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3,67

sur 1351 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Chers amis lecteurs,
Permettez-moi de m'entretenir avec vous à propos d'une femme que j'ai connue naguère. Elle s'appelle Lady Susan. Vous me connaissez, il n'est pas dans ma nature de dire du mal des autres, quand bien même cela serait justifié. Cependant, je dois vous avouer, que s'agissant de cette Lady Susan, j'ai décidé de revoir ce principe et de vous mettre en garde.
C'est une certaine Jane Austen, avec laquelle je suis entré en amitié tout récemment, qui a eu la gentillesse et le privilège de me confier la correspondance qui traite des faits dont je vais vous parler et qui mettent en scène Lady Susan.
Du reste Lady Susan a su abondamment enrichir cette correspondance avec le trait de caractère qui est le sien et tout son art de savoir habilement parvenir à ses fins sans jamais ressentir à cet égard le moindre scrupule.
Cette correspondance est composée de quarante-et-une lettres, précisément où Lady Susan ne ménage pas ses peines et s'amuse même dans ce petit théâtre des désirs et des sentiments tandis qu'elle tire les ficelles astucieusement, comme si les personnes qu'elle côtoie et avec lesquelles elle correspond devenaient des marionnettes articulées par sa seule volonté.
Lady Susan est veuve depuis peu, mais sans le sou. Elle est une jeune veuve, âgée de trente-cinq ans. Qu'à cela ne tienne, elle est encore séduisante, très intelligente, sait donner le change et peut largement rivaliser avec les femmes plus jeunes qu'elle de son entourage.
L'une d'elle est d'ailleurs sa fille, Frederica, âgée de seize ans, très belle. Lady Susan le sait. Frederica est terrorisée par sa mère qui veut lui faire épouser le riche et stupide Sir James Martin.
J'ai bien deviné au ton que prenaient certaines lettres de Frederica, que sa mère se penchait au-dessus de ses épaules pour lire et pourquoi pas lui dicter certaines phrases, tant qu'à faire.
Ce que j'ai aimé dans ce récit épistolaire, c'est la construction, un agencement subtil fait de rebonds qui permet de dessiner peu à peu l'histoire et l'entrelacement des personnages.
Je sais bien qu'à la première rencontre, Lady Susan inspire la gentillesse, la bonté, le bonheur de la rencontrer. On ne peut rien lui refuser. Je ne sais pas à quoi elle tient cette qualité, s'il faut appeler cela une qualité, j'imagine que c'est un don. Aussi, chers amis lecteurs, je vous demande instamment de vous en méfier comme de la peste.
Lady Susan n'est pas ce qu'elle inspire.
J'ai appris à reconnaître dans ces lettres lues, sa dimension immorale et pervertie.
En effet, elle est une femme perfide, médisante, hypocrite, menteuse, égoïste, cynique, séductrice, intrigante, manipulatrice ; qui plus est, doublée d'une mère indigne.
Dit autrement, pardonnez-moi chers lecteurs, c'est une belle garce.
Je sais bien que d'autres de cette histoire s'en sont méfiés auparavant, prévenus de la même manière. Certains personnages ont cru s'être trompé sur l'opinion de Lady Susan, sont revenus sur ce qu'ils en pensaient...
À certains endroits, le côté pervers et manipulateur de Lady Susan m'a fait penser à la Marquise de Merteuil dans les Liaisons dangereuses.
Mériterait-elle cependant un compliment pour atténuer la charge contre elle ? Oui elle est intelligente, divinement, diaboliquement, redoutablement intelligente.
Et les autres, que sont-ils ? Il me semble qu'ils sont de bien piètres et naïfs personnages parfois, ils la connaissent pourtant, de réputation, mais elle sait y faire, retourner son monde comme une crêpe au sarrazin...
Tout ceci est magnifiquement écrit, Jane Austen a su développer ici un sens de l'observation rare et une écriture ciselée.
C'est drôle, c'est cruel, c'est subtil.
La fin, ah oui la fin de cette histoire ? Je reste sur ma fin et je garde en moi le goût léger et caustique de ce roman épistolaire. La fin aurait pu être différente, plus spectaculaire, à la dimension de la perversité de Lady Susan.
Quant à ce que ce que je pense de toute cette affaire, je ne suis pas sûr que Frederica soit si timide que cela ni que sa mère la connaisse si bien.
J'aurais aimé entrer dans le coeur de Lady Susan, non pas pour en être épris, quoique..., mais pour sonder les secrets d'une âme en errance...
Votre dévoué,
Bernard
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Une jolie fleur dans une peau d'vache, une jolie vache déguisée en fleur…

Brassens avait-il lu Austen ?
Car si époques et lieux diffèrent, Lady Susan et la jolie fleur ci-avant présentent pourtant plus d'un trait commun.

