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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Elle vient d'avoir dix-huit ans. Elle vit avec sa soeur et sa mère dans un appartement des Lombriconi, la « cité des Lombrics », près de Bologne. Son père vient de sortir de prison, et il n'est pas le bienvenu à la maison. Mais Adele a d'autres soucis : elle est enceinte de Manuel, la petite frappe du quartier, qui l'a laissée avant que son
corps ne déforme, préférant faire carrière dans la mafia locale, son t-shirt « Born to lose » sur le dos.

« Trop jeune pour se faire déchirer les entrailles », Adele a pourtant tenu à garder ce bébé. Par peur de l'abandon d'abord, et dans l'espoir qu'il lui ramène Manuel, ce jeune voyou qui est tout pour
elle. Pourra-t-elle en assumer la responsabilité jusqu'au bout ?

« le roman s'ouvrait sur ça, sur la réalité des faits » : une citation on ne peut plus vraie tant le style réaliste de l'auteur vous étreint dès les premières pages de ce roman. Tout en douceur mais avec un
talent certain pour la mise en scène et l'identification, suivons ses pas à la découverte d'une Italie hors des cartes postales estivales. [...]

Neuf mois de grossesse, neuf mois d'espoir pour « une vie parfaite ».
Si elle ne peut élever son enfant, elle fera tout pour lui donner la chance d'avoir « une vie meilleure ».

« Une mère ne suffit pas. Les pères aussi ça compte. Même les menteurs et les voyous. » Adele évolue et on la suit avec un intérêt décuplé tant l'écriture de Silvia Avallone nous emporte.

« le banc d'où la vie est parfaite »

Les personnages défilent et les émotions se déchaînent. Comment ne pas évoquer Dora Cattaneo qui, à l'opposé d'Adele meurt de ne pas pouvoir enfanter. le drame de la maternité, désirée ou non, et donc de la condition féminine dans l'Italie d'aujourd'hui y est magistralement illustré.

« Il y a des forces contres lesquelles on ne peut rien ». Tous ces personnages s'imbriquent et se déterminent par leurs forces respectives et leurs conditions sociales qui les enferment.

Après "D'acier", "Le Lynx", ou "Marina Bellezza", vous ne résisterez pas au
nouveau roman de Silvia Avallone, certainement parmi les auteurs
italiens les plus importants du moment. Poignant et addictif, son style épouse parfaitement les contours de la « vraie vie ».

Alors, il ne nous reste peut-être plus qu'à nous asseoir comme Dora,
sur ce banc d'où elle imaginait sa vie rêvée, car « le monde est plein
de perfection, il faut seulement se laisser conduire. » Laissons-nous
donc conduire par cette vie parfaite...

Lu en juillet 2018.

Article complet sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/La-Vie-..
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La vie parfaite est un rêve adolescent qui échoue presque toujours confronté à la réalité. Adèle et Dora issues de milieux différents au seuil de choix cruciaux vont en faire la dure expérience. Adèle parce que son dénuement sa jeunesse et l'emprisonnement de son père décident de l'avenir de son enfant. Dora parce que son statut de privilégiée ne peut rien pour son obsession de maternité inassouvie.

Comme sa célèbre consoeur, Elena Ferrante, Sylvia Avallone décrit les affres de la jeunesse italienne, pauvre mais aussi bourgeoise, ses rêves et ses dérives et ses réussites parfois. C'est plutôt bien écrit, vivant et réaliste. C'est un peu long aussi, avec des débuts de paragraphe où on ne sait pas de qui il s'agit. Néanmoins, un beau roman très inspiré sur le déterminisme social, la maternité et le désir d'enfant, la violence masculine et la place des femmes dans un pays résolument machiste.

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Tout a été dit déjà.

J'ajouterai qu'après la force « D’acier » , en 2011, humain et social, solaire et poignant , énergique et fou, ses héroïnes inoubliables dans la Toscane ouvrière de Silvia Avallonne «  La vie parfaite  » m'a fait penser à «  L'amie prodigieuse »d'Elena Ferrante...

