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Philippe Delamare (Traducteur)
EAN : 9782070336791
480 pages
Gallimard (23/03/2006)
3.41/5   103 notes
Résumé :
Parce qu'il veut connaître la vérité sur l'attentat qui a coûté la vie à son ex-femme, le psychologue David Markham infiltre un mouvement clandestin curieusement basé dans le quartier résidentiel cossu de la " Marina de Chelsea ". Sous l'égide d'un médecin charismatique, ce groupuscule cherche à tirer les classes moyennes de leur torpeur et à les libérer de leur prétendue servitude. Markham se trouve rapidement embarqué dans une série d'actions d'éclat qui pren... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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L'idée de départ est bonne, reprenant les thématiques de prédilection de l'auteur : dénoncer la brutalité et la vacuité de nos vies. La cible de Millenium people, c'est moi, c'est nous, c'est vous : la classe moyenne, le "nouveau prolétariat" du XXIème siècle, otage inconscient du capitalisme. Et si la classe moyenne se révoltait au lieu de consommer du loisirs, de penser à ses vacances au soleil, de mettre ses enfants dans le privé, de payer ses impôts ? Et si elle commettait des attentats terroristes visant la BBC, la cinémathèque, la Tate Modern ?
Cette vision d'un Londres au bord du chaos est pertinente, voire extra-lucide si l'on pense que ce livre est paru en 2003.
Et pourtant ça fait pschittttt. Je n'ai pas du tout adhéré au postulat de départ, sans doute parce que le personnage principal est insipide et incohérent : très difficile de comprendre pourquoi il se lance à la poursuite du groupe terroriste qui a commis l'attentat dans lequel son ex-femme a perdu la vie, pourquoi il est aspiré à ce point par le projet de ce groupe. Et le style n'aide pas, c'est très plat. Bref, je me suis ennuyée et j'ai failli lâcher plusieurs fois le livre.
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Et si les bourgeois se rebellaient contre la société capitaliste de consommation ? Écrasés par les crédits, le poids de l'immobilier, les frais de scolarité des hautes écoles, les frais d'entretien de la maison et de la voiture, la classe moyenne de l'Ouest londonien fait la révolution. Kay Churchill, Richard Gould, Vera Blackburn et tous les habitants de la Marina de Chelsea s'organisent en manifestations pacifistes, affrontements et actions ponctuelles envers les « bastions de la servitude bourgeoise » pour faire entendre leur situation de « nouveaux prolétaires ». L'ennemi, c'est l'« impitoyable capitalisme spéculatif qui perpétu[e] le système de classes pour diviser l'opposition et préserver ses propres privilèges ».

En quête d'une signification à leur vie, la population bourgeoise, sans croyance religieuse, craint la mort, espère l'immortalité et se barde de conventions sociales et de tabous.

La société de consommation et du spectacle, tout comme les médias et le cinéma, régulent et assoupissent l'intelligence ; les grandes écoles transforment leurs enfants en une classe de professionnels qui embrassent à leur tour le système et participent à sa pérennité.

C'est avec les yeux de David Markham, psychologue à l'Institut Adler et fiancé à Sally, que la rébellion prend forme. L'attentat à l'aéroport de Heathrow à Londres, lequel a tué son ex-femme, le détourne de sa vie posée et heureuse.

Qui a posé cette bombe, et pour quelle revendication ? Y a-t-il un lien entre Heathrow et la révolte de la Marina de Chelsea ? David délaisse sa fiancée, ses recherches à l'Institut Adler, et commence les investigations auprès des agitateurs bourgeois. Il ne tarde pas à troquer son avis de psychologue pour les banderoles des activistes : attiré par leurs motifs, David s'implique dans les affrontements mais il est très vite dépassé par les événements.

Millenium people, l'un des derniers romans d'anticipation de J. G. Ballard, se développe sur le thème de prédilection de Crash ! et de Super-Cannes : la décadence de la société moderne.

Jusqu'où peut-on aller pour une cause que l'on croit juste ? Jusqu'où peut-on tolérer la violence pour imposer ses idées ? La mort d'un autre est-elle nécessaire pour revendiquer une idée ? L'action gratuite et violente est-elle la seule arme du fanatisme et du terrorisme ?

