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3,58

sur 367 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un roman qui présente l’homme dans sa dualité ; à la fois merveilleux et répugnant.
Le père de la petite fille était un bourreau, mais il était aussi un père merveilleux.
Tito, le soldat se bat pour un monde plus juste, il croit en son idéal. Il ne peut pas être sensible à la souffrance. Pourtant il se laisse émouvoir par les yeux de l’enfant, par sa pureté, sa perfection.

« Il était fatigué et le silence était trop grand »

Fatigué de ce combat, de ces mensonges. La vérité est sous ses yeux, dans le regard et la posture de cette petite fille, qui l’obséderont toute sa vie.
La chance est aveugle pour Nina, pourtant Tito n'est pas aveugle, mais il a été ébloui par cette vision.
La petite fille recroquevillée est encore à l’abri de l’enfer, comme un petit corps à l’abri dans son coquillage. Elle oppose la perfection, l’exactitude, à la férocité des hommes.

Que va devenir la vie de ces deux êtres, mis face à face, l’espace d’un instant crucial de leur vie, dans cette ferme de l’enfer ?

Sans sang se lit dans un souffle. Un souffle qui nous bouscule. Un souffle qui raconte l’enfer que l’homme se crée lui-même sur cette terre. Vengeance avec sang ou vengeance sans sang, cela n’a pas de fin, c’est insensé.
Le sang appelle la vengeance, la haine, c’est un cycle sans fin. Chaque camp a son histoire, laquelle est la vraie ?

La vieille femme et Tito vont se raconter leur histoire…ou se la faire raconter…

C’est une histoire qui pourrait se dérouler dans n’importe quel endroit du monde, à n’importe quelle époque. Livre bref aux courtes phrases. Percutant dans la première partie, comme les tirs d’une mitraillette. Plus lent dans la deuxième partie, lisant l’âme des personnages, l’évolution de leurs émotions au fil de leur conversation. Émotions oscillant entre amour et pardon, lassitude et gratitude, peur et sérénité.

Dans ce roman, nous ne sommes pas dans la douceur, comme dans « Soie ». Ici c’est un miroir de la face sombre de l’homme, dans toute son ambiguïté
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La fin d'une guerre n'est pas synonyme de paix : elle ne signe pas la fin des hostilités entre les parties adverses. Au contraire, l'heure est plutôt aux règlements de comptes. Les anciens dominants peuvent subir en représailles une justice expéditive de la part des "vainqueurs".

Ce magnifique roman évoque les lendemains d'une guerre au sein d'une population. Son propos est universel : les comportements ne varient guère selon les lieux, les époques, les motifs qui ont déclenché un conflit. Les exemples ne manquent pas, qu'on se souvienne de l'épuration - parfois "sauvage" - en France à la Libération... Alessandro Baricco pose ici une question intéressante : au nom de quoi les hommes continuent-ils à s'entretuer ? Par vengeance ? Pour justifier la cause qu'ils prétendent avoir défendue lors du conflit ? L'auteur n'excuse pas les différents agissements, mais il les expose alternativement et incite ainsi le lecteur à s'identifier aux protagonistes, plus qu'à les condamner.

Ce texte bref et sobre a l'élégance et l'intensité des courts romans de Steinbeck. Il est en outre admirablement bien construit : deux parties, l'une sur l'immédiat après-guerre, l'autre sur une rencontre, quelques décennies plus tard, où l'on voit que les comptes ne sont toujours pas soldés.

Dense, subtil, bouleversant, universel.
Merci J-L !
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Après Soie que je découvrais (trop) récemment je poursuis Baricco avec ce roman court, attrapé pour un euro en bouquinerie et lu en un trajet de train.

J'adore lire Baricco!

Je retrouve là de la clémence et de la douceur. Sans sang poursuit sans heurt une vie de petite fille malmenée par une fin de guerre qui sort de nul part. "Quelqu'un qui sait tout mais ne se rappelle de rien". J'y lis comment sortir de ses tourments, s'exorciser, s'expliquer, s'affranchir.

Baricco c'est la délicatesse. C'est de l'économie de mot. Une simplicité maitrisée qui envoie de la profondeur dans son récit, qui nous emmène loin et longtemps. J'adore ça!

