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sur 396 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Terre brûlée au vent
Des landes de pierre
Des nuages noirs qui viennent du Nord
Colorent la terre, les lacs, les rivières
C'est le décor du Connemara."

"Un orchestre de violons et de harpes venu de Dublin, et des cornemuses de Belfast..."
Elles sont 5 jeunes filles dans ce décor : Helen, Kitty, Jane, Griselda et Alice qui a embrassé la foi de l'église catholique...

Lady Augusta tance son frère:
- Dites moi, John, comment comptez vous les marier, vos 5 filles?

Une soif d'amour dans la brume et les légendes de la verte Erinn...
"C'était un foisonnement avec les élans aigus des conifères et les vagues arrondis des conifères." Toutes les nuances de vert, sur lesquelles tranchaient des roux sombres et orange et la mer bleu pâle...

"Une brebis mérinos, avec ses 2 agneaux aux pieds noirs, un chiot, une renarde du nom de Waggoo" (semblable à un lutin)...
Des animaux, mais aucun homme, aucun fiancé possible pour les filles de Sir John.

Seule la petite dernière, Griselda va trouver l'amour avec Shawn le chauffeur, dur l'île de St Albans, mais...
"Un oranger sur le sol Irlandais
On ne le verra jamais
Mais dans mes bras
Quelqu'un d'autre que toi
Jamais on ne le verra."

"On y vit encore au temps des Gaëls
Au rythme des pluies et du soleil
On y croit encore au monstre des lacs..."Michel Sardou.
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Le seul roman de Barjavel que j'avais lu jusque-là, c'était Les chemins de Katmandou … Vous imaginez bien que cette lecture fut TRES différente ! J'admire la capacité de l'auteur à se renouveler en changeant radicalement de genre, puisque nous avons affaire ici à du merveilleux. C'est-à-dire ? Et bien, c'est l'intrusion de phénomènes magiques, mystérieux dans le quotidien et les personnages y sont tout à fait habitués et acceptent ces événements paranormaux.
Nous sommes à la fin du XIXème siècle sur une petite île d'Irlande et la famille de Sir John retrouve la terre de leurs ancêtres. Ce n'est pas une famille comme les autres : ils descendent de l'union entre Foulques, premier comte d'Anjou qui épousa une licorne en 929.
Griselda, l'une des filles, a hérité de sa lointaine ancêtre, une chevelure d'or et une envie d'aventure et de liberté. C'est en faisant des promenades en voiture qu'elle va enfin trouver son destin malgré la révolte irlandaise qui gronde.
C'est une belle histoire d'amour dans un cadre où la nature est reine, parsemée de merveilleux …
Une lecture très agréable.
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Il est des livres dans lesquels j'aime me replonger, pour retrouver une ambiance, une sensation ou un personnage particulièrement attachant. Les dames à La Licorne, merveilleuse histoire d'amour en terre irlandaise, fait résolument partie de ceux-là.

« Foulques, premier comte d'Anjou, dit d'abord le Roux, puis le Plante-Genest rencontra la licorne le deuxième vendredi de juin de l'année 929 ». Et celle-ci, prenant l'apparence d'une femme, l'épousa et lui donna un fils.

« Près de mille ans » et bien des tragédies plus tard, à la fin du XIXe siècle, l'ombre attentive de la licorne veille toujours sur la descendance de Foulques. Et en Irlande, l'île de St-Albans qui abrite la maison construite par Sir Johnatan Greene, attend de servir le destin de ses héritiers. le retour de Sir John Greene dans la maison paternelle, avec son épouse Harriet et ses cinq filles (Alice, Kitty, Griselda, Helen et Jane), réveille la magie de l'île. Sous ses enchantements, l'amour va s'épanouir : sage comme l'inclination d'Helen pour le savant Ambrose, ou flamboyant comme la passion de Griselda pour le mystérieux Shawn…

Ecrit en 1974, ce roman s'inspire d'une famille ayant vraiment existé car Olenka de Veer, co-auteur avec René Barjavel, se présente comme l'arrière-petite-fille d'Helen et d'Ambrose. Il offre aussi de bonnes références historiques, en particulier sur la grande famine de 1850 en Irlande. Mais il a surtout la saveur d'un conte car ici les mystères d'antan coexistent avec le monde réel. Sur l'île, la végétation et les animaux – tel Waggoo le renard malicieux - participent du destin des personnages, donnant une profondeur fabuleuse à leurs aventures. La nature et les légendes d'Irlande, ainsi que l'imaginaire arthurien sont mis à l'honneur par la plume imagée et délicate de René Barjavel, aussi habile à peindre les paysages que les sentiments. D'ailleurs, l'intensité de l'amour qui unit Griselda et Shawn n'est pas sans rappeler le couple mythique de la Nuit des Temps. Quant à la thématique de Merlin et des chevaliers de la Table Ronde, Barjavel la reprendra 10 ans plus tard, comme sujet central de son roman l'Enchanteur, presque aussi délicieux que Les dames à la Licorne.

