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EAN : 9782846265041
395 pages
Au Diable Vauvert (19/04/2013)
3.79/5   158 notes
Résumé :
Fin du XXIe siècle, il n’y a plus de pétrole, la mondialisation est un vieux souvenir et la plupart des États-Unis un pays du tiers-monde. Dans un bidonville côtier de Louisiane, Nailer, un jeune ferrailleur, dépouille avec d’autres enfants et adolescents les carcasses de vieux pétroliers. Le précieux cuivre récupéré dans les câblages électriques au péril de leur vie leur permettent à peine de se nourrir. Un jour, après une tempête dévastatrice, Nailer découvre un b... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (55) Voir plus Ajouter une critique
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C'est parait-il un roman d'anticipation. Ah bon ?
Il me semble pourtant que ce monde de cauchemar est à nos portes, et même qu'il existe déjà dans certaines régions du monde.
Les tempêtes (les « tueuses de villes ») dévastant tout sur leur passage, la montée des eaux, la fonte des glaces, la disparition des ours polaires, ça ne vous dit rien ?
Les riches profitant des pauvres, ceux-ci vivant dans des bidonvilles, accomplissant des boulots répugnants, dangereux, pour enrichir encore plus les grandes entreprises... vous ne réagissez pas encore ?
Les ventes d'organes, l'argent à tout prix, la violence....toujours pas ?
« Ferrailleurs des mers », c'est tout ça à la fois. La solidarité et la loyauté en plus. Enfin, ça dépend pour qui. Car il y a des traitres, aussi, comme aujourd'hui. Et des brutes.
Il y a des familles, également, mais pas toutes calquées sur le modèle amour toujours.

Nous sommes dans le golfe du Mexique, pas très loin de la Nouvelle Orléans, engloutie, évidemment. Les pauvres s'abrutissent, se bousillent la santé à récolter du métal, du cuivre, du fer dans les tripes des anciens pétroliers échoués, lamentables, pleins de rouille et de rats. du sang, de la sueur, de la peur, tout ça pour revendre leur butin afin de vivre, encore un peu. Et quand l'un d'eux tombe sur une poche de métaux ou de pétrole, c'est « Lucky Strike ». Car la Chance est un dieu. le Destin également. Ils ne croient plus qu'à ça.
Nailer aussi. C'est un ado qui ne sait même pas son âge, mais il en veut, il y croit, il se bat, même avec un père plus que mauvais, alcoolique, drogué, tueur dans l'âme. Il croit encore en la solidarité qui peut souder une équipe de travail, mais il risque d'être déçu, le pauvre.
Alors, quand une énième tempête dépose sur les flancs du rivage le plus éloigné les restes d'un « clipper » flamboyant protégeant une jeune fille belle comme une fée, il y croit encore plus. Et c'est parti pour une aventure le menant, lui et quelques-uns, aux restes de la Nouvelle-Orléans et sur la mer.

Aventures dans un monde où personne ne se fait de cadeau, rapports sans concessions, combats, cupidité, violence, mais aussi courage, espoir, amour même : ce roman d'anticipation nous brosse un portrait peu flatteur de notre avenir, mais distille un zeste d'humanité, jette un embryon d'avenir où l'amour n'est peut-être pas totalement absent. C'est un roman que les ados apprécieront, je suppose. Moi, je l'ai lu sans déplaisir.

Alors, espoir d'un monde meilleur ? Peut-être, oui. Mais à quel prix !
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Un super roman. Jeunesse ou pas, je me suis régalée. Une bouffée d'embruns incroyable, j'ai vogué sur un clipper, et c'était chouette. Un roman qui parle de notre planète dans un futur ...ben non pas dans le futur. Suffit de regarder comment se traite une épave d'un tanker au Bangladesh et ça donne une idée de ce qui se passe. Sauf qu'ici c'est sur les côtes américaines, enfin ce qu'il en reste. A force de jouer avec la terre, elle nous déteste et je la comprends. Et d'un coup, quand la misère se rapproche on se sent concerné. Dingue quand même de croire que ça n'existe pas si on ne le voit pas, on se dit que c'est un mauvais rêve. Mais dans le roman, c'est pas le pays des rêves. Ça existe et c'est pour de vrai. Alors les gosses triment dur pour rester en vie, même s'il la perde plus tôt, plus vite... Les personnages sont très bien croqués, on y croit. Les méchants sont méchants et les gentils doutent même de leur gentillesse. Normal, c'est leur peau qui est en jeu. La donne n'est pas la même.
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N'étant pas un fana de Fantasy et des cycles interminables qui font le bonheur des ados, des ex-ados et disons-le des éditeurs, j'étais impatient de découvrir Paolo Bacigalupi, nouvelle gloire de la SF américaine plus traditionnelle, très remarqué avec "la fille automate", bardée de prix littéraires. Si l'ouvrage trône bien dans la bibli, il m'a semblé trop volumineux pour mon petit courage du moment…Donc, me voilà lancé dans "Ferrailleurs des mers".