Avec une narration bien construite et l'habileté du grand écrivain, Ballard pointe les faiblesses du début du xxie siècle, profondément marqué par le terrorisme et le fanatisme. Si la dénonciation n'est pas de première main, le travail de Ballard est remarquable pour la plausibilité des événements racontés ; car il a imaginé les réactions des pouvoirs publics, des médias et de l'opinion publique autour du soulèvement : et si les petits bourgeois, piliers du capitalisme, se rebellaient contre leur propre condition ?

La critique sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/millenium-people-j-g-ballard-a80136632
Lien : http://www.bibliolingus.fr/m..
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David Markham, psychologue spécialisé dans les relations industrielles et la psychologie du travail mène l'enquête sur les responsables de la mort de son ex femme victime d'un attentat survenu dans le terminal 2 de l'aéroport d'Heathrow. Sa quête le mène dans un quartier résidentiel de la classe moyenne de Londres dont la population est en révolte contre ses propres conditions de vie avantageuses , rejetant les chaines du devoir et de la responsabilité civique, engagée dans une révolution feutrée et respectueuse d'un certain ordre public. Les tenants de cette apocalypse capitonnée, groupuscule délirant et dangereux sous la coupe d'un pédiatre torturé, a pour moteur des motivations curieuses : abolir le XXème siècle, interdire le tourisme, bannir la politique, le commerce, l'éducation. Les modes d'action sont singuliers et divers tels que commando contre une exposition féline, vandalisme gratuit de vidéoclub, incendie de cinémathèque, siège de la maison de la radio, défense de Grosvenor Place pour soutenir des familles protégeant un domaine que des entrepreneurs veulent fermer et raser pour construire des immeubles de luxe.

J.G. Ballard décrit - dans un style indigent, un univers dénué de sens, avec une classe moyenne de bons bourgeois, nouveau prolétariat révolté, organisant des manifestations et des sit-in pour protester contre l'augmentation des charges et du prix de stationnement des parkings, refusant de rembourser leur emprunt. On a peine à adhérer au postulat de départ, c'est plutôt avec une bonne dose de second degré et une sensation de vacuité absolue qu'on parcours ce roman qui prend les allures d'une farce.
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Je découvre J. G. Ballard avec "Millenium people". Il relève de l'uchronie, un genre qui peut conduire au meilleur ou... au pire. Pour dire tout de suite les choses crûment, j'ai été très déçu par cette lecture. D'abord, je n'ai pas cru une seconde à cette idée de révolte de la classe moyenne, à la fois ridicule et sanglante. Ensuite, tous les personnages m'ont paru vraiment insipides. Enfin, le texte est très filandreux et sans nerf: j'ai vraiment failli décrocher plusieurs fois. Quant au dénouement, il n'est pas non plus convaincant, à mes yeux.
Le concept de départ – la révolte contre la démocratie représentative et le capitalisme – peut être admissible, mais pas sous la forme adoptée par J. G. Ballard. Un écrivain plus lucide pourrait écrire une toute autre uchronie, par exemple en extrapolant (outrageusement, s'il le fallait) le mouvement français des Gilets Jaunes: il y aurait là, sans aucun doute, matière à une anticipation palpitante et crédible.
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Auteur de l'après-guerre, J-G Ballard nous livre ici un récit d'anticipation sociale qui aurait pu passer inaperçu, voir noyé dans la bibliographie féconde de cet anglais né dans la concession internationale de Shanghai. Mais les évènements récents déroulés en France en 2019-2020 avec « les gilets jaunes » éclairent aujourd'hui ce roman avec une intensité prémonitoire.
Qui aurait pu penser à l'époque que les gens issus de la classe moyenne puissent se mobiliser dans la rue pour s'affronter aux forces de l'ordre ? D'autant plus que ce roman sort au moment où les regards sont concentrés sur le Moyen-Orient et l'intervention de la coalition américano-britannique en Irak.
Tous les ingrédients sont réunis pour rendre possible une révolte inédite dans le monde contemporain et qui pourrait s'apparenter aux jacqueries du Moyen-Age.
Une jacquerie sur fond de thriller où un homme cherche les assassins de son ancienne femme victime d'un attentat terroriste. Assez improbable…
L'originalité du thème prophétique, une classe moyenne délurée, paupérisée, à la recherche de nouvelles divinités demeure un thème très intéressant mais le roman manque de rythme et me laisse un peu sur ma faim. J'ai l'impression que le suspens d'un thriller n'est pas au rendez-vous et de ce fait, détériore un peu l'analyse de société, véritable motivation de l'auteur.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Kay eut un sourire patient. « Vous avez à l’évidence une maison impeccable. Pourriez-vous estimer le nombre d’heures que vous passez chaque jour aux tâches ménagères ?
-Aucune. » La femme affecta de se mordre les lèvres. « Nous avons une bonne a demeure et une femme de ménage qui vient tous les jours . Je suis médecin généraliste, et j’ai bien trop de travail au dispensaire pour passer le chiffon a poussière. Désolée, mais ca ne va pas vous servir à grand-chose votre enquête.
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Regardez le monde autour de vous […]. Que voyez-vous ? Un immense parc à thème où tout est transformé en spectacle. La science, la politique, l'éducation, autant d'attractions. ...

