Comme on ne voit pas souvent des masses de chantier sur la couverture des livres, je me suis essayé à
la plume aveugle. Où il est tout de même question de personnages qui travaillent dans le bâtiment. D'ouvriers intérimaires dont l'avenir a du mal à se dessiner. le héros, Gibson, est un type qui ne se sent pas à sa place. Nulle part. Ni dans son taf, ni dans sa vie de couple qu'il détruit en une partie de jambes en l'air assez dure avec sa future ex-femme Sibylle.
Comme il ne sait pas ce qu'il veut, et bien, Gibson devient un incompris dès le début du récit. Il écrit des histoires, largue sa compagne alors qu'il avait une opportunité professionnelle stable qui s'offrait à lui grâce à sa belle famille, il rêve d'être père de famille en bossant avec un immigré polonais et craint de finir comme son vieil ami aveugle Vito, dépendant à la morphine.
Gibson essaie de trouver une raison d'être et c'est par le biais de l'écriture qu'il trouve un peu de valeur à sa vie. Sans elle, il serait totalement paumé. Alors même qu'il accepte l'idée que l'écriture soit son véritable guide, qu'il s'écarte des jugements de son ex, il se met à poursuivre une chimère en la personne de Miesha... Comme si finalement, trouver sa voie, c'était la perdre dans l'instant qui suit. L'homme apprend-il vraiment de ses expériences, n'est-il pas au fond un éternel raté capable seulement de quelques sursauts de gloire ?
Si on juge Gibson comme un paumé qui ne vaut rien, au fond, on reconnaît peut-être sans le vouloir qu'on ne vaut guère mieux que lui.
Le texte va des récits créés par le personnage de Gibson, à l'histoire d'un passage de sa vie. On navigue entre un univers fantaisiste, barré et débridé, et la réalité, beaucoup moins palpitante.
A l'air d'instagram, on s'invente un peu tous des vies photogéniques, alors qu'on se lève presque tous à 6h du mat' pour aller au turbin 10h par jour (temps de repas compris). Donc
la plume aveugle reprend ce dualisme de nos existences . Et le perso admet lui-même ce que beaucoup d'individus refusent d'admettre... c'est qu'il est un raté.