« Lady Susan possède une séduisante fourberie, en quantité non négligeable, qu'il doit être intéressant d'observer et de déceler ». Magie de la concision d'Austen qui en quelques mots emporte son lecteur dans le cynisme subtil d'un bref roman épistolaire.

Une quarantaine de lettres dont la diabolique Lady Susan est souvent l'auteure et toujours le principal sujet : une ravissante sournoise de salon, manipulatrice dénuée de scrupules, plus encline à ruiner l'existence de ses contemporains qu'à quêter pour des oeuvres caritatives après la messe du dimanche matin.

Pas folle la vache, toute britannique qu'elle soit, et bien qu'on ait envie moult fois de la passer par la fenêtre, je me suis régalée de ses manigances plus que discutables.

Deuxième tentative austenienne pour moi, essai transformé, un délicieux bonbon anglais pour (presque) terminer l'année.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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“Elle ne borne pas ses prétentions à cette sorte d'honnête coquetterie qui satisfait la plupart des gens, mais aspire à la satisfaction exquise de rendre une famille entière misérable.”

Susan veuve Vernon, dite "Lady Susan", est une véritable garce… et encore, je suis loin du compte ! Elle est menteuse, médisante, cruelle, injuste, ingrate, inconséquente, mère indigne, manipulatrice, séductrice, enjôleuse, intéressée, briseuse de cœurs et de couples, narcissique, cynique… et rien ne semble pouvoir venir à bout de ce parasite malveillant et dangereux, d'une redoutable lucidité.

Personnellement, j'aurais bien suggéré le recours au cyanure… hélas, nous ne sommes pas chez Agatha Christie mais dans l'univers très policé de Jane Austen. Elle n'avait que 18 ou 19 ans lorsqu'elle composa ce court roman épistolaire, ce qui explique certainement que l'écriture en soit moins fluide et moins maîtrisée et le dénouement moins soigné que dans les oeuvres ultérieures qui ont fait son succès et sa gloire.

Néanmoins, on ne s'ennuie pas une seconde à la lecture de ces échanges épistolaires d'où se dégage le portrait d'une femme totalement amorale et d'une étonnante modernité à qui Jane Austen offrit habilement l'intelligence et la beauté sans lesquelles elle n'aurait probablement pas pu atteindre ce niveau de malveillance et de perversité.

La finesse de l'analyse psychologique, qui sera la marque de Jane Austen dans son oeuvre future, est déjà ici bien présente, tout comme la peinture subtile des émotions et des sentiments, et l'auteur nous entraîne à sa suite dans une détestation jubilatoire à laquelle j'ai pleinement adhéré… Il faut croire que j'ai mauvais fond !

Un petit roman qui n'est peut-être pas tout à fait abouti, mais qui porte déjà en germe les qualités qui feront quelques années plus tard de Jane Austen un immense écrivain.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
[Challenge solidaire 2019 : des classiques contre l'illettrisme]
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Que de bonheur dans ces 116 pages ! Que de plaisir !
Cette Lady Susan est irrésistible, elle a pourtant tous les défauts, égoïste, menteuse, manipulatrice, arriviste, coquette et j'en passe.
Alors pourquoi l'aimer ? Parce qu'elle est dépeinte par Jane Austen tout simplement. Dans ce roman épistolaire, l'auteure dresse une série de portraits plus raffinés les uns que les autres dominés bien sûr par Lady Susan.
On se prend vite à l'histoire et on enchaine les lettres de ce court roman en quelques heures.
Avec une bonne tasse de thé comme le suggère la couverture !

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Lady Susan est clairement un OVNI dans l'oeuvre par ailleurs homogène de cette très chère miss Austen. En tout cas, je ne vois pas comment l'appeler autrement. Dans nul autre roman de l'auteur, le personnage central est aussi noir et contraste autant avec les "bonnes moeurs" d'une société bourgeoise archi-structurée jusqu'à en paraître figée.

Lady Susan aurait pu être une simple peste, ce qui aurait donné à ce court roman un humour et un cynisme qui auraient fait de lui un bijou de nouvelle mais Jane Austen a choisi de faire de son héroïne l'incarnation de la mauvaise conduite en société, l'outrage d'une bienséance mondaine à laquelle tout Anglais, riche ou pauvre, est attaché et le symbole d'une corruption de moeurs tout à fait surprenante sous sa plume.

