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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je précise d'entrée que mon édition ne comportait que la longue introduction et le premier livre de l'oeuvre, à savoir "Le martyre calviniste". Mon appréciation se limitera donc à ce champ, et sera révisée ultérieurement s'il m'est donné de lire les livres suivants.

Dans ce roman historique, Balzac affiche plus visiblement ses préférences politiques, notamment dans l'introduction, où il y a de quoi donner quelques boutons aux républicains. Profondément monarchiste, l'auteur conspue notamment des concepts qui font aujourd'hui consensus, comme le libre-arbitre, ce qui ne manque pas d'intérêt sur les plans de l'histoire et de la philosophie politique. Balzac voit dans le libéralisme, dont il vit le siècle de gloire, un produit direct du calvinisme, dont les préceptes funestes (individualisme, relativisme, austérité) auraient subrepticement infusé les mentalités et sapé le pouvoir de droit divin, notamment sous l'impulsion des Lumières. La charge contre Calvin, à différencier des calvinistes qui ne sont présentés que comme des adeptes volontiers courageux et déçus à juste titre par les dérives de la papauté, est un moment fort du roman à proprement parler, où le pasteur de Genève est présenté comme le précurseur de l'Incorruptible, de sinistre et encore vivace mémoire en 1842. En dépit de l'argument difficilement admissible aujourd'hui, j'ai observé avec le plus vif intérêt la stratégie rhétorique des parties argumentatives, qui sont d'une grande efficacité formelle.

L'autre objectif du roman consiste à réhabiliter la mémoire de la reine Catherine de Médicis, pendant féminin de Louis XI sur le mode du pragmatisme politique, héroïne presque tragique de la raison d'Etat, dernier rempart des Valois contre l'ambition des Guise, face à une propagande calviniste ambiante qui en aurait fait le spectre de la Saint-Barthélémy. Il n'est pas encore question de cet épisode dans "Le martyre calviniste", mais du Tumulte d'Amboise et de la mort de François II. La narration sollicite presque exclusivement des personnages tirés de l'Histoire et contient beaucoup de sous-entendus qui obligent le lecteur à de nombreuses recherches annexes sur les petites affaires de la cour de l'époque. Ce n'est pas inintéressant du tout, mais il faut s'investir au-delà de la lecture du texte pour saisir l'ironie ou le jugement de l'auteur. le lecteur passionné d'histoire trouvera largement son compte dans ce condensé d'érudition et d'anecdotes plus ou moins authentiques, qui poussent à remettre en question de nombreuses idées reçues sur cette période hautement délicate des guerres de religion.

L'histoire "bourgeoise" qui encadre vaguement l'oeuvre, ne semble que constituer le prétexte de l'Histoire "aristocratique", beaucoup plus fournie. Elle propose néanmoins une réflexion subtile sur les ressorts d'une conversion et sur le pouvoir croissant de la caste des négociants en France.

Mon ressenti global est extrêmement positif : de l'histoire, de la philosophie politique, de la philosophie religieuse, le tout dans un style somptueux. J'espère que la suite est du même niveau.
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