Adèle, née du mauvais côté de la ville de Bologne, part accoucher seule à dix- huit ans : «  Les pères ça n'existe pas. » ,Impossible à raisonner comme dirait Rosalia sa mère, enceinte de Manuel, un faible crétin, pourtant intelligent , lecteur de Dostoïesvski, qui deviendra dealer de beuh...... «  Pourquoi tu m'écris pas? » , «  La douleur est une forme de langage . » , les maris et les pères fuyant leurs responsabilités ......
Adèle met au monde une petite fille : Bianca..

En parallèle à une petite poignée de kilomètres , jeunes , diplômés , aisés , Dora et Fabio , la trentaine , essaient en vain de concevoir, un enfant , ils avaient pourtant tenté de devenir , en envisageant l'adoption, les parents d'un enfant « autre ».
Dora est animée d'un désir profond de maternité , inassouvi qui la torture. ....
L'auteure décrit minutieusement leur état d'esprit , progressiste aux idées larges.
Mais l'idée d'un enfant qui ne serait pas le « sien »taraudait Fabio,...

Ils ne parvenaient pas à faire «  le Deuil » de l'enfant « Biologique. »


Autour d' Adèle et de Dora , au seuil de choix cruciaux ,( Adèle envisageant l'idée d'abandonner son bébé) , gravitent des personnes qui se croisent, faisant le lien avec les autres , des témoins de leur histoire qui cherchent peut- être un ailleurs, où ils pourraient entrevoir une vie parfaite ....
N'en disons pas plus.

C'est une oeuvre chorale réaliste, poignante, pétrie d'humanité déroulant l'idée de maternité , toute entière au coeur de l'ouvrage, contrairement à « Dacier », décrivant la misère sociale : pauvreté, précarité.
Un roman pétri d'humanité prenant en compte les réalités de son temps parfaitement construit en trois parties .


L'auteure y explore minutieusement, de l’intérieur , la réalité des cités, la capacité des femmes à porter à bout de bras parfois le foyer lorsque l'homme est absent ou fuit ses devoirs...occupé ailleurs
.
...On retrouve le souffle incandescent de cette auteure engagée , née en 1984, entre résignation d’une jeunesse italienne écartelée entre fatalité , immense espoir et précarité .

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Dans une banlieue imaginaire de Bologne, la vie est dure , sans pitié .Les hommes font souvent défaut et les mères font de leur mieux, quand elles n'ont pas baissé les bras , pour accompagner du mieux possible leurs enfants. C'est le royaume des Bolofeccia.
Adèle, presque 18 ans , est sur le point d'accoucher , seule .Pendant ce temps , Dora et Fabio se meurent de ne pas être encore parents. Eux ce sont des Bolobene , des gens bien comme il faut...

Après la cote toscane où elle a passé sa jeunesse , puis les vallées alpines où elle est née, Silvia Avalonne nous attire dans sa ville , Bologne.
Elle le fait avec le même thème principal, celui d'une jeunesse perdue, livrée à la misère et rejetée de ces centres villes majestueux où tout semble hors de portée.
Elle ajoute ici celui de la douleur parentale, sous diverses formes. le deuil, la grossesse non désirée ou l'infertilité et les ravages moraux que cela peut entrainer.

La construction du livre demande lors de la deuxième partie , la plus conséquente des trois, de rester un chouia concentré car l'auteur navigue entre les personnages , les époques , les lieux..

