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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Extraordinaire !

Je ne mets pas 5 étoiles parce que je ne suis pas hyper-fan du dessin, mais c'est pinailler. Notamment parce que tout le long passage sans textes ni dialogues est admirable.

Mais alors, le scénario ! Non seulement l'histoire est éblouissante, mais la construction la renforce encore.

Sinon, quoi dire après 161 autres Babel-critiques antérieures ?
Ah oui : pour les esthètes qui ne la connaissent pas encore, lisez d'abord El Buscon de Francisco de Quevedo (dont elle est la suite) afin de mieux la déguster ensuite.
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs, dont la première édition date de 2019. le scénario est d'Alain Ayrolles, les dessins et les couleurs de Juanjo Guarnido, avec l'aide d'Hermeline Janicot Texier pour les couleurs, Jena Bastide ayant réalisé la mise en couleurs des pages 75, 77 à 79, 81 à 84. L'ouvrage s'ouvre avec un court avant-propos d'un paragraphe évoquant El Buscon la Vie de l'Aventurier Don Pablos de Segovie (1626) de Francisco Gomez de Quevedo y Villegas (1580-1645), un des chefs d'oeuvre du roman picaresque.

Au seizième siècle, à la cour du roi d'Espagne, Pablos de Ségovie raconte son histoire : né gueux en Castille, il finit par décider de quitter l'Espagne pour gagner les Indes afin de connaître une vie meilleure. Il effectue la traversée vers l'Amérique du Sud sur un magnifique trois mats, en tant que membre d'équipage, tout en plumant les matelots aux cartes, en trichant. Mais l'un d'eux finit par comprendre la combine et Pablos est balancé par-dessus bord au large des côtes. Après une nuit difficile accroché à un bout de bois, il finit par échouer, épuisé, sur une plage. Quand il relève la tête, il constate qu'il est observé par une demi-douzaine d'africains. Au temps présent du récit, Pablos est allongé sur un chevalet de torture, en train d'être interrogé par l'alguazil de la place forte de Cuzco, assisté par l'intendant le seigneur Reyes. L'alguazil perd sa patience, mais Pablos insiste : il doit tout raconter dans l'ordre pour l'alguazil comprenne ce qu'il en est de l'Eldorado. Alors que Pablos perd conscience d'épuisement, Reyes fouille ses affaires et y trouve une tête réduite que l'alguazil identifie tout de suite : celle de don Diego, nom que Pablos pousse dans un cri soudain. Reyes lui conseille de raconter ce qu'il sait à l'alguazil. Pablos continue son histoire en reprenant au moment où il venait d'être intégré dans le petit village d'anciens esclaves africains, à qui il apprenait qu'une bulle papale interdisait de réduire les indiens en esclavage et que c'est la raison pour laquelle des africains avaient importés dans ce pays.

Un soir, alors que les anciens discutent de son sort, Pablos se met à mimer sa vie en Espagne devant les autres villageois : son père, sa mère, son petit frère, leur vie de gueux. L'alguazil recommence à s'impatienter, mais Pablos explique que tout est important pour comprendre comment il en est arrivé à l'Eldorado. Après quelques jours passés avec la tribu, Pablos a décidé de s'en aller en catimini, ne souhaitant pas être cantonné à une vie de villageois fermiers. En logeant la côte, il finit par tomber sur un campement d'espagnols, des ouvriers dans une exploitation de cannes à sucre. L'un d'eux lui temps une machette pour aller travailler aux champs. Pablos se souvient du conseil de son père : ne jamais travailler. Alors que les travailleurs l'accompagnent vers leur nouvelle tâche, Pablos demande au meneur où on peut trouver l'or des Indes. le cavalier lui répond que toute la Nouvelle-Espagne a été grattée jusqu'à l'os et que pour l'or il faut aller au Pérou. Ils arrivent en vue d'un village et Pablos voit pour la première fois des Indiens, avec leur peau cuivrée. Il voit aussi le sort que leur réserve la main d'oeuvre de la plantation, à ces indiens qui ne peuvent servir à rien.