Pour commencer, Lady Susan est veuve. Voilà un état qui n'avait jamais été exploré par l'écrivain et pour cause ! Lady Susan étant l'un de ses premiers écrits (1793-1795), soit une oeuvre dite "de jeunesse". Sachant cela, on peut être abasourdi par sa maturité d'appréhension du personnage principal ! Tant de noirceur, tant de séduction coupable, tant d'outrages aux moeurs de la part d'une veuve qui se devait entre tous les êtres d'être le plus respectable et qui plus est se double d'une mère indigne, très en dessous du minimum syndical pour ce qui est de ses devoirs parentaux ; vous admettrez comme moi que de la part d'une jeune femme de 18 ans, fille de clergyman, le choix d'une telle héroïne a de quoi faire lever un sourcil d'étonnement.

Paradoxalement, la précocité de Jane Austen pèche dans le style moins abouti que dans ses oeuvres plus tardives, un phrasé moins fluide, une approche des personnages secondaires plus fade qu'à l'ordinaire avec l'emprisonnement de certains d'entre eux dans des clichés qui leur ôtent toute personnalité propre. Cependant, le choix d'une narration épistolaire donne un rythme soutenu qui, à mon sens, "sauve" l'ensemble du roman.

Mon impression tout au long de ma lecture (qui fut brève étant donné le nombre de pages !) a été que la brièveté du récit, son rythme, sa structure et ses rebondissements semblaient désigner cette oeuvre pour être adaptée au théâtre. D'ailleurs, les premières oeuvres adolescentes de miss Austen étaient des pièces de théâtre et l'auteur fut dramaturge avant d'être romancière.

Au final, Lady Susan est un roman plus intéressant à découvrir que captivant à lire mais il apporte sans conteste des clés de compréhension précieuses à qui veut approfondir sa connaissance de l'oeuvre austenienne.

Je dois avouer qu'avec mes yeux de lectrice du XXIème siècle, Lady Susan n'a pas tout à fait réussi à se faire détester de moi ; j'ai même apprécié sa détermination à rester indépendante, à agir à sa guise, son habileté à parvenir à ses fins grâce à son don pour la conversation, son assurance face à ses propres actes condamnables par tous et sa volonté d'affirmer son libre-arbitre quitte à se jouer des hommes et des dames "accomplies et bien-pensantes". Son passé semble avoir été mouvementé et son éducation bâclée mais de toute évidence elle a appris toute seule à avancer dans une société cloisonnée et hostile aux parvenus. Après un mariage peu heureux, une maternité oppressante pour qui n'a pas l'instinct maternel et craint la future "concurrence" d'une fille distinguée par sa beauté et sa grâce comme c'est le cas de Lady Susan avec Frederica, elle parvient à tirer son épingle du jeu. Or il ne devait pas être simple pour une femme à cette époque de choisir sa destinée et de conserver son indépendance. Alors, j'ai presque envie de dire : "Chapeau bas, Lady Susan !"


Challenge ABC 2012 - 2013
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En voilà de la belle garce! Bien intrigante, égoïste, manipulatrice, cynique et désagréable juste comme il faut pour presque me réconcilier avec Jane Austen, dont l'univers romantique et corseté ne m'avait jusqu'à maintenant pas vraiment touchée.
Sacré personnage en effet que cette Lady Susan, briseuse d'unions et fort mauvaise mère, dont on ne peut pourtant s'empêcher d'admirer l'intelligence et cette rouerie bien perceptible dans le format particulièrement opportun du roman épistolaire.
Court, grinçant et délicieux!
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Surtout mesdames, ne sous-estimez pas les talents et l'intelligence de lady Susan lorsqu'elle a pour dessein de se faire aimer par un homme vivant sous votre toit !
Malgré ses trente-cinq printemps, son teint éclatant lui confère une beauté irrésistible dont elle abuse et se délecte pour exercer une fascinante attraction sur la gent masculine qui flatte terriblement son égo. Dotée d'une duplicité sans égale, c'est une manipulatrice de premier ordre. Nonobstant sa très mauvaise réputation, elle obtient entière satisfaction pour gagner l'affection pleine et entière de ces messieurs. Virtuose de l'artifice et de la coquetterie, maniant l'éloquence avec brio, elle les dupe aisément tout en s'attirant le dégoût des femmes qui sont bien plus clairvoyantes dans son éblouissant jeu d'hypocrite.
Pas une once de sincérité chez Susan si ce n'est lorsqu'elle qualifie sa fille de plus grande sotte de la terre. À seize ans, cette dernière pourrait faire ombrage à sa beauté et son magnétisme, et attendu que l'amour maternel ne rentre pas non plus dans les qualités de cette chère Susan, il vaut mieux se débarrasser de cette encombrante progéniture.

