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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Magnifique et perturbant ce roman choral met en scène, dans un pays subissant la charia, une veuve Bilqiss, poursuivie pour avoir transgressée la tradition religieuse, son juge Hassan et une journaliste Léandra, envoyée spéciale d'un média international.
Libre penseuse, Bilqiss revendique son acte et ambitionne mourir lapidée.
Femme « émancipée », la journaliste incarne la parfaite JAP (Princesse, Juive, Américaine) … totalement déconnectée de la réalité locale et de la culture orientale.
Magistrat soumis aux pouvoirs ambiants, Hassan interroge Bilqiss avec une écoute étonnante qui glisse progressivement vers une complicité séductrice.
Saphia Azzeddine se sert du tribunal et donne la parole à l'inculpée qui révèle une posture d'accusatrice menant un réquisitoire implacable contre l'obscurantisme. C'est brillant et éclairant.
Le dialogue avec la journaliste illustre le choc de civilisation qui sépare l'occident de l'orient et c'est fort instructif.
Mais, à mon regret, l'intrigue dérape dans le morbide quand la veuve confesse avoir assassiné son époux avec la complicité de mercenaires étatsuniens, et cet homicide brise l'admiration qu'elle suscitait et brouille le message véhiculé par la romancière. Dommage !
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Au coeur d'un village, dans un pays qui applique strictement la charia, Bilqiss, jeune veuve et orpheline, est condamnée à être lapidée en place publique parce qu'elle a osé faire l'appel à la prière. Ne souhaitant aucune aide extérieure, ni avocat pour la défendre, Bilqiss clame haut et fort sa liberté et se réapproprie son Dieu et sa religion.
L'arrivée d'une journalise américaine, Leandra, va permettre d'exprimer toutes les craintes, les reproches et les aprioris que chacun des deux peuples projette l'un sur l'autre.
Un roman fort que ce Bilqiss ! Intelligent aussi ! Pas de jugement, pas de préjugé, aucune stigmatisation... J'ai trouvé que ces deux portraits de femmes étaient complémentaires, chacune portant très haut les couleurs de leur liberté et parlant avec conviction de leur croyance...
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Saphia Azzedine est une romancière française au style alerte et qui n'a vraiment pas la langue dans sa poche. Dans chacun de ses romans, de Confidences à Allah à "la Mecque Puket", elle s'attache à des héros et souvent des héroines qui se débattent pour construire son identité sans renier ce que l'on a transmis

C'est le cas de Bilquiss, le nom de l'héroïne de son dernier roman sorti en poche chez J'ai lu en cette année 2016 et qui fait partie de mes lectures de vacances .

Dans un pays qui n'est jamais nommé mais fait immanquablement penser à l'Afghanistan, Bliquiss est condamnée à mort, accusée de blasphème pour avoir chanté l'appel à la prière du haut du minaret à la place du muezzin ivre mort. Un appel qu'elle a légèrement modifié au passage surtout que bien vite, d'autres chefs d'accusations viennent s'ajouter.

Le tort de Bliquiss? : celui de refuser de se soumettre aux normes rigides de sa patrie. Bliquiss c'est ce personnage de belle insoumise qui refuse les contradictions et les travers du fondamentalisme et l'obscurantisme.

Nous suivons donc son histoire petit à petit au travers de différents point de vue. J'ai particulièrement apprécié le faitnous interroger sur la condition de la femme dans les pays où la religion musulmane impose la charia, et nous faire réfléchir sur la résistance de ces filles qui ne veulent pas vivre sous le joug des mollahs qui imposent des règles totalement absurdes . Et, depuis sa cellule, nous apprenons tout de la vie de Bilqiss, de la condition de la femme musulmane et de la bêtise des fanatiques.

Un réquistoire intelligent, parfois un peu dérangeant aussi quand l'auteur nous interpelle sur la compassion à la limite du voyeurisme de la femme occidentale "libérée" en regard de la femme soumise à l'aberration de la folie islamiste. Comme souvent Azzedine arrive à mettre le lecteur face à ses propres contradictions, grace à des réparties cinglantes et souvent pleine d'acuité, même si parfois elle n'échappe pas toujours au discours un poil trop didactique et théorique

Cela étant, Bliquiss reste une indéniable réussite qu'on suit avec grand intêret tout du long de la lecture grâce à une belle construction narrative : alors que le récit aurait pu s'essouffler l'auteur prend l'intelligent parti pris de prolonger l'histoire à travers les yeux de trois personnages totalement opposés, notamment par le juge chargé d'instruire le procès et dont l'amour inavoué pour Bilquiss va le plonger dans un abime de doute face à ses convictions totalement ébranlées.,

Conte acerbe, drôle courageux et puissant contre l'intolérance, la bêtise humaine, qui nous invite à lire les saintes écritures dans leur sens originel loin des détournements et interprétations fantaisistes qui peuvent être parfois faites.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dès lors que l'on connaît le degré de liberté de parole de la femme dans les pays qui appliquent la charia, on apprécie la portée de pareil ouvrage. L'une des voix de ce roman est celle d'une femme promise à la lapidation. Peu importe les faits qui lui valent sa condamnation, ils ne peuvent qu'être fallacieux et le fruit d'un arbitraire misogyne.