Impressionnant de découvrir cette bande dessinée, d'un format un peu plus grand que d'habitude, avec une pagination plus importante (152 pages), et réalisée par le scénariste de de Cape et de Crocs (avec Jean-Luc Masbou), et le dessinateur de Blacksad (avec Juan Díaz Canales). D'autant plus que la couverture annonce qu'il s'agit d'une bande dessinée picaresque, le tome 2 d'El Buscón, jamais écrit par son auteur. Mais il est aussi possible de le lire comme une bande dessinée comme une autre, et même de se sentir un peu plus à l'aise en découvrant qu'Alain Ayrolles ne manque pas d'humour. L'ouvrage est composé de trois chapitres et il a intitulé, avec malice, le dernier : Qui traite de ce que verra celui qui lira les mots et regardera les images. de fait, cette bande dessinée se lit très facilement, avec de jolies cases, et une intrigue simple à lire. Les pérégrinations de Pablos de Ségovie sont hautes en couleurs, comme on peut s'y attendre dans un ouvrage se réclamant du genre picaresque, avec un personnage de rang social très bas qui ne rêve que de s'élever sans travailler, raconté sous la forme d'une biographie (Pablos racontant sa vie à d'autres personnages, la mimant parfois), réaliste, avec une discrète touche satirique.

Le lecteur n'a pas besoin de disposer de connaissances préalables sur la conquête du Mexique par les espagnols pour apprécier l'histoire, même si le scénariste incorpore des éléments authentique. La reconstitution histoire réalisée par Juanjo Guarnido est très impressionnante. le lecteur éprouve la sensation d'être un invité de marque à la cour du roi d'Espagne, de s'appuyer contre un montant du trois-mâts pour assister à la partie de cartes de Pablos avec les marins, de se trouver dans une cave de la forteresse de Cuzco pour écouter l'histoire de la vie de Pablos, de regarder le port de Callao depuis la mer, de descendre au fond d'un mine de mercure, etc. L'artiste réalise des dessins en détourant traditionnellement les personnages et les éléments de décor, puis en les habillant de couleurs à l'aquarelle, pour des planches très plaisantes à l'oeil, gorgées de lumière. le niveau de détails est épatant du début jusqu'à la fin, sans baisse de qualité, avec des décors représentés dans plus de 95% des cases, un travail descriptif de titan, de bout en bout. S'il souhaite prendre le temps pour savourer, le lecteur observe les différentes tenues vestimentaires, des officiels espagnols avec leurs armes aux simples indiens ruraux en passant par les mendiants, un prêtre, une matrone, le chef des rebelles péruviens… L'artiste sait donner des visages très expressifs à chaque personnage, parfois avec une touche d'exagération : la mine innocente de Grajalita qui explique que Pablos l'a forcée à tricher, l'alguazil excédé de la durée du récit de Pablos qui ne semble vouloir jamais aboutir à l'Eldorado, le visage souriant du prêtre Balthazar, le visage hostile de la tenancière de l'auberge La Mona de Gibraltar à Cuzco, etc. C'est un régal de côtoyer cette humanité si naturelle. C'est souvent irrésistible de comique, par exemple quand Pablos indique sa joie de revoir des figures de chrétiens, alors qu'en face lui il n'a que des individus à la mine patibulaire, et qu'il vient de quitter les africains réellement fraternels. Enfin, Juanjo Guarnido est passé maître dans l'art de tailler la barbe et la moustache aux personnages masculins, avec une variété inimaginable.

