Dans
Mon père est femme de ménage, Paul, 14 ans, nous raconte sa vie. Il vit avec sa famille dans une cité de banlieue. Sa mère handicapée et plutôt absente, sa soeur rêve d'être noire et miss, son père est affectueux mais femme de ménage.
Sa vie s'organise autour du collège (pas terrible), de quelques copains, de Priscilla (qui vient des beaux quartiers) et des heures de ménage qu'il fait pour accompagner son père.
A travers cette vie et ses déboires, Paul se cherche et s'interroge, de la taille de son sexe à l'envie d'appartenir à une communauté religieuse.
Pour cela, il peut s'appuyer sur son envie d'apprendre “les mots qui font peur” et sur son père, souvent « à quatre pattes » mais toujours présent.
Saphia Azzeddine prend des risques en se glissant dans la peau d'un ado de 14 ans.
Pour la barrière de l'âge, elle a certainement eu le même d'esprit à cet période de sa vie. Elle fait ainsi dire à Paul : « C'est plus fort que moi, quand je me trouve moche, je deviens méchant et je dis la vérité » (page 56) et la portée de ces mots est universelle.
Elle se tire également bien du côté masculin du personnage, en faisant de Paul un personnage attachant et réaliste. Elle n'en fait pas un obsédé sexuel permanent, même si ses fantasmes sont très forts et décrits avec une certaine crudité. Elle ne fait pas non plus de lui un intellectuel asocial ou un adolescent déconnecté du monde actuel et éloigné des comportements des jeunes d'aujourd'hui.
Il faut dire
Saphia Azzeddine a un style intéressant, qui sert bien son propos. Les phrases sont en général courtes et sèches. Beaucoup ne contiennent d'ailleurs qu'un ou deux mots, pour appuyer l'expression précédents. Quant aux dialogues, ils sont nombreux et écrits dans le style parlé. le résultat convient bien à son récit, lui donnant un rythme rapide et vivant.
Elle donne également à ses personnages des belles réparties. Les moments durs succèdent aux moments de tendresse, entrecoupés avec des passages très drôles. Comment résister à ce dialogue surréaliste où , pour cacher ce qu'il pense réellement de son père, Paul lui avoue avoir « un petit zizi » (page 62). C'est avec une phrase toute simple (« Ta queue elle est très bien mon fils » page 64) que son paternel rassurera de manière simple mais efficace son fils.
Mais attention, il n'y a pas que des passages comme ceux-là.
Saphia Azzeddine offre une vision d'une société contenant un peu de violence et beaucoup de préjugés. Elle est pourtant loin des clichés qu'offrent en général les récits se déroulant en banlieue.
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