Verdict : bonne pioche ! Certes, il faut se faire assez vite à l'idée qu'on est là davantage sur un roman d'aventures, essentiellement maritimes, se passant à la fin de notre siècle, que sur un pur roman de SF. Cependant, l'auteur nous donne une vision, même un peu superficielle, de ce à quoi pourrait ressembler notre monde, état de l'environnement, organisation sociale et technologies nouvelles, dans ce futur très plausible de l'après pétrole et d'après ravages du réchauffement climatique.

L'histoire se déroule près de la Nouvelle-Orléans et du Golfe du Mexique. Au cours des dernières décennies, la fréquence et la puissance des ouragans se sont multipliées, devenant de véritables « tueurs de villes ». de nombreux navires se sont échoués sur les côtes dévastées, faisant le maigre bonheur d'équipes de ferrailleurs, essentiellement des ados, qui gagnent ainsi tant bien que mal leur pitance en récupérant des morceaux et câbles de cuivre pour le profit d'impitoyables chefs, adultes au service de cupides Compagnies.

Nailer est l'un d'eux. Après une violente tempête, entouré de son équipière préférée Pima, il va trouver échoué sur la plage un de ces nouveaux et immenses voiliers modernes et non polluants appelés clippers, capables de voler littéralement sur l'eau. A son bord, une jeune survivante, qu'il appellera Lucky Girl, alias Nita, fort jolie et riche, s'avérant fille du patron d'une de ces Compagnies.
Dès lors, leur sort est scellé. S'ils ne sont pas du même milieu social, Nailer et la rupine vont partir à l'aventure pour échapper aux griffes de leurs ennemis : Nailer fuit son père ivrogne, drogué et violent, qui veut sa peau, et Nita est une monnaie d'échange de choix s'ils l'attrapent pour les comploteurs internes à la Compagnie de son père, qui veulent le faire chuter. Les deux jeunes héros que tout oppose vont s'apprivoiser peu à peu...

Beaucoup d'action, de rebondissements, de suspense, et une très forte orientation sur l'océan, la mer. Par moment, on se croirait dans une histoire de pirates, les personnages sont typés, c'est plaisant, on n'est jamais sûr de la loyauté des uns envers les autres…On regrettera peut-être un manque d'approfondissement sur le milieu physique dans lequel évoluent les personnages, mais l'auteur a voulu privilégier ses personnages, ses héros, probablement pour mieux séduire sa cible du jeune public, puisque babelio a dû, au vu des critiques publiées ici, le qualifier de littérature jeunesse.

Ce n'est donc pas de la SF « hard science », dont le but premier serait de décrire notre Terre future par exemple, mais on passe un excellent moment de détente, qui donne envie de lire, dans la même veine de cet auteur prometteur, "les cités englouties"…en attendant "la fille automate" !
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« Ferrailleur des mers » est le deuxième roman de Paolo Bacigalupi que je lis. Comme le premier, « La fille automate », c'est un roman d'anticipation qui évoque l'épuisement des énergies fossiles, le problème des réfugiés « climatiques », la pollution chimique et les biotechnologies. C'est une oeuvre jeunesse, mélange d'aventures et de science-fiction, avec un langage bien plus abordable et plus épuré que dans le premier roman.

