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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La plupart des nouvelles de ce recueil sont particulièrement réussies et ne se laissent pas facilement oublier.
Les "futurs brisés" qu'ils nous présentent sont vraiment impressionnants : une société où les enfants sont transformés selon les caprices de leurs propriétaires, une terre dévastée que des humains génétiquement modifiés continuent à exploiter, une civilisation humaine du futur dont les membres ne comprennent plus la technologie et qui s'apprête à sombrer...
La découverte de ces "espaces inhabitables" se fait progressivement, à travers le point de vue des personnages, ce qui évite de ralentir l'action.
Les personnages sont attachants, victimes de ces univers impitoyables : on partage leur détresse, on comprend leur crime, on déplore leur inconscience...
Enfin, Bacigalupi maîtrise admirablement l'art de la nouvelle : unité d'action, rythme soutenu, chute dramatique qui laisse le lecteur effaré et admiratif.
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Fresque post-moderne qui brise dans une poésie tantôt tragique tantôt macabre nos fantasmes de perpétualité.
Une mise en garde contre ce dogme technologique qui plutôt que de corriger nos erreurs les compense et permet la continuité de nos errances en offrant simplement la solution du pire.
Le tout-progrès comme linceul posé sur notre déraison...

J'ai énormément apprécié cette lecture.

A noter que la 7ème nouvelle, Groupe d'Intervention a été adaptée dans la saison 2 de Death + Robots.

Il pose aussi dans ce recueil les bases pour son roman La Fille Automate paru en 2009.
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Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce recueil de nouvelles SF est un choc. C'est le premier livre que je lis de Paolo Bacigalupi et c'est un coup de maître ! L'auteur tient sa promesse d'imaginer une multitude de futurs pour le moins dérangeants. La nouvelle qui donne son nom au recueil n'est pas tout à fait de la SF orthodoxe, mais c'est un chef d'oeuvre de maîtrise, d'imagination et de cruauté. C'est une vision démente d'un esclavage futuriste. Mais ce sont les autres nouvelles qui m'ont surpris – je en savais pas du tout à quoi m'attendre – et j'ai adoré. C'est une SF moderne qui extrapole sur le fin du pétrole ou le contrôle des semences, toujours au travers des yeux de personnages communs (au lieu de grand discours). J'ai aussi apprécié que les histoires ne soient pas américano-centrées. Dernier point : Bacigalupi se concentre sur les conséquences humaines et sociales (parfois de manière très dérangeante) sans verser dans le noir absolu. Il équilibre ses récits en bon connaisseur de l'histoire humaine.
Je recommande. C'est un très grand livre qui m'a fait le même effet que quand j'ai lu Gravé sur Chrome de William Gibson dans les années 80.
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Délicat et terrible

Ce recueil est avant tout baigné d'une atmosphère sombre, réaliste ou pessimiste, le lecteur jugera, mais terriblement en adéquation avec ce que la nature humaine a de plus détestable. Ce sont des sujets de société que Bacigalupi dépeint là, en les projetant à peine dans l'avenir, sans aucun discours alarmiste, mais avec l'élégance d'un constat sans jugement. On devine un esprit torturé derrière cette plume d'une pertinence rare, et ces textes font à mon avis largement office de catharsis.
Les amateurs de belle littérature apprécieront le style recherché de l'auteur, sans toutefois tomber dans des formules alambiquées. Il y a du vocabulaire, du rythme, une puissance descriptive indispensable au genre visité et une ambiance qui vous embarque dès les premières lignes de chaque nouvelle. La traduction française est soignée et imprégnée de ces mêmes exigences.

Les thèmes abordés sont tellement puissants et concernants (oui oui) qu'ils occultent bien souvent l'efficacité de la narration ou le plaisir d'immersion, une fois le bouquin refermé. Pourtant, ces qualités sont vraiment présentes. Bacigalupi est largement au niveau des grands classiques de la SF “critique”.

Pour la plupart de ces nouvelles, nous évoluons dans un sous-genre cyberpunk, avec modification corporelles, robotique, cybernétique, génétique aussi, et tout l'toutim. L'intelligence de l'auteur réside dans la corrélation entre corps et esprit, comment les évolutions de l'un peuvent influer sur les réactions de l'autre. Les systèmes de pensée de ses personnages sont simplement brillants, perspicaces jusque dans les mécanismes inconscients qui les anime. La normalité prend alors des chemins subtils, tantôt grotesques, tantôt malsains, et l'on se surprend à accepter certaines situations comme établies parce que l'empathie nous pousse à comprendre les personnages et la société qui leur est imposée. C'est donc avec brio que Bacigalupi nous immerge dans ses fragments de futurs brisés… sont-ce les fragments, qui sont brisés, ou le futur ?
Il aborde aussi la culture, dans ce qu'elle a de plus humain, et amène à voir comment les individus la façonnent, la conservent, l'oublient, l'anticipent, parfois, ou même l'effacent. du rapport à la terre à celui que l'on entretient avec la vie, la mort, la procréation, la continuité, la filiation, la survie, les artifices, le poids des loisirs, et bien sûr, sujet phare dans cette profusion de bonnes idées, ce soupçon incompressible de relativité, d'équilibre entre réalité et fantasme, expérience vécue et substituts amers.

