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Citations sur Un présent qui s'absente (32)

Frères de terre

Je n’ai pas de frères de race,
j’ai des frères de condition,
des frères de fortune et d’infortune,
de même fragilité, de même trouble
et pareillement promis à la poussière
et pareillement entêtés à servir
si possible à quelque chose,
à quelqu’un, même d’inconnu,
à quelque frère de même portée,
de même siècle, ou d’avenir…

Je n’ai pas de frères de race,
ni de religion, ni de communauté,
pas de frères de couleur,
pas de frères de guerre ou de combat,
je n’ai que des frères de Terre
secoués dans la galère
des espoirs et désespoirs
des mortels embarqués,
des frères de rêve partagés
de peurs trop communes.

Je n’ai pas de frères de race,
j’ai des frères de condition,
bien différents et très semblables,
d’ailleurs terriblement interchangeables
dans l’égoïsme
ou dans la compassion…
Des frères tout pétris de l’envie
de partager leur solitude avec le pain
et parfois le bonheur insigne
d’apprendre ensemble à dire non…

Je n’ai pas de frères de race,
mais des frères dans le refus
de n’être qu’un passant,
des frères par l’art et par le chant,
et l’énergie déployée chaque jour
à tenir tête au néant.es frères à travers les âges,
la géographie et les frontières,
- et qui sait même, au-delà de l’espèce,
peut-être un frère en tout vivant…
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Sillage.

Une vie, à peine un peu
d’écume dans son sillage,
guère plus de traces
que l’oiseau n’en laisse dans l’air qu’il fend.

Une vie, ce qu’il en reste,
cette traînée d’images
dans les mémoires amies
s’évaporant avec les ans.

Une vie, une voile, un vol,
un grain de lumière
dans les sillons du vent.
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L'autre, c'est lui, là bas. Toujours là bas Parce qu'ici,
c'est moi, c'est toi, c'est nous, c'est du pareil au même.
L'autre, c'est la peur remontée du fond des ages qui
fabrique un étranger.
Qui fait serrer les fesses, et puis les poings, et puis les
rangs.
C'est quelqu'un qu'on attendait pas,quelqu'un qui
vient de loin,
quelque autre qui s'est invité dans nos jeux de miroirs
et s'y réfracte.
Il diffère, on le compare. Il se distingue, on sen méfie.
Et parce qu'il nous ressemble trop, les différences
s'exaspèrent.
L'autre se tient là bas, au delà d'une frontière.
Il est le nom d'une peur commune aux êtres dissemblables,
qui porte les peuples, depuis toujours aux solidarités
de clan, de tribu, de meute.
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Échappée

Je vous écris sans savoir l'heure ou le temps qu'il fait,
d'un café, d'un hall de gare ou d'un aéroport,
d'un endroit qui vous tire le regard au-dehors
sans que vous voyiez les flaques ni les ciels défaits.

Je vous écris dans cette échappée du quotidien.
C'est un voyage sans autre bruit que ceux des rues,
sans plus de larmes ou de cris ou de pas perdus
que dans une vie quelconque et son décor de rien.

C'est un lieu que je connais, un temps que je fréquente.
J'y ai des habitudes de vivant qui s'absente
dans un arrière-pays jamais très éloigné

où lève sous l'encre une nuée d'oiseaux de nuit
dont j'écris le vol dans l'espoir qu'il va m'enseigner
où ont émigré jadis les horizons promis.
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Les plus lointains pays ne sont pas ceux qui viennent
à nous
au bout de la piste ou de la ligne aérienne ,
conquis.
Les pays que l'on sait les plus inaccessibles
sont là,
au creux du souvenir, un arpent d'émotions
vivaces.
C'est un carré de luzerne depuis longtemps fauché.
Un puits,
dont la poulie s'est tue. Un bosquet oublié ,
tout gris,
dans l'ocre d'un été et le bruit d'une ferme
lointaine.
Non la géographie ne pourra jamais rien
y faire:
Le plus lointain pays est plus près que la terre
natale.
Que ce lopin de friche impossible d'accès
- maudit,
quand dans l'odeur du foin renaît une patrie
perdue.

(Arpent)
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Nous avons des manies de vivants qui s'absentent,
qui pour prendre enfin pied s'accrochent à des leurres
en faisant reculer l'horizon qu'ils s'inventent.
partir est toujours une façon d'être là,
lever l'ancre encore un rêve de pesanteur,
et c'est pour aller plus loin qu'on ne va pas.
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Oui, penché sur ta table de travail
Dans l'obscure rumeur du temps
Tenant la dragée haute à la camarde,
Tu auras pris la parole
Au nom de tout ce qui ne veut pas mourir
Pour chanter le regret
De cette vie qui nous appartient si peu,
Alors que ta mélancolie devinait déjà
Dans le froid mortel de l'exil,
Ce chapeau resté sur la table
Qui un jour à son tour
Nous parlerait tellement de toi.
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L'autre n'est pas facile. L'autre me bouscule et m'interpelle.
Me force à me déprendre de mes illusions et de mes faux-papiers.
Et je vois dans son regard perplexe que je suis moi aussi l'étranger de quelqu'un.
L'autre est mitoyen.
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Partir est toujours une façon d'être là,
on le sait par les trains, les bateaux et les pas,
le cœur en alarme et le regard accroché
à ce port qui s'éloigne, à l'amarre d'un quai.

Mais rester à demeure est aussi ambigu:
demeurer en rêvant à des pays perdus
au fin fond de l'enfance et de la vie flouée
est un moyen naïf d'encore s'absenter.

(S'absenter, 2)
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Bien sûr il est des jours où l'on sonne faux,
des moments de disgrâce où quoi qu'on dise et qu'on ose
on ne s'échine jamais que sur des cordes désaccordées.
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