Une très belle lecture, donc, comme un rêve qui nous emporterait loin dans le temps, l'espace et la féérie, auprès de Griselda en son jardin merveilleux. Avec une différence notable cependant : ce rêve-là ne s'évanouit pas au matin. Il reste à portée de main et on peut le recommencer autant de fois qu'on veut.
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Ce livre est tiré d'une histoire vraie il est dédié à l'Irlande, à son courage, à son humour, à sa beauté.
" Et je laisse la parole à celle qui l'a racontée avec moi, Olenka de Veer. Elle est l'arrière petite-fille d'Helen et d'Ambrose - René Barjavel".

La couverture ne me plaît pas et donne une connotation fausse à ce que j'ai découvert dans ses 412 pages que j'ai adoré.

On y découvre en l'an 929 la légende qui raconte comment le premier comte d'Anjou, dit d'abord le Roux, puis le Plante-Genest, rencontra la licorne et de ce jour naquit la dynastie des Plantagenêt. Ils devinrent rois d'Angleterre de 1154 à 1485.

Sir John Greene est l'un de ses descendants illustre, il va épouser Harriet et ils auront cinq filles :
- Kitty, pas très jolie mais très dévouée à tous et aux nécessiteux,
- Alice, très pieuse qui se retirera dans les ordres,
- Helen, qui sera très proche de son père et passera avec lui son temps dans la bibliothèque à y faire des recherches, et tombera amoureuse d'un homme érudit qui n'aura de ressemblances avec son père, que la barbe,
- Jane, la plus jeune qui voudra absolument se marier et avoir des enfants,
- Griselda , la plus jolie, éprise de liberté et ivre d'amour pour un "vulgaire" chauffeur qui se trouve être tout à fait quelqu'un d'autre.

Une formidable aventure familiale qui m'a enchanté de bout en bout, de l'histoire, des légendes sur cette belle terre d' Irlande que j'affectionne particulièrement.

Quelle belle écriture avec des descriptions magnifiques et toute pleine de poésie.
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Oh quelle merveille, Barjavel est décidément un merveilleux conteur ! Il nous livre cette fois-ci une des histoires dont la terre d'Irlande a le secret. Ce n'est pas de la science fiction dont est coutumier l'auteur mais il y a juste un peu de fantastique qu'il faut pour une légende : la saga d'une famille irlandaise depuis l'union d'un seigneur et d'une licorne et toute leur lignée jusqu'à la famille Greene au XIXème siècle, un couple et ses cinq filles vivant sur une île perdue au milieu d'une Irlande déchirée entre irlandais et anglais, catholiques et protestants.
Avec des descriptifs de paysages à couper le souffle et des expressions de sentiments vibrants, l'auteur nous fait rentrer dans cette famille si tranquille... mais peut-être trop préservée. Coupées du monde, comment les filles trouveront-elles l'amour auquel elles aspirent ?
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Cela faisait un certain temps que j'avais repéré cet ouvrage, présenté par une blogueuse comme son livre de chevet, mais je dois avouer que les couvertures des différentes éditions ne me tentaient pas plus que ça... Et puis, un magnifique voyage en Irlande, la découverte d'un territoire et d'une histoire, et je me suis lancée, l'envie de demeurer encore un peu dans une ambiance irlandaise...
Et bien m'en a pris ! J'ai adoré «Les dames à la Licorne» !
C'est une histoire magnifique, pleine de magie et de légendes irlandaises. J'y ai trouvé une description poétique des paysages, fidèle à ce que j'avais vu moi-même. Barjavel nous décrit bien l'histoire de l'Irlande au 19ème siècle, avec la grande famine, l'oppression exercée par les britanniques sur ce peuple irlandais, la rébellion de celui-ci... Et dans ce décor magnifique et ce cadre historique fidèle, une belle histoire d'amour, celle de Griselda, fille de landlord, et de Schawn, domestique irlandais...
Je n'en dirai pas plus afin de préserver aux futurs lecteurs toute la magie de ce roman, inspiré d'une histoire vraie. Un livre pour tous les amoureux de l'Irlande et de belles histoires... mais pour tous les autres aussi :-)
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Magnifique !

