulièrement. Partages est de ces livres qui ne s'oublient pas. Tout comme le moment de partage avec l'auteur au Livre sur la place en septembre dernier.



Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Jésuralem, 2002, elles sont deux jeunes filles âgées de dix-sept ans. Elles se ressemblent physiquement, on pourrait même les confondre. Sarah l'américaine Juive d'origine polonaise arrivée en Israël avec sa mère après les attentats du 11 septembre à New-York et Leïla la palestinienne musulmane qui vit recluse avec sa famille dans un camp de réfugiés en Cisjordanie.

Deux voix s'élèvent dans ce roman, celle Sarah et celle de Leïla . Deux voix, deux regard qui se croisent un instant au pied du Mur à Jérusalem après que Sarah soit venue s'installer en Israël avec sa mère. Une femme meurtrie dont la mère polonaise a été tuée dans un camp de concentration et qui porte en elle le poids de la Shoah. Les attentats du 11 septembre ont ravivé les démons de cette peur de ne pas être à l'abri. Effroi insidieux distillé dans le sang et dans la chair. Partir pour rejoindre Israël, le pays de ses ancêtres où David le frère aîné de Sarah vit déjà. Sarah découvre le pays, son nouveau lycée et se fait des nouveaux amis. Apprentissage de la langue et de la réflexion, la conviction que cette terre est un dû s'ébranle.

la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2012/11/gwenaelle-aubry-partages.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Leïla et Sarah, Sarah et Leïla ; deux héroïnes des deux côtés du miroir, des deux côtés de la frontière, des deux côtés de la haine et de la mort… une de Shaar HaArayot, l'autre de Bab al-Asbat. Elles habitent la même terre, la même ville, Jérusalem, mais tout les sépare, elles prient leurs Morts, mais ils sont ennemis.

Pourtant, elles se ressemblent. Elles étouffent pareillement dans leur carcan respectif de tradition, de haine. Elles s'en nourrissent de cette haine, que ce soit pour la vomir ou pour l'adopter, la dompter ou l'exploser.

La mise en page de Gwenaëlle Aubry est très intéressante ; le livre alterne les monologues des deux jeunes filles. A la fin, les deux récits s'embrouillent pour nous amener au point de chauffe ultime, au point de rupture. Pour une meilleure mise en scène, à l'une les pages paires, à l'autre les pages impaires, l'une est vraiment le miroir de l'autre.

Le miroir joue un grand rôle. le livre est construit en miroir ; c'est également devant cet objet que Leïla et Sarah vont s'entrapercevoir. Elles sont le reflet l'une de l'autre. Leurs amies servent de contrepoint. C'est aussi le miroir brisé de toutes ces vies perdues.

Ce conflit est une vraie tragédie, ancré non seulement dans l'Histoire récente de la seconde guerre mondiale, mais également dans l'Histoire ancienne des religions. Lorsque Gwenaëlle Aubry recopie les extraits des manuels d'histoire des deux parties, ou lorsque les enfants jouent à l'intifada, ou « au Martyr et au Juif » il y a de quoi être pessimiste.

C'est un livre fait de la chair, du sang et des tripes des vivants et des morts, un livre qui vous prend et ne vous lâche plus. A aucun moment l'auteur ne prend partie pour l'un ou l'autre camp. Elle donne chair à Leïla et Sarah, elle donne les mots pour les peurs, la mémoire, ce que l'on ne peut oublier. Toutes ces choses qui font que les deux jeunes filles, à l'instar de leurs pays sont inconciliables (pour l'instant j'aimerais l'espérer).

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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La "rencontre" entre deux soeurs ennemies au Moyen Orient: Sarah, la juive et Leila, la palestinienne. Elles auraient pu être amies mais c'est plus qu'un mur qui les sépare.
L'écriture de Gwenaëlle Aubry est sublime, audacieuse et innovante.
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Récit à deux voix, deux façons de vivre sur une terre que se déchirent deux communautés qui ne peuvent s'entendre, se comprendre.
Sarah est juive, elle vient d'arriver en Israël après la peur et la phobie qu'ont engendrés les attentats du 11 septembre à New York. Elle découvre les humiliations quotidiennes dont sont victimes les Palestiniens sur cette terre qu'on lui présentait comme le paradis. Ces humiliations lui rappellent celles qu'a subi son peuple. D'abord choquée, elle finit par se rallier à la voix qui résonne en elle depuis son enfance : cette terre, les Juifs l'ont méritée, elle leur revient de droit.
Leïla vit en Cisjordanie, derrière les barbelés, au milieu des ruines. Autour d'elle, la violence est quotidienne, les garçons arrêtés, victimes de sévices,
Des deux côtés, l'histoire pèse lourdement sur les épaules et est racontée différemment selon le point de vue, en nourrissant la colère et en attisant la haine envers l'autre et en empêchant la rencontre et la compréhension.
Une histoire violente écrite par une plume magistrale, une écriture de toute beauté.