C'est un bon livre , prenant, poussant le lecteur à s'attacher à Adèle ou d'autres. Il me semble un brin moins réussi que les deux autres, D'Acier ou Marina Bellezza, mais peut être aussi que l'effet de surprise ne joue plus.
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Comme dans « D'acier » Silvia Avallone nous entraîne dans des tours sans espoir.
Dans la banlieue de Bologne, Adele, 17 ans, se retrouve enceinte de Manuel.
Son quartier, les Lombriconi…. «une suite de mots, misère, marginalisation, drame, qui décrivait leur vie comme quelque chose d'effroyable.»
Plusieurs générations, pléthore de personnages….
Le poids de ces vies pèse sur les épaules du lecteur.
Mais que c'est bien raconté, bien décrit.
Des femmes souvent seules à se dépatouiller, des hommes peu fiables, le manque d'argent….. mais des vies à part entières, pleines de rêves souvent déçus et d'idéal tellement difficile à atteindre.
Des personnages touchants qui inspirent l'empathie.
Un tableau vivant d'une société à bout de souffle.
Et toujours, malgré ces cas désespérés, la magie de se retrouver en Italie.
Le petit bémol de ce roman, c'est qu'à chaque nouveau chapitre, il faut une page voire deux, voire trois, pour savoir de qui ça parle. L'auteur n'annonce pas tout de suite le nom du personnage. Une petite difficulté qui n'est pas indispensable et n'ajoute rien.
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La vie parfaite, écrit par, Silvia Avallone
Bien
Un roman facile et rapide a lire pour adolescent sur la misère des familles et des adolescents de banlieues en Italie. Les personnages sont assez attachants surcout Adèle qui est enceinte et Dora qui est handicapés et qui n'arrive pas a avoir d'enfants.
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Beaucoup d'éloges qui sonnent juste sur ce roman méritant.

Un roman qui creuse dans la misère: les familles précaires, les enfances meurtries, les espoirs avortés de la maternité, le ghetto où s'entrechoquent espoir et désillusions.

Bien que j'aie trouvé ma lecture prenante et facile car c'est incontestable, la plume est maîtrisée, je regrette néanmoins ces pelles de misères où la lumière peine à percer.

Le roman se découpe en trois parties. le présent, le passé neuf mois plus tôt et l'après très bref. Les trois cents pages et quelques décortiquent cette misère sociale et humaine à travers plusieurs histoires, celle d'Adele enceinte a 17 ans, de Dora l'exploratrice désenchantée d'une maternité impossible, Zeno le voisin littéraire. On suit leurs déflagrations dans leurs espoirs, leurs combats et leurs survies. Les décalages entre envie et rejet sont très bien mis en scène dans ces histoires à contre sens.

Je nourrissais néanmoins l'envie que les protagonistes se rencontrent et que la brèche de l'espoir soit un peu plus longue et détaillée. Petit regret sur ce point.

C'est un roman qui m'a semblé assez noir et pessimiste si ce n'est peut-être ce jeune Zeno qui apporte un peu d'éclaircie dans ces nébuleux, à travers la culture, la scolarité, l'attrait littéraire et la force de son regard pour cette misérable Adele. Il y a certainement quelque chose proche de la résilience là dedans, ce qui permet aux plus démunis avec une seule rencontre positive, un regard différent, une foi en l'autre, d'arriver à renverser la balance.

Malgré un talent littéraire indéniable, difficile d'oublier ce cher Victor qui réussit de manière grandiose à coupler misère et lumière dans son oeuvre magistrale « Les misérables ».
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A 17 ans, amoureuse d'un voyou, Adèle attend un enfant. A 30 ans, professeur émérite, Dora espère faire taire la colère qui la hante. Qu'elles soient mères célibataires, abandonnées, veuves ou en couple depuis des années, les femmes de Bologne se battent pour n'être ni des ombres, ni des chimères dans le brouillard. Qu'elles attendent un mari, un enfant ou un amant, elles s'accrochent toutes à un rêve fragile et chancelant… Et elles avancent, face aux difficultés soufflées par le vent et le vide des grandes tours et des appartements étroits…

C'est avec ce roman que je découvre la plume et l'univers de Silvia Avallone. Et l'histoire de ces femmes ne peut laisser indifférent. Elles sont touchantes par leurs failles, émouvantes par leurs blessures et impressionnantes par leur courage.

Si elles se battent, si jamais elles ne baissent les bras, c'est parce que ces femmes sont des mères. C'est pour leurs enfants qu'elles se relèvent et qu'elles affrontent chaque jour les difficultés.