Serti dans une correspondance aux tournures des plus raffinées, le portrait de lady Susan se dessine dans tout son éclat dès la première lettre écrite à son beau-frère. Mais elle se dévoile surtout dans ses comptes rendus adressés à sa très chère amie Alicia Johnson qui rivalise d'ailleurs de cynisme avec elle. Elle se joue avec une perfidie précieuse des bienséances de l'époque et s'en vante ouvertement à cette amie qui l'encourage d'ailleurs dans ce sens. Agissant comme une mante religieuse dans les sentiments de ceux qu'elle séduit, il vaut mieux lui fermer sa porte et faire fi également des convenances face à cette jolie veuve démunie.

Jane Austen a su donner à son héroïne une assurance et une fierté qui ne manquent pas de nous faire nous exclamer à chaque lettre : Quelle garce ! Mais elle le fait avec une causticité si riche, avec un élan si délectable, nous dépeignant un caractère d'une telle modernité, que l'on dévore les courriers de ce petit roman épistolaire en souriant tout de même des intelligents subterfuges de cette séductrice invétérée.
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Lady Susan est, à n'en pas douter, une véritable pouffiasse. Calculatrice, manipulatrice, menteuse et dépourvue de tout sens moral. Le genre de nana que je n'aime pas dans la vie de tous les jours mais que j'adore croiser dans les romans. J'ai pris grand plaisir à la détester et à la voir se débattre dans la société britannique corsetée et bien pensante.

Et puis elle m'a amusée cette Lady Susan, bien plus que Catherine Vernon ou Lady de Courcy qui sont pâlottes. Il faut dire que ce livre est un roman de jeunesse et que, si l'on sent déjà la potentiel de Jane Austen, il n'est pas aussi abouti que ses œuvres ultérieures. Aussi certains personnages sont peu développés voire caricaturaux. Et la fin du roman est bâclée.

Il n'empêche que la jeune Jane Austen avait déjà un sacré sens de l'observation et une belle maturité pour peindre un personnage tel que Lady Susan. Mon admiration pour elle n'en est que plus grande.

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Qu'est-ce qu'elle est fine, intelligente et sans scrupules, cette Lady Susan ! Une vraie Scarlett O'Hara, mais en pire, et sans Rhett Butller à sa mesure pour la dompter !
Malgré tous ses défauts, j'aurais presque envie d'être son amie, juste pour le plaisir de recevoir ses perles de lettres pleines d'intelligence et d'ironie...
Évidemment, je me garderais toutefois bien de lui présenter mon mari, connaissant ses talents incomparables de séductrice ou d'actrice...

J'ai bien aimé aussi Mme Vernon, la force tranquille, lucide et pondérée, mais pas sotte pour autant, qui voit clair dans les manigances de Lady Susan, même si elle n'arrive pas toujours à les déjouer. Elle représente ici la voix de la sagesse et tente de faire triompher la morale, tout en se livrant dans ses lettres à de petites merveilles d'observation et d'esprit critique.

Les autres personnages sont un peu insipides, trop gentils à mes yeux. Mais rien que cette joute indirecte entre l'aventurière Lady Susan et la bonne Madame Vernon justifie la lecture. Surtout que le style est un vrai plaisir : des phrases ciselées et bien construites (même quand il s'agit d'écrire les pires vacheries !), toujours le bon mot au bon endroit et au bon moment, quelques morceaux d'anthologie (Lady Susan est assez monstrueuse quand elle parle de sa fille, mais quel délice de la lire!)

Bref, le seul reproche que je fais à ce livre, c'est qu'il est bien trop court !
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J'ai été très agréablement surprise par ce roman épistolaire.

Comment tant de ruses déployées par cette magnifique femme de 35 printemps, arrive à la mener a ses fins ou presque.

Le manichéisme de Lady Susan est superbement représenté dans ses lettres qui sont tantôt franches et sincères, ou mielleuses a souhait fonction de son correspondant.

Une belle histoire qui nous plonge dans les intrigues du XViii ème siècle
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