Un sac

J’ai mes torts et mes travers. J’ai fait des erreurs, j’ai parfois mal jugé et je me suis souvent trop emportée. Je voulais juste être heureuse. Je ne voulais pas être une fatalité.

Celui qui n'a jamais vu le soleil se lever à Paris a assurément raté quelque chose. Il y a, dans ces heures, du beau, de l'artistique, du mystique et du mystère à Paris. Il y a des espoirs, des histoires, des trésors et des diamants dans cette ville quand le soleil lui fait l'honneur de sa présence.

J'ai mes torts et mes travers. J'ai fait des erreurs, j'ai parfois mal jugé et je me suis souvent trop emportée. Je voulais juste être heureuse. Je ne voulais pas être une fatalité. Je ne cherche pas à me trouver des excuses. J'ai rendu le mal pour le mal, parfois pour le bien et j'ai, il est vrai, mal géré mes émotions. J'ai voulu me prémunir de souffrir, pour mieux prévenir mes rafales et protéger ceux qui, malgré tout, m'étaient chers. Mes fautes, je les ai payées bien plus chères, dans mon âme et dans ma chair, que la peine de prison la plus lourde et je les expie un peu plus chaque jour.

Pour autant, je devais trouver la bonne façon, le meilleur moyen d'amener l'événement afin de ménager les sensibilités. Apprendre que l'on a un enfant, du jour au lendemain, ce n'est pas rien ; apprendre que l'on n'en a plus, même pour un temps donné, ce n'est pas rien. Finalement, je décidai de laisser le bébé devant la grille et de le garder à vue jusqu'à ce que le cœur du père fonde devant le visage innocent de la fille. Il ne pouvait pas en être autrement.

Les gens de la vie, de la vraie, celle qui reprenait ses droits après s’être endormie, ceux qui, tous beaux tous neufs, reprenaient leur existence miniature après quelques heures de repos plus ou moins méritées, ceux qui, rassérénés après une nuit chez Morphée, ceux qui pensent plus et mieux que les autres, bref, ceux-là mêmes qui passaient devant moi sans me voir la soirée précédente arboraient désormais un regard curieux dès qu’ils arrivaient à notre hauteur.

Celui qui n’a jamais vu le soleil se lever à Paris a assurément raté quelque chose. Il y a, dans ces heures, du beau, de l’artistique, du mystique et du mystère à Paris. Il y a des espoirs, des histoires, des trésors et des diamants dans cette ville quand le soleil lui fait l’honneur de sa présence. Paris, Paris, Paris, ô combien ceux qui t’habitent ne t’aiment pas. Et pourtant, Paris, tu es un être à part, doté de toutes les grâces, n’appartenant à personne mais tenant pourtant le monde entier dans ta main.

Paris n’aime pas les promeneurs, les flâneurs. Être Parisien, c’est aller vite. Or, moi, à ce moment précis, je n’allais pas vite ; j’étais debout, immobile, ce qui me valut coups et rebuffades.

Les regards des vivants parlent, discutent, vous permettent ou vous empêchent ; ceux des morts rentrent en eux et paraissent se demander ce qui a bien pu leur arriver, ad vitam aeternam.

La vie, son miracle, son éternel recommencement, son emprise malgré tout, avait raison des tragédies. Toujours. C'était ça, la morale de l'histoire.

Ce sac, ce satané sac ne s’imagine pas le vide qu’il laisse. Il creuse la femme autant qu’il l’avait comblée autrefois. L’amour qu’il recouvre est immense ; sa perte est insondable.
Elle lit cette phrase qui lui fait face, encore et encore : Aux grands hommes, la patrie reconnaissante. Elle se demande ce qu’est la grandeur. Elle se demande si elle est palpable, reconnaissable, mesurable. Elle se demande si on naît grand ou si on le devient. Elle se demande si le martyre peut faire grandir.elle se demande si ceux qui n’accompliront jamais rien par manque de temps, de chance ou d’occasion valent moins que les autres. Elle voudrait savoir qui, du monument gigantesque ou de l’homme minuscule, éclabousse l’autre et lui fait l’aumône d’un peu d’éternité.