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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Embarqué dans une histoire collant au grand thème de ce réchauffement climatique qui n'affole pas grand monde alors que cela menace tout simplement la survie de notre humanité, j'ai moyennement apprécié ce premier roman signé Anne-Lise Avril.
Cette jeune autrice me balade entre 2040 et 2009 jusqu'à 2013. En 2040, c'est la fournaise, la montée inéluctable des eaux et Jaya quitte son île dévorée par la hausse du niveau des océans. Tornades, ouragans, épidémies, fonte des glaces, pollution, tout y est et c'est peut-être ce qui nous attend si nous continuons à vivre comme aujourd'hui.
2009 permet de faire connaissance avec Liouba, jeune femme qui tente de s'imposer dans le journalisme avec des reportages dans des lieux où la vie est difficile et où quelques humains très courageux tentent de retarder l'inéluctable.
Liouba est d'abord aux confins de la Jordanie. Elle qui est née à Moscou où ses parents ont été assassinés parce qu'ils déplaisaient au régime, part dans le désert, le Wadi Rum. Là, Babak Majali plante des arbres : figuiers, grenadiers, oliviers, frênes, genévriers, chênes, sapins, pins… S'il pleut, le désert refleurit. Sinon, la forêt en cours de plantation ramène un peu d'espoir.
Vient enfin la rencontre avec Talal, dans un café, à Aqaba. Ce photographe parle français et leur rencontre sera déterminante pour la suite.
Plus tard, je retrouve Liouba à Monrovia car elle a vraiment pris goût aux déplacements. Elle va découvrir la forêt du mont Nimba, en Guinée, où la lutte contre les braconniers est vitale pour sauver ce milieu naturel. Talal l'accompagne et j'apprends qu'il est né à Istanbul, qu'il a une femme, Alda, que ses parents sont morts alors qu'il n'avait que trois ans et qu'il habite Berlin.
Après deux détours en 2040, voilà Liouba à Arkhangelsk. Elle rejoint quelques courageux qui essaient d'empêcher l'exploitation des hydrocarbures, une plaie pour la nature et un billet direct pour le réchauffement climatique.
Ainsi, Les confluents se poursuit jusqu'à cette fameuse île, en Indonésie, où Liouba et Talal prennent des vacances. Hélas, pour elle, comme pour lui, il est très difficile d'oublier le bruit des bombes.
Que se passera-t-il sur cette île ? Je n'en dirai pas plus car il faut parler du style d'Anne-Lise Avril. Son écriture est très soignée, presque trop littéraire. Elle m'a abreuvé de noms de lieux, de rencontres plus ou moins probables mais elle m'a fait découvrir des endroits où des femmes et des hommes tentent de retarder, voire d'inverser le cours des choses.
Avec cela, elle bâtit une histoire d'amour et des rencontres entre deux êtres très attirés l'un par l'autre mais dont l'un freine des quatre fers pour éviter l'inéluctable. On y croit ou pas. Personnellement, cette lecture a été difficile, à la limite de l'ennui mais je salue le talent d'Anne-Lise Avril et son souci de nous alerter sur ce qui menace de plus en plus l'humanité.
J'ajoute que Les confluents est en lice pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives dont ses concurrents déjà lus m'ont beaucoup plus passionné.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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"Un proverbe indien dit : "de temps en temps, il nous faut faire une pause pour permettre à notre âme de nous rejoindre."
Dans un monde qui tourne à cent à l'heure, d'avions en trains, à courir, à littéralement se presser ; avec tous ces combats qu'on mène pas toujours pour soi, qu'on peut même défendre ou dogmatiser, parfois pourtant en qualité de simple témoin ; et puis toutes ces rencontres qui remplissent une vie, qui insufflent ou fragilisent ; jusqu'à l'événement qui nous proposera un nouveau courage, celui de se retirer du monde, du stress et des paillettes, devenir davantage contemplatif, prendre le recul, cesser l'urgence, le corps à la nature et la tête dans les étoiles. Trouver son sanctuaire. Voilà ce livre. Il est de ces confluences qui font étonnamment écho à des choix de vie. Toujours étonnantes ces coïncidences !
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Le principal mérite de ce premier roman de Anne-Lise Avril est de parler du désastre climatique qui nous attend. En parcourant le monde dans les années 2010 (bonjour, le bilan carbone !), Loubia, une journaliste et Talal, un photographe, recensent comme dans un documentaire, les solutions apportées par des autochtones pour survivre. En parallèle, elle décrit la vie sur une île lointaine après la montée des eaux en 2040.
Je ne me suis pas attachée aux personnages et à leurs atermoiements amoureux. J'aurais certainement préféré qu'ils soient plus engagés dans l'action et j'ai trouvé un peu facile l'esquisse d'une happy end.
J'ai trouvé l'écriture trop affectée, à la recherche d'effets poétiques, avec des termes pas toujours utilisés à bon escient telle la "pondaison" qui m'a tellement agacée que je ne suis pas certaine d'être restée objective par la suite.
#Lesconfluents #NetGalleyFrance
Sélection 2022 des 68 Premières fois
Sélection 2021/2022 du prix des clubs de lecture de Saint-germain-en-Laye
Lien : https://wordpress.com/post/f..
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Un confluent est un point de rencontre entre deux consciences qui apprennent à s'aimer et au contact de l altérité se modifient et se fortifient.