À plusieurs reprises, Pablos est amené à user de la pantomime pour distraire des individus plus ou moins amènes. La première fois se produit en page 21 et les dessins montrent à nouveau avec clarté et évidence à quel point Pablos se montre expressif et est compris par les africains, malgré la barrière de la langue et de la culture. le spectacle des paysages s'avère tout aussi enchanteur : la mer et son écume (page 15), la dense jungle et sa faune (page 24), une superbe vue du dessus d'une crique (page 26), les routes et les chemins de montagne, les cimes enneigées, les rues et les bâtiments de Cuzco ainsi que sa forteresse, etc. Cela culmine avec l'expédition qui finit par aboutir à Eldorado, une séquence muette de 12 pages (de p.66 à p.77). Cette bande dessinée est un splendide spectacle visuel du début jusqu'à la fin, avec des moments étonnants. le lecteur ne s'attend pas forcément à des combats avec massacre d'indiens (un passage difficile à regarder), ou à l'explosion d'un crapaud dans le cadre d'un jeu d'enfants cruel. Cette histoire est pleine de surprises visuelles découlant directement du moment ou du lieu. Alain Ayrolles met en scène un individu créé dans un roman et il évoque rapidement son passé, en particulier ce que sont devenus son père, sa mère et son petit frère. Sous des dehors parfois burlesques, il montre un individu issu d'une classe sociale inférieure, celle des gueux, et bien décidé à améliorer sa situation sociale. le lecteur se lie tout de suite d'amitié avec lui, du fait de ses talents de conteur, formidablement mis en scène par le scénariste. Il lui faut presque faire un effort conscient pour reconnaître que ce même gugusse n'hésite pas à prostituer une de ses compagnes, en page 35.

Au fil de ces tribulations, Pablos de Ségovie se retrouve à côtoyer bien des personnages, et dans des situations sociales diverses. Cela le conduit à faire des remarques en passant qui sont autant de commentaires sur l'état de la société. Mais que vaut la vie de celui qui ne sert à rien ? se demande-t-il. Un peu plus loin, il fait le constat que partout les gros mangent les petits, et veillent à ce que jamais ils ne puissent enfler jusqu'à leur taille. Il ne peut que constater la façon dont les indiens sont traités, malgré la bulle papale sensée leur assurer une protection. Il grimace et il frémit quand le père Balthazar a pour objectif de faire de Pablos un bon pauvre, c'est-à-dire un individu qui reste à sa place sans chercher à la remettre en cause, à questionner l'ordre établi. Il ne perd aucune illusion quand les nobles révèlent leur véritable motivation, leur façon de faire. Cette dimension sociale reste toujours à l'arrière-plan, le lecteur étant totalement captivé par les aventures de Pablos, par sa ressource, par les revers de fortune, par la soif de l'or et ce qu'elle fait faire aux individus. Il se rend bien compte qu'il semble parfois y a voir plus que ce que raconte Pablos, ou un ou deux points pas si clairs que ça. Tout sera expliqué à la fin du récit dont l'intrigue ne se limite pas à trouver l'Eldorado, loin de là.