"On a beau s'efforcer de vivre une seule vie, les autres verront mille autres vies dedans, et c'est pour ça qu'on n'arrive pas à éviter de se faire du mal" P95

Roman paru en 2003. Ne pas laisser passer une occasion pour découvrir cette littérature italienne!
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Comme toujours chez Alessandro Baricco, ce texte est ciselé avec une plume extra fine. Moins poétique que certais ouvrages, comme "Novecento, pianiste" ou encore "Océan mer", celui-ci, beaucoup plus dur, plus sec, nous raconte une histoire en deux parties. Métaphore du pardon peut-être ou l'on voit une situation "guerrière" dans la première partie, puis les retrouvailles de deux des personnages avec une conclusion ouverte, qui peut laisser le lecteur sur sa faim, ou bien le satisfaire de constater que l'auteur ne s'est pas laissé aller à de bas sentiments de vengeance en imaginant une fin plus sanglante que subtile (d'où le titre). Un grand moment de bonheur avec cet auteur italien, un des plus doués de sa génération.
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Une lecture dans un souffle, comme l'écrit gouelan dans sa critique...
Un texte intense, sur une vengeance, sur le tragique d'un lendemain de guerre, les conséquences sur les innocents et le solde des comptes...
D'un style sobre, impersonnel ("la petite fille", "la femme", "l'homme"....) sans description, à l'exception de quelques "zooms", de gros plans sur la position des corps, celle de la petite fille en particulier.
Dans la page des remerciements, l'auteur précise avoir démarré son écriture dans une maison, riche "d'un patrimoine colossal d'oeuvres d'art". Une question me vient: quelles sont celles (sculptures? peintures en clair-obscur? qui l'ont inspiré?
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Le grand Baricco, son style épuré et une histoire dure , très forte et belle malgré tout
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Je suis toujours surprise de constater qu'une pile de livres que je choisis dans un même moment, et "au hasard", sans en lire les jaquettes par exemple, tournent souvent autour d'un thème commun.
Ici c'est le traitement des traumas laissés par des guerres sur les civils, guerre de "pacification" dans le livre de Mathieu Belezi, ou civile espagnole (qui pourrait aussi être une guerre des gangs mafieux italiens) dans ce roman en deux parties de Baricco. La deuxième partie permettant de cautériser la violence décrite dans la première.
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Wow! Quel génie des mots! Comment un auteur peut utiliser aussi peu de mots pour raconter une histoire aussi percutante?! Une toute petite plaquette de 120 pages qui peut se lire en une heure mais dont l'auteur réussit à amener habilement son lecteur dans les profondeurs de l'âme humaine et l'en imprégner de façon durable. Pas un mot de plus ou de moins. Tout est là, tout est parfait. Incroyable!

C'est le récit d'une certaine guerre que l'on présume en être une entre mafiosos de la mafia italienne. Baricco réussit à maintenir une tension sur son lecteur du début à la fin, tout en le faisant réfléchir sur la violence, la guerre et la vengeance mais aussi sur l'amour et le pardon.

L'univers d'Alessandro Baricco est à la fois un mystère et une merveille pour moi. Il n'est jamais là où je l'attends. Jamais. C'est magique! Et toujours je suis subjuguée par sa plume et les réflexions profondes qu'il me procure. Je n'ai plus qu'une chose à ajouter: encore!
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Une économie de mots, un petit livre dense de 120 pages où l'on balaye soixante ans d'histoire, celle de la guerre qui est finie d'après les traités et les armistices signés mais qui ne l'est pas dans les coeurs et les esprits.

Une vie sauvée de la folie vengeresse, une petite fille ballotée par la vie qui finira par retrouver un des quatre qui ont mené jadis une expédition punitive envers son père et, dommage collatéral, son jeune frère. D'ailleurs n'a-t-elle retrouvé que le dernier? Les autres sont déjà morts … mais sont-ils morts de mort naturelle ou les y a-t-on aidé? Un peu, probablement, du moins pour l'un d'entre eux … les autres ? On peut le supposer … mais rien n'est clairement dit.

Tout est présent mais uniquement suggéré: collaboration, résistance, essais cliniques sur les blessés de guerre, vengeance, patriotisme, …

Cela se passe en Italie aux environs de 1950 puis des années 2000 … mais cela aurait pu se passer ailleurs, n'importe où, il s'agit d'une histoire universelle. Celle de la dualité des hommes, capable du pire comme du meilleur : être un bourreau tout en étant un père attention et aimant, être un criminel tout en sauvant une gamine de l'exécution sommaire à laquelle elle est destinée ...

J'ai revu des images d'Isabelle Allende dans la maisons aux esprits, de Yasmina Khadra dans ce que le jour doit à la nuit, de Gaudé dans le soleil des Scorta … bref, un texte qui laisse libre court à une interprétation personnelle tout en se suffisant par lui-même. J'aime les auteurs qui laissent libre court à l'imagination et qui font confiance à leurs lecteurs.

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Sans sang est au sens étymologie une utopie et une uchronie puisque c'est un récit sans date ni lieu , on est quelque part à la fin d'une guerre ; il s'agit d'un portrait littéraire de la vengeance... Même les noms des personnages ont été choisis de manière à tendre à l'universel avec une protagoniste qui s'appelle Nina (fillette en espagnol) quand elle est enfant et est renommée Donna (épouse en italien) par son mari.
J'ai beaucoup aimé ce court récit même s'il n'égale pas tout à fait Soie en termes de poésie.
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