Liouba et Talal sont des voyageurs qui parcourent le monde, pour le sauver. Elle, jeune journaliste engagée contre le changement climatique. Lui, photographe, suit des populations de réfugiés et d'exilés. Entre 2020 et 2040, dans le désert, en forêt, la nuit ou sur une île, le destin va les réunir. Ils sont leurs confluents réciproques.

De la rencontre amicale, un sentiment amoureux va se développer. Au gré de leurs rencontres, ils vont s'aimer. Leurs engagements personnels les sépareront aussi. Pour un temps. Feront-ils le choix de se retrouver dans un même lieu, pour se fortifier, se renouveler et s'aimer?

Anne-Lise Avril signe un beau premier roman, extrêmement poétique. le rythme est lent. On suit deux histoires en parallèle, en 2020 et 2040 dont la clé nous est donnée à la toute fin. Elle interpelle aussi sur les changements climatiques, la sécheresse, la montée des eaux, les réfugiés, les guerres… un futur que l'on peut encore éviter.

Il y a des romans qui ont toutes les qualités pour être un coup de coeur, et ça ne prend pas. C'est mon histoire avec les confluents. Je n'ai pas trouvé mon confluent avec ce roman et je suis restée en dehors de cette belle histoire d'amour. Mais ce roman a beaucoup de qualité et Anne-Lise Avril est une jeune autrice à suivre.
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Premier roman d'Anne-Lise Avril, j'ai lu ce livre grâce aux @68premieresfois qui font découvrir des premiers romans.
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Au coeur de ce roman, des thématiques fortes, notamment l'écologie, un sujet d'actualité. Un premier roman engagé, où est abordée la montée des eaux dans un futur pas si lointain que cela, 2040. C'est également une histoire d'amour, de deux personnes qui se sont rapprochées au fil de leurs missions à travers le monde, lui est photographe et elle journaliste.
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Deux histoires en parallèle, une qui se situe entre 2009 et 2014 et la deuxième en 2040, on découvre à la fin du roman ce qui lie les deux histoires. J'ai apprécié cette lecture, qui fait beaucoup réfléchir à propos de l'environnement.
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Que de fluctuations d'impressions et de sentiments à la lecture de ces Confluents, premier roman d'Anne-Lise Avril découvert dans la sélection des 68 Premières Fois…
D'abord, navrée pour cette remarque digne d'une lectrice débutante, totalement dépourvue d'imagination ou absolument inculte en matière d'art moderne (ou les trois…), mais passer l'austérité de cette couverture est déjà, en soi, une épreuve dont on s'acquitte avec circonspection et qui fausse, selon moi, la tonalité bien plus abordable du roman. Ensuite, pour peu que l'on ait, même de loin, suivi les sorties littéraires de ces dernières années, on se heurte à un format que l'on a quelques chances d'avoir peu ou prou croisé récemment : projection sur un avenir suffisamment proche pour être imaginé, suffisamment lointain pour être fantasmé, supposition de modes de vie survivalistes, récapitulation des événements ayant conduit à une situation devenue l'actualité en cours avant retour final à ladite situation. Pas de chance, Lorsque le dernier arbre était encore trop frais dans ma mémoire pour ne pas y créer un écho à la concurrence redoutable…Mais, foin de ces considérations peu amènes, ce qui est parfaitement réussi dans Les confluents, ce qui fait que la lecture en reste très agréable, en dehors de la très jolie plume de son auteure, ce sont ces deux êtres aux personnalités, aux convictions, aux espérances très honorables et très attachantes.