Nous sommes à la fin du 21ième siècle, dans une Louisiane ravagée par les tornades et la montée des eaux, dans des Etats-Unis retournés à la barbarie. Il n'y a plus de pétrole mais aucune explication ne nous est donnée. La technologie est un mélange d'évolution et de régression, le monde est dirigé par les multinationales et la voie maritime est redevenue la voie principale de déplacement. Et les pirates deviennent alors logiques !
Nailer fait partie d'un équipage de ferrailleurs, ceux qui, jour après jour, désossent, risquent leur vie dans les entrailles de bateaux d'avant la fin du pétrole. Ce sont les esclaves des grandes compagnies en quête de matériaux rares comme le cuivre, le fer, le nickel pour alimenter, jour et nuit, les hauts-fourneaux. C'est un adolescent qui a perdu sa mère et qui vit avec un père que l'alcool et la drogue ont rendu fou. Il est équipier des "légers", ceux qui, en raison de leur petite morphologie, s'aventurent dans les conduites étroites des supertankers en démantèlement de la plage de Bright Sands Beach. Eclairé par la seule lumière de sa peinture Led au front et avec pour seuls repères, les marquages du clan, il récupère les câbles de cuivre et les petites pièces de nickel. Pour échapper à cette vie de misère, gouvernée par des contremaîtres et des mi-bêtes (hommes qu'une injection d'ADN animal a rendus obéissants et agressifs) le jeune homme rêve de faire fortune et de trouver un « lucky strike » une poche de pétrole, richesse assurée…
Après une tempête «tueuse de villes», Nailer tombe sur un clipper échoué sur la côte. Ce type de bateau, voilier à la technologie de pointe, reste généralement au large. Ils appartiennent à une population riche, réfugiée dans un lieu inconnu. Pour le jeune ferrailleur, c'est la possibilité d'un « lucky strike » grâce à tout ce qu'il va pouvoir y extraire. Avec Pima, son amie proche, Nailer entreprend d'explorer le clipper mais découvre Nia, une jeune fille blessée, pourchassée par les associés du papa, dirigeant d'une puissante compagnie.

Tous les éléments d'un bon livre d'aventure sont présents. Rebondissements, action avec pirates, mutants génétiques, intrigue créée dans un avenir futuriste sombre où la survie passe par le travail, le sacrifice et où rien n'est acquis.
Le récit est émaillé de réflexions sur la famille, le rapport à l'argent, la possession matérielle, la morale et aux cas de conscience. Mais aussi des sujets qui touchent les adolescents: amour, amitié, loyauté de clan, idéaux politiques. Egalement, le classique voyage initiatique de l'enfance vers l'âge adulte, traité de façon réaliste.
Les ferrailleurs des mers existent dans des conditions semblables dans des pays comme l'Inde par exemple.

Un récit post-apocalyptique que j'ai dévoré, littérature young adult mais qui demande une certaine maturité.
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Un après-midi d'hiver, pas grand-chose à faire, je zappais. Je suis tombé sur un documentaire sur les enfants du Bangladesh. À force d'utiliser les teintures pour nos vêtements, une petite fille a prématurément vieilli et perdu une partie de sa vue. Une vie gâchée pour que nous, membres de pays riches, puissions porter des habits à bas-coût. du coup, le roman « Ferrailleurs des mers » sonne comme une dure réalité : celle des enfants travailleurs que le monde entier veut ignorer pour avoir la conscience tranquille.

Récit de science-fiction ou réaliste ? À première vue, rien ne présage qu'il s'agisse d'un texte d'anticipation ou d'imaginaire. Si l'auteur ne parlait pas de la Louisiane a un peu plus de la moitié, j'aurais pensé que l'histoire se déroulait dans les pays du tiers monde tels que ceux d'Afrique ou d'Asie. C'est par ailleurs sur le tard que le roman prend une tournure d'anticipation.

Les thèmes évoqués sont très larges. On y retrouve ainsi le duel capitalisme/tiers-monde, mais aussi l'alcoolisme, la génétique (à mon sens inadapté ici), l'écologie, le dérèglement climatique, entre-autres. C'est un roman qui part un peu dans tous les sens, mais justifié pour le monde imaginé par Paolo Bacigalupi.