Que la misère touche leur quotidien, avec un travail précaire, une grossesse non prévue, l'isolement et la mise à l'écart, les épreuves sont aussi physiques avec le vide d'un père qui fuit, un traumatisme si profond qu'il ôte toute envie de vivre ou le vide au creux du ventre que rien ne pourra combler…

J'ai partagé leur univers, aux creux des vagues comme au sommet des montagnes. J'ai aimé être à leurs côtés. Malgré leurs fragilités, ces femmes portent en elles la force de l'amour, celui qui surmonte tout, celui qui souffle ce petit supplément d'âme qui empêche de sombrer… Cet amour qui, si il ne rend pas la vie parfaite, fait qu'elle est moins sombre…
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La vie parfaite de Silvia Avallone. Connaissant l'auteure depuis son sublime D'acier suivi de le lynx et Marina Bellezza, il est évident que ce titre contient une certaine dose d'ironie. La totalité de ses personnages y aspirent, bien entendu, tout en avalant à grandes goulées les vicissitudes du quotidien et les insatisfactions d'une vie décevante. La première chose que l'on retient des romans de Silvia Avallone, et dans La vie parfaite plus encore, c'est son extraordinaire capacité à faire exister ses protagonistes, à les faire ressentir jusqu'au frémissement de leur âme meurtrie. On pourrait dire qu'elle excelle dans le mélodrame mais son art transcende le genre dans ce roman bâti sur des fondations solides, dans une choeur vibrant de personnalités différentes qui ont pour point commun de lutter et de ne jamais céder au découragement malgré les déterminismes sociaux. Avec ses deux personnages féminins principaux, Adele et Dora, l'une résidant dans la périphérie de Bologne, l'autre habitant au centre, le livre tourne autour du thème de la maternité. Accidentelle, pour l'adolescente, voulue de façon obsessionnelle pour la femme deux fois plus âgée. La vie parfaite passe par des moments de renoncement et de désolation et, plus brièvement, d'épiphanie et d'exaltation. Agile dans sa construction, âpre et lumineux dans son style, c'est un vrai roman néo-réaliste, emballant de bout en bout, riche de saveurs et d'émotions fortes comme un film d'Ettore Scola. Adele, Dora, Zeno (extraordinaire personnage : voyeur, témoin, consolateur, trait d'union ...), Manuele, Fabio et les autres sont les acteurs inoubliables de cette symphonie humaine, parfois à la lisière du requiem, mais jamais totalement désespérée.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Vouloir être mère et ne pas arriver à être enceinte, être mère alors qu'on ne l'a pas souhaité. Pour certaines c'est un long chemin de croix, pour d'autres cela arrive alors que l'on est à un âge où l'on n'y pense pas. Comment se vivent ces deux situations totalement opposées. A travers Dora et Adèle, l'auteure imagine les deux situations.

L'action se déroule à Bologne, dans le quartier des Lombriconi, une cité où se retrouvent les déshérités, les exclus, les laisser pour compte de la société. Des barres d'immeubles qui n'offrent aucune ouverture sur l'horizon, sur un avenir meilleur. Là vit Adèle, 17 ans, lycéenne, avec sa mère Rosaria et sa jeune sœur, Jessica, depuis que leur père les a abandonnées. Elle est amoureuse de Manuel, petit dealer et découvre qu'elle est enceinte.

Dora, elle, est professeur de littérature, vit dans un quartier un peu éloigné avec son mari Fabio. Dora se sent bancale, pas seulement parce que, suite à une malformation de naissance, elle n'a qu'une jambe mais parce qu'elle se sent incomplète, pas totalement femme,  car elle n'arrive pas à mener à bien son désir d'enfant. Traitements, examens, rien n'y fait.