Elle, c'est Loubia, dont les racines et la mémoire demeurent tout entières plantées dans les accents russes de son prénom et sa volonté de témoigner de l'obstination de quelques visionnaires à faire refleurir le désert ou survivre les forêts, pour les hommes à venir, malgré ceux du présent. Lui, c'est Tala, dont les yeux se sont emplis de la beauté d'une île pour mieux affuter son regard sur le monde et partager avec ses semblables les images qu'il y capture çà et là. Eux deux, c'est une attirance spontanée née d'un travail et d'une volonté commune, c'est un « nous » fugace qui se doit de ne pas exister entre deux rencontres fortuites, c'est un sentiment sous-terrain qui sourd, par magie ou par accident, lorsque la vie offre une rencontre à ces deux confluents. C'est ce qui fait la force et la beauté de cet attachement particulier. C'est ce qui fait la singularité et l'élégance de ce premier roman porteur d'avenir et de promesses car la plume en est racée. C'est ce qui m'a fait regretter d'autant plus fort cette dernière partie dont la banalité semble désavouer tout ce qui l'a précédée et renier ce constat si juste de Loubia : « Leur relation était ancrée dans les circonstances. Née tout entière de la désorientation de leurs exils permanents. Une forme de constance dans leurs dérives. Étaient-ils davantage qu'une fiction, inventée à la lisière des histoires qu'ils disaient sur le monde? Une profondeur de plus, un supplément d'âme donné à leurs voyages, pour s'accrocher à quelque chose de stable, où qu'ils soient sur le globe, aux confluents de l'errance perpétuelle. »
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Années 2010. Liouba, jeune journaliste parisienne, parcourt le monde pour couvrir le changement climatique. Lors d'un séjour en Jordanie, après un séjour dans le désert, elle rencontre Talal, un photographe vivant à Berlin, spécialiste des déplacements des populations en zone de guerre. Entre les deux, une relation complexe va se nouer d'autant qu'ils ne se croiseront qu'au détour de leurs déplacements professionnels.

Années 2040. Jaya et Aslam, jumeaux, luttent chacun à leur façon contre la crise climatique qui entraîne la disparition de territoires et le mouvement des populations créant des tensions car personne ne veut des migrants climatiques. 

Qu'ont en commun ces deux couples à trente ans d'intervalle ?

Si j'ai été séduite par le fait d'être embarquée dans des contrées où la nature est au coeur des préoccupations des hommes, par l'empathie du photographe soucieux de montrer la réalité des populations en souffrance, j'ai été déçue par le survol des questions soulevées sur lesquelles il est urgent de se pencher.

L'aspect romance m'a ennuyée car ce qu'il advient était trop évident, tout comme les références à ce que l'on entend au quotidien (le gouvernement russe est mauvais, le déplacements des réfugiés en Syrie est du fait de Bachar El Assad, les chinois et la nouvelle "route de la soie"...) qui sont quand même bien plus complexes que cela.

L'écriture bien que douce reste un peu trop "propre sur elle", ce qui m'a rendu la lecture plutôt soporifique et sans relief. J'aurai aimé qu'elle soit un peu plus pêchue et les sujets un peu plus approfondis. 

Toutefois ce roman a le mérite de tirer la sonnette d'alarme sur le dérèglement climatique, ce dont je remercie cette jeune auteur qui s'est vu décerner le prix des lecteurs des 2 rives même si je crains qu'il ne se perde dans la pléthore des livres du même thème comme si c'était le filon du moment.
Lien : https://quandsylit.over-blog..
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❝C'est une des choses qu'on peut dire sur la vie. Nous cherchons tous un lieu sûr.❞
Julian Barnes, La seule histoire

❝Les rêves de thébaïdes occultent souvent la réalité.❞

Les Confluents, premier roman d'Anne-Lise Avril, propose de nous faire voyager pour donner à voir ce qui s'est déjà joué, se joue en ce moment même et se jouera dans les années qui viennent pour notre planète à moins que nous n'agissions — et vite — pour qu'il en soit autrement.