Une île, un écrin d'émeraude pour un lord et sa famille. Une île de brouillard, de bruine et de soleil pour cinq filles en âge de se marier. Kittie, la plus robuste sera le socle ; Alice, la plus mystique suivra sa foi ; Helen, la souris de bibliothèque se trompera sur l'amour ; Griselda, la rêveuse incarnera la licorne libérée et Jane, la plus jeune réalisera son rêve bien terre à terre. Cinq filles entourées de femmes : Harriet, la mère effacée, Augusta, la tante aux dents de cheval, Amy, la gardienne des légendes et Brigid, l'elfe de lumière aux papillons de pétrole et plein d'autres encore au coeur généreux et à l'âme baignée de lumière.

Un texte tout en poésie, un même paysage qui évolue au fil des saisons, au fil des années, une terre riche d'histoires et de légendes, un pays qui pleure sa liberté perdue, un royaume qui chante ses princes emprisonnés, une nation qui n'oublie rien et qui ne plie pas sous le joug de l'esclavage anglais. Un hymne à l'amour et à la liberté, une histoire dans l'Histoire.

J'ai juste envie de le relire, déjà, pour la beauté des mots, pour l'émotion de l'histoire sans fin et surtout pour retrouver la licorne toujours amoureuse, toujours libre.
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Une envolée lyrique vers l'Irlande, terre de légendes et de mystères, que l'on prend plaisir à savourer, jusqu'à la dernière page.

Suite à ma déception concernant l'Enchanteur, je n'avais qu'une hâte, donner une seconde chance à Barjavel. C'est tout naturellement que je me suis tournée vers cet ouvrage, remarquablement apprécié et traitant d'un sujet que j'adore : l'Irlande. Chose qu'il est difficile de croire lorsque l'on regarde les couvertures choisies au fil des éditions, qui ne rendent définitivement pas honneur au roman. Sans parler de la dernière en date, très racoleuse, à laquelle il ne faut absolument pas se fier, sous peine de passer à côté d'un univers incomparable. C'est une lecture évidente, pour celles et ceux qui s'intéressent de près ou de loin au XIXème et à l'Irlande, ou pour les adeptes de jolies romances, mais je pense sincèrement qu'il peut plaire à tout le monde tant il est exceptionnel de par sa forme et son fond.

Encore une fois, je n'ai rien à dire concernant le style, simplement irréprochable et vraiment unique. Co-écrit avec Olenka de Veer on ressent tout de même l'expression et la patte si particulière de Barjavel. Si comme dans l'Enchanteur, le thème principal du roman est l'amour sous ses diverses manifestations, Les dames à la licorne a su davantage m'atteindre et m'émouvoir. Barjavel y amorce ses premières réflexions concernant le légendaire Merlin et sa relation avec la dame du lac, Viviane. Mais si ce livre m'a tant plu, c'est parce qu'il s'inscrit avant tout dans un univers tangible, et qu'il met en scène des personnages plus vrais que nature, vraisemblablement les ancêtres d'Olenka de Veer en personne. A travers ce roman, j'ai eu l'impression de traverser les siècles, d'être véritablement propulsée en Irlande, tant les lieux, le climat, l'atmosphère, sont palpables. Les paysages, les caprices de la mer et du vent, la vie sauvage, les vallons et les collines, les contes folkloriques, font partie intégrante de l'histoire. C'est un pays qui a beaucoup à offrir, contrée mystique et verdoyante, qui inspire la fascination et l'émerveillement. Mais c'est aussi comme le rappelle si bien les auteurs, une terre meurtrie, qui a connu les affres de la famine, qui pendant des siècles, fut mise à mal par les conflits et le joug de l'Angleterre.
Outre cette ode émouvante à l'Irlande, Barjavel a aussi ce talent incomparable pour conter les sentiments et la passion qui anime les êtres. A travers le quotidien d'une famille des plus ordinaires, exilée sur l'île de St Albans, il brode les destins si radicalement opposés de cinq soeurs. Chacune, sous forme d'une révélation, trouvera l'amour à sa manière.

