Lire ce roman près de 50 ans après sa sortie originale a sans doute altéré considérablement la perception qu'on peut en avoir. Peut-être vu à l'époque comme une oeuvre avant-gardiste, taboue ou choquante, j'y vois plus une ode à la sexualité. Impossible par contre de nier l'effet qu'il a pu avoir à l'époque. Les thèmes abordés, comme l'homosexualité, le candaulisme ou tout simplement le caractère débridé et non censuré sur les détails sexuels des différents personnages ont sans aucun doute donnés quelques ulcères aux plus puritains.
Les deviances sexuelles ont toujours fasciné le monde de la psychologie. Ici, l'auteur nous amène dans l'attirance vers les accidents de voitures, les cicatrices qu'elles laissent sur le corps et l'esprit. Au-delà du thème de l'automobile, on peut y voir une fascination soudaine sur ce qui a passé près de nous tuer au lieu d'en avoir une phobie, au point d'en ressentir de l'excitation. On pourrait par exemple comparer une personne qui est sauvée in extremis de son domicile en feu et qui se met à courir les incendies pour se satisfaire par après.
Le roman en-soi est plus ou moins captivant. On suit les péripéties de
James Ballard, qui après un accident de voiture qui a causé la mort de l'autre conducteur, se voit tout à coup attiré vers les voitures et les corps meurtris. Il rencontrera Vaughan, souffrant de la même pathologie (et plus), à la tête d'un petit groupe ayant la même fascination et avec qui il découvrira les "joies" d'admirer les accidents, les corps empêtrés dans la tôle et bien sûr, assouvir ses nouvelles pulsions. Nos héros passent donc leur temps à tourner en rond sur l'autoroute à la recherche d'accidents et de conduite dangereuse pour ensuite enchaîner les conquêtes sexuelles qui ont toujours un lien avec les voitures. Je dirais que la seule chose qui m'a fait tenir jusqu'à la fin est l'écriture, soignée, recherchée mais en même temps crue et sans complexe. J'ai souvent ri à la lecture des descriptions des scènes de sexe, me demandant comment
J.G. Ballard a pu intégrer un vocabulaire parsemé de "verge", "rectum" et "anus" pour le rendre presque érotique. Mais bon, tout ça devient lassant au-delà des 200 et quelques pages.
OK mais sans plus. J'ai saisi le message de fond mais c'est un de ces romans qui passent moins le poids des années tout simplement.