Que fait un millionnaire américain dans la force de l'âge lorsqu'il apprend qu'il est atteint d'une maladie génétique fatale ? Et à court terme, s'il vous-plaît ? Miles Cookson, c'est son nom, teste la pointe de vitesse de sa Porsche, réalise son premier saut en parachute, s'enfile des vodkas et des pizzas (on sourit en voyant ces choix, tout masculins ?)... Bref il se lance dans des conduites à plus ou moins haut risque.
Puis sa conscience le titille. Ne devrait-t-il pas prévenir les enfants qu'il a pu engendrer, voire, leur léguer sa fortune ? Car ce millionnaire frappé par la maladie de
Huntington, avant de réussir brillamment dans l'informatique, a été un étudiant dans la dèche, qui s'est financé en vendant le meilleur de lui-même à une clinique de procréation assistée. Combien de rejetons peut-il avoir ? Miles Cookson obtient une liste de neuf noms (tout peut s'acheter, même le secret médical) et part à la recherche de sa descendance (procédé déjà vu au cinéma,
Linwood Barclay n'est pas le premier à être inspiré par ce thème).
Encore faut-il que les dossiers n'aient pas été "mélangés", sinon ce serait pas drôle. L'auteur, là, se montre malin en introduisant certains personnages pour nous mettre sur cette piste, voire "ces" pistes. Jeremy Pritkin, richissime mégalomane new-yorkais qui séquestre de très jeunes femmes et sans descendance officielle, un méchant vrai de vrai : réjouissant. le Docteur Gold, qui dirige la clinique de procréation, que l'on voit se liquéfier au fil des chapitres : jubilatoire ! Car Barclay c'est du polar, certes, mais une bonne dose d'humour et de cynisme (gentil le cynisme, à la façon des frères Coen).
Tandis que Miles Cookson sillonne les Etats-Unis avec une de ses "filles", Chloe Swanson, pour trouver le reste de sa progéniture, la liste d'héritiers putatifs se raccourcit. Une série d'incendies, une disparition à Paris, des enlèvements... Qui a intérêt à les voir disparaître ? Pritkin ? Gold ? Gilbert, le frère de Miles Cookson, écarté de l'héritage ? Caroline, la belle-soeur rapace ? Et pour qui travaillent ces deux flics aux méthodes peu conventionnelles qui ont tout de Leon, nettoyeur bessonnien ? On se régale à les voir à la manoeuvre ces deux-là, jouant aussi bien du flingue que de la Javel.
Toutes ces pistes, autant d'histoires parallèles, sont l'occasion de rebondissements fort bien amenés, marque de fabrique de
Linwood Barclay. Autre caractéristique que l'on retrouve encore une fois avec plaisir chez l'auteur, le soin qu'il apporte aux personnages secondaires, qui sont dotés en quelques paragraphes seulement d'une solide biographie. Habile, car on peut penser que ces personnages sont tous forcément importants, ce qui permet de ne pas deviner trop vite qui va réellement compter dans la suite de l'intrigue. le contraire est toujours agaçant.
Lindwood Barclay sait aussi très bien écrire une scène d'exposition, qui nous accroche immédiatement à l'histoire. Quand démarre le "vrai" récit, qui débute par "Trois semaines avant"... on est forcément incapable de lâcher. Sa force aussi, ce sont les dialogues, qui sonnent très justes.
On a aussi été séduit par le sous-texte sur le lien filial, qui ne se trouve pas forcément dans des gènes communs. L'art de dire des choses essentielles sans en faire des tonnes.
Une dernière remarque : Cookson, Swanson, Gold... on a été frappé par le choix de ces noms de famille, évidemment pas anodin, qui apporte un peu d'humour en plus au récit. Oui on fait partie de ceux qui traduisent les noms des personnages et y voient des messages ! Cela donne envie de retourner feuilleter ses précédents livres sur l'étagère pour voir si cela nous avait auparavant échappé !
Un grand merci encore une fois à Netgalley (et à
Linwood Barclay)