Je suis passé par pas mal d'émotion. le début m'a laissé indifférent. Puis, j'ai pris beaucoup de plaisir quand le récit à pris une tournure aventure. Par ailleurs, je trouve dommage que cette partie soit vite effacée pour le domaine de la navigation. Cette dernière trame m'a un peu ennuyé. La fin est à mon sens bâclé, surtout Ceci dit, l'auteur a réussi à me mettre mal à l'aise dans des détails horrifiques, ce que j'ai apprécié. Je reste donc, sur un avis mitigé.
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critiques presse (2)
HistoiresSansFin
05 juillet 2013
L'univers post-apocalyptique créé par Paolo Bacigalupi est riche en surprises. Fourmillant de détails réalistes, il plonge d'entrée le lecteur dans une atmosphère lourde et angoissante. [...] Ferrailleurs des mers, en plus d'être un excellent roman d'aventures porte en lui un fort message humain et écologique.
Lire la critique sur le site : HistoiresSansFin
Telerama
15 mai 2013
Paolo Bacigalupi, étoile montante de la science-fiction américaine, compose un monde aussi terrifiant que crédible, en prolongeant simplement certaines évolutions déjà à l'oeuvre.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
S'il était honnête avec lui-même, Nailer admettrait qu'il n'avait aucune idée de ce qu'il était en train de faire. Il s'inventait une nouvelle version de son avenir à chaque instant, dont la seule constante était que la fille de riches, qui n'était plus morte, devait en faire partie, avec ses yeux noirs scintillants, son bijou de nez en diamant, ses bagues en or et tous ses doigts.
Assis près du feu, les bras enserrant ses genoux, il regardait Pima donner le reste de l'orange à cette inconnue.
Deux filles, deux vies différentes. Pima, le teint sombre, forte, couverte de cicatrices, tatouée des entrelacs de son équipe de légers et d'autres symboles de chance, les cheveux courts, les muscles durs, prête à tout, vivante. Et cette autre, la peau bien plus claire, protégée du soleil, avec ses longs cheveux noirs, ses mouvements gracieux, précis, le visage et les bras dépourvus de toute cicatrice.
Deux filles, deux vies différentes, deux chances différentes.
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Nailer rampait dans une conduite de service pour en arracher le câblage électrique, soulevant un nuage de fibres d’amiante et de déjections de souris chaque fois que le câble se détachait. Il progressait en faisant sauter les agrafes d’aluminium qui retenaient le câblage. Les attaches tintaient dans le conduit étroit comme des pièces offertes au Dieu Ferrailleur, et Nailer fouillait le sol pour les ramasser et les enfourner dans le sac en cuir qu’il portait à la ceinture. Quand il tira une nouvelle fois sur le câblage, un bon mètre du précieux cuivre se libéra entre ses doigts dans un nuage de poussière.
La peinture LED décorant le front de Nailer éclairait le passage d’un vert pâle phosphorescent. Le sel de sa propre sueur mêlée de poussière lui piquait les yeux et gouttait sur son masque filtrant. D’une main couverte de cicatrices, il essuya les rigoles salées en faisant bien attention de ne pas effacer la peinture LED. Le marquage lumineux le démangeait et le randait fou, mais il n’avait aucune envie de devoir retrouver son chemin à l’aveuglette dans le labyrinthe de conduites. Il résista donc à l’envie irrépressible de se gratter et vérifia une nouvelle fois sa position.
Des tuyaux rouillés disparaissaient dans la pénombre. Un peu de fer, un peu d’acier – les équipes de lourds s’en occuperaient. Nailer ne se souciait que des trucs faciles à transporter – le blanc : le câblage en cuivre, l’aluminium, le nickel, les attaches d’acier qu’il pouvait entasser dans sa besace et traîner dans le conduit pour rejoindre l’équipe de légers qui l’attendait dehors.
Il se redressa pour reprendre sa progression et son crâne heurta le plafond trop proche, provoquant un bruit sourd qui résonna dans la conduite, comme si Nailer s’était trouvé à l’intérieur d’une cloche d’église chrétienne. La poussière cascada sur ses cheveux et s’insinua sous les bords mal ajustés de son masque filtrant. Il éternua, une première puis une seconde fois, la larme à l’œil. Il retira le masque pour s’essuyer le visage et le remit en place, souhaitant sans beaucoup d’espoir que la bande autocollante fasse son effet.
Offert par son père, le masque était de deuxième main. Il démangeait et tenait mal en place parce qu’il n’était pas à la bonne taille, et, sur un côté, on pouvait lire « À jeter après 40 heures d’utilisation », mais comme ses compagnons, Nailer n’en possédait qu’un. Alors il s’estimait chanceux de disposer de celui-ci, même si les microfibres commençaient à se déliter après de nombreux lavages dans l’océan.
Sloth, son équipière, se moquait de lui chaque fois qu’il le nettoyait – elle ne comprenait pas pourquoi il se fatiguait à le faire. Elle prétendait que le masque était inutile et que ça rendait le travail dans les conduites encore plus étouffant et inconfortable. Nailer pensait parfois qu’elle avait raison. Mais la mère de Pima insistait pour que sa fille et lui en portent quoi qu’il arrive, et il n’y avait qu’à juger de l’épaisseur de crasse noire accumulée sur les filtres quand il plongeait l’objet dans l’océan, pour comprendre que c’était ça de moins qui pénétrait dans leurs poumons. Alors Nailer gardait le masque, même s’il avait l’impression d’étouffer chaque fois qu’il aspirait l’air tropical humide à travers les filtres détrempés par sa propre respiration.