Je dois avouer, que le début m'a paru un peu long. Si j'ai beaucoup aimé l'évocation du Moyen-Âge et de la fameuse licorne, la suite concernant l'aïeul de la famille, Johnatan Green, m'a légèrement ennuyée. En effet, les auteurs prennent le temps de mettre en place le contexte, je ne les en blâme pas, cela nous permet d'apprendre l'existence particulière de la demeure familiale sur l'île d'Albans. Ils reviennent également sur des évènements historiques importants qui ont marqué l'Irlande à jamais, comme la grande famine qui sévit de 1845 à 1850 environ et qui décima le tiers de la population irlandaise. Il est vrai que le développement historique et ce retour en arrière est essentiel pour mieux appréhender le récit et véritablement s'imprégner de l'essence même du livre. Heureusement, une fois les 90 premières pages passées, le récit décolle vraiment. J'étais très heureuse de rentrer dans le vif du sujet, et de faire connaissance avec la nouvelle génération, celle de Griselda et de ses soeurs. On ne s'attarde pas beaucoup sur leur enfance, à peine évoquée par bribes de souvenirs distillés par ci, par là. Bien que Griselda soit à l'évidence l'héroïne véritable de cette histoire, dans un premier temps, je me suis prise d'affection pour l'une de ses aînées, Helen. Elle me paraissait être la plus ouverte d'esprit et la plus curieuse de découvrir la nature et les charmes environnants. Elle s'adapte et se contente assez bien de cette vie en autarcie sur l'île. Malgré son âme scientifique -puisque elle est la seule à assister son père dans ses travaux de recherche-, elle accepte les explications mystiques et les théories de la servante Amy concernant le Petit Peuple. Si Helen a eu d'emblée ma préférence, ce sentiment s'est bien vite dissipé, puisque par la suite, Griselda et sa fabuleuse histoire d'amour accapare toute l'attention. Quant à Amy, c'est également une figure à part entière, irlandaise d'origine elle a grandi et vécu avec les mythes du folklore celte, et n'hésite pas à faire des offrandes de nourriture pour rassurer les créatures invisibles habitant sur l'île. A l'inverse des domestiques que j'ai tendance à trouver trop effacés, ou sans grande importance, Amy a vraiment une personnalité singulière, et a de nombreuses choses à nous apprendre. Mais ce n'est pas la seule à changer la donne, car Molly a elle aussi un coeur en or, et sa complicité avec Griselda est réellement touchante.
Au sujet de cette dernière, si tout le monde s'accorde à dire qu'elle est la clé de voûte du récit, j'avais l'impression d'être la seule à ne pas avoir d'atomes crochus avec elle. Elle a un tempérament vif, qui dénote assez avec celui de sa famille, a soif d'aventures, et je n'ai pas ressenti un véritable attachement de sa part à son île natale. Assez indépendante dans sa vision de l'amour, je gardais donc de la distance avec ce personnage. Mais j'ai bien vite changé d'avis, tant sa relation avec Shawn est attendrissante -et divertissante-. Telle Griselda, j'attendais avec impatience les moments où l'automobile arriverait en caracolant pour m'emporter vers des chemins et des endroits mystérieux.
Nous retrouvons également en la personne d'Augusta, l'une des figures familières des romances du XIXème, à savoir, la tante autoritaire, qui ne jure que par le mariage, et qui souhaite chapeauter tout son monde. Un caractère qui ne manque pas d'originalité et de verve, contrairement à son mari qui est assez indolent. Concernant le père de la famille, John, j'aurais tendance à le comparer à Monsieur Bennet, d'Orgueil et Préjugés. J'ai retrouvé en lui cette bienveillance caractéristique à l'égard de ses filles, il ne souhaite pas les voir partir, et encore moins pour une simple raison de dot. D'une manière générale, les personnages sont tous très intéressants à suivre, que ce soit dans leurs sentiments exacerbés ou discrets, dans leur façon d'agir ou même, dans leur nonchalance.
Quoiqu'il en soit, comme le titre le laisser présager, ce roman fait honneur aux dames, car les hommes que ce soit, John, Ambrose, Shawn ou Ed Laine sont finalement assez effacés et en retrait. le récit est donc en grande partie porté par des femmes aux personnalités et aux souhaits différents, mises en scène ici de manière authentique dans leur quête du bonheur.