Je tire mon chapeau à cet auteur, dont on retiendra plus facilement (et malheureusement) les thèmes que les qualités littéraires. Voilà d'excellents moments de lecture, de vraies belles réflexions portées par des décors et des situations on ne peut plus crédibles. A savourer, à mon avis, pour mieux les apprécier, une nouvelle de-ci de-là, et pas toutes d'un bloc.
Lien : https://editionslintemporel...
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Les thèmes qui transparaissent habituellement chez Bacigalupi sont principalement sociétaux et environnementaux. La fille-flûte n'y déroge pas et l'immersion y est d'autant plus aisée que l'urgence environnementale n'a jamais été aussi prégnante (enfin, pas encore pour tout le monde visiblement…).

J'ai aimé l'approche de l'auteur sur ces sujets, il s'est inspiré de prémisses actuelles. On découvre ainsi, dans L'homme des calories, la main mise des sociétés commerciales sur les semences dans le monde et tout ce qu'on peut imaginer comme conséquences sur les paysans: utilisation exclusive de semences brevetées, expropriations, misères généralisées pour quiconque n'a pas les moyens d'acheter les graines modifiées… (parce qu'évidemment, il n'y a plus aucune graine “libre de droits”) Si vous pensez que c'est de la pure science – fiction je vous renvoie volontiers à ce qui se passe actuellement avec le coton en Inde.

L'auteur revient aussi souvent sur le problème de l'eau, sans doute une des plus grosses menaces à venir. On découvre des fleuves purement et simplement déviés et cruellement appropriés par les grandes villes dans le chasseur de Tamaris ou encore l'océan totalement souillé par les hydrocarbures et autres joyeusetés dont l'Humanité peut être fière, dans Peuple de sable et de poussière.
Une morale amorale

Il évoque également une moralité humaine à géométrie variable, inféodée à un capitalisme effréné en phase terminale: triomphe de quelques-uns au détriment du plus grand nombre sans espoir de changement. Ainsi, dans La fille-flûte, qui a donné son titre au recueil en français, on est témoin de transformations génétiques sans précédents où les corps ne sont plus considérés que comme des objets à valeur marchande que l'on tente d'embellir avec moult opérations, toutes plus douloureuses les unes que les autres pour ceux qui les subissent, afin d'espérer en dégager un revenu suffisant pour maintenir sa jeunesse (grâce à un onéreux traitement) et son pouvoir néo-féodal.

Et que dire de la nouvelle le groupe d'intervention où la société (son “élite”) du futur a, après avoir développé un traitement pouvant faire vivre jusqu'à 150 ans en bonne santé, simplement décidé l'élimination pure et simple des enfants (illégaux par nature!) afin de limiter la surpopulation…Car on le voit bien, cette course éperdue et actuelle vers l'éternelle jeunesse de nos sociétés, sous couvert de bonnes intentions, peut naturellement amener à des dérives, allant jusqu'à justifier le meurtre d'enfants pour assurer une longue et paisible vie, sans partage, aux quelques-uns déjà en place. D'ailleurs, c'est la nouvelle que j'ai à la fois préféré et celle qui m'a le plus déstabilisé, âmes sensibles s'abstenir!

Toutes les nouvelles ont en commun une évolution négative du progrès. J'ai trouvé que cette notion était, dans le Pasho, particulièrement bien évoquée. Cette nouvelle montre les dualités que le savoir draine par essence: À quoi sert-il? Acceptation ou repli? Pour la guerre ou pour le développement? Transmission ou restriction?, etc.

Un mot sur la plume de l'auteur: excellente. Les nouvelles sont bien amenées par le biais de personnages qui sont le plus souvent démunis face à leur réalité et qui tentent de survivre avec dignité. Je ne me suis pas particulièrement ennuyé sur aucune des nouvelles. Certes, certaines vous toucheront sans doute plus que d'autres, mais le niveau global est quand même vraiment bon. Il n'y a rien à jeter!
Lien : https://espaceduntemps.fr
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Des histoires d'une profondeur rare, pas toutes facile d'accès au départ, mais qui deviennent rapidement immersives. Entre 20 et 60 pages de pur contentement livresque. Ce recueil date de 2008, avant que l'auteur ne soit adoubé par la presse. L'occasion de découvrir un écrivain majeur et de le lire pour le suivre dans des voyages d'une qualité remarquable, éblouissants de bout en bout.
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