Les Indes fourbes est un de ces albums dont le lecteur sait qu'il sera excellent avant même d'avoir commencé la première page. En fonction de sa disposition d'esprit, cela peut l'allécher ou au contraire le rebuter. Une fois qu'il a commencé l'histoire, il a bien du mal à s'arrêter. La narration visuelle est extraordinaire, sans aucune faiblesse, descriptive et lumineuse, un spectacle de chaque page sans pour autant jamais sacrifier la clarté de l'histoire. L'intrigue articule une succession de tribulations sur un fil directeur très simple, offrant une richesse impressionnante. À la rigueur, le lecteur peut regretter que les commentaires de Pablos de Ségovie ne soient pas plus mordants vis-à-vis des différents cercles de la société où il évolue. Mais il est vrai que cette critique très feutrée est en cohérence avec sa personnalité.
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Et bien, j'ai fini par la lire, cette BD dont tout le monde parlait en 2019. Et je me suis mis des claques ! Quelle stupide idée d'avoir attendu si longtemps ! Il faut dire que les opérations marketing calibrés ont sur moi l'effet inverse.
Je résumerai en un seul mot : magistral.
Un petit bémol d'abord. Monsieur Delcourt, c'est quoi cette idée de confectionner des BD qui ne rentrent pas dans ma bibliothèque ! Je n'ai pas les moyens de confectionner un meuble sur mesure ! L'objet est tout de même très beau, mais, bon, le prix est très beau lui aussi.
Pendant 160 pages, on suit les aventures pittoresques, truculentes, rocambolesques, de don Pablos de Ségovie dans l'Amérique espagnole du XVIe siècle, à la recherche non pas des cités d'or, mais de l'Eldorado.
Le scénario de Alain Ayroles (l'auteur du déjà très réussi de cape de et de crocs) est une réussite totale. On est fasciné par ces Indes occidentales et les ruines des civilisations Incas. On est baladé (le mot est faible) d'aventures en aventures, de rebondissements en surprises dont certaines sont vraiment, vraiment… En vérité, ce ne sont pas les Indes qui sont fourbes mais les auteurs.
La première partie de l'oeuvre est racontée sur le mode voix off. le héros, raconte ce qu'il lui est arrivé au seigneur Alguazil de Cuzco, qui espère que ce récit lui donnera la route de l'Eldorado.. On aime ou n'aime pas ce procédé, mais ici, ce n'est pas forcément dérangeant. Surtout grâce aux graphismes somptueux de Juanjo Guarnido qui réalise des planches de toutes beautés.
Une fois le premier tiers de l'histoire passé, on est dans un processus narratif classique avec des switchs en veux tu en voilà. C'est presque limite trop parfois. Mais on se dit ça le livre terminé, parce que tant qu'on est dans l'histoire, on jubile, on savoure.
Les dialogues sont soignés, riches et souvent très drôle, mais j'ai une faiblesse pour les planches muettes, une dizaine d'affilées, un peu avant la moitié de l'album dont il faut prendre le temps d'admirer les couleurs, les personnages, les paysages. On en aurait presque des frissons.
Ce qui est jouissif aussi c'est l'immoralité des personnages qui transpirent chez tous, (presque) sans exception et c'est cette immoralité qui jour le rôle d'ascenseur social. Et comme le contexte historique de l'époque est tout de même très bien rendu, on n'est pas loin de penser que ce devait bien être le cas à l'époque des conquistadors.
Chaudement recommandé à tout amateur de BD !
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« Les Indes fourbes » a été un des plus gros succès B.D de 2019. Il faut dire que le duo formé par le scénariste de « de cape et de crocs » et le dessinateur de « Black Sad » ça émoustille forcément l'amateur de B.D. Et à juste titre, le résultat est à la hauteur des attentes, énorme. « Les Indes fourbes » est une superbe réussite, tant visuelle que narrative.

Le travail de Guarnido est splendide. Les décors sont magnifiques et sont l'occasion pour l'illustrateur d'offrir des cases qui impriment durablement la rétine, aidé en cela par une colorisation au top. Les trognes des personnages sont irrésistibles, gouailleuses à souhait sans jamais tomber dans la caricature. le découpage et la mise en scène sont remarquables et sont en osmose parfaite avec le scénario du grand Ayroles qui atteint ici les sommets de son art.
Ayroles imagine une histoire à tiroirs, dense et ambitieuse. La narration très touffue, faite l'allers et retours, est remarquable. Si l'auteur s'amuse à brouiller les pistes, le récit ne semble jamais confus ni fouillis. L'histoire est captivante et le ton adopté pour la raconter est savoureux. C'est vif et enlevé, trépidant et truculent. Un vrai régal ! D'autant plus que chaque rebondissement m'a surprise et je pense que connaître le fin mot de l'histoire n'entachera pas le plaisir que j'aurai à relire cette formidable B.D.

« Les Indes fourbes » est une oeuvre absolument jouissive, qui procure un immense plaisir de lecture. On en ressort avec le sourire aux lèvres et la certitude d'y revenir un jour. Voilà un titre qui n'a pas volé son succès.

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Ce roman graphique est une réussite totale.