C'est un sublime roman que nous ont offert Barjavel et Olenka de Veer. Un récit poétique, qui prend le temps de se savourer, qui nous fait découvrir toute la beauté et le charme de l'Irlande à travers son folklore, ses traditions, son histoire et ses mythes. mais aussi et surtout à travers la magnifique histoire entre une lointaine descendante de la licorne et son chauffeur qui va l'aider à guérir et lui apprendre ce qu'est l'amour véritable...
Un récit qui m'a bercée, qui m'a fait rire, qui m'a émue, qui m'a fait voyager vers cette contrée pleine de promesses et de paysages merveilleux. Mais qui m'a également fait prendre conscience, plus que jamais, de la douleur et des tragédies dont l'Irlande fut la victime. Des personnages attachants, plus réalistes que nature, une atmosphère palpable, emplie de mysticisme, une prise de conscience brutale et sensible sur le passé de l'Irlande, rendent cette lecture inoubliable. En somme, un livre que je relirai avec plaisir au fil du temps et à qui j'accorde désormais une place de choix dans ma bibliothèque.

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Cinquième relecture – au moins –, je me sens particulièrement attachée et proche de ces Dames à la licorne ; tant et si bien que je place régulièrement ce titre de René Barjavel au rang de livre préféré. Lorsque Cali et Tsuki m'ont annoncé qu'elles aimeraient le découvrir, j'étais impatiente et fébrile. Je redoutais qu'elles n'apprécient pas mais, bonne nouvelle, elles ont lu – dévoré – cette histoire plus rapidement que moi ! Les échanges d'impression – en live ou presque – m'ont enchantée et m'ont permis de vivre une nouvelle expérience avec ce livre.
Les lectures passent mais m'apportent encore et toujours beaucoup de bonheur. Je découvre à chaque fois de nouvelles émotions et me sens proche de différents personnages selon les périodes de ma vie. Je ne me lasse pas des Dames à la licorne et c'est ce qui en fait un de mes livres cultes.

Ne vous fiez pas à toutes ces illustrations de couverture plus immondes les unes que les autres, pas vendeuses pour un sou et qui ne s'arrangent malheureusement pas au fil des années (la publication d'origine chez Les Presses de la Cité date de 1974 et c'est sans doute la "moins pire" de toutes). Les Dames à la licorne c'est l'histoire d'une minuscule île irlandaise et de tous ses habitants successifs. C'est l'histoire d'une terre balayée par la pluie et le vent qui, malgré toutes les difficultés et les obstacles – notamment anglais, n'oublions pas que le conflit anglo-irlandais dure depuis des siècles et des siècles ! – va toujours réussir à s'en sortir, presque toujours avec le sourire.
En cette deuxième moitié de XIXe siècle, la campagne irlandaise est habillée de quelques minuscules chaumières pauvres abritant des familles entières, et de champs de pommes de terre qui bravent tant bien que mal la maladie. Les paysans irlandais n'ont rien, tout ce qu'ils possèdent appartient aux occupants anglais et malgré la famine qui décime le pays, les denrées cultivées partent par bateaux entiers vers l'Angleterre.

Derrière la(les) romance(s), René Barjavel et sa co-auteure Olenka de Veer, n'oublient pas de planter le décor. Historiques ou géographiques, les éléments sont là et nous transportent dans l'Irlande du XIXe siècle. On souffre pour ces paysans dépossédés de tout et surtout – et c'est une habitude chez Barjavel – on se croit sur place, auprès des personnages.
La météo irlandaise n'a plus de secrets pour le lecteur après la découverte des Dames à la licorne et nul doute que nombre d'entre eux auront ensuite envie de se balader au milieu des vertes contrées, près des cotes Atlantiques escarpées et de visiter les vieilles forteresses et les dolmens millénaires. Si j'avais déjà l'Irlande bien ancrée dans la tête avant ma toute première découverte de ce livre, je l'ai depuis, complètement dans la peau. Les relectures successives des Dames à la licorne sont toujours un intense voyage vers ce pays que j'aime d'amour.

Si la campagne irlandaise de la deuxième moitié du XIXe siècle ne vous parle pas, peut-être trouverez-vous un intérêt aux aventures des nombreux personnages ?
Les deux auteurs débutent la généalogie familiale très tôt, au milieu du Moyen Age, lors de la première rencontre de Foulques avec la licorne. S'en suit une énumération assez intense et condensée de leurs descendants jusqu'à ceux qui nous intéressent dans le "présent de narration".
Cali et Tsuki ont été effrayées par ces premiers chapitres a priori indigestes, soulignant qu'elles n'avaient rien retenu. Je pense qu'il ne s'agit pas ici de retenir le moindre détail mais plutôt de percevoir l'accumulation et la présence de la licorne (et donc de sa magie) au fil des siècles, dans de nombreuses familles, jusqu'à son arrivée en Irlande.