Inutiles, les piqûres quotidiennes de Decapeptyl autour du nombril. Inutiles les stimulations et l'enchaînement des échographies. Les fax, les virements. Les certificats sur l'honneur et les attestations de maladie. Parce que oui, c'était une maladie. La pire. Elle aurait pu réduire en pièces Dieu et la Nature. Comme la compassion des autres, le regard compréhensif de ceux qui, au fond, sont soulagés d'avoir échappé à ça. (p93)

A travers ces deux femmes, de deux horizons différents, de deux constructions différentes, l'une lettrée, l'autre en échec scolaire, l'auteure traite de la maternité vue sous deux angles : celle qui arrive sans le vouloir et celle que l'on désire et qui n'aboutit pas.

Parce qu'il y a des forces contre lesquelles on ne peut rien, répondit-il d'un ton détaché. Peut-être plus irréparables encore qu'un désir stupide et égoïste. (p89)

Silvia Avallone est une auteure à l'écriture fougueuse. Elle nous plonge dans la une cité où se côtoient beaucoup de familles mono-parentales, un monde de femmes, seules, gérant ou essayant de gérer le quotidien, vivant de petits boulots. C'est la vie de plusieurs familles que l'on va suivre où règnent pour certaines des non-dits, des silences, des absences, elles ont toutes un lien entre elles : bandes d'adolescents, voisins, professeur etc....

L'histoire débute par l'accouchement d'Adèle, seule, vivant l'événement comme elle a vécu l'installation de cet être dans son corps, ne sachant pas qu'elle va être sa décision : le garder ou l'abandonner afin de lui offrir une chance de "vie parfaite" dans un autre foyer.

Parallèlement Dora et Fabio sont devant le juge qui doit statuer sur leur dossier d'adoption : seront-ils reconnus aptes à être parents ? Leur dernier espoir de construire une famille, l'espoir d'avoir une famille parfaite alors que leur couple est en train de se désagréger.

Puis on remonte le temps, 9 mois plus tôt, quand finalement tout a commencé. Nous allons vivre les parcours de ces deux femmes pendant toute la durée de la grossesse d'Adèle et le calvaire de Dora pour être mère.

Tous les personnages ont leur importance. On ne devient pas ce que l'on est par hasard : tous ont un passé, des raisons d'en être là dans leurs vies :  abandons, drames mais rien ne nous est révélé de but en blanc : c'est par petites touches, ici et là, on sent que chacun a ses blessures. Les gens des cités ont aussi de la pudeur à révéler leurs souffrances, leurs causes, rien n'est tout noir ni tout blanc.

Un vide, que tu traînerais toute ta vie, parce que quelqu'un ne t'avait pas aimé, ne t'avait pas souri, ne t'avais pas appris à parler. (p285)

L'auteure ne tombe pas dans les clichés de nombreux romans traitant des cités : oui il y a des petits trafics, oui il y a de la misère, du désœuvrement, oui il y a des familles éclatées mais par le prisme du cheminement de ces deux femmes, elle donne à chacun de ses personnages des circonstances atténuantes. 

Comme dans un précédent roman que j'ai lu de cette auteure, Marina Bellezza, Silvia Avallone, parle des femmes, des cités, de la société italienne (mais cela pourrait se dérouler n'importe où), de l'importance de l'éducation, du milieu où l'on vit, de l'entourage.

Son écriture est fluide, vive, elle glisse beaucoup de thèmes finalement à travers son récit : le couple, la jeunesse, la culture : j'ai particulièrement été touché par Zeno, l'ami de Manuel, voisin timide, discret d'Adèle mais aussi l'ami de Manuel. A travers lui, enfant solitaire s'occupant de sa mère muette dont on ne saura qu'à la fin les raisons de son silence, Silvia Avallone introduit l'idée que la culture et l'éducation peuvent sauver, peuvent élevé. Il est repéré par Dora, son professeur, qui décèle en lui des dispositions, il écrit  d'ailleurs en secret, un roman, son refuge.

Il se sentait avec elle un lien plus pur, plus exclusif. Le lien entre un écrivain et son personnage principal. (p105)

On baigne dans la vie de cette cité de barres d'immeubles, où chacun sait ou croit savoir ce qui se passe chez le voisin, on épie, on devine, on imagine. Il y a des cris, il y a des révoltes mais il y a également de l'amour et de l'entraide.