Pablos, gueux de Ségovie, il a toujours voulu partir dans « un pays où même un pauvre peut devenir un Grand d'Espagne »
Il veut sortir de sa condition tout en respectant les préceptes de son père : ne pas travailler, ne pas crever.
Voici donc les incroyables aventures de Pablos.
En quête de la fortune, dans les deux sens du terme : la chance et l'or, ce sans foi, ni loi, va mettre toute son intelligence, toute son énergie, sa patience, sa résistance à inventer, abuser, tricher, filouter, escroquer et trahir…
Cette relation est sa confession, une mise à plat de tous ses mensonges pour permettre au lecteur d'atteindre progressivement la vérité finale.
Et quelle vérité !
Le scénario est extrêmement efficace. Comme les larrons que Pablos va rouler dans la farine tout au long de son récit, Ayroles nous balade entre les deux rives de l'océan atlantique : de la Castille, à Cuzco, aux mines du Potosi et même à l'Eldorado. Il nous promène aussi au gré des mensonges, fausses vérités, aveux, demi mensonge de Pablos. Les rencontres et les dialogues entre la fripouille et les fonctionnaires espagnols, les Cimaronnes, les planteurs de canne, les mitayas, les évangélisateurs mettent en évidence son souci de vérité historique. Les clins d'oeil sont réjouissants : « Les Ménines » de Velasquez, à Don Quichotte et Sancho Panza…
Quant au dessin, j'ai adoré le talent de portraitiste de Guarnido. Il croque avec brio des trognes incroyables à l'expressivité stupéfiante. Il a lui aussi un grand souci du détail : le visage grêlé d'un indien qui a dû avoir la variole par exemple mais surtout ce sont ses arrière-plans fourmillant de détails, de situations cocasses qui m'ont séduit.
J'ai aimé suivre les aventures de cette canaille.

Je devrais remercier qui m'a aiguillé vers cette petite merveille mais malheureusement j'ai oublié de qui il s'agissait. J'espère qu'elle (il) se reconnaîtra.
Challenge Multi Défis 2021
Challenge Les jeux en Foli..ttérature V
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Déjà beaucoup de magnifiques chroniques pour cette magnifique BD ! Je ne saurais quoi dire de plus !
Quel talent que celui de ce duo d'auteur/illustrateur !
L'histoire de ce fieffé coquin, né gueux, en Castille, comme il le dit lui-même, et qui finira contre toute attente... disons un peu moins gueux, est truculente.
Alain Ayrolles et Juanjo Guarnido nous offrent une suite géniale au roman picaresque de Francisco de Quevedo "El Buscon La vie de l'aventurier Pablo de Ségovie" paru au 17ème siècle.
Je ne connais pas ce roman mais il y a fort à parier que cette suite aurait plu à l'auteur.
Dans cette BD géante, nous suivons les aventures de ce sympathique filou qui part d'Espagne pour l'Eldorado, avec son début de voyage tumultueux en mer, son passage facétieux sur l'île des Cimarrones, son arrivée trépidante en Amérique du Sud (les Indes de l'époque), sa quête pleine de rebondissements de l'Eldorado en passant par le superbe Pérou.
Les dialogues sont brillants et les illustrations m'ont remplie d'admiration. Quel travail aussi bien de l'auteur que de l'illustrateur ! Les planches, toutes en aquarelles, sont d'une richesse incroyable. Tout est minutieusement peint, les expressions des très nombreux personnages sont bien représentées, la luxuriance des vallées traversées et la beauté des paysages sont magnifiquement rendues.
Je me range à l'avis des nombreux lecteurs qui considèrent cet ouvrage comme un chef d'oeuvre ! Bravo les Artistes !
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À l'origine il y eut un roman picaresque écrit par Don Francisco Gómez de Quevedo y Villegas au 17e siècle, contant les aventures d'un vaurien : Don Pablos.
Alain Ayroles et Juanjo Guarnido nous proposent ici une suite, ajoutant aux mots des images.