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En 2002, à Jérusalem, vivent deux jeunes filles du même âge, 17 ans, qui se ressemblent physiquement: Leila a grandi dans un camp de réfugiés palestiniens. Sarah est juive, originaire de New York, arrivée depuis les attentant. Nous avons tour à tour accès à leurs deux points de vue et leurs différences s'estompent peu à peu: chacune espère une autre vie, chacune porte dans sa mémoire et son histoire personnelle des morts sacrifiés, des vivants tentés par l'extrémisme ou l'indifférence. Chacune sent qu'elle a un rôle à jouer mais chacune mesure les barrières et les impossibilités... Y a-t-il pour elle une autre solution que la mort? Les points de vue alternent sans sous-titre, si bien qu'en peut parfois les confondre et le message semble bien là: la souffrance de ces deux peuples est la même, la jeunesse trouve la même impossibilité de créer sa vie, la même prison...dans le dernier chapitre, les deux points de vue sont simultanés et la marche des deux filles va les mener face à face...
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Vies brisées à Jérusalem

Dans son nouveau roman tragique et puissant, Partages, Gwenaëlle Aubry évoque le conflit israélo-palestinien à travers les voix entremêlées de deux adolescentes, l'une juive et l'autre arabe.

Rêves d'adolescentes
Gwenaëlle Aubry raconte l'histoire de Sarah, une jeune fille juive polonaise née et élevée à New York, qui revient vivre sur la terre de ses ancêtres avec sa mère, à Jérusalem, après les attentats du 11-Septembre. Alors qu'elle tente ainsi de s'adapter à ce pays où les morts semblent cohabiter avec les vivants, elle croit trouver dans l'amour une échappatoire. Sa voix alterne avec celle de Leïla, qui a grandi dans un camp de réfugiés en Cisjordanie. Très jeune, elle nourrit l'espoir d'étudier à l'étranger et de devenir journaliste tout en regardant son petit frère jouer au Juif et au martyr.

Entremêlements vertigineux
L'auteur fait pressentir habilement au lecteur que ce qui oppose ces « soeurs ennemies » est ce qui finira par les réunir tragiquement. En effet, tout au long du roman, elles se croisent lors de leurs déambulations dans les rues de Jérusalem, s'aperçoivent et se voient, l'une à côté de l'autre, par le prisme du miroir, se confondent même. L'écriture, voire la mise en page du roman de Gwenaëlle Aubry, rend sensible l'entremêlement des destinées de Leïla et de Sarah, tant et si bien que le lecteur risque parfois de s'y perdre.

L'impuissance face à l'Histoire
Toutefois, l'élan de vie auquel les deux jeunes filles de 17 ans tentent de s'accrocher captive le lecteur fébrile. Dans ce chaos, l'espoir est permis par l'art ou la littérature, jusqu'à ce que Sarah doive gérer le traumatisme que lui fait subir la perte de son ami Ben et que Leïla ait à regarder sa famille et sa communauté endurer la sanction des policiers israéliens. de chaque côté des communautés, l'Histoire s'écrit douloureusement et les deux adolescentes n'échappent pas à leur destin scellé sous les yeux du lecteur impuissant. Car l'amour que Sarah trouvera finalement avec Joseph ne sera pas suffisant pour la libérer du poids du conflit qu'elle porte en elle. Leïla, quant à elle, n'a pas d'autre choix que de lier son destin à celui de Sarah. Leur rencontre, bien qu'attendue, bouleverse.

Gwenaëlle Aubry, il est vrai, n'aborde rien de nouveau sur le traitement du conflit israélo-palestinien. Mais s'il faut lire Partages, c'est non seulement pour le plaisir d'une écriture juste et belle, mais aussi pour le devoir de mémoire, car des vies sont incessamment brisées à Jérusalem.
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Un réel plaisir, foncez !

Ce livre m'a définitivement marqué et donné envie de lire bien plus d'ouvrages sur cette région du monde.

L'une est une jeune juive New-Yorkaise déménageant en Israel peut de temps après les tragiques évènements du 11 septembre. L'autre est une jeune palestinienne.
Si les deux vivent en ignorant tout de l'autre, elles partagent bien plus qu'elles ne le pensent et leur destin va les pousser à se rencontrer.

Si parfois la vie ne tient qu'à un fil, elle semble aussi dépendre de quel côté de la frontière la pièce est tombée au moment de la naissance...

Un magnifique récit.
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