Une station de ski en Basse-Normandie ? Hé bien pourquoi pas ! Voici le défi de Martial Congère et de ces acolytes !
Mais vous imaginez bien que faire une station de ski sur une colline qui culmine à 300m et pleine de vaches, c'est la galère assurée !
Surtout si on y ajoute une cafetière capricieuse, des monitrices de ski adolescentes, une relique médiévale qui disparait (un pied qui pue qui pourrait provoquer l'apocalypse) et le tout arrosé de calvados !
Vous compilez tout ca et vous obtenez un roman épique, parfois mal ficelé, débordant de personnages aux noms les plus idiots, et polar par très intriguant !
Quelques bons passages et traits d'humour m'ont malgré tout fait sourire !
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Livre envoyée par masse critique : tous mes remerciements pour cette selection. Polar, un peu, burlesque, oui mais hilarant pas vraiment. Finalement cette histoire de station de ski en Normandie m'a beaucoup fait sourire (ce qui est déjà beaucoup) mais pas reellement rire. Les noms des differents personnages sont plus ou moins liés à leurs activité (martial Congére, il faut le faire) est propriétaire de la premiere station de ski bati sur l'Eminence grise, douce colline normande, mais nous avons aussi la relique de St Vitupert (qui pue), etc). Les loups sont réintroduits en Normandie, les vaches ont des soucis avec les dameuses (un kart et un rouleau), la relique disparait. bref c'est gentiment loufoque avec une intrigue assez minimaliste. Difficile à critiquer car je lis rarement ce type de roman/nouvelle (170 pages). Au final, il est sympathique.
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"Roulements de tambours
— Il y a trois vaches sur la piste numéro 2 !
— Comment ça, trois vaches ? On va ouvrir dans deux heures et il y a encore des vaches qui viennent brouter les aiguilles de pin ?
Martial Congère, propriétaire et manager de la toute première station de ski alpin en Basse-Normandie, était à bout de souffle.
Depuis trois mois, il était sur place jour et nuit à monter les installations et voilà que les vaches de Monsieur Gouinfray se retrouvaient, encore une fois, sur la piste numéro 2 pour y brouter les aiguilles de pin. Le fermier devait pourtant garder ses vaches, veaux et cochons dans leurs enclos, loin des aiguilles !
— On va lui faire payer les aiguilles que ses hamburgers sur pattes ont dévorées ! Au prix actuel des aiguilles de pin... Tout le monde sait bien qu'il nous faut un maximum d'aiguilles en cas de manque de neige... c'est le substitut idéal... les skis glissent tout seuls sur les aiguilles ! Et en prime, les aiguilles isolent la neige du sol. Et d'ailleurs, elle arrive quand, la dernière livraison de neige ?
— Les camions viennent de quitter l'entrepôt frigorifique... vingt minutes et ils sont là !
— Horace, tu connais ton horaire : la première fin de semaine – et surtout aujourd'hui – c'est le temps des rodages. Tu n'as pas à t'occuper de la boutique ou de la vente de billets. Aujourd'hui, gratuit pour tout le monde mais personne ne doit s'attendre à des miracles. Pas de cours de ski non plus. Et comme on n'a pas fait de publicité, il ne viendra personne... donc tu étends la neige qui va être livrée dans le bas de la 2 puis tu attaches les rouleaux au quad et tu tentes de donner à tout ça un air alpin.
Horace Spergule, ami d'enfance de Congère et factotum de service à l'Éminence Grise, hocha la tête.
— On aurait peut-être dû essayer les rouleaux avant l'ouverture, tu ne crois pas ?
— Trop de choses à faire, dit Congère, donc tu roules la pente puis tu vas donner les téléskis... à moins que je ne trouve quelqu'un pour les téléskis... on verra qui va se présenter. Tiens, je vais demander à Tubule, le gars de la patrouille de ski... c'est pas aujourd'hui qu'il va crouler sous les blessés !
Martial Congère regarda le bas de la montagne par la fenêtre de son bureau. Quelle aventure ! Depuis toujours il voulait posséder une station de ski. Mais l'argent manquait pour acheter une station en opération et, écologie oblige, impossible d'ouvrir une nouvelle montagne dans l'arc alpin, les Pyrénées ou les Vosges. Il fallait donc innover...
Une seule solution s'imposait : troquer la majesté des cimes alpines pour les collines d'un département qui n'avait jamais connu le ski, qui n'avait pas de montagne adéquate, qui possédait un enneigement naturel pour tout dire limite. De ce fait, les élus de ce département étaient tout à fait à l'aise pour autoriser l'ouverture d'une petite station sur ce qui était auparavant une colline à vaches.
On faisait face à des défis techniques majeurs, bien entendu.
La neige... ou l'absence de neige... faisait que Martial avait dû être créatif. Tout d'abord des pistes étroites et sinueuses pour éviter que le soleil frappe directement le couvert neigeux. Ensuite, il avait fait recouvrir les cinq pistes d'aiguilles de pin servant à isoler la neige du sol mais surtout permettant la glisse en cas de manque de couvert neigeux. Et les aiguilles, il se les procurait dans les Landes où un cyclone avait fait, il y a quelques années, des ravages dans la population de pins. Encore mieux, il avait trouvé, en fouillant les avis de faillites, un fournisseur de toiles de piscine, ces toiles qui permettent de réchauffer l'eau ou de garder une température idéale en l'isolant de l'air ambiant. Il avait racheté toute la faillite et les toiles, enroulées sur leurs bobines, longeaient le bord des pistes. Chaque soir, Horace Spergule déroulait les toiles et couvrait la neige pour éviter sa fonte ou les dégâts causés par la pluie, une pluie toujours à redouter dans un département qui était célèbre pour la quantité de mousse qui y pousse sur tout ce qui reste immobile un court instant.
Mais l'idée de génie, ce fut de louer une partie de l'entrepôt frigorifique d'une fromagerie en perte de vitesse pour cause de mondialisation, d'y installer deux canons à neige reliés par un tuyau avec l'Orne – de façon tout à fait confidentielle – et de cracher de la neige toutes les nuits, dans l'entrepôt, pour la ramasser le matin, la charger dans des camions et l'amener à l'Éminence Grise et finalement l'étendre sur les pistes avant l'arrivée des skieurs.
Restait le problème de la remontée mécanique !
— La neige vient d'arriver, Martial, je vais l'étendre sur la piste 2, ensuite je la dame. Et tu ne le croiras pas mais il y a trois automobiles dans le stationnement ! Des amis du maire sans doute. On lui avait mentionné, au maire Rifloir, de ne rien dire avant l'ouverture officielle la semaine prochaine !
— Déjà du monde ! Personne ne monte aujourd'hui sinon pour des vérifications de procédures internes. Reviens vite pour ouvrir la cafétéria : il y a sans doute de l'argent à faire avec le café et les croissants...
Restait le problème de la remontée mécanique, donc."