On est nés pour perdre. (p305)

Cela reste malgré tout un roman optimiste, positif, il y a des gens qui prennent le temps de déceler des signes, donnent la possibilité d'un autre avenir, tout devient possible. D'ailleurs ces jeunes héros ne sont pas tous en position d'échec, ne sont pas sans ressources : parfois ils s'accrochent, parfois ils ont renoncé, parfois ils ont fait semblant.

La troisième partie est celle des décisions. On a toutes les cartes en mains, comme les personnages,  attention les apparences sont trompeuses, leur interprétation aussi. On pense savoir comment tout cela va se terminer, mais la romancière a construit son roman avec finesse, tout s'emboîte et elle pose les dernières pierres avec une sorte de petit clin d'œil : "Vous voyez les apparences, les croyances et bien moi je vous montre qu'il y a une autre vérité". Moi je me suis faite avoir.....

J'ai beaucoup aimé la texture des personnages : certains paraissent odieux, misérables mais quand on découvre leur vérité, comment ils en sont arrivés là, on ne peut que les voir sous un autre jour. Chacun peut avoir une seconde chance, une rédemption, parfois les événements du passé ont fait ce qu'ils sont :

Ne te punis pas. Si tu désires une chose ne t'en défends pas. Ne te cherche pas des excuses pour éviter de l'atteindre. (p239)

Je me suis particulièrement attachée et glissée dans les sentiments de ces deux femmes, de leur ressenti, dans leurs pensées et émotions au seuil d'une étape cruciale dans la vie des femmes et le fait d'opposer les deux parcours, l'un laborieux et l'autre inattendu et trop tôt, permet de se confronter à une situation par des chemins différents.

Beaucoup de sentiments pendant cette lecture : émotion, tristesse, compassion, le devenir de chacun et chacune, révolte parfois. La construction du récit est habile, on comprend rapidement que tous les protagonistes sont liés entre eux d'une façon ou d'une autre. Silva Avallone a tissé une toile sur ce quartier, sur ces femmes, sur ces familles. 

Seuls les liens qui ne se relâchent pas ne risquent pas de se briser. Tous les autres sont fugaces, fragiles. (p320)

J'ai eu un peu peur de me perdre au début entre les personnages, mais très vite on est embarqué. Rien de caricatural et c'est ce que j'ai le plus apprécié. C'est maîtrisé, dosé. 

C'est un roman sociétal, sur le sens des responsabilités, sur les choix à faire, sur les liens familiaux, sur la femme et la maternité mais aussi sur la place du père, son implication ou non. Mais il y a également de jolies prises de conscience sur la place de cet enfant qui s'installe, ou pas, dans le corps, les sensations, la prise de conscience de son existence (ou son absence) du plein ou du vide qu'il créée.

J'ai dévoré ce livre car il possède une énergie, une force qui nous transporte, nous émeut, nous interroge. Ce n'est pas seulement une histoire parmi d'autres, c'est aussi l'histoire de femmes confrontées à un état qu'elles n'ont pas choisi.

Il lui prit les mains. Oui, l'histoire les déterminait. Les modes de production, le capital, cette banlieue perdue. Il la regarda dans les yeux. Malgré cela, il était vivant. Même s'il avait toujours son portefeuille Spiderman, même s'il n'avait que vingt euros dedans. (p334)

La vie n'est jamais parfaite.... On le voudrait mais on doit faire avec les cartes que la vie distribue. On fait de son mieux, on ne l'a pas choisie, on s'adapte, on enjolive, on triche parfois, on oublie, on force le destin également. Il faut avoir confiance en soi, croire en soi, rien n'est joué, tous les dés ne sont pas pipés.

Depuis plusieurs mois j'ai à mon programme de lecture D'acier, son premier roman, que je vais tenter de mettre dans ma PAL très vite.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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