Bilqiss, le prénom d'une femme qui se voit menacée de lapidation.
Pourquoi ? Officiellement, elle a osé monter au sommet du minaret et y déclamer une prière remaniée à sa façon. Honte, horreur, blasphème lapidons cette femme impure. Et, depuis sa cellule, nous apprenons tout de la vie de
Bilqiss, de la condition de la femme musulmane et de la bêtise des fanatiques.
Accusées de tous les maux, dont celui d'avoir dans son réfrigérateur des aubergines non coupées, signe phallique qui ne fait que confirmer que l'accusée était femme de peu de foi. Elle tiendra tête, grâce à sa verve acide, à ces hommes qui considèrent les femmes comme des êtres inférieurs.
On voudrait la plaindre, l'aider, militer pour elle et pourtant, elle exècre les biens pensants. D'ailleurs, elle confesse à une journaliste américaine, venue dans l'espoir de montrer à la face du monde les atrocités faites aux femmes, que l'unanimisme émotionnel est ce que le micro-onde est à la gastronomie, facile et nuisible.
Ce roman, bien écrit, répertorie un florilège de phrases assassines, montrant l'esprit et la détermination de l'héroïne. C'est un des rares récits sur ce sujet qui dépeint les femmes comme étant réfractaires à la pitié.
Pourquoi vouloir les aider ? Les considère-t-on comme incapables de gérer leur existence ? Que connaissons-nous de leurs besoins, nous occidentales qui retourneront à notre vie facile après avoir fait le show et s'être senties utiles en soutenant ou militant pour une cause qui nous dépasse?
Pire, pourquoi nous battons-nous pour défendre une femme aux prises avec la « justice » sans même avoir pensé qu'elle pourrait avoir commis un acte répressible ?
Pour ces femmes, l'homme et la religion sont la source du problème. L'homme, car il est incapable de regarder l'une d'entre elles sans voir dans ses formes un appel au sexe ou de croiser un regard féminin sans y lire une invitation au plaisir charnel. L'homme qui glorifie sa mère de l'avoir fait naître, mais qui la hait d'avoir eu une relation sexuelle. Puis il y a, la religion, qui, une fois interprétée et transmise par des illettrés sert d'excuse aux cruautés commises contre elle.
Un roman qui fait réfléchir à ce qui se passe là-bas, certes, mais surtout à notre comportement de chevalier bienfaisant occidental en quête de bonnes actions.
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