Je n'ai pas lu le roman qui est à l'origine de cette bande-dessinée, mais cet objet qui a attiré mon oeil de part sa grande taille (25 x 34 cm) m'en a mis plein la vue.
J'étais en vitesse mini pour la lire puisque, éblouie par tant de détails et de couleurs, je ne pouvais m'empêcher de passer un certain temps à détailler chaque dessin.
Le scénario ne manque pas de surprises, mais suivre une aventure avec autant de plaisir visuel l'élève, à mon avis, encore plus.
Je ne suis pas prête d'oublier cette oeuvre.
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Quelle belle surprise ! J'ai emprunté le livre à la médiathèque juste parce que les dessins me plaisaient beaucoup, mais l'intrigue s'est révélée très prenante, riche en rebondissements et réjouissante.

Le héros, qui a plutôt tout d'un anti-héros, nous raconte son parcours depuis l'Espagne jusqu'au Nouveau-Monde où il cherche à faire fortune (et ce sans trop se fatiguer, si possible...). Il nous raconte ses aventures et mésaventures, et nous les re-raconte, apportant de nouveaux éclairages à son récit, dévoilant toute la ruse dont il est capable pour atteindre son Eldorado.

Mais la quête de Pablos est aussi l'occasion de dénoncer la colonisation : non seulement la société coloniale reproduit les inégalités et injustices de la société espagnole, mais en plus les Espagnols accaparent les richesses, imposent leur foi, exploitent les autochtones et les esclaves qu'ils importent, etc.

Et cette épopée incroyable est magnifiquement servie par les dessins à l'aquarelle de Juanjo Guarnido. J'ai tout particulièrement aimé me perdre dans la luxuriance de la jungle abritant l'Eldorado...
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En route pour l'aventure! Construit comme un roman picaresque, mais dessiné, Les Indes Fourbes nous amène sur les traces d'un misérable parti à la conquête de l'or et la postérité. le scénario est excellent, parfaitement construit dans ses tours et ses détours, même si je trouve la fin un peu facile, en tout cas moins subtile que le reste. Les illustrations sont parfaites aussi, bref c'est un très bel album qui mérite sa renommée.
J'ai adoré les petits clins d'oeil nous permettant d'attaquer les différents niveaux de lecture, ainsi que la boucle de la première à la dernière page avec cette entrée en trois dimensions dans le tableau de Vélasquez.
Une lecture bien agréable et qui fait voyager sans quitter le canapé!
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Il est des bd qui marquent car elles sont le fruit d'une association unique comme on en fait peu. Nous avons en effet le dessinateur de Blacksad avec le scénariste de la série bien aimée de Cape et de Crocs. J'avoue que le résultat est magnifique tant au niveau du scénario assez élaboré qu'au niveau du dessin qui est somptueux.

C'est une bd fort ambitieuse mais qui tient une bonne partie des promesses. Il y a un livre d'origine « La vie de l'Aventurier Don Pablos de Ségovie » qui se passait en Espagne alors que cette suite se passe sur le continent américain. le titre « Les Indes fourbes » est alors un peu trompeur mais c'est l'effet recherché.

On va plutôt partir à la recherche de l'Eldorado mythique avec une fripouille sympathique. C'est parfois assez amoral mais bon. A retenir le commandement : tu ne travailleras point.

Le dessin de Juanjo Guarnido est parfaitement maîtrisé. Il n'y a rien à jeter car tout est parfaitement maîtrisé. C'est du grand art. Nous avons là l'un des plus grands dessinateurs de la bd actuelle et il le prouve encore par cette nouvelle oeuvre. le travail de mise en aquarelle est également magnifique.

De l'aventure, de l'humour, de l'action, de la bassesse et de la grandeur humaine. Cet album est un concentré de bonheur sur un ton savoureux. C'est d'ailleurs un récit plein de vie et de surprises avec de bonnes trouvailles. Il est vrai que le final est assez étonnant.

Cet album est évidemment un indispensable à acquérir pour tout bédéphile qui se respecte. Nul doute qu'il fera date. En tout cas, c'est un immense plaisir de lecture.
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