Quatre lieux et autant de parties :
Le Désert, La Forêt, La Nuit et L'Île. Les descriptions du désert du Wadi Rum (Jordanie), de la forêt boréale de Dvinsky dans l'oblast d'Arkhangelsk (Russie), de celle de Mazumbai dans les Monts Usambara (Tanzanie) ainsi que de l'île de Sulawesi (Indonésie), toutes magnifiques, nous transportent dans chacun de ces endroits riches de rencontres marquantes et superbement incarnées par les populations autochtones qui y luttent au quotidien.

Deux temps :
Au gré des chapitres, nous nomadisons, allant et venant d'un passé très récent (2009-2014) à un futur moins lointain qu'on ne le croit (2040) où pourtant notre monde, tel que décrit par Anne-Lise Avril, se trouve profondément bouleversé. Sans grande originalité, l'autrice a choisi de donner à lire deux histoires qui progressent en miroir avant de confluer dans les dernières pages qu'hélas j'ai trouvées sans surprise. Je ne compte plus le nombre de livres lus ces derniers mois qui reposent sur ce schéma narratif et, pour tout vous dire, je me suis lassée de ce que je tiens à présent, et peut-être à tort tant pis, pour un effet de mode qui a le mauvais goût de me priver de suspense, alors que l'un de mes plaisirs de lecture est justement de ne pas deviner trop tôt où l'auteur me mène. le passé ne pouvant être changé, les constats n'ayant jamais rien résolu, les prochaines années seront décisives et je déplore que ce futur, celui des possibles qui sont encore à envisager, reste secondaire, à la marge de ce roman et, partant, je n'y ai vu qu'un artifice pour sous-tendre le schéma narratif choisi.

Deux couples :
Celui de Liouba et Talal dans les années 2010 et celui, secondaire, des jumeaux Jaya et Aslam en 2040.
C'est avec Aslam que s'ouvre le roman. On le découvre occupé à replanter la mangrove, dans l'espoir obstiné et peut-être vain de contenir la montée des eaux océanes, au moment où sa soeur rejoint une mission scientifique qui projette de déployer de gigantesques toiles blanches sur la banquise afin d'augmenter la réflexion du rayonnement solaire et ainsi ralentir la fonte préoccupante des glaciers.

Liouba et Talal, eux, étaient faits pour se rencontrer. Tous deux orphelins, tous deux reporters ayant côtoyé la mort, tous deux éternels nomades toujours en transit à la recherche d'un lieu d'ancrage entre deux reportages,

❝— Je [Talal] n'en reste pas moins fasciné par l'idée du lieu qu'on va chercher quand on s'en va. Qu'est-ce qui nous motive à partir ? On part toujours vers quelque chose. Un ailleurs qui sera peut-être meilleur, ou peut-être pire, que l'endroit qu'on a quitté. On se met en marche avec espoir. […]❞

Ces veilleurs témoignent à leur façon de ce qu'ils voient. Elle, journaliste indépendante, dessine et écrit dans ses carnets une nature en proie à des changements alarmants ; lui, reporter de guerre, fixe sur la pellicule les conflits et leurs conséquences sur les populations, qu'elles choisissent de rester ou de fuir.

❝À lui, l'immédiateté de la photographie numérique, la force du regard et les nuances objectives. À elle, la lenteur de l'écriture, les méandres des phrases et la transcription de la complexité.❞

Au travers de leurs regards semblables et complémentaires, Les Confluents raconte un monde, le nôtre, en grand péril, en train de changer pour le pire. En nous mettant dans les pas de Liouba et Talal avec pour destination les territoires les plus inhospitaliers et dangereux de notre planète ❝pour en traquer les failles, pour en saisir les conflits, pour en enregistrer l'écho et s'en faire les porte-voix❞, Anne-Lise Avril documente les activités des hommes qui menacent l'équilibre de notre environnement et les stratégies que d'autres hommes mettent en place pour contrer l'imminente désolation.

❝Ils creusent le sol de petits trous dans lesquels ils ajoutent des matières organiques en décomposition pour le fertiliser. Les débris attirent les termites. Ils s'installent dans les cavités et creusent des galeries souterraines qui permettront de conserver des réserves d'eau lors des épisodes orageux. La clé est de sélectionner au préalable des essences d'arbres adaptées, présentes à cet endroit il y a des millions d'années. Cela permet ainsi de reconstituer une forêt native. Si les oiseaux s'y installent et apportent avec eux de nouvelles graines, c'est gagné.❞

Elle témoigne aussi des guerres qui éclatent, leur lot terrible de morts et de réfugiés jetés sur les routes de l'exil.