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Jadis, New Orleans évoquait le jazz, le créole, mardi gras, les fêtes et l'abandon, une décomposition luxuriante et verte dans un hymne à la vie. A présent, ce n'était plus qu'une chose.
La défaite.
Le train dépassa de nouvelles ruines, une profusion stupéfiante de matériaux laissés à l'abandon, pourrissant dans l'enchevêtrement des arbres et des marais.
- Pourquoi ils ont abandonné ? demanda Nailer.
- Parfois, les gens apprennent de leurs erreurs, répondit Tool.
Il sous-entendait que la plupart ne le faisaient pas. Les décombres des cités jumelles étaient autant d'indices témoignant de la lenteur des gens de l'Ere accélérée à intégrer le changement.
Le train s'orienta vers les tours décapitées. La silhouette décrépite d'un ancien stade se dessina entre les flèches d'Orleans II, marquant l'entrée de la vieille ville des terres englouties.
- Stupides ! cracha Nailer. (Tool se pencha en avant pour l'entendre dans le vent et le garçon cria dans son oreille.) Ils étaient foutrement stupides !
Tool haussa les épaules.
- Personne ne s'attendait à des ouragans de catégorie six. Les tueuses de villes n'existaient pas encore. Le climat a changé. Les courants ont changé. Ils ne l'avaient pas anticipé.
Nailer ne concevait pas que personne n'ait compris que Mississippi Alley deviendrait la cible d'ouragans mensuels dévastant tout ce qui n'avait pas le bon sens de se claquemurer, de flotter ou de se réfugier sous terre.
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Les vaisseaux à voile glissaient silencieusement sur l’horizon, si vite que leurs lumières disparaissaient derrière la courbure de la Terre en quelques minutes. Il s’imagina debout sur le pont d’un clipper, oublier la plage et le boulot de léger, glisser librement et rapidement sur l’eau.
Pima lui prit la bouteille de tord-boyau des mains.
– Tu rêvasses ?
Nailer hocha la tête et détourna les yeux des lumières lointaines.
– Tu as déjà voyagé sur un de ceux-là ?
– Un clipper ? (Pima secoua la tête.) Impossible. J’en ai vu un à quai un jour : il y avait tout un groupe de mi-bêtes pour le garder. L’équipage n’aurait jamais laissé une raclure des plages comme moi s’approcher, même à la nage. (Elle fit la grimace.) Les faces de chien avaient électrifié l’eau.
Tick-Tock éclata de rire.
– Je me souviens de ça. J’ai essayé de nager mais ça chatouillait de partout.
Pima fronça les sourcils.
– Et on a dû te ramener en te traînant comme un poisson mort. Tu as failli griller.
– Je m’en serai sorti.
Moon Girl renifla de mépris.
– Les faces de chien t’auraient bouffé tout vif. C’est comme ça qu’ils font. Ils ne cuisent même pas leur viande. Ces monstres arrachent la bidoche crue, à pleines dents. Si on t’avait laissé là-bas, ils auraient utilisé tes côtes comme cure-dents.
– Écrase ! Il y a un mi-bête qui fait le musclé pour Lucky strike… comment il s’appelle déjà ? (Tick-Tock resta silencieux un instant, perdu.) De toute façon, je l’ai vu. Il a de très grandes dents, mais il ne mange pas les gens.
– Comment tu peux le savoir ? Ceux qu’il mange ne sont plus là pour se plaindre.
– Des chèvres, intervient soudain Pima. Le mi-bête mange des chèvres. Quand il a débarqué sur la plage, on le payait en chèvres pour récolter du noir. Maman m’a dit qu’il était capable de manger une chèvre entière en trois jours. (Elle grimaça.) Mais Moon Girl a raison. Il ne faut pas se mêler des affaires de ces monstres. On ne sait jamais quand leur côté animal va se réveiller pour te bouffer un bras.
Nailer regardait toujours les lumières osciller à l’horizon.
– Tu t’es jamais demandé ce que ce serait de voguer sur un clipper ? De partir sur l’un de ces bateaux ?
– Je ne sais pas. (Pima secoua la tête.) Ce serait rapide, j’imagine.
– Sacrément rapide, suggéra Moon Girl.
– Plus rapide que tout, renchérit Pearly.
Ils regardaient tous l’océan à présent. Envieux.
– Vous croyez qu’ils savent seulement qu’on est là ? demanda Moon Girl.
Pima cracha sur le sable.
– Nous ne sommes que des mouches à rouille pour des gens comme eux.
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Nailer rampait dans une conduite de service pour en arracher le câblage électrique, soulevant un nuage de fibres d’amiante et de déjections de souris chaque fois que le câble se détachait. Il progressait en faisant sauter les agrafes d’aluminium qui retenaient le câblage. Les attaches tintaient dans le conduit étroit comme des pièces offertes au Dieu Ferrailleur, et Nailer fouillait le sol pour les ramasser et les enfourner dans le sac en cuir qu’il portait à la ceinture. Quand il tira une nouvelle fois sur le câblage, un bon mètre du précieux cuivre se libéra entre ses doigts dans un nuage de poussière.
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