De ses descendants, Barjavel et Olenka de Veer s'attachent surtout à Sir Jonathan qui, le premier, vient s'installer sur la petite île avec son épouse. de son amour pour sa terre et ses habitants naissent une grande maison blanche battue par les vents et un grand respect envers les paysans irlandais qui le lui rendent bien. Sage un peu loufoque, Jonathan apporte la paix sur l'île et les environs. John, son fils, trouve le temps entre deux études de vieilles pierres, d'épouser la jeune Harriet, anglaise effrayée par l'aridité de l'Irlande. Elle suit malgré tout son mari sur cette île perdue au milieu de nulle part, créant un nid douillet pour sa famille, oubliant les superstitions et évènements surnaturels qu'elle ne peut accepter, en bonne anglaise qu'elle est.
De ce couple étrangement assorti naissent cinq filles (Alice, Kitty, Griselda, Helen et Jane) aux tempéraments et destins diamétralement opposés. C'est ce que nous proposent de découvrir les deux auteurs dans la majeure partie du texte, mettant surtout l'accent sur l'une d'entre elle, la plus indisciplinée et sauvage de toutes : Griselda. Indomptable, la jeune fille rêve d'aventures et surtout de liberté.

Pour résumer en un seul mot toutes les intrigues de ce roman : l'Amour, avec un grand -A. L'Amour d'un homme, l'Amour de sa famille, l'Amour de son prochain, l'Amour de Dieu, l'Amour de son pays, l'Amour du Savoir... Tous les personnages se battent pour l'Amour de quelqu'un ou de quelque chose ; tous sont passionnés, animés par la force de ce sentiment.

Et ce qui fait la force de ces Dames à la licorne, c'est la plume si particulière de René Barjavel qui retranscrit parfaitement l'intensité des émotions des personnages, notamment celles de Griselda.
C'est palpable, c'est fort. A chaque fois je ne me contente pas de lire les aventures des personnages, je les vis avec eux. Combien de fois ai-je imaginé les scènes vécues par Griselda ? Alala... Shawn, la voiture, les balades au milieu de la campagne irlandaise, l'angoisse de l'engagement et de l'emprisonnement puis la peur d'avoir perdu (ou de perdre l'autre) définitivement... Toutes les émotions sont là, parfaitement décrites, sensuellement décrites. Quand je dis "sensuellement", c'est parce que Barjavel fait appel à nos sens pendant la lecture. Derrière un style très poétique, il transforme ses lecteurs en acteurs et c'est ce qui rend cette lecture si intense.
Par contre, il n'y a pas de demi-mesure ici : soit on adhère à la plume soit on y est allergique. Je comprends parfaitement qu'on puisse ne pas être sensible à ce style particulier ; pour ma part, je n'ai encore jamais trouvé une plume qui me touche autant (même Jane Austen !).

Tout me plait dans ce titre, je me sens particulièrement en adéquation avec le personnage de Griselda et j'adore voyager en Irlande grâce à lui. Peut-être pas le meilleur de Barjavel pour la plupart des lecteurs mais c'est, pour moi, celui qui me ressemble – et donc me touche – le plus.
L'aventure continue dans deux autres romans (deux autres « tomes ») : Les Jours du monde écrit conjointement par Barjavel et Olenka de Veer et La Troisième licorne, rédigé uniquement par cette dernière. le premier est dans ma PAL (il faut que je le lise absolument), le second est difficilement trouvable… mais je ne désespère pas !
Un téléfilm français a été tourné au début des années 80... mais impossible de mettre la main dessus ! Si j'avais vous avez un bon plan à ce sujet, contactez-moi !

Petite anecdote en plus : un peu avant mes 15 ans, je me faisais tatouer une licorne dans le dos (le motif était alors une évidence). Environ un an plus tard je découvrais pour la toute première fois Les Dames à la licorne. Amusant non ?
Lien : http://bazardelalitterature...
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Barjavel est un grand auteur. Ce n'est pas un scoop. Et lorsqu'il écrit un roman d'amour avec une pointe subtile de fantastique et de contexte historique, là, on frôle le roman parfait selon mes critères!
Les personnages sont romanesques à souhait, le cadre est enchanteur... A lire, à relire, à offrir
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