Mais vous savez, on ne sait jamais ce qui se passe vraiment entre les êtres ... Je viens de lire ce livre "Le consentement" d'une ancienne très jeune fille qui raconte ce qu'elle a vécu avec un écrivain d'âge mûr, c'est assez édifiant pour ce qui concerne l'erreur de jugement des protagonistes de ce genre d'affaires ...
Quand ils décident de s'aimer, il ne savent pas ce qu'ils font, dans quoi il s'embarquent ... Et le vieux est aussi niais que la péronnelle , il se met tout à coup, aussi intelligent soit-il, à avoir cinq ans d'âge mental, il est amoureux, et il se permet tout ... Ce qui lui revient dans la figure trente ans plus tard, quand la demoiselle devenue mère de famille respectable, écrit cette phrase terrible qui résume tout, à savoir qu'elle se retrouvait "la verge dans la bouche à l'heure du goûter", ce qui faisait d'elle la victime d'un "prédateur", et cela malgré son "consentement"...
La seule question qui vaille étant la suivante : que vaut le consentement d'une jeune fille de quinze ans !?
Cynthia qui était encore ma « meilleure amie » m'a rejetée sans rien comprendre, sans même essayer. Je me souviens de la scène : « t'es complètement folle de sortir avec un vieux de cet âge, il pourrait être ton grand-père ! » Le problème est que je me suis aperçue alors qu'elle était bête, cette histoire agit comme un précipité chimique, tous ceux qui y sont exposés se révèlent du même coup.
Un vieux même pas riche, même pas célèbre, quel sens cela peut avoir pour une Cynthia qui ne juge que par le code moral le plus étriqué, le plus petit bourgeois, le plus mesquin qui n'ait jamais existé. Ce qui suscite la rage n'est pas tant que nous baisions, mais que nous baisions gratuitement, que nous nous aimions à ce point, malgré cette différence d'âge phénoménale, « contre nature » comme ils disent. Ce sont les sentiments, et non le cul, qui créent le scandale, y compris et surtout chez les jeunes ...
... C'est avec Paul que j'ai découvert Bukowski, Thomas Bernhard, Céline, Amiel, Leopardi, Philip Roth, Coran, c'est avec lui que j'ai compris Kafka, Wittgenstein, Freud, Schnitzler, Karl Kraus, c'est avec lui que je suis allée à Vienne voir l'exposition au Belvédère des tableaux de Klimt, de Schiele ou de Kokoschka , c'est grâce à lui que j'ai compris prématurément (ou précocement devrais-je dire) l'effondrement intellectuel de notre époque ultra technique, ultra moderne, ultra digitale.
Comment voulez-vous après ça que je puisse échanger quelques pensées que ce soit avec une Cynthia si « bien de son temps » ou avec des parents pour lesquels l'argent est le seul critère de la bonne vie ? Nous ne vivons plus sur la même planète, il n'y a pas de retour en arrière possible, je suis coincée dans les bras d'un « monstre » avec le vide tout autour ... j'ai 16 ans et je sais trop de choses, j'ai tout compris trop tôt ...
La nostalgie pour les époques antérieures tient au fait que l'on en contemple que les vestiges après en avoir oublié leur côté sombre, c'est finalement la nostalgie de notre propre jeunesse qui nous émeut, jeunesse dont nous n'avons gardé que les émerveillements à l'esprit. En même temps, et bien que je comprenne ce phénomène du temps qui passe et agit sur notre mémoire de manière sélective, je ne peux m'enlever de la tête l'idée que la vie était plus douce autrefois, que les choses étaient plus authentiques, et la vie plus animée qu'aujourd'hui.
Et ce n'est pas une vue de l' esprit, il y avait encore des hirondelles sous les toits de Paris, et les petites villes de province étaient pleines de vie. C'était avant la grande distribution, avant les autoroutes, les TGV, le tourisme de masse, la multiplication des lotissements, et bien sûr avant internet et la prolifération des écrans.
Que faire du cadavre ?
Je me remémore cette blague ; quelle est la différence entre un homme qui vient de faire l'amour et un homme qui vient de tuer un homme ? Aucune, les deux cherchent à se débarrasser du corps.
... qui n'a pas connu la France d'après-guerre ne connaît pas la douceur de vivre ... Il y a eu une trentaine d'années délicieuses, ... disons de 45 à 75, et après tout est allé de travers ... jusqu'à l'étranglement ...