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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Le dépaysement
Voici un livre fourre-tout pour lequel, son auteur, professeur d'histoire du paysage (dont on ne saura jamais ce que c'est sinon que c'est un travail rémunéré) se demande page 200, si « (il) n'aurait pas mieux fait de suivre un plan en se basant sur une randonnée géographique organisée ou tout au moins reconnaissable ». La réponse, cher Jean Christophe Bailly, est évidemment : oui.
Car les allers et venues que vous nous imposez sans aucune logique sont particulièrement « rasoirs »
Tantôt métonymique, lorsque vous êtes à court d'inspiration (un pont pour Toulouse -4 pages- et une boutique de pêche pour Bordeaux -7 pages-) et verbeux chic et chiant pour l'Oise et la Vézère (plus de 20 pages à chaque fois) interminable sur la Lorraine, et vous le reconnaissez, vous nous entrainez dans votre errance satisfaite.
Au besoin vous inventez.
Comment vous croire lorsque dans le Turbo Lyon Strasbourg, parti de Arles avec changement à Lyon, vous reconnaissez le petit village de Château Chalon, pourtant invisible depuis les voies ferrées de Lons le Saunier, à fortiori en soirée et en Janvier dans ce voyage inepte de la fève.

Au fil des lignes, vous lancez des anathèmes et vous jugez sans preuve, Châteauroux est moche et ne mérite pas d'avoir un aussi gros centre culturel, Saint Saëns est un compositeur assez médiocre à qui vous préférez Méhul (bravo !)
Et cette personne qui dans un petit village du Nord ferme ses volets trop tôt à votre gout (16h30) et qui vous lira peut être comme vous l'imaginez (Quelle fatuité) a sans doute de nobles raisons pour le faire. Peut-être que cette personne, c'est moi, l'architecte amateur de la cinquième symphonie avec orgue de Saint Saëns et Castelroussin d'origine qui découvre votre mépris pour moi dans votre ouvrage. En tout quoi j'en suis solidaire.

Vos longs séjours en maison d'édition (l'école de paysage où vous « enseignez » l'histoire – forcément courte- du paysage a été créée en 1995) vous ont ouvert les dictionnaires et votre savoir encyclopédique se traduit par une incroyable pédanterie :
« Mais au-delà du tout, il n'est rien qui le termine… » Cette phrase de Lucrèce renferme, pour peu que l'on s'attarde (excusez du peu) une formidable condensation aporétique de la question de la limite.(chapitre 20)

Et puis quoi encore ? Tout est dit semble-t-il. J'ai terminé vos presque 500 pages et j'ai même lu les remerciements pour découvrir que vous aviez « lue, complète, la correspondance de Courbet dans l'édition qu'en a donnée Petra ten-Doessschate Chu (Flammarion, Paris 1996) ». C'est assez "prout-prout" comme disait ma chère maman!

Vous semblez ne vous émouvoir, c'est-à-dire sortir du cadre, puisque visiblement le paysage est pour vous cadré, plat, presque mort, que lorsque vous accordez deux chapitres aux animaux. Ce marché aux bestiaux version «The voice » est assurément atroce et la vache qui saigne du nez (« non ça c'est trop", écrivez- vous) pathétique, vraiment. (Mais l'homme dans tout çà ?)

Cette petite larme de crocodile n'ébranle pas longtemps l'incroyable baratineur que vous êtes et qui me rappelle certaines heures de cours au lycée passablement fastidieuses où un gommeux (ce mot je vous l'emprunte, n'est-ce pas) blablatait impunément en s'aidant de ses fiches ( C'était avant 68) .
Et donc vous repartez sur les routes, égaré et sans plan.


PS ; D'où sortez-vous l'image éculée qu'une rivière (la Vézère en l'occurrence) « se jette » dans une autre en confluence. Sans doute d'un vieux livre de géographie des années 50. C'est le côté aporétique de votre ouvrage.

Vous n'avez pas la moyenne
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« Le dépaysement », sous-titré « Voyages en France », n'est en aucun cas un guide touristique ni même le récit du périple personnel d'un voyageur attaché à rencontrer lieux, monuments et habitants. Reste à définir ce qu'il est et là ce n'est pas si facile. L'auteur lui-même, semble ne pas trop savoir où il voulait en venir. Les lieux choisis arbitrairement sont pour la plupart improbables et assez peu « touristiques » : Culoz, Varennes, Barr, Salins, Font de Gaume ou Origny Saint Benoît. Mais pas uniquement, car l'auteur s'intéresse également à des sites classés et reconnus comme Fontainebleau, le Pont du Gard ou des villes aussi importantes que Bordeaux, Toulouse, Nîmes ou Paris. Mais s'il s'intéresse à ces lieux, c'est toujours pour les présenter par leurs côtés les plus insolites ou les plus improbables : une fabrique de filets et de pièges à Bordeaux, une passe à poisson à Toulouse, la cité universitaire de Paris, les jardins ouvriers de Saint-Etienne ou le familistère de Guise (un des chapitres les plus intéressants d'ailleurs). L'ennui c'est que l'ensemble donne une impression de complet fouillis. Un micro-évènement historique succède à une description géographique, à des considérations sur les Eduens, à une méditation sur la poésie de Rimbaud ou à une analyse des paysages peints par Courbet.
On ne contestera ni l'érudition ni le travail de recherche de l'auteur, respectable universitaire, mais on lui reprochera un style qui se veut élégant, précieux et ciselé et qui n'est malheureusement que pédant, tarabiscoté et amphigourique au point qu'il faille relire souvent deux fois certaines phrases pour vaguement comprendre la pensée de l'écrivain. « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire en viennent aisément » ! Et là ce n'est pas le cas, d'où une impression d'ennui qui saisit très vite le lecteur. Et comme si cela ne suffisait pas, le texte est truffé de mots anglais non traduits (downtown, skyline, nextdoor et j'en passe) et de toutes sortes de vocables pompeux ou sophistiqués (certains sont d'ailleurs des néologismes particulièrement barbares) comme individuation, photonique, obituaire, délinéation, serlienne, prépanoptique, figural, muséal ou véridicité. Un jargon universitaire qui est loin d'être un plus. Ah ! Avec Bailly, comme on est loin des récits de voyage des grands de la littérature (Stendhal, Stevenson, Chateaubriand ou Nerval) et comme ce monsieur nous les fait regretter ! Un livre à éviter ne serait-ce que parce qu'il ne donne à personne l'envie de visiter notre beau pays.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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