C'est le monde dans lequel nous vivons... Nous nous ennuyons tous à crever... Nous sommes comme des enfants oubliés dans une salle de jeu. Au bout d'un certain temps, nous allons commencer à casser nos jouets, même ceux que nous aimons le plus. ...

Une nation qui élève une statue au chat d'un écrivain ne peut pas être entièrement mauvaise. 
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- Les gens ne s'aiment pas aujourd'hui. Nous sommes une classe de rentiers, un reste du siècle dernier. Nous tolérons tout, mais nous savons que les valeurs libérales sont conçues pour nous rendre passifs. Nous imaginons que nous croyons en Dieu, alors que nous sommes terrifiés par les mystères de la vie et de la mort. Profondément égocentriques, nous sommes incapables d'affronter l'idée de notre finitude. Nous croyons au progrès et au pouvoir de la raison, mais nous sommes hantés par les côtés sombres de la nature humaine. Nous sommes obsédés par le sexe, mais redoutons l'imagination sexuelle et devons être protégés par d'énormes tabous. Nous croyons à l'égalité, mais nous haïssons le prolétariat. Nous craignons notre corps et, par-dessus tout, nous craignons la mort. Nous sommes un accident de la nature, mais nous nous croyons au centre de l'univers. Nous sommes à quelques pas de la disparition, mais nous espérons être d'une façon ou d'une autre immortels...
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Le tourisme est le soporifique suprême. C'est un énorme abus de confiance (...)
- Il n'y a nulle part où aller. La planète est bourrée à craquer. Vous pouvez aussi bien rester chez vous et dépenser votre argent en glace au chocolat.
- Le tiers-monde y gagne quelque chose...
- Le tiers-monde ! " Sa voix monta dans un aigu sarcastique. " Des équipes de coolies qui mélangent le béton et besognent sur les pistes d'atterrissage, tandis qu'une petite élite se voit proposer de mélanger les cocktails et de besogner les touristes.
- Dur boulot, mais un gagne-pain.
- Ce sont eux les vraies victimes. Bon Dieu, j'aimerais faire sauter chaque agence de voyage de ce foutu pays."

p.92 - Coll. FOLIO.
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Une bombe terroriste ne tuait pas seulement ses victimes mais produisait une violente déchirure dans le temps et l'espace, brisant la logique qui maintenait le monde en place. Pendant quelques heures la gravité, devenue traîtresse, annulait les lois de Newton, inversait le courant des fleuves et renversait les gratte-ciel, réveillait des peurs assoupies depuis longtemps dans notre esprit. L'horreur récusait les molles complaisances de la vie quotidienne, comme un inconnu surgissant de la foule pour nous frapper au visage. Jeté à terre, la bouche sanglante, nous comprenons alors que le monde est plus dangereux mais, sans doute, plus signifiant. Comme le disait Richard Gould, un acte de violence inexplicable avait une féroce authenticité qu'aucun comportement raisonné ne saurait égaler.
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Videos de James Graham Ballard (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de James Graham Ballard
Loin du récit survivaliste ou de la robinsonnade, “Sécheresse” de J. G. Ballard décrit un monde post-apocalyptique peuplé de personnages apathiques devant l'urgence climatique. Un roman d'une troublante actualité.
#sciencefiction #postapocalyptic #cultureprime _____________
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