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Critique de Arimbo



Une nouvelle de moins de 100 pages mais un concentré extraordinaire du génie balzacien, féroce dans sa description sociale, cruel par l'issue de l'intrigue et le cynisme du principal homme de l'histoire, audacieux dans son évocation de l'homosexualité.

Et puis, un Balzac qui nous joue une histoire exotique, orientale, en plein Paris, où rien ne manque, la belle « esclave » enfermée dans un Palais, le janissaire de couleur, les parfums, les décors, bref on se croirait chez Delacroix, ou chez Baudelaire. Et une histoire où l'homosexualité se révèle être la clé de l'intrigue, je n'en dis pas plus, je ne spoile pas comme on dit de nos jours.

Le récit fait partie de l'histoire des Treize, au même titre que Ferragus et la Duchesse de Langeais, mais ici, le lien est bien ténu. On comprend que l'un des personnages principaux, Henri de Marsay est un membre de cette confrérie occulte et influente; et Ferragus, le Chef des « Dévorants», autre nom de la confrérie, fait une brève apparition à la fin de l'histoire.

Rien que pour le premier chapitre, le livre vaut le déplacement. Balzac nous dépeint une vision dantesque de Paris, sauf qu'au lieu de cercles, voici des sphères de plus en plus élevées et de moins en moins nauséabondes, celle des ouvriers, puis celle des professions que l'on qualifie de nos jours de « libérales », puis celle des artistes, et enfin celle de l'aristocratie des riches, de ceux qui possèdent tout et passent leur temps à passer le temps.

Ce préambule va nous amener à l'un de ces très riches, le tout jeune Henri de Marsay, fils d'un Lord anglais qui ne n'est pas occupé de lui, mais l'a laissé dans de bonnes mains, et a fait de lui un grand propriétaire de biens.
Mais qui est aussi, un très beau jeune homme, et un Don Juan avide de nouvelles conquêtes féminines, et, nous le verrons, cynique et peu sympathique. Avec son ami le bien moins riche Paul de Manerville, on le voit en train de « draguer » dans la grande Allée des Tuileries, à la recherche d'une femme d'une beauté exceptionnelle, Paquita Valdes, qu'ils surnomment la Fille aux yeux d'or. Celle-ci ne sort que très rarement, enfermée qu'elle est dans le Palais du Marquis de Réal, mais se montre réceptive aux avances d'Henri.

Après une série de péripéties romanesques à souhait, les amants se retrouvent enfin, dans un décor oriental raffiné, et leurs ébats font découvrir à Henri une fille encore vierge mais experte en « la chose » ( on comprendra pourquoi plus tard), ce qui ne manque pas d'étonner, mais aussi de vexer ce mâle conquérant, qui se demande à qui il a affaire, et, après quelques rendez-vous galants, la fera traîner pour en prendre un nouveau.

L'auteur va ensuite nous mener à un coup de théâtre final, surprenant et dramatique, et à un épilogue cynique.

J'ai beaucoup aimé cette histoire baroque, qui dit sans vraiment dire, bien plus subtile qu'elle veut bien le montrer, et je la recommande aux lectrices et lecteurs qui voudraient découvrir une autre facette du talent De Balzac. Et, pour celles et ceux qui ont apprécié les monuments que sont par exemple Les illusions perdues, Splendeurs et misères des courtisanes, ou encore le Père Goriot, La Cousine Bette, je crois qu'ils goûteront aussi ces petits bijoux que sont Gobseck, La Maison du Chat qui Pelote, La bourse, La vendetta. ..
Mais, vous pouvez aussi ne pas être balzacophile, c'est votre droit, et je ne vous en voudrai pas.
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