❝— Tu t'attaches à ceux qui partent, et moi à ceux qui restent, observa Liouba. Dans les deux cas, c'est la force d'adaptation de l'être humain qui est en jeu.❞

Le ton ne se veut ni moralisateur ni accusateur. Anne-Lise Avril ne condamne pas ni ne délivre une leçon. Tout au plus se contente-t-elle de dresser un constat simple, rehaussé d'images fortes à valeur documentaire pour

❝Comprendre la difficulté des hommes à coexister, ce qui les pousse à quitter leur monde familier pour se réinventer, ou parfois seulement survivre, ailleurs. Comprendre comment le mouvement, la découverte de la nouveauté et la douleur de la perte les métamorphosent sans cesse. L'être humain a toujours été une espèce migratrice, mais ce mouvement s'accentue aujourd'hui au fil des changements climatiques, de la montée des eaux, des conflits croissants.❞

Au milieu de ces désastres, germe — laborieusement — l'histoire d'amour entre Liouba et Talal, ❝deux voyageurs. Voués à se comprendre. Voués à ne jamais se retrouver❞, dont les tergiversations, toutes résumées dans la citation qui précède, m'ont crispée. Linda Lê, récemment disparue, écrivait qu'il ne faut jamais aimer son double et c'est peut-être ce qui explique que ces deux-là s'engagent dans une relation convenue où jamais ne perce l'émotion,

❝Leur relation était ancrée dans les circonstances. Née tout entière de la désorientation de leurs exils permanents. Une forme de constante dans leurs dérives. Étaient-ils davantage qu'une fiction, inventée à la lisière des histoires qu'ils disaient sur le monde ? Une profondeur de plus, un supplément d'âme donné à leurs voyages, pour s'accrocher à quelque chose de stable, où qu'ils soient sur le globe, aux confluents de l'errance perpétuelle.❞

Émotion qui manque également à l'écriture d'Anne-Lise Avril, très maitrisée, toujours appliquée, alors qu'elle aurait gagné à être plus déliée pour que je m'y abandonne et me laisse porter par la lenteur mélancolique de son rythme quand il s'offre en contre-point à l'urgence de la situation. C'est d'autant plus dommage que les questions que l'autrice pose sur ces sujets dramatiques sont fondamentales à défaut d'être nouvelles, mais l'écriture, incapable de se défaire de l'apprêt qu'elle croit devoir s'imposer, se perd parfois dans des envolées mélodramatiques en voulant trop bien faire.

❝En proie à la violence du sentiment de deuil. Cendres de ces univers aimés et connus, désormais disparus. L'ère de l'exil sonnait le glas d'une humanité perdue.❞

Je regrette qu'elle m'ait tenue à distance de ce carnet de voyage que j'aurais aimé aimer parce que, comme de nombreux autres avant lui, il alerte avec une acuité méritoire sur des sujets qui révèlent l'équilibre fragile de notre place dans un monde ayant amorcé sa bascule.

❝We have the choice to use the gift of our life to make the world a better place — or not to bother.❞
Jane Goodall

Tout était là et je n'y étais pas.

Lu pour les #68premieresfois 2022
Lien : https://www.calliope-petrich..
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« Les confluents », saisit bien la violence de notre époque entre guerre et misère, avec en parallèle l'engagement héroïque et infatigable des défenseur.e.s de l'humanitaire et de l'environnement ; la dimension documentaire est précise et riche (la fabrication du savon à Alep...), les paysages sont magnifiquement décrits (l'Arctique, la Russie...) dans une écriture qui flirte souvent avec le lyrique au risque d'en devenir maniérée.

Il faut lire jusqu'aux dernières pages pour trouver de l'optimisme au milieu du chaos de ce monde qui se délite, et que prenne corps la relation des personnages principaux, jusque-là toute en croisements et en évitements : les confluents confluent enfin...

Lu dans le cadre des 68 premières fois, ce livre voyage auprès des lecteurs/lectrices engagé.e.s dans l'aventure.
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