Bilqiss est le nom de cette femme qui affronte ses tortionnaires avec mépris et courage. Les passes d'armes verbales qui émaillent les débats de son procès, dont le verdict est connu par avance, sont particulièrement éloquentes. Elles révèlent l'exécration qui anime l'accusée à l'égard de ces escrocs machistes qui détournent les textes religieux à des fins d'appropriation du pouvoir. Leur pauvre entendement ne leur aurait jamais permis d'y accéder. Ils ont oublié par ailleurs qu'en toute chose, y compris et surtout en amour, il n'est d'accomplissement que dans le partage.

Bilqiss a décidé de se défendre elle-même. Dans sa plaidoirie désespérée mais combative, elle nous convainc, s'il en était encore besoin, que l'invocation de la volonté divine pour légitimer la moindre décision, le moindre acte, est le palliatif à la pénurie d'arguments raisonnables. La volonté divine est le raccourci simplificateur qui justifie l'injustifiable dans la vie des hommes. Cela vaut pour imposer un roi. Cela vaut pour imposer la suprématie de l'homme sur la femme.

Une autre voix de cet ouvrage est celle de Leandra, une journaliste américaine. Elle a pris fait et cause pour Bilqiss au point de venir la soutenir, si ce n'est la défendre, en son pays. Leurs échanges dans l'intimité de la cellule donnent à l'auteure, Saphia Azzeddine, l'occasion de fustiger les travers de l'une et l'autre civilisations, lesquelles au bout du compte on n'enfantent d'aucun bon modèle de société.

Je ne connaissais pas l'auteur, ni avais entendu d'échos de cet ouvrage. Son thème développé dès les premières lignes de la quatrième de couverture me rebutait un peu. En refermant Bilqiss, je me félicite de cette découverte et remercie ma libraire de m'avoir incité à choisir cet ouvrage très court.

Le discours et le point de vue de Bilqiss sont ceux que l'on veut entendre. Y compris quand il faut mettre la civilisation occidentale face à ses carences et perversions. le dénouement est surprenant. le verbe est tonique. C'est le coup de fouet qu'il faut à nos consciences endormies par le confort. Il fait du bien celui-là.
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J'avais emprunté par hasard ce livre datant de 2015 il y a plusieurs semaines, et il se trouve que je l'ai lu au moment où son sujet revenait cruellement dans l'actualité : il n'en a été que plus poignant.

Il s'agit ici de mettre en lumière les agissements des Talibans en Afghanistan, et plus particulièrement leur traitement des femmes, qui s'avère abject. On assiste ainsi au procès de Bilqiss, héroïne tragique qui répond audacieusement à ses accusateurs pour les mettre face à leurs absurdités soit disant basées sur la religion.

Sont aussi abordés le rapport parfois malsain des Occidentaux aux drames qui agitent les pays lointains, ainsi que le sort et le rôle des soldats américains en Afghanistan.

Un rappel nécessaire, mais qui reste sous la forme d'un conte, d'une fable, avec des archétypes qui ont parfois du mal à être crédibles.
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Bilqiss, le prénom d'une femme qui se voit menacée de lapidation.

Pourquoi ? Officiellement, elle a osé monter au sommet du minaret et y déclamer une prière remaniée à sa façon. Honte, horreur, blasphème lapidons cette femme impure. Et, depuis sa cellule, nous apprenons tout de la vie de Bilqiss, de la condition de la femme musulmane et de la bêtise des fanatiques.

Accusées de tous les maux, dont celui d'avoir dans son réfrigérateur des aubergines non coupées, signe phallique qui ne fait que confirmer que l'accusée était femme de peu de foi. Elle tiendra tête, grâce à sa verve acide, à ces hommes qui considèrent les femmes comme des êtres inférieurs.

On voudrait la plaindre, l'aider, militer pour elle et pourtant, elle exècre les biens pensants. D'ailleurs, elle confesse à une journaliste américaine, venue dans l'espoir de montrer à la face du monde les atrocités faites aux femmes, que l'unanimisme émotionnel est ce que le micro-onde est à la gastronomie, facile et nuisible.

Ce roman, bien écrit, répertorie un florilège de phrases assassines, montrant l'esprit et la détermination de l'héroïne. C'est un des rares récits sur ce sujet qui dépeint les femmes comme étant réfractaires à la pitié.

Pourquoi vouloir les aider ? Les considère-t-on comme incapables de gérer leur existence ? Que connaissons-nous de leurs besoins, nous occidentales qui retourneront à notre vie facile après avoir fait le show et s'être senties utiles en soutenant ou militant pour une cause qui nous dépasse?

Pire, pourquoi nous battons-nous pour défendre une femme aux prises avec la « justice » sans même avoir pensé qu'elle pourrait avoir commis un acte répressible ?

Pour ces femmes, l'homme et la religion sont la source du problème. L'homme, car il est incapable de regarder l'une d'entre elles sans voir dans ses formes un appel au sexe ou de croiser un regard féminin sans y lire une invitation au plaisir charnel. L'homme qui glorifie sa mère de l'avoir fait naître, mais qui la hait d'avoir eu une relation sexuelle. Puis il y a, la religion, qui, une fois interprétée et transmise par des illettrés sert d'excuse aux cruautés commises contre elle.

Un roman qui fait réfléchir à ce qui se passe là-bas, certes, mais surtout à notre comportement de chevalier bienfaisant occidental en quête de bonnes actions.

Lien : http://que-lire.over-blog.co..
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Mariée à treize ans, veuve depuis, Bilqiss est une jeune femme indépendante, déterminée, libre penseuse.
A son procès, elle refuse d'avoir un avocat et se défend elle-même avec véhémence.
Elle est accusée par les extrémistes de divers manquements à la charia.
La lapidation l'attend.
C'est une histoire très prenante.
Racontée soit par Bilqiss, soit par le juge, soit par une journaliste américaine.
De l'émotion tout le long, mais sans apitoiement.
Une très belle écriture, élégante, intelligente.
Le ton est juste, quel que soit le narrateur.
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Bilqiss, un roman choral qui dormait bien au chaud dans ma PAL, que je ne regrette pas d'avoir lu.

Bilqiss est une insoumise qui vit dans un pays musulman, ou par définition une femme se doit d'être docile. On assiste à son procès, qui doit tout « naturellement » la condamner à la lapidation.

On entendant plusieurs personnages s'exprimer, Bilqiss, le juge, la journaliste américaine, chacun avec ses propres chapitres.

Je découvrais la plume de Saphia Azzedine et j'ai été totalement happée, elle écrit juste, elle écrit fort, elle écrit Vrai.

C'est un roman court mais puissant, qui ne peut que nous bouleverser tant il est effrayant. L'injustice, l'impuissance, m'ont toujours effrayée …
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Bilquiss raconte son procès qui va certainement la conduire à la lapidation, pour avoir appelé à la prière, en haut du minaret du village en lieu et place du Muezzin empêché par un excès de boisson !
Splendide roman qui croise à l'intérieur d'une société orientale villageoise traditionnelle les rapports hommes-femmes bien sûr, mais tout autant les rapports orient-occident, chrétiens-musulmans, riches et pauvres, bêtise et intelligence.
Un roman dont sortent victorieuses la culture, l'école et l'éducation sous toute ses formes.
C'est un livre puissant et percutant qui dresse un portrait de femme héroïque et déterminée. Elle ne renie en aucun cas sa foi mais pointe surtout l'interprétation que beaucoup font de l'Islam pour justifier leur pouvoir et leur besoin de soumettre les femmes.
Une belle écriture, des phrases assassines et une fin assez inattendue. Un excellent roman à lire.
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Dans un pays sous le joug d'un islam fondamentaliste, Bilqiss est jugée et condamnée d'avance à la lapidation pour avoir osé faire l'appel à la prière à la place du muezzin ;
Sorte d'Antigone des temps modernes, elle tient tête au juge qui lui promet la vie sauve si elle demande pardon. Elle refuse ; A ses yeux elle n'est coupable de rien. Elle sait qu'elle va mourir mais ce monde -là , hypocrite, elle n'en veut plus. Ce jugement est l'opportunité pour elle de s'exprimer librement enfin , de se réapproprier sa religion dévoyée par des fanatiques qui détestent les femmes et interprêtent le coran à leur guise pour faire régner la terreur.
L'affaire pourrait être vite rêglée mais le juge est troublé par ses propos, fasciné par sa détermination , et son charisme et renvoit chaque jour à une nouvelle audience.
Des video du procès circulent bientôt sur le web et Leandra, une journaliste américaine ayant trouvé là , sa nouvelle croisade humanitaire , débarque sur les lieux ;

Saphia Azzedine navigue avec habileté en terrain miné entre discours et combat féministe contre les intégristes et sexistes de tout poil et défense de l'Islam , religion de sagesse et de tolérance à laquelle elle est attachée ; son héroïne est victime d'islamistes fondamentalistes mais pas question de laisser les détracteurs de l'Islam se frotter les mains et s'engouffrer dans cette brèche(vous savez , ceux qui ne se sentent l'âme féministe que quand l'oppresseur/agresseur est musulman ).
A travers le personnage de la journaliste , les occidentaux et leur compassion condescendante en prennent bien pour leur grade et certaines tirades sont assez jubilatoires .
Bref , un livre qui vaut le détour